Il y a plusieurs jours, cher lecteur, que je me dis que je dois absolument produire un billet sur HADOPI. Et puis, systématiquement, je lis des textes écrits par mes petits camarades de tous bords, et je ne parviens pas à me décider. Le sujet prend une place telle chez mes collègues que je me sens incapable d’apporter une quelconque touche d’originalité au thème. Évidemment, je m’inquiète grandement de cette remise en cause de nos libertés, mais je ne vois pas quoi dire de plus.
D’ailleurs, je trouve que la blogosphère oublie d’autres sujets qui ne manquent pourtant pas d’intérêt. Dernièrement, plusieurs gouvernements européens, devant faire face à une hausse massive de leurs dépenses, ont décidé de réduire les salaires des fonctionnaires dans une optique de maintien du budget de l’État sans hausse des impôts. Ce fut le cas de la Hongrie, de l’Irlande (-7% par mois), de la Lettonie, et la Californie est aussi passée par là il y a quelques semaines. Cette démarche est soutenue par la Banque Centrale Européenne et par le FMI...
Lisant cela, je me suis demandé, cher lecteur, ce que je ferais si on me baissait mon salaire, à condition de travail égal, dans le contexte d’inflation faible actuel. A mon avis, ce serait très simple. Je ne m’endetterais pas pour maintenir mon niveau de vie, je ne travaillerais pas beaucoup plus que maintenant (trop dur), je tenterais de préserver ma petite épargne voire de continuer à l’accroître, et donc, conséquemment, je réduirais mon train de vie. En clair, une telle mesure aurait un impact fort sur ma consommation, et sans doute sur celle de mes collègues. De plus, je risquerais d’avoir envie de me mettre en grève pour protester, ce qui gênerait l’économie.
En France, près de 5 millions de personnes travaillent pour les services publics. Quel serait l’impact de la baisse des salaires de cet énorme groupe social ? Une baisse de la consommation et une aggravation de la dépression ambiante ! En effet, dans des périodes de crise (comme en période de croissance mais on le dit moins), les fonctionnaires sont aussi une sécurité pour la consommation. Nos salaires étant fixes et nos emplois stables, nous pouvons continuer à consommer comme avant la crise, aidant l’activité à se maintenir, voire même investir. Pour un banquier, nous restons une valeur sûre : on peut nous prêter et on est quasiment sûr de retrouver son bien avec une belle plus-value. J’ai toujours trouvé assez drôle, d’ailleurs, que les pires des capitalistes prêtent en priorité aux fonctionnaires, leurs ennemis jurés pourtant dans les discours. Comme quoi, le placement sûr reste le meilleur placement. Qui a dit qu'on ne prêtait qu'aux riches ?
La pression sur les fonctionnaires n’est pas nouvelle, et elle a finalement suivie d’assez près ce qui se passe dans le privé. Les grandes entreprises ont ainsi pris l’habitude d’utiliser la main-d’œuvre comme une variable d’ajustement. Total l’a montré ces derniers jours, de même que Continental ce matin, qui ferme une usine après n’avoir pas cessé de demander aux salariés de remettre en cause des droits. Dans le public, l’objectif a aussi été, plutôt que de réduire aussi directement le salaire, de le lisser par l’inflation et d’inciter les fonctionnaires à augmenter leur temps de travail. Globalement, public comme privé, nous subissons des pressions équivalentes, et dans des buts communs : augmenter les profits capitalistiques dans les entreprises privées, réduire la pression fiscale sur les entreprises et les particuliers pour l’État, permettant d’augmenter les profits capitalistiques.
Ces pays ont donc décidé de sabrer le seul groupe de population qui n’est pas menacé par la crise. Or, dans quel but, cher lecteur ? Mais oui, tu l’as bien compris : sauver les banques et soutenir les capitalistes financiers.
Si ce n’est pas une belle illustration de la socialisation des pertes qui aggrave la crise en plus, ça…
D’ailleurs, je trouve que la blogosphère oublie d’autres sujets qui ne manquent pourtant pas d’intérêt. Dernièrement, plusieurs gouvernements européens, devant faire face à une hausse massive de leurs dépenses, ont décidé de réduire les salaires des fonctionnaires dans une optique de maintien du budget de l’État sans hausse des impôts. Ce fut le cas de la Hongrie, de l’Irlande (-7% par mois), de la Lettonie, et la Californie est aussi passée par là il y a quelques semaines. Cette démarche est soutenue par la Banque Centrale Européenne et par le FMI...
Lisant cela, je me suis demandé, cher lecteur, ce que je ferais si on me baissait mon salaire, à condition de travail égal, dans le contexte d’inflation faible actuel. A mon avis, ce serait très simple. Je ne m’endetterais pas pour maintenir mon niveau de vie, je ne travaillerais pas beaucoup plus que maintenant (trop dur), je tenterais de préserver ma petite épargne voire de continuer à l’accroître, et donc, conséquemment, je réduirais mon train de vie. En clair, une telle mesure aurait un impact fort sur ma consommation, et sans doute sur celle de mes collègues. De plus, je risquerais d’avoir envie de me mettre en grève pour protester, ce qui gênerait l’économie.
En France, près de 5 millions de personnes travaillent pour les services publics. Quel serait l’impact de la baisse des salaires de cet énorme groupe social ? Une baisse de la consommation et une aggravation de la dépression ambiante ! En effet, dans des périodes de crise (comme en période de croissance mais on le dit moins), les fonctionnaires sont aussi une sécurité pour la consommation. Nos salaires étant fixes et nos emplois stables, nous pouvons continuer à consommer comme avant la crise, aidant l’activité à se maintenir, voire même investir. Pour un banquier, nous restons une valeur sûre : on peut nous prêter et on est quasiment sûr de retrouver son bien avec une belle plus-value. J’ai toujours trouvé assez drôle, d’ailleurs, que les pires des capitalistes prêtent en priorité aux fonctionnaires, leurs ennemis jurés pourtant dans les discours. Comme quoi, le placement sûr reste le meilleur placement. Qui a dit qu'on ne prêtait qu'aux riches ?
La pression sur les fonctionnaires n’est pas nouvelle, et elle a finalement suivie d’assez près ce qui se passe dans le privé. Les grandes entreprises ont ainsi pris l’habitude d’utiliser la main-d’œuvre comme une variable d’ajustement. Total l’a montré ces derniers jours, de même que Continental ce matin, qui ferme une usine après n’avoir pas cessé de demander aux salariés de remettre en cause des droits. Dans le public, l’objectif a aussi été, plutôt que de réduire aussi directement le salaire, de le lisser par l’inflation et d’inciter les fonctionnaires à augmenter leur temps de travail. Globalement, public comme privé, nous subissons des pressions équivalentes, et dans des buts communs : augmenter les profits capitalistiques dans les entreprises privées, réduire la pression fiscale sur les entreprises et les particuliers pour l’État, permettant d’augmenter les profits capitalistiques.
Ces pays ont donc décidé de sabrer le seul groupe de population qui n’est pas menacé par la crise. Or, dans quel but, cher lecteur ? Mais oui, tu l’as bien compris : sauver les banques et soutenir les capitalistes financiers.
Si ce n’est pas une belle illustration de la socialisation des pertes qui aggrave la crise en plus, ça…
Belle analyse. Ca soulève aussi un autre débat: les salaires du public. On ne gagne pas tant que peut se l'imaginer la population. J'en ferais un petit article, tiens.
RépondreSupprimerTrès intéressant. J'ignorais pour la baisse des salaires dans les pays que tu cites. C'est honteux. Que notre président nous annonce cela (d'une plage de Cancun) et je ne donne pas cher de sa peau...
RépondreSupprimerJe vais soupirer là bas, je reviens... (soupir)
RépondreSupprimer@ Homer : cela dépend des corps. Les C et B sont scandaleusement mal payés. Les A, c'est quand même gérable, mais notre pouvoir d'achat diminue...
RépondreSupprimer@ MGP : le gouvernement letton est tombé. La France et l'Allemagne ont déjà dit qu'elle ne suivrait pas cette fois, mais ce n'est pas forcément rassurant.
@ Faucon : bof, ils sont tellement dans la panade avec leurs banques aussi...
Je réagis sur le début de ton texte : je crois qu'il est important de réagir sur Hadopi car c'est un fort tournant "droitier". Les blogueurs réagissent à leur manière pour couiner (comme dirait Dagrouik) sur les peines trop importantes, sur le flicage,... tout ça à juste raison, mais il y a autre chose derrière : la volonté de contrôler le net par les pouvoirs publics et les grandes entreprises afin de mieux contrôler l'économie ce qui aboutira à tout développement économique non conforme à leurs critères actuels (plus de pognon dans les poches des actionnaires des grands groupes).
RépondreSupprimerBon... Je fonce lire la suite.
Tiens ! J'ai loupé l'occasion de te mettre en lien : j'évoque aussi (en 3 lignes) cette histoire de Continental sur mon blog.
RépondreSupprimer@ Nicolas : je sais pour HADOPI, mais je m'y connais peu, et je n'ose pas trop faire un billet dans lequel je sais que je vais dire des conneries.
RépondreSupprimerDes liens, bordel, des liens !
S'il fallait que je m'y connaisse pour traiter un sujet...
RépondreSupprimer@ Nicolas : oh, modeste...
RépondreSupprimerJe ne suis pas sûr que le principal souci soit de "soutenir les capitalistes financiers", à travers la problématique du sauvetage des banques. Sans banque, il n'y a pas que ces derniers qui seraient dans la panade...
RépondreSupprimerAprès t'avoir lu, j'ai l'impression de mieux comprendre les mécanismes de pression sur les fonctionnaires, et certains risques. Alors bon billet!
RépondreSupprimer@ Rubin : certes, mais c'est la majorité qui paie, soit par la perte de son emploi, soit par la baisse de son salaire.
RépondreSupprimer@ LCC : merci de ce compliment.
Merci beaucoup pour ce post qui est très intéressant. Il montre d'abord le décalage qu'il existe aujourd'hui entre secteur privé et secteur public. Il montre aussi les priorités des gouvernements, le lien entre État et le secteur bancaire est décidément très fort.
RépondreSupprimerPar ailleurs, je voulais attirer votre attention sur un article paru dans le monde. Si le journaliste se montre sceptique, les banques s'estiment quasiment sorties de la crise...plutôt surprenant quand on entend que la crise va durer une décennie!
@ MCBA : merci pour les compliments. Il y a sans doute un écart entre les effets sur le système financier, et l'impact sur l'économie réelle ensuite.
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