mercredi 8 octobre 2008

Et Pascal Lamy s'imagina sauvant le monde de la débâcle financière...

Hier matin, Pascal Lamy, secrétaire général de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) était sur France Inter. L'objectif était de voir comment le chef de l'une des organisations mondiales taxées de néo-libéralisme réagissait à la débâcle générale des bourses ces derniers jours. L'ami Lamy a cependant été très clair, annonçant des choses qui m'ont beaucoup surpris : tout d'abord que l'OMC n'existait que pour réguler le commerce, qu'elle n'avait aucun intérêt à discuter qui intervenait sur les marchés et dans les échanges (entreprises publics ou privées !!!), et que l'OMC pouvait apporter une voie très positive aux évolutions en cours en stabilisant l'économie réelle.

Lamy s'est lancé dans un comparatif avec la crise de 1929. Voilà l'analyse du grand homme : la crise qui s'est déclenchée en 1929 était financière mais a provoqué un repli quasi-immédiat des États sur eux-mêmes. Ce protectionnisme croissant aurait entraîné la seconde guerre mondiale. Cette analyse ne manque pas d'une certaine forme de réalité, mais il faut la contextualiser. En effet, la crise de 1929 est très différente de la crise actuelle. Elle fut une crise financière au début, liée à une surévaluation des bénéfices futurs des entreprises de l'économie réelle par les financiers et les spéculateurs. Les grandes entreprises avaient surdimensionné leurs investissements productifs, alors qu'à la fin des années 1920, les marchés étaient saturés dans les pays riches, les colonies n'ayant pas les moyens d'acheter. En quelques jours, les financiers se sont effondrés, suivis par l'économie réelle. Aujourd'hui, nous sommes plutôt dans une économie qui commence à manquer de ressources et qui va avoir, avec la croissance des pays du Sud, besoin d'une production beaucoup plus forte. La crise d'aujourd'hui, très liée à la finance et à ses montages délirants, risque de freiner le développement des pays du Sud et de gêner la croissance. Processus totalement différent, donc...

Mais poursuivons l'argumentaire Lamy. D'après lui, l'ennemi est le protectionnisme, qui suscite des envies et des frustrations entre les États. L'existence de l'OMC, qui lie de nombreux pays, empêche le retour de cette hydre malfaisante. Le commerce restera donc au moins aussi ouvert qu'aujourd'hui et va empêcher le retour de bâton protectionniste qui pourrait apparaître.

En l'occurence, je pense que Lamy fait l'erreur classique des libéraux, qui tendent toujours à mettre en avant l'économique sur le politique dans les motivations humaines. Il faut en effet se rappeler que le mouvement de libre-échange actuel est né d'une volonté profondément politique exprimée dans la Charte de l'Atlantique et réalisée par les accords de Bretton Woods (1944). L'idée était que le commerce permettrait aux États de développer des relations amicales qui ne se distendraient plus. De plus, rendre la planète interdépendante aurait dû obliger tout le monde à une meilleure composition.

Mais tout cela reste lié au politique. Si les peuples, les États ou les ensembles régionaux décident de se renfermer sur eux-mêmes, l'OMC ne pourra rien faire. Pour nous, les États restent encore largement le cadre de référence, et on comprendra qu'un pays envoie paître l'OMC si besoin, mais pas l'inverse. De plus, elle n'a pas de réels moyens coercitifs envers les grands pays. Le commerce n'est donc que le symbole d'une volonté politique, qui peut changer à tout instant en fonction du contexte.

Désolé, M. Lamy, que vous fassiez preuve d'un tel angélisme, mais je vous donne au moins le crédit de vouloir être optimiste.

3 commentaires:

  1. Pascal Lamy est un être tout ce qu’il y a de plus minable et méprisable. Avant d’être le patron de l’OMC, il a été chargé de mener au nom de l’Europe les négociations liées à l’AGCS (Accord Global sur le Commerce et les Services) sans aucun mandat électif, dans l’opacité la plus totale et dans le déni plus absolu de la démocratie. Il s’est fait le chantre du libre échange le plus sauvage, surpassant par ses demandes et ses propositions les USA.

    Voila ce que j’écrivais en décembre 2007 :

    « Vous trouverez ci-joint (http://www.challenges.fr/recherche/20071206.CHAP1022615/anous_) une interview de P.Lamy publiée sur le site challenges.fr.
    Pascal LAMY se posant en critique marxiste du capitalisme et surtout en combattant intrépide contre la mondialisation. J'ai d'abord cru à un canular. Mais non, c'est apparemment véridique (repris sur contreinfo.fr).
    Comment M.Lamy peut-il écrire : "D'où la priorité que j'ai donnée à l'objectif de maîtrise de la mondialisation lors de mon mandat de commissaire européen au Commerce". C'est proprement incroyable qu'il ose prétendre une chose pareille lui qui fut l'artisan le plus zélé de la libéralisation sauvage et un ardent défenseur de l'AGCS. Il a été à la pointe des négociations pour l'ouverture toujours plus grande des secteurs à libéraliser et son action a fait de l'Europe un spécialiste de la surenchère dans la mondialisation libérale, proposant toujours plus. Et il vient maintenant nous dire le contraire et se poser en combattant intrépide du capitalisme, en digne descendant de Marx ?
    Il nous prend vraiment pour des cons. La colère m’étouffe ! »

    La colère m’étouffe toujours !!!!

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  2. @ RST : désolé d'avoir suscité une telle colère. J'espère que c'est une colère juste...

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  3. @rst : +1

    PL fait partie de ces technocrates minables, imbus de leur personne et prétendant sauver le monde.

    Comme disait l'autre : "le malheur est que certains hommes pensent changer le monde, le pire est que parfois ils y parviennent."

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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