lundi 11 juin 2012

Mélenchon subit un coup de grisou : analysons et arrêtons de pleurer sur nous-mêmes.

Bon, il faut l'admettre et arrêter de se regarder en pensant qu'on a fait quelque chose de positif : le Front de Gauche s'est écrasé aux législatives, même s'il a fait mieux que le PCF en 2007. Mélenchon lui-même connaît un grave échec dont il va avoir du mal à se remettre. Il faut maintenant commencer à réfléchir sur la suite, pour que le FdG ne devienne pas rapidement le souvenir d'un court épisode de notre histoire politique.

Car, il faut le dire, cher lecteur, le FdG risque bien de ne pas survivre longtemps. Contrairement à d'autres partis, ce mouvement est une construction imaginée par Mélenchon pour faire un hold-up sur le PCF et son appareil. Les militants de ce parti ont avalé leurs rancœurs, et ils vont maintenant pouvoir tenter de reprendre la main. Pourtant, je reste persuadé que, malgré des pertes de députés, le FdG et le score de Mélenchon à la présidentielle ont évité au PCF de disparaître complètement de l'Assemblée nationale. Cela serait arrivé s'il était resté sur ses vieilles positions d'appareil.

Or, j'ai déjà entendu des militants de ce parti, que je connais par ailleurs, dire qu'il va maintenant falloir en profiter pour en finir avec cette courte expérience. Aucun risque maintenant qu'une adhésion directe au FdG soit possible : les communistes vont tout verrouiller. C'est très dangereux, car si le PCF se retrouve seul, il disparaîtra tout simplement d'ici à 2017, et d'autant plus s'il rentre au gouvernement sans aucun moyen de pression sur le PS. Ce parti n'avait plus de souffle, plus de dynamisme et vivait sur ses quelques acquis électoraux, sans cesse menacés à chaque scrutin. A nouveau seul, il disparaîtra d'autant plus vite que le PS ne lui fera plus aucun cadeau.

Reste à comprendre l'échec de Mélenchon lui-même. Certes, je continue à penser que sa campagne présidentielle a été bien menée contre la droite et l'extrême-droite. Cependant, avec la législative, il s'est installé dans une circonscription où il a joué à la fois de la corruption locale du PS et de la lutte contre le FN. On a ainsi quitté le combat contre l'UMP et ses idées, qui aurait dû être l'objectif principal de cette campagne, pour se concentrer quasiment uniquement sur le FN. Il était important de continuer à lutter contre les deux et séparément. D'autre part, mettre en avant l'un des endroits où le PS est pourri était aussi assez malvenu. Il est important de marquer les différences avec le PS (car sinon, à quoi sert le FdG ?) mais pas de tirer à vue sur des corbillards. En fait, il aurait sans doute été plus positif de laisser Poly, son suppléant, faire le travail, en venant le soutenir, pour lui permettre d'utiliser le fameux ancrage local et de se poser en alternative à un PS local largement discrédité.

Il est intéressant de noter que le PS, pour conforter sa majorité, n'a pas hésité à faire échouer un accord électoral avec le FdG pour massacrer les derniers députés restants du PCF, et ainsi capter les circonscriptions de gauche, profitant de sa plus grande force électorale. On n'a pas lutté contre la droite ici, mais contre la gauche comme à Saint-Denis ou à Montreuil, simplement pour consolider une majorité. C'est tout aussi dangereux, et les socialistes n'ont pas franchement de leçon à donner sur ce sujet.

Mélenchon devait-il se présenter ? Je ne le crois pas, mais c'est facile de le dire à posteriori. Il aurait finalement mieux fait de rester sur ses succès de la présidentielle et de s'occuper du FdG, pour éviter la situation maintenant difficile qui l'attend.

Mélenchon est-il responsable de la poussée du FN ? Là, par contre, on se fout du monde. Le FN a grimpé uniquement à cause de l'échec de Sarkozy, après d'autres échecs d'autres gouvernements à améliorer la vie des gens. Mélenchon n'a en rien forcé qui que ce soit à droite de voter à l'extrême-droite à la présidentielle. Tous ceux qui accusent le FdG d'être en partie responsable de la hausse du FN ne font que se débarrasser de leur propre responsabilité. C'est d'autant plus comique venant des militants de droite alors qu'ils sortent de dix ans de pouvoir...

Le moment est donc compliqué. Il est normal qu'un jeune mouvement subisse des défaites. Il doit se construire et continuer d'avancer. Le FdG doit analyser ses succès et ses échecs récents, rationnellement et simplement, et en tirer des leçons pour la suite.

Maintenant, le PS va avoir les mains libres pour diriger ce pays. J'espère m'être trompé, depuis des années, sur l'ancrage idéologique de ce parti et sur ce qu'il va faire. J'espère qu'il réussira à améliorer la vie des Français. Cependant, je reste sur d'autres idées et si le PS déraille, je serai le premier à le dénoncer.

16 commentaires:

  1. Bonsoir camarade,

    on est mal barré avec le PS au pouvoir et tu vas vite t'apercevoir qu'ils vont mener une politique de droite austeritaire et à la prochaine élection c'est le F-Haine qui raflera la mise et aura le pouvoir mais pas le FdG comme le clamait en se trompant jean luc meelnchon partout !.Les medias (qui appartiennent à des groupes capitalistes et financiers) vont nous mettrent la bête immonde au pouvoir pour empêcher justement un vrai parti de gauche d'émerger !. C'est pitoyable et les plus dangereux je crois sont les sociates liberaux traitres car ils tueraient père et mère aussi pour écraser la vraie gauche naissante pour avoir quelques postes de députés en plus et tous les pouvoirs mais jusqu'à quand ?. Cela finira trés mal tout cela !. Avec les sociates traitres liberaux droitiers, le peuple souffrira comme avec sarko car c'est la même politique en faveur du capital,des riches parasites boursicoteurs,des bourgeois,des rentiers et des capitalistes de tous poils !. Rien ne change et c'est la même caste réactionnaire qui conserve le pouvoir dans ce foutu pays moisit et en décomposition fascisante au bord de la crise de nerfs,de la guerre ethnique et de la desintegration sociale alors que nous n'avons jamais été aussi riche de toute notre histoire !.
    Sans partage des richesses point de salut !.
    Un abrazo cordial.Un camarade nommé azulejo.

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    1. @Azulejo : oui, le PS a une orientation politique problématique. Mais non, on ne peut pas dire qu'on préfère avoir l'UMP à la place. Quand au FN en 2017, le risque est réel, et je n'aimerais pas avoir la responsabilité qu'a le PS avec le programme qu'il propose...

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  2. Tu as raison le Privilégié. Et je partage une part du pessimisme de ton commentateur, Azulejo. L'espace de la politique politicienne est beaucoup trop réduit pour qu'on puisse voir s'y dessiner cette denrée aussi indispensable et évanescente qu'est l'espoir...

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    1. L'espoir a souvent existé, dans notre histoire politique. La question est d'avoir envie de le faire vivre et ensuite d'y répondre. Sans espoir, que faire, à part devenir dépressif ?

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  3. Tu as raison mais la dépression ne relève pas du choix mais de la pathologie. Et le problème, c'est que la dose de réalisme de chaque individu est proportionnelle à la quantité d'espoir qu'il s'autorise...

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    1. La dépression peut être un refuge quand il n'y a plus aucun espoir d'en sortir. Cela devient du pathologique ensuite.

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  4. Avec le PS, à part quelques aménagements à la marge, je crains (depuis longtemps, je précise) que ce ne soit la même chose qu'avec l'UMP, mais avec un peu de vaseline.

    Que le FdG, pendant ce temps-là, se renforce, et se radicalise un peu. C'est tout ce qu'on peut souhaiter.

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    1. @Babelouest : je n'ai aucune confiance en le PS. Je ne sais pas si le FdG doit se radicaliser : le programme l'est déjà pas mal. Il doit s'adapter à l'évolution des choses, en se radicalisant si besoin.

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  5. Très pertinente analyse, à mon avis. Sauf en ce qui concerne les causes de la montée du FN, bien sûr, que chacun s'obstine à attribuer à tel ou tel autre parti, en excluant par principe que cette montée puisse avoir des raisons autres que strictement politiques et même politiciennes.

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    1. @ Didier : il y a sans doute de multiples raisons à la montée du FN. Maintenant, si l'on vote pour un parti qui n'a que très peu de chance d'accéder au pouvoir (j'en parle d'autant mieux que c'est aussi ce que je fais), c'est à la fois par rejet des grands partis mais aussi en espérant les faire bouger vers soi.

      Donc, il y a aussi, dans ce vote, des raisons strictement politiques, voire même, j'ose le mot, politiciennes.

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  6. Mélenchon n'est pas responsable de la montée du FN, c'est certain. Le problème, c'est qu'il a montré, à Hénin-Beaumont, qu'il n'est pas non plus la solution. Il va falloir s'occuper de ces gens qui sont sortis du jeu politique, et l'on sait désormais que ce n'est pas juste un problème d'être plus ou moins à gauche.

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    1. @ O16o : le problème, c'est de régler les problèmes des gens. Les solutions proposées par le FdG n'ont pas été testées. Ce n'est pas parce que les électeurs les ont refusées cette fois-ci qu'elles ne sont pas bonnes en soi. Il faut travailler et convaincre.

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  7. La FdG ne s'est pas écrasé aux législatives, il a accompli la même chose qu'à la présidentielle: rassembler sur son nom tout les voix de gauche, de LO au PCF.

    Après il n'a pas réussi à convaincre les électeurs plus à droite mais on ne peut pas parler d'être écrasé.

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    1. @ RadTRansf : sur le rassemblement, il a fait nettement moins avec une abstention plus forte. Ce n'est donc pas un franc-succès.

      "Il s'est écrasé" est une tournure peut-être mal choisie. J'aurais pu écrire "il s'est tassé".

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  8. Moi qui suit de l'autre bord (solidement UMP), je me félicite de la ligne clairement socio-démocrate vers laquelle le gouvernement Ayrault semble s'orienter. Bien que n'étant pas de gauche, je pense que "le mieux et l'ennemi du bien", et je préfére, en tant que citoyen responsable et modéré, un gouvernement socio-démocrate (bien qu'ayant voté Sarkozy à la présidentielle) à un gouvernement extrémiste, de quelque bord qu'il soit.

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    1. Le FdG n'est pas extrémiste, il est radical. A gauche, les extrêmes sont au NPA ou à LO. D'autre part, votre satisfaction démontre qu'on est loin d'une politique de gauche comme je la souhaiterais.

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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