lundi 7 septembre 2009

La Sécurité sociale et son déficit structurel.

Ce midi, j'ai lancé un feed sur l'annonce un peu désordonnée du gouvernement sur l'augmentation du forfait journalier hospitalier. Il s'agissait de dire que l'Etat continuait à faire payer aux pauvres la crise économique. Ce n'est en rien un virage par rapport aux orientations prises par Nicolas Sarkozy en 2007.

Au tout début de la longue conversation qui s'est engagée entre Nicolas et Thierry Lhôte, Authueil a lâché une phrase, au détour d'un commentaire, sur laquelle je vais m'appesantir :

« Elle [la Sécurité sociale] est structurellement en déséquilibre depuis plus de 25 ans, avec un trou qui ne cesse de se creuser. »

Tout d'abord, et malgré les affirmations de l'auteur, le régime général de la Sécurité sociale n'a pas été en déficit entre 1999 et 2001. Un long débat s'est engagé sur Friendfeed pour savoir qui était à l'origine de cette embellie, mais cela signifie une chose simple, au-delà des affirmations idéologiques : la Sécurité sociale fonctionne bien lorsque la France est en croissance économique et que le nombre d'emplois augmente. C'est un vrai problème en soi, car cela signifie que le système s'appuie trop sur les salaires et pas assez sur les autres créations de richesse, et que, pour financer la protection sociale, nous devons continuer à espérer une croissance productiviste qu'il faut pourtant absolument remettre en cause si on ne change pas la perception des recettes.

Il y a un mot, dans ce commentaire, qui est lié à la remarque précédente et que je trouve étonnant dans la bouche d'un blogueur pourtant si proche de la chose publique : « structurellement ». L'idée de structure signifie que le système de protection sociale, dans le contexte actuel, ne peut pas être à l'équilibre ou en excédent. Cela signifie donc que toutes les réformes que mène actuellement le gouvernement n'auront aucun impact, puisque nous sommes là dans les structures. Pourquoi alors augmenter le forfait hospitalier ou aller chercher les franchises médicales ? Si l'idée qui domine à droite est que nous sommes dans le structurel, alors, disons-le et brisons le système.

C'est d'ailleurs sans doute ce qui se cache (à peine), dans la politique actuellement menée. A terme, ce type de réforme incite le citoyen à prendre des mutuelles ou des assurances pour compléter ce que la Sécurité sociale ne couvre pas. Progressivement s'instaure l'idée qu'il vaudrait mieux se débrouiller seul puisque le système solidaire ne fonctionne pas (et en plus nous endette), et un beau jour, le démantèlement ou le cantonnement de la solidarité aux plus pauvres va pointer le bout de son nez.

Il y a une autre réflexion qui m'a frappé lorsque j'ai lu cette phrase. Pourquoi faire de la politique si les choses sont structurelles et ne peuvent être changées ? J'avais déjà évoqué cela à propos d'une déclaration de François Fillon, caractéristique de la seule voie possible… Connaissant Authueil, je sais qu'il n'est pas homme à agir sans être sûr d'avoir un impact sur les choses.

J'ai toujours du mal à admettre qu'un homme politique nous indique que seule une voie est possible. En démocratie, nous faisons des choix, nous n'empruntons pas de chemins tracés par la Providence. Espérons que nos dirigeants politiques se rappellent cette évidence et cesse de nous prendre pour des imbéciles. Faites des choix, prenez vos responsabilités, et assumez-les !

18 commentaires:

  1. Pour info, les dépenses de santé d'ici une dizaine d'années viendront à plus de 70% des ALD (affections de longues durées) et donc (cause et effet) portées essentiellement par les plus agés (prévision CNAMTS). Nous avons à la fois une croissance absente, du chômage (moins de cotisants), des dépenses en hausse notamment du à la technicité croissante de la médecine, le coûts de l'AME (la "sécu" des sans papiers, oui les sans papiers sont soignés dans ce pays, ils ne crèvent pas sur le trottoir) qui progresse fortement et qui est touché aussi par les ALD (AIDS, tuberculose, hépatites, ....).

    La sécu est structurellement en déficit ? Oui et Non. Au fait qu'elle est la partie des finances publiques qui ne soit pas en déficit structurel ? La sécu n'est qu'une partie de l'iceberg. Prétendre la traiter à part est une illusion.

    Toute les majorités politiques (TOUTES) qui se sont succédées depuis 1974 ont augmenté le forfait hospitalier (ou son équivalent de l'époque).

    Que faire ? Adressons nous à Lénine peut être ?

    RépondreSupprimer
  2. Tout à fait d'accord avec Pierre RR. Le déficit provient de l'ALD (avec une France vieillissante, on y adjoint l'incapacité et tout le reste) et parfois de l'abus des professionnels de santé - médecins et cliniques - qui cumulent les actes inutiles.
    Bref, je rejoins totalement l'ami Pierre.

    RépondreSupprimer
  3. @ PRR : je ne vois pas le rapport avec Lénine.

    Pour le reste, je ne conteste pas. Cependant, il y a aussi, dans la situation actuelle de la Sécu, une gestion, et en particulier des recettes. Il y a là des leviers possibles d'action.

    RépondreSupprimer
  4. J'ajouterais qu'il y a, dans le tas, toujours des abus : certaines mamies n'ont pas forcément besoin d'aller en cure tous les ans ;-)

    RépondreSupprimer
  5. Mathieu,

    Tu as raison dans ton dernier commentaire : il y a aussi et surtout un problème de gestion et de recettes...

    RépondreSupprimer
  6. Les chiffres sur le coût des dépenses de santé et leur remboursement doivent être relativisés. Par exemple, le Japon a une espérance de vie très forte alors que ses dépenses de santé sont faibles, deux fois inférieures à celles des Etats-unis.
    Le secret d'une bonne santé c'est d'abord une bonne hygiène de vie et pour combler le trou de la sécu il serait plus rentable de responsabiliser les gens sur la question de leur santé, par exemple en encourangeant l'auto-médication et les recettes de grand-mère pour les affections begnines.

    RépondreSupprimer
  7. @ Homer : Oui, j'admets, mais on peut aussi trouver d'autres voies.

    @ Nicolas : merci du soutien, et du billet avec le lien d'ailleurs.

    @ Paul : ce n'est pas dans la tradition française. Cependant, je suis d'accord avec toi sur l'importance des comportements de chaque individu.

    RépondreSupprimer
  8. L'idée d'un problème de gestion est faux. En terme de couts de gestion, la Sécu française s'en sort très bien malgré son aspect tentaculaire et bureaucratique. C'est presque un mystère (exception faite du dossier médical personnalisé, un gouffre informatique confié à des cons d'énarques et des SSII rapaces avec la bénédiction de la caisse des dépots).

    A l'hopital on s'est contenté de voler les Artt du personnel (mais comment faire autrement franchement ?).

    Ensuite, le déclin de la bonne vieille médecine de ville (ou de village) avec le vieux toubib qui vous palpe quand même les "c.....s" et la glotte .... "parce que ne sait jamais".

    Et puis l'explosion des urgences : pourquoi en France on consomme autant "d'urgence par habitant" par rapport à l'Allemagne et à l'Angleterre".... (5 à 6 fois plus dans certains coins de France)....

    RépondreSupprimer
  9. Le service de l'impôt est constamment en excédent budgétaire ! Cela n'a jamais dissuadé aucun gouvernant de voter de nouveaux impôts.

    Le service de la dette est sans cesse plus important, cela n'a jamais dissuadé l'Etat d'emprunter.

    Pour la Sécu, ce déficit est comme un gros bonnet d'âne dont on couvre les partenaires sociaux...

    RépondreSupprimer
  10. @ PRR : sur les urgences, il me semble que c'est l'absence d'avance des soins qui joue sur la population.

    Pour la gestion, vous évoquez pourtant un très bon cas. L'État n'a cessé de resserrer le numerus clausus des professions de santé, entraînant une diminution de l'offre de soins et, mécaniquement, une redirection vers les urgences.

    @ Mtislav : je vois que ta maîtrise de la notion de budget unique est encore à parfaire...

    RépondreSupprimer
  11. Si je puis me permettre cette intervention tardive, l'État et la Sécurité Sociale ont deux budget séparés :)

    RépondreSupprimer
  12. @ Paul : ben oui... Je ne vois pas le sens de cette remarque.

    RépondreSupprimer
  13. Je commence à ressentir un certain agacement. Je peux vous fournir mes lettres de créances en droit budgétaire. Ca n'empêche pas de dire qu'il y a désormais une bonne part de fiction à prêcher cette soit-disant séparation.

    RépondreSupprimer
  14. @ Mtislav : ce n'est pas faux car l'État compense le trou, mais légalement, on est toujours en séparation.

    Ne t'agace pas, c'est le week-end...

    RépondreSupprimer
  15. J'ai fini ma crise. Bon week-end !

    RépondreSupprimer

Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

La modération des commentaires est activée 14 jours après la publication du billet, pour éviter les SPAM de plus en plus fréquents sur Blogger.