mardi 19 octobre 2010

Je ne peux même plus faire grève tranquille !

Malgré mon silence relatif, cher lecteur, tu dois bien penser que je participe au mouvement social qui se déroule en ce moment dans notre beau pays, la France, et que, en tant que gauchiste certifié par tout ce que la blogosphère compte de blogueurs de droite, je m'évertue à me comporter comme un irresponsable qui espère bien garder ses petits privilèges en ruinant la France. Pour cela, tu m'imagines en grève reconductible depuis trois semaines, participant à des blocages de stations-services et de raffineries...

La vérité est tout autre. Certes, depuis le 1er septembre, j'ai participé à quatre journées de grève et à une dizaine de manifestations. Par rapport à d'autres, je suis donc bien loin de la mobilisation maximale. Il faut dire aussi que l'Education nationale reste en retrait de l'action, avec des taux de grève assez faibles par rapport à des mouvements passés et finalement peu d'actions de reconduction.

Pourtant, depuis une semaine, j'ai un gros problème. Voilà qu'une bande de gamins, incapable d'écrire même deux lignes sans faute d'orthographe (normal, vu que c'est moi, un gauchiste sans culture, qui les éduque), se sont lancés dans un blocage systématique de mon lycée dit difficile.

Tu crois sans doute que ce sont mes semblables et moi-même qui les y avons poussés. Que nenni ! Bien au contraire, même. Dans nos banlieues, les mouvements lycéens, très peu encadrés, sont sources de multiples désordres qui effraient même certains enseignants anarchistes. Depuis quelques jours, mes élèves ne viennent donc plus en cours et stationnent devant la grille de l'établissement, en en profitant pour caillasser le voisinage, brûler quelques poubelles et casser un abribus pour se défouler.

Me voilà donc obligé, alors que je devrais être en train de construire le socialisme triomphant, de me vautrer dans la bourgeoisie en aidant mon administration à empêcher l'établissement de subir des dégâts trop importants, tout en essayant de convaincre mes élèves de ne pas se mettre en danger et de se renseigner un peu sur le mouvement auquel ils participent et sur les positions des différents acteurs. D'ailleurs, bizarrement, ce sont souvent les profs militants qui contribuent à ce soutien à l'administration alors que les autres enseignants stationnent en salle des profs, à attendre on ne sait quoi.

Le pire, là-dedans, est que ces jeunes couillons m'empêchent de faire grève les jours d'action nationale. Mon proviseur est tellement en train de courir dans tous les sens qu'il ne parvient plus à comptabiliser les enseignants mobilisés. Me voici donc compté présent, alors que je suis peut-être allé manifester dans les rues de notre belle capitale.

Vraiment, en ce moment, c'est le bordel. J'ai beau être un super-blogueur super-intelligent, je ne vois pas où on va. Dans les banlieues, cela sent mauvais...

16 commentaires:

  1. un gros vague à l'âme ce soir moi aussi. Du coup je traîne sur internet en quête de je ne sais quoi. Du coup, je repasse par ici pour la première fois depuis bien longtemps. Mais vraiment, non c'est trop triste. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur ce billet, mais vraiment c'est bien dérisoire... "lycée dit difficile" (le privilégié dixit), classes "prétenduement difficiles" (le rectorat dixit). Ca va durer longtemps ce déni de réalité? Le fascisme lui est en marche et pour de bon.

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  2. @ Anonyme : j'ai fait plusieurs billets pour expliquer cette expression que j'emploie régulièrement. Je vous invite à vous y référer.

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  3. "D'ailleurs, bizarrement, ce sont souvent les profs militants qui contribuent à ce soutien à l'administration alors que les autres enseignants stationnent en salle des profs, à attendre on ne sait quoi."
    Alors figure-toi que dans mon "lycée dit difficile", c'est exactement la même chose...
    A ceci près que les nôtres sont assez politisés (les "bloqueurs" sont ceux issus des classes les plus aisées, ils ont même pour la plupart l'accord de leurs parents), et savent ce qu'ils font et pourquoi ils le font. La simple présence de nombreux profs dehors avec eux a permis d'éviter tout incident majeur jusqu'ici. Nous les accompagnons même en manif, et allons les chercher au commissariat si la police les rafle.
    Il faut dire que mon lycée est dans le 9-4.

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  4. @ Sabine : rien à voir chez moi. Ce matin, ils ont expérimenté le cocktail Molotov, mais heureusement, ils n'ont pas vraiment réussi à monter la bouteille. Et franchement, s'il y avait un problème, on n'irait pas les chercher au commissariat.

    @ Nicolas : oui, je suis une sorte de jaune...

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  5. "Dans les banlieues, cela sent mauvais" : il n'y a pas que dans les banlieues.

    Le gouvernement ne veut pas dire le nombre de stations-service en rupture de stock : ça va être le bordel partout.

    Carburants : "Gros problèmes" dans 1 station sur 2.

    La moitié des stations-service françaises (hors grandes surfaces) ont de "gros problèmes d'approvisionnement" en carburants, a prévenu jeudi Christian Roux, représentant des exploitants de stations-service.

    "Il y a la moitié des stations-service qui ont des gros problèmes d'approvisionnement, qui sont à vide ou en manque d'un produit", a dit à l'AFP M. Roux, qui préside la branche des propriétaires-exploitants de stations-service au Conseil national des professions de l'automobile (CNPA).

    Cette branche représente les plus de 7.000 stations françaises (sur 12.300 au total) non détenues par des grandes surfaces, a affirmé M. Roux.

    http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2010/10/21/97002-20101021FILWWW00434-gros-problemes-dans-1-station-sur-2.php

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  6. Et le bordel continue.

    Carburant : pas d'amélioration de l'approvisionnement.

    PARIS - La Fédération nationale des transporteurs routiers français (FNTR) a indiqué jeudi s'attendre à une fin de semaine "difficile" et ne pas voir d'amélioration du côté de l'approvisionnement en carburant, demandant à accéder aux stocks en priorité.

    "On attend une fin de semaine difficile et le week-end tout autant, voire plus, si rien ne change (...) On a du mal à s'approvisionner, on n'attend pas d'amélioration sensible avant plusieurs jours", a déclaré à l'AFP Jean-Paul Deneuville, délégué général de la principale organisation du secteur.

    Stations et dépôts "ne sont pas totalement accessibles" et les camions eux-mêmes "ne pourront bientôt plus transporter le carburant et les produits nécessaires à l'approvisionnement des magasins", a-t-il prévenu.

    La Fédération Nationale des Transporteurs Routiers regrette que les véhicules utilitaires ne bénéficient d'aucune priorité spéciale pour obtenir du carburant, a-t-il expliqué.

    "S'il n'y a pas de décision prise pour le week-end et en début de semaine en matière de hiérarchisation des priorités pour les véhicules utilitaires, nos véhicules ne seront plus en mesure de livrer (le carburant) et on va dans le mur", a dit M. Deneuville.

    "Il y a effectivement pénurie", a confirmé de son côté Philippe Grillot, président de la Fédération des Entreprises de Transport et Logistique de France (TLF) lors d'une conférence de presse.

    http://www.romandie.com/ats/news/101021144344.pilpf42i.asp

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  7. La raffinerie des Flandres autorisée à fermer.

    Le tribunal de grande instance de Nanterre est revenu ce vendredi 22 octobre sur la décision de la Cour d’appel de Douai.

    Une décision qui pourrait s’avérer explosive, alors que les douze raffineries françaises sont toujours bloquées en protestation contre la réforme des retraites.

    Total vient d’être autorisé par le tribunal de grande instance de Nanterre à ne pas procéder au redémarrage de l’activité de sa raffinerie des Flandres, située près de Dunkerque (Nord).

    En autorisant ce vendredi 22 octobre le groupe pétrolier à fermer ce site, il pourrait bien mettre involontairement le feu aux poudres.

    La décision rendue ce vendredi par le tribunal de grande instance revient en effet sur une précédente décision de la cour d’appel de Douai, qui appelait en juin dernier le groupe pétrolier à redémarrer la raffinerie sous peine d’amende, pour défaut d’information des représentants du personnel.

    Ce vendredi, si la justice a également reconnu cette entrave, elle a seulement condamné le groupe Total à verser 5000 euros au comité central d’entreprise. Et autorisé la direction du groupe à «ne pas procéder au redémarrage» du site, et à mettre ainsi de fait un terme à son activité.

    Un projet de fermeture qui avait en mars dernier suscité l’ire des salariés du secteur et engendré le blocage de six raffineries françaises durant une semaine.

    Mauvaise nouvelle alors que les douze raffineries du territoire sont actuellement bloquées en protestation contre la réforme des retraites actuellement en débat au Sénat.

    D’autant plus qu’elle s’ajoute à une autre nouvelle explosive : la décision prise jeudi par le groupe suisse Petroplus de mettre à son tour fin à l’activité de sa raffinerie de Reichstett, près de Strasbourg.

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  8. Une décision de justice très très importante :

    La justice suspend la réquisition de la raffinerie de Grandpuits.

    Ils avaient déposé un recours en référé pour contester la réquisition de la raffinerie de Grandpuits, bloquée par le mouvement de grève. Les syndicats ont obtenu gain de cause : selon leur avocate, le tribunal administratif de Melun suspend la réquisition.

    "Les grévistes réquisitionnés n’ont plus à l’être", résume Maître Gaëtane Carlus.

    http://www.france-info.com/france-justice-police-2010-10-22-la-justice-suspend-la-requisition-de-la-raffinerie-de-grandpuits-492902-9-11.html

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  9. Mobilisation : 63 % des Français d'accord.

    AFP

    23/10/2010

    La poursuite de la mobilisation contre le projet de réforme des retraites, avec l'appel à deux nouvelles journées d'action, est justifiée pour 63 % des Français, selon un sondage Ifop à paraître dans Dimanche Ouest-France.

    Selon cette enquête, 37 % des personnes interrogées ne trouvent pas justifié l'appel intersyndical à se mobiliser les 28 octobre et 6 novembre prochains.

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  10. « en ce moment, c'est le bordel ». Est-ce que ce ne serait pas plus simple de voter sur l’âge de la retraite ? Les Suisses ont bien voté sur le calcul des rentes vieillesse en mars dernier.

    Voir http://horsparti.blogspot.com/2010/10/quand-les-francais-voteront-ils-sur.html

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  11. @ Horsparti : totalement d'accord, mais les élites françaises ne sont pas prêtes à ça. Elles ont de trop mauvais souvenirs du référendum de 2005.

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  12. "D'ailleurs, bizarrement, ce sont souvent les profs militants qui contribuent à ce soutien à l'administration alors que les autres enseignants stationnent en salle des profs, à attendre on ne sait quoi."
    Ton proviseur a gagné: son Privilégié est en train de s'aigrir. Prendre du recul vite!

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  13. Jean-Luc Mélenchon accuse la police de se déguiser en casseur et de jeter des pierres.

    Jean-Luc Mélenchon était invité dans l'émission "Dimanche Soir Politique" sur I>Télé ce dimanche.

    Il est ensuite revenu sur les manifestations lycéennes où de nombreux incidents ont été à déplorer.

    Le leader du Parti de gauche y a nettement accusé certains policiers de se déguiser en casseurs et de jeter des pierres, avant de remettre le brassard de policier.

    Et pour Jean-Luc Mélenchon, pas de doute, ces policiers n'auraient pu agir sans ordre du ministère de l'Intérieur.

    http://www.lepost.fr/article/2010/10/24/2279740_jean-luc-meclechon-accuse-la-police-de-se-deguiser-en-casseur-et-de-jeter-des-pierres.html

    Une vidéo extraordinaire : des policiers en civil, membres de la Brigade Anti-Criminalité (BAC), se sont déguisés en militants de la CGT pendant la manif du 19 octobre à Lyon !

    Malheureusement pour eux, le policier situé à gauche laisse dépasser son tonfa ! C'est vachement discret !

    Du coup, quelqu'un commence à filmer les policiers déguisés en cégétistes !

    Regardez cette vidéo incroyable :

    http://www.dailymotion.com/video/xfa7p6_manifestation-lyon-19-10-10-la-cgt_webcam

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  14. Des policiers en civil infiltrent les manifs, lancent des pierres, brisent les vitrines, ... puis capturent des jeunes manifestants.

    Ensuite, les policiers les amènent au commissariat, et au commissariat, ... surprise !

    Les caméras sont là pour filmer les jeunes manifestants capturés !

    La police et les médias pro-gouvernementaux sont bien coordonnés !

    C'est une coordination entre :

    1- Les policiers en civil qui provoquent, qui créent des incidents pendant les manifs, qui tendent des pièges,

    2- et les médias pro-gouvernementaux.

    Les médias pro-gouvernementaux sont prévenus par la police, pour venir filmer les bonnes images, au bon moment, au bon endroit.

    Ces images serviront à la propagande gouvernementale sur TF1, LCI, BFM TV, i-Télé, etc.

    Un témoignage extraordinaire :

    http://www.lanouvellerepublique.fr/ACTUALITE/People/Manifs-pris-au-piege-de-la-guerre-des-images

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  15. @ Anonyme : c'est vrai que ce billet a été fait sous le coup de la fatigue. Il faudrait peut-être que j'y revienne.

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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