Alors que nous entrons en année électorale, se pose la question fondamentale qui taraude tout citoyen un minimum conscient de ses droits et devoirs : "mais pour qui vais-je bien pouvoir voter ?"
En 2007, dans mon lycée dit difficile, la salle des profs s'était joyeusement divisée entre Ségolène Royal et François Bayrou au premier tour. Celui-ci avait séduit par son positionnement centre-mou peut-être de gauche, alors que celle-là inquiétait, comme dans tous les secteurs de la société. Il faut dire qu'elle avait fait fort en annonçant les profs à 35 heures dans les établissements, mais maintenant, cette idée semble largement partagée par la classe politique. Nous attendons juste de savoir comment elle va se réaliser en pratique. Si cela signifie qu'on me met un bureau, une connexion internet, un ordinateur et des livres à disposition, tant mieux : je ferai des économies. Cependant, s'il faut équiper tous les bahuts de France de cette façon, l'Etat et les collectivités vont payer le prix fort. Les modalités vont donc être primordiales, et certainement pas à notre avantage.
Il est plus difficile de mesurer le nombre d'électeurs sarkozystes dans notre milieu, car si les profs de droite existent, ils ont souvent du mal à assumer le vote Sarkozy. Pourtant, en 2007, celui-ci nous avait largement dragué en annonçant une revalorisation de notre profession. Celle-ci n'a pas eu lieu.
Le discours de jeudi risque de moins séduire. Sarkozy y a simplement annoncé la mise en place d'un modèle scolaire qui séduit très peu dans les salles des profs. Il est à craindre que nos collègues de droite se tournent plutôt vers Bayrou ou de Villepin.
Bayrou adopte d'ailleurs un positionnement résolument plus droitier que la dernière fois. Hier soir, dans On n'est pas couché, il a certes fustigé une politique en faveur des riches mais en a profité pour annoncer que certains droits sociaux étaient mal acquis. Le couperet est tombé sur les 35 heures, pourtant déjà largement détricotées par le président en exercice. Ce positionnement est relativement cohérent : face à un président en perte de vitesse, il est plus facile d'aller chercher des voix à droite qu'à gauche, où plusieurs candidats forts se positionnent, contrairement à 2007.
Et du côté des profs de gauche ? Sur les 90 collègues de mon lycée dit difficile, je ne suis pas parvenu à savoir combien d'entre eux s'étaient déplacés pour voter aux primaires socialistes. Les quelques-uns qui ont dit l'avoir fait ont plutôt choisi Aubry ou Montebourg qu'Hollande au premier tour, et Aubry au second. Un collègue militant PS m'avait d'ailleurs indiqué que les résultats du premier tour des primaires montraient qu'Hollande avait plutôt séduit les électeurs PS masculins, ouvriers, âgés et ruraux. Il est vrai qu'une salle des profs du 93, largement féminine, de petite classe moyenne, jeune et urbaine ne colle pas avec ce stéréotype.
Reste donc la question du vote au premier tour. J'entends peu de collègues vanter les mérites du candidat socialiste, mais on ne peut pas dire que Mélenchon et Joly suscitent plus d'enthousiasme pour le moment (même s'il est clair qu'Eva Joly est régulièrement victime de blagues pas très charitables). Il est donc très difficile de percevoir ce qui va se passer, d'autant plus que la vrai campagne n'a pas encore commencé.
Une dernière question m'a toujours taraudé, depuis maintenant trois présidentielles que je passe dans cet établissement. Qu'en est-il du vote Le Pen ? Je n'ai jamais entendu un collègue se vanter d'avoir choisi le FN, mais je suis certain que, au moins statistiquement, ce choix existe.
Je vais donc, durant les prochains mois, laisser traîner mes grandes oreilles dans ma salle des profs, et j'essaierai, cher lecteur, de te faire ressentir ce qu'il se passe.
Une sorte de sondage régulier, en somme...
Avouer que l'on vote FN dans une salle des professeurs, ce n'est même plus du courage, ni de l'héroïsme, c'est de la sainteté !
RépondreSupprimer@ Didier : cela mettrait un peu d'ambiance.
RépondreSupprimerest il possible,un prof avec des idees d'extreme droite ?
RépondreSupprimer@ Anonyme : bien sûr.
RépondreSupprimerAvec Melenchon et la Joly, Hollande risque pas grand chose au premier tour.
RépondreSupprimer@ Manuel : Mélenchon est un peu moins mal vu, mais globalement, il ne fera pas un gros score chez les profs.
RépondreSupprimer"Il faut dire qu'elle avait fait fort en annonçant les profs à 35 heures dans les établissements, mais maintenant, cette idée semble largement partagée par la classe politique. Nous attendons juste de savoir comment elle va se réaliser en pratique"
RépondreSupprimerLe seul tort de Royal est d'avoir eu raison bien avant tout le monde. Car si l'on VEUT éviter que 150 000 gamins (par an!) sortent sasn diplome de notre "merveilleux" système si bien défendu par des syndicats qui ne représentent rien, il va falloir se bouger le cul! Et passer du temps au bahut!
@ Anonyme : au lieu d'ennuyer les fainéants sur internet, il serait bien d'aller travailler un peu, histoire que je puisse continuer à me sucrer sur vos impôts et vos cotisations sociales.
RépondreSupprimerMelenchon... En ce qui me concerne c'est la meme chose que la Joly, mais bon, tant mieux pour Hollande, on met 2 mal baises a sa gauche, il a toutes les cartes en main pour se retrouver au deuxieme tour.
RépondreSupprimer@ Manuel : normal, pour un mec de droite.
RépondreSupprimerQui? Moi ou Hollande?
RépondreSupprimer@ Manuel : hum, les deux, je dirais.
RépondreSupprimerBonsoir,
RépondreSupprimerje suis étonné de lire que le Front de Gauche ne suscite pas plus d'engouement : il est à ma connaissance un des seuls, peut-être le seul, à refuser l'"autonomie" des établissements et les "petits chefs" que vous décriviez dans votre précédent article.
@ Anonyme : c'est vrai, mais pour le moment, le FdG est assez peu présent dans les débats. Attendons le début de la campagne.
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