Tiens, je vais sortir quelques instants de mon silence, suite à un billet-bilan de l'année de Captain Haka, qui évoquait la défaite de Nicolas Sarkozy.
Il revient sur l'annulation de la taxation à 75% des revenus au-delà d'un million d'euros, en employant à mon sens quelques idées assez étonnantes.
Tout d'abord, il rappelle que la droite utilise massivement le terme d'amateurisme à ce propos. Pourtant, lors de la dernière mandature, plusieurs mesures-phares de Sarkozy sont passées à la trappe de cette façon, comme par exemple la célèbre taxe carbone. Or, à l'époque, on avait accusé le président d'avoir joué un double-jeu et d'avoir préparé ce rejet pour mieux enterrer le projet, très contesté par de nombreux pans de son électorat traditionnel. J'ignore si c'est ce qu'il s'est passé ici, mais de toute façon, Hollande pourra toujours se présenter comme un socialiste assez radical mais dont les velléités ont été entravées par le conservatisme d'un conseil constitutionnel dominé par la droite, ce qui devrait lui permettre de se sortir du traquenard.
Notre capitaine préféré poursuit pourtant son argumentaire en revenant sur les bisbilles à gauche, et en disant que cette mesure, très contestée à droite, illustrait l'ancrage à gauche du pouvoir en place.
Restant un lecteur assidu de la blogosphère politique, je vois bien que ce débat occupe largement mes compères. Je le trouve sans intérêt et inutile, malgré le fait que mon parti préféré en soit largement à l'origine.
Savoir si l'on est de gauche ou pas est une question sempiternelle qui traverse toute la gauche. Personnellement, proche du Front de Gauche, je peux aisément qualifier mes camarades socialistes de droitier, mais je te rassure, cher lecteur, je trouverai toujours un trotskyste pour me qualifier de social-traître. Être vraiment de gauche qualifie à l'exercice du pouvoir dans notre camp, et c'est pour cela que tous les partis se plongent dans ce débat. Si le FdG, aujourd'hui, attaque sur l'identité du PS, c'est aussi parce que celui-ci n'a cessé de ranger notre programme à l'extrême-gauche. De notre côté, qualifier le président d'Hollandréou permet de se situer politiquement, même si le calembour, je le reconnais, peut-être lourd. Cela permet de dire que la politique d'Hollande donnera à long terme les mêmes résultats qu'en Europe du Sud, et ça, par ailleurs, je le crois totalement.
A droite, on se pose moins ce genre de questions. On est de droite, mais avec des sensibilités différentes. Et quand surgit un véritable débat d'orientation idéologique, comme ce fut le cas ces derniers mois à l'UMP, on s'échine à le cacher sous des conflits de personnes. En effet, les militants UMP avaient en fait à trancher entre un rapprochement avec le FN, ou pas. Ils ne l'ont d'ailleurs pas fait...
A gauche, une fois qu'on est sorti du débat "qui est de gauche", on peut simplement admettre qu'il existe des sensibilités très diverses, et que celle qui a gagné la présidentielle a pu le faire grâce à un personnage qui a joué à fond la personnification, un programme qui promettait un changement extrêmement limité (les Français ne voulaient pas d'une social-démocratie apparemment) mais surtout, un appareil politique derrière suffisamment important et structuré pour exercer le pouvoir, ce qui reste, il faut bien l'admettre, la faiblesse du FdG.
Après, pour voir qui est de gauche, on pourra faire le bilan à la fin. Pour moi, si la société est restée aussi inégalitaire qu'elle l'est maintenant, on pourra dire que la politique menée n'était pas de gauche. La lutte contre le chômage ou contre la dette ne suffit pas, car il y a bien des façons de lutter contre ces deux fléaux, et la droite en a à revendre.
Pour terminer avec le billet de mon glorieux collègue, l'UMP critiquera forcément le PS. De fait, qualifier la gauche d'incompétence est un crédo de la droite, persuadée qu'elle est que l'exercice du pouvoir lui est dû. Pas besoin du conseil constitutionnel pour que ce point soit sans cesse soulevé...
Oui. Voir mon (trop) long billet de ce matin. J'ai passé deux heures à lire les blogs proches de l'UMP. Ils ont l'impression qu'on leur a volé le pouvoir.
RépondreSupprimerEt le thème de la vraie droite est très présent chez ceux proche de Copé. Je le voyais surtout dans l'entourage de Didier Goux. Et la fracture est assez proche de celle de chez nous, entre les purs FDG et les modérés comme moi. C'est assez rigolo. Mon copain Falconhill était "traité" de gars de gauche comme moi je suis "traité" de type de droite.
Oui cévré
SupprimerEnfin bon, la vrai droite qui a permis à la gauche d'avoir tous les pouvoirs, tu sais ce que j'en pense...
Oui...
Supprimer@ Nicolas : la différence, c'est qu'à droite, le PS et le FdG sont dans le même parti et doivent toujours trouver des compromis.
SupprimerPour répondre d'avance à Faucon, pour moi, le FN est bien plus extrémiste que le FdG, dont le programme correspond à un programme social-démocrate très classique. Je ne sais pas trop ce qui pourrait lui correspondre à gauche, même si j'ai quelques idées de petits mouvements totalitaires qui iraient très bien...
Mais non, la droite n'estime pas que l'exercice du pouvoir lui est dû. Le pouvoir est exercé par ceux qui gagnent les élections, et là, c'est le tour de la gauche.
RépondreSupprimerAprès, pour que la droite soit contente de la façon dont la gauche gère les choses, il faudrait qu'il y ait des trucs qui aillent dans le bon sens, selon elle, bien sûr. Et en l'occurrence, la gauche n'est pas qualifiée d'incompétence par principe, mais bien parce que c'est le cas de celui qui a été élu à la tête de l'Etat. Ce reproche n'aurait pas été fait si c'eut été un autre.
Et puis, si on s'amuse à faire des généralisations, on peut dire que la gauche accuse la droite d'être le mal, ce qui ne mène a rien non plus.
@ Xerbias : le procès en incompétence reste, je trouve une réalité. Par contre, il est vrai que les proches de la gauche, considèrent très souvent la droite, dans son ensemble, comme l'incarnation du mal, ou, plus précisément, l'incarnation des idées de la bourgeoisie, ce qui revient, il est vrai, au même.
SupprimerPar ailleurs, sur Hollande, je ne dresserai pas un procès en incompétence. Avoir dirigé aussi longtemps le premier parti de la gauche, avoir gagné de nombreuses élections locales et nationales, puis avoir réussi à gagner des présidentielles dénote un réel sens politique. Ce qui pose problème, ce sont ses idées...
Bonjour, et bonne année !
SupprimerNon, Hollande n'est pas incompétent, hélas ! C'est à l'image de son vieux maître, l'autre François, un florentin tortueux qui sait dire oui à tous pour, finalement, n'en faire qu'à sa tête. Chose dont son prédécesseur était éminemment incapable, disant en quelque sorte non à tous pour finalement ne pas faire grand-chose. Celui-ci fera encore plus mal aux vulnérables, sans avoir l'air d'y toucher. Du grand art.
Je serai assez d'accord avec une réponse précédente. Le FdG, du moins ses deux composantes les plus en vue, n'a pour programme qu'une social-démocratie assez classique, bien moins révolutionnaire qu'elle peut paraître dans ses discours, mais restant critique envers le libéralisme. Une gauche "douce", en quelque sorte, tranchant largement avec les discours assez ridicules des médias "aux ordres" la qualifiant de "gauche de la gauche".
La gauche de la gauche, ce sont les nombreuses thèses anarchiques, non-violentes mais pas pacifistes, basées sur l'égalité et la mort du Profit. Cela n'a rien à voir avec le FdG. Un peu dans ce genre-là.
Et vive l'expérience de la ZAD de Notre-Dame des Landes, qui met en pratique les vraies valeurs de gauche en dépit de conditions difficiles.
@ Babelouest : il n'y a pas que les anars à l'extrême-gauche, tout de même. On trouve des tas de mouvements très divers. La réduire à l'anarchie est très réducteur.
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