jeudi 17 septembre 2009

Lutter contre la grippe A n’importe comment.

Comme tu le sais sans doute, cher lecteur, Luc Chatel s'était largement mis en avant au mois d'août dernier, en annonçant un grand plan de lutte contre la pandémie grippale dans l'Éducation nationale, et suscitant d'ailleurs, à l'époque, de nombreuses critiques. La question de la fermeture des établissements en cas de « cas groupés » a été au cœur de ce débat.

Depuis début septembre, les fermetures d'établissements commencent à se répéter. Normalement, lorsque des cas groupés apparaissent, le préfet peut décider de fermer une classe ou l'établissement pour laisser passer la période de contagiosité. En théorie, une continuité pédagogique doit être assurée par les personnels, mais nous ne voyons pas trop comment, sans avoir de contacts avec les élèves.

Aujourd'hui, 7 établissements de l'académie de Créteil sont concernés. Parmi eux, on trouve quatre établissements fermés complètement : deux écoles maternelles et deux écoles privées, dont le collège Fénelon à Vaujours, avec tout son internat, soit 2 000 élèves renvoyés chez eux. Normalement, pendant la période de fermeture, les établissements doivent être complètement nettoyés.

Plusieurs questions nous taraudent, et nous font largement douter de l'efficacité de ces dispositifs :

  • Tout d'abord, nous savons tous qu'il va être, à chaque fois, extrêmement difficile de récupérer une classe qui vient de se voir octroyer quelques jours chômés supplémentaires. Il s'agit d'une rentrée nouvelle, après 6 à 8 jours manqués, et il va falloir, à chaque fois, tout recommencer et batailler pour remettre les gamins au travail.
  • Ensuite, ces mesures sont-elles efficaces ? Imaginons que l'on ferme un lycée pendant six jours pour éliminer les foyers. Si, cinq jours plus tard, de nouveaux cas se révèlent alors que l'établissement vient de rouvrir, que se passera-t-il concrètement ? Le préfet va-t-il à nouveau fermer ? Vu le niveau élevé de contagiosité de ce virus, cela peut durer longtemps et complètement perturber l'année scolaire.
  • Et que dire du suivi des personnels ? Finalement, il serait tout à fait possible de faire fonctionner un lycée avec de nombreux élèves malades. Par contre, il serait dangereux de laisser ouvert un établissement à partir du moment où un certain pourcentage de professeurs, de surveillants et de personnels administratifs se retrouverait en arrêt (je vois ce chiffre autour de 30% d'absents). Dans ce cas, il faudrait fermer non pas pour éviter la contagion, mais tout simplement pour assurer la sécurité des usagers.

Globalement, on a quand même l'impression de dispositifs perturbants et dont l'efficacité reste à prouver, mais qui sont par contre très anxiogènes. Les enseignants, qui naviguent au milieu d'élèves potentiellement malades, sont déjà angoissés. Et que dire des élèves ! Dès qu'une personne est absente, c'est la panique. Dans une de mes classes, informés de l'absence d'une collègue (qui a un lumbago…), mes élèves se sont imaginés n'importe quoi et sont toujours persuadés, malgré mes démentis, que la collègue est plaquée au lit par la grippe A. A chaque fois, le scénario risque de se reproduire.

La peur est là, et on n'est pas prêt d'en sortir.

Attendons maintenant, angoissés, le pic épidémique…

PS : en attendant, Marc Vasseur quitte le PS, et explique pourquoi ici.

7 commentaires:

  1. Cela présente un avantage certain : il ne peut plus être question des fameuses journées de mobilisation ou d'action de nos chers syndicats dans de telles conditions et ce serait malhonnête de leur part de vouloir encore renvoyer des élèves chez leurs parents. Même les lycéens vont avoir du mal à se déclarer en grève (il n'y a plus que les lycéens pour parler de grève encore...) la pandémie est prévue pour finir juste un peu avant la date des examens et elle reprendra à la rentrée suivante avec les mêmes consignes, ce qui assurera une paix scolaire totale au moins jusqu'à l'élection triomphale de 2012 malgré les suppressions de postes.

    RépondreSupprimer
  2. 30% de profs qui ne servent à rien donc... on a raison de supprimer des postes ;)

    RépondreSupprimer
  3. @ Dominique : peut-être, mais cela peut aussi se retourner contre eux, lorsque les familles en auront marre de récupérer les gosses toutes les trois semaines.

    @ Jan : tous des fainéants, surtout lorsqu'ils bossent au soleil, ceux-là !

    RépondreSupprimer
  4. "je vois ce chiffre autour de 30% d'absents" mais les journées de greves il y a aussi 30% de profs absents et les établissements restent ouvert ????

    RépondreSupprimer
  5. @ Anonyme : si, en fait. Je pensais plutôt aux surveillants et administratifs. Merci de prendre en compte cela dans la lecture du billet.

    RépondreSupprimer
  6. La solution n'est pas dans la fermeture des établissements à mon avis!
    On nous a ressassé 50 fois les consignes d'hygiène et on dirait que ça n'a même pas été appliqué dans les établissements scolaires.
    Désinfection des locaux renforcée par exemple? on en a pas vraiment entendu parler!! Si le problème n'est que la diffusion des microbes, ils n'ont qu'à mettre des lampes berger dans toutes les salles de classes au moins ils s'assurent que les micro organismes de l'air ambiant sont quasi tous détruits.
    Plutôt que de fermer les établissements..franchement...

    RépondreSupprimer
  7. @ Anonyme : apparemment, le ministère vient d'abandonner la politique de fermeture de classes et d'écoles. On va voir ce qu'ils vont nous sortir maintenant...

    RépondreSupprimer

Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

La modération des commentaires est activée 14 jours après la publication du billet, pour éviter les SPAM de plus en plus fréquents sur Blogger.