Maintenant que le paquet fiscal est quasiment voté, on peut s'intéresser à une mesure qui a particulièrement concerné l’Éducation nationale : la défiscalisation des heures supplémentaires.
Jusqu'à 2007, les HS étaient principalement utilisées, dans l'éducation, pour adapter les services aux maximas de services des enseignants. En clair, quand les heures de cours à dispenser ne collaient pas aux maximas de 15 ou 18h, on pouvait rajouter une petite heure par-ci par-là pour faire passer. D'ailleurs, les décrets de 1950 prévoient que chaque enseignant ne peut refuser au moins une heure supplémentaire annuelle. Le recours aux HS était donc une mesure principalement technique.
Or, à partir de 2007, confronté aux suppressions de postes, le ministère a d'abord forcé la plupart des enseignants à prendre la fameuse heure obligatoire. Il a ensuite utilisé la défiscalisation des HS pour pousser à la consommation, en particulier en faisant passer les décharges en HS.
Qu'est-ce que cela signifie ? Les décrets de 1950 prévoient un certain nombre de décharges pour service particulier. Par exemple, un prof travaillant en prépa a une demi-heure de décharge pour une heure de cours effective. Un prof bossant en lycée et ayant au moins six heures de cours en première et ou terminale peut avoir une heure de décharge. Le ministère a poussé les chefs à faire passer ces heures en HS, en arguant du fait que les collègues faisaient ainsi leurs services complets. Il a joué le pognon contre le temps de travail, ce qui en région parisienne, avec des profs jeunes, des salaires en baisse constante par rapport à l'inflation et des loyers délirants, a eu un réel effet.
Grâce à cette mesure symbolique, qui devait principalement toucher le privé, on a fait passer de nombreuses suppressions de postes dans l’Éducation. C'est intéressant de voir que les profs sont devenus les principaux consommateurs de ce dispositif, permettant à l’État de supprimer des emplois...
Maintenant, à partir du 1er septembre, les HS sont à nouveau fiscalisés. Au MEN, on doit serrer les fesses. En effet, si jamais les profs se mettaient à refuser à nouveau les HS, on aurait un énorme problème.
Bon, je vais rassurer nos camarades socialistes et de droite : les collègues se sont habitués à un train de vie, et les gros consommateurs continueront à prendre les HS.
A noter tout de même que, plus on travaille dans l'EN, moins on fait de cours de qualité et d'évaluations pour éviter les copies en masse. Après, on a le système éducatif qu'on mérite.
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