Vous l'avez sans doute entendu: le président de la République a enfin pris en compte la réclamation des enseignants d'une hausse de pouvoir d'achat. "Je leur donne des heures supplémentaires", a dit en substance le chef de l'État. La présentation des heures supplémentaires comme moyen d'augmenter les salaires me pose des problèmes, que ce soit dans l'enseignement ou ailleurs.
La notion d'heures supplémentaires est liée à l'existence même de l'idée de temps de travail. Le temps de travail fixé existe en France depuis 1919. Il est actuellement de 35 heures par semaine et n'a cessé de diminuer depuis le début de la révolution industrielle. Il varie en fonction des pays mais tourne autour des 40 heures dans les pays développés. Dans les entreprises, la notion d'heure supplémentaire est censée permettre de pallier, à des moments précis, à des coups de bourre qui ne nécessitent cependant pas l'embauche de salariés supplémentaires à plein temps. Elles sont donc conjoncturelles: si elles deviennent permanentes, cela signifie que l'activité s'est développée et qu'il faut alors embaucher, soit des temporaires, soit des permanents. Les entreprises sont d'ailleurs limitées dans l'emploi de ces heures, pour favoriser l'emploi. Dans la fonction publique (FP), les heures supplémentaires fonctionnent de la même façon. Par exemple, dans l'Éducation nationale, elles permettent d'assurer les quelques heures qui dépassent parfois des temps de service fixés par les statuts des différents collègues, sans recourir à un remplaçant placé sur plusieurs établissements ou à des vacataires précarisés. Cependant, pour protéger les enseignants d'un surcroît d'activité, un chef d'établissement ne peut imposer qu'une heure supplémentaire par semaine, dont le paiement est majorée. Les autres sont données avec accord du prof concerné, mais sont un peu moins bien payées. Enfin, le chef d'établissement dispose d'une réserve d'heures qu'il peut distribuer durant l'année pour payer des travaux exceptionnels (soutien, examens blancs, activités périscolaires, projets) ou des remplacements courts (dispositif Fillon depuis 2005).
Jusqu'à maintenant, le paiement des heures supp. était lié aux statuts des fonctionnaires ou aux conventions collectives dans le privé. Parfois, elles sont payées, pour les profs par exemple. Parfois, elles sont rétribuées en rattrapage de congés, comme dans la fonction publique territoriale ou dans les entreprises de la grande distribution. Parfois, elles ne sont pas payées, comme pour les cadres qui doivent les rattraper. Au total, on est là dans l'exceptionnel, ce qui est cohérent dans tout système : il y a toujours besoin de souplesse pour que les choses marchent.
N. Sarkozy, en arrivant au pouvoir, s'est heurté et se heurte toujours à la question du pouvoir d'achat, dans un contexte de hausse des prix mais de chômage en baisse du fait du début des départs massifs à la retraite des soixante-huitards. Imprégné de l'idéologie néolibérale, il est sans doute persuadé du danger de l'augmentation des salaires, du fait des risques inflationnistes, mais aussi du refus complet d'un patronat imprégné des mêmes idées d'envisager une hausse générale des salaires. Or, l'électorat réclame des hausses de pouvoir d'achat. Le président a donc imaginé de transformer l'heure supp. (HS), système exceptionnel, en une donnée permanente de l'économie. Allons, mes chers concitoyens, jetons-nous sur ces HS et enrichissons-nous ! En plus, on ne touche pas au 35 heures officiellement et cela satisfait le peuple...
Pour que ce système puisse fonctionner, encore faudrait-il qu'il soit en adéquation avec le système économique et le poids du travail en tant que tel. Il faut, pour cela, la collaboration de deux acteurs fondamentaux :
La notion d'heures supplémentaires est liée à l'existence même de l'idée de temps de travail. Le temps de travail fixé existe en France depuis 1919. Il est actuellement de 35 heures par semaine et n'a cessé de diminuer depuis le début de la révolution industrielle. Il varie en fonction des pays mais tourne autour des 40 heures dans les pays développés. Dans les entreprises, la notion d'heure supplémentaire est censée permettre de pallier, à des moments précis, à des coups de bourre qui ne nécessitent cependant pas l'embauche de salariés supplémentaires à plein temps. Elles sont donc conjoncturelles: si elles deviennent permanentes, cela signifie que l'activité s'est développée et qu'il faut alors embaucher, soit des temporaires, soit des permanents. Les entreprises sont d'ailleurs limitées dans l'emploi de ces heures, pour favoriser l'emploi. Dans la fonction publique (FP), les heures supplémentaires fonctionnent de la même façon. Par exemple, dans l'Éducation nationale, elles permettent d'assurer les quelques heures qui dépassent parfois des temps de service fixés par les statuts des différents collègues, sans recourir à un remplaçant placé sur plusieurs établissements ou à des vacataires précarisés. Cependant, pour protéger les enseignants d'un surcroît d'activité, un chef d'établissement ne peut imposer qu'une heure supplémentaire par semaine, dont le paiement est majorée. Les autres sont données avec accord du prof concerné, mais sont un peu moins bien payées. Enfin, le chef d'établissement dispose d'une réserve d'heures qu'il peut distribuer durant l'année pour payer des travaux exceptionnels (soutien, examens blancs, activités périscolaires, projets) ou des remplacements courts (dispositif Fillon depuis 2005).
Jusqu'à maintenant, le paiement des heures supp. était lié aux statuts des fonctionnaires ou aux conventions collectives dans le privé. Parfois, elles sont payées, pour les profs par exemple. Parfois, elles sont rétribuées en rattrapage de congés, comme dans la fonction publique territoriale ou dans les entreprises de la grande distribution. Parfois, elles ne sont pas payées, comme pour les cadres qui doivent les rattraper. Au total, on est là dans l'exceptionnel, ce qui est cohérent dans tout système : il y a toujours besoin de souplesse pour que les choses marchent.
N. Sarkozy, en arrivant au pouvoir, s'est heurté et se heurte toujours à la question du pouvoir d'achat, dans un contexte de hausse des prix mais de chômage en baisse du fait du début des départs massifs à la retraite des soixante-huitards. Imprégné de l'idéologie néolibérale, il est sans doute persuadé du danger de l'augmentation des salaires, du fait des risques inflationnistes, mais aussi du refus complet d'un patronat imprégné des mêmes idées d'envisager une hausse générale des salaires. Or, l'électorat réclame des hausses de pouvoir d'achat. Le président a donc imaginé de transformer l'heure supp. (HS), système exceptionnel, en une donnée permanente de l'économie. Allons, mes chers concitoyens, jetons-nous sur ces HS et enrichissons-nous ! En plus, on ne touche pas au 35 heures officiellement et cela satisfait le peuple...
Pour que ce système puisse fonctionner, encore faudrait-il qu'il soit en adéquation avec le système économique et le poids du travail en tant que tel. Il faut, pour cela, la collaboration de deux acteurs fondamentaux :
- L'employeur doit d'abord avoir des HS à donner. Dans l'entreprise, on ne peut pas créer artificiellement ces heures, sans qu'il y ait une activité économique qui le nécessite. En plus, ce système peut épuiser les salariés. On pourrait en profiter pour générer des activités nouvelles mais, si elles se pérennisent, elles devraient aboutir à des embauches, et faire disparaître les fameuses HS. Je sais que les patrons sont plutôt de droite, mais je sais aussi qu'ils sont cohérents quand ils gèrent leurs affaires. Dans l'État, à cause de cette politique, on invente des HS là où il n'y en avait pas. Dans l'Éducation, les suppressions de postes permettent de créer des HS, puisque, pour le moment, aucune heure n'est supprimée en parallèle pour les élèves. On invente donc de l'exceptionnel qui est en fait du permanent, soi-disant dans l'intérêt des profs, et on gagne un peu d'argent, car les HS sont moins bien rémunérées que les heures de poste.
- Pourtant, un autre acteur doit être présent pour que tout cela marche: le travailleur. Là est finalement la question centrale : avez-vous envie, chers concitoyens, de travailler plus ? Le président est persuadé que nous sommes tous en train de nous ennuyer chez nous et de réclamer des heures, bloqués que nous sommes par les 35 heures. On se demande alors pourquoi elles sont si populaires, ce qui fait que même Sarkozy ne les abroge pas. Je sais que chez les profs, nous sommes nombreux à nous dire qu'on est déjà bien crevé en rentrant le soir, et que, franchement, on aime bien nos élèves mais faut pas abuser quand même. Certains feront ces heures, mais le système tournera-t-il malgré tout ? Et dans le privé, peut-on demander à tous ces salariés qui font des métiers pénibles de travailler toujours et encore plus ?
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