dimanche 29 août 2010

Choisir un candidat : deux critères à prendre en compte.

En cette période d'universités d'été et d'approche d'un grand mouvement social, on parle beaucoup de la gauche. Cela change un peu, vu que notre cher président de la République est parvenu à occuper largement les médias durant les mois d'été, d'abord avec l'affaire Bettencourt puis avec nos amis roms.

Comme d'habitude, la presse se passionne pour son thème favori : "ouh la la, qu'ils sont divisés, les gauchistes !" Cela est revenu sur toutes les universités d'été. Chez les Verts, nous avons eu droit à la division entre Cohn-Bendit et la direction du parti. Au NPA, c'est la ligne politique et le leadership de la direction actuelle qui étaient discutés. Au PCF, voilà que Pierre Laurent est déjà contesté, à peine installé. Enfin, au PS, malgré la volonté affichée de ses dirigeants de camoufler un peu les divisions, on n'a cessé de palabrer sur les actes de Martine et de Ségolène, sans chercher à évoquer le fond...

Bon, je ne vais pas non plus faire un procès des médias qui cherchent toujours les divisions. Il font la même chose en ce moment avec l'UMP, le Nouveau Centre et le FN. Il ne nous manque plus que le Parti de Gauche et le Modem et on aura la totale. Heureusement que les divisions sont interdites chez Lutte Ouvrière !

Après lecture d'une multitude d'articles et de billets, il me semble qu'on fait finalement une grave erreur en essayant de séparer le fond de la forme, et donc, en politique, les idées des candidats qui les portent.

Je me faisais la réflexion en lisant les twitts de mes camarades blogueurs qui suivent encore l'université d'été du PS en essayant d'imaginer ce que je ferais en fonction des différents candidats possibles au PS :
  • si DSK est le candidat, je ne voterai pas pour lui au premier tour. Certes, l'homme est compétent et ne serait sans doute pas incompétent en tant que président, mais il est pour moi trop idéologiquement marqué. Sans doute, le parti pourrait un peu contrebalancer son fond idéologique, mais on sait tout de même que le président a une forte influence sur notre système politique. Par contre, il attirerait sans doute des électeurs plus à droite et désireux de se débarrasser de Sarkozy. On a donc là un choix marqué à droite mais d'un homme à l'apparence compétente. Il peut gagner, mais pas sûr que les idées de gauche y gagnent...
  • Si Ségolène y va, je ne voterai pas non plus pour elle au premier tour. Ici, il ne s'agit pas de son programme idéologique, que je pense assez proche de celui de DSK. Par contre, je l'estime (il ne s'agit que d'une question d'image ici, mais c'est là-dessus qu'on vote) incompétente pour diriger le pays. En particulier, elle partage avec Sarkozy son incapacité à se remettre en cause, puisqu'elle a ressorti il y a deux jours le coup de l'encadrement militaire des jeunes, pourtant dévastateur en 2007... Là, un candidat plutôt à la droite du parti, mais marqué comme moins compétent.
  • Si Hollande y va, on est là dans le cas inverse. L'homme semble compétent : c'est un administrateur, qui a su ne pas trop se faire remarquer lorsqu'il dirigeait le PS. Par contre, au niveau idéologique, où est-il ? N'étant pas militant PS, je suis bien incapable de le situer. Donc, c'est trop flou.
  • Si Aubry y va, ce serait à priori la seule qui m'inciterait à voter PS au premier tour (mais il faudra que je me fasse violence). Elle semble compétente, et elle a à son crédit la loi sur les 35 heures (pour beaucoup, c'est un boulet, mais pour moi, c'est très positif et à son avantage). Ensuite, idéologiquement, elle s'est positionnée plus à gauche que les autres, même si son discours d'aujourd'hui, en étant centré sur la sécurité, risque de la droitiser un peu. Certes, la sécurité doit être un thème de gauche, mais de là à en faire le centre de la campagne...
Après ces quelques réflexions, il est facile de conclure que l'électeur peut se baser sur deux grandes questions pour orienter son vote. Il se demandera quel est l'ancrage idéologique du candidat (sans rentrer dans les détails, trop compliqué) et s'il pense que cette personne sera capable de diriger et de représenter le pays. Certains le feront dans le sens inverse.

Sarkozy ne s'y était d'ailleurs pas trompé en 2007. Il s'est présenté comme un candidat à la fois libéral économiquement mais plutôt de droite très conservatrice sur les valeurs. Une fois arrivée au pouvoir, il a pris quelques ministres venus de la gauche molle pour radoucir son discours.

Le PS va donc devoir d'abord choisir une direction idéologique (à gauche ; très à gauche ; à droite...) et ensuite une personne qui peut incarner un chef de l'État.

Après, le programme, finalement, ce n'est peut-être pas le plus important. Il n'y a que des passionnés comme moi qui s'intéressent à ça. La grande majorité des électeurs se contente de regarder les personnes. Par contre, le programme jouera beaucoup sur les législatives, car une fois qu'on a un président, il faut une majorité.

Tiens, d'ailleurs, voilà aussi un critère important. Un président a besoin d'une majorité pour gouverner, sinon, il ne sert à rien. Voilà sans doute ce qui peut expliquer l'échec de Bayrou en 2007 : pas efficace...

9 commentaires:

  1. Tu devrais écouter Titine en direct : elle ne parle pas de sécurité (ou presque).

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  2. @ Nicolas : elle en a un peu parlé quand même. Elle a même parlé d'éducation, dis donc.

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  3. Salut Mathieu
    L’exercice est intéressant mais il atteint vite ses limites : Compétent et idéologue me semblent des qualités parfaitement contradictoires...pour gouverner un pays !
    Par contre, quitte à privilégier l’idéologie, on peut choisir les idéologues qui paraissent les moins bornés et qui en conséquence semblent capables de s'adapter aux circonstances, d'aucun diront de mettre de l’eau dans leur vin lorsqu’il le faudra, ce qui s’appelle du pragmatisme !

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  4. @ Nicolas007bis : oui, je suis d'accord. Il me semble que c'est à peu près l'idée que j'ai développée.

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  5. Sarkozy ne s'y était d'ailleurs pas trompé en 2007. Il s'est présenté comme un candidat à la fois libéral économiquement mais plutôt de droite très conservatrice sur les valeurs ?

    Lol ...

    Le liberalisme c'est la NON intervention de l'Etat dans les entreprises, la concurrence libre et non faussée, l'Etat minimal réduit à ses fonctions régaliennes. Sarkozy, en 2007, a prévenu qu'il n'etait pas libéral, il
    a repeté en boucle son histoire de sauvetage d'Alstom à coup de milliards publics.

    Qui d'autre, à part les liberaux dont Edouard Fillias, ne pensent pas que Sarkozy ne soit pas liberal ?

    Madelin http://ad.doctissimo.fr/RealMedia/ads/adstream_sx.ads/www.fluctuat.net/Societe/blog/exclu/L35@x30?http%3A%2F%2Fsociete.fluctuat.net%2Fblog%2F11255-alain-madelin-liberal-libere.html
    Marianne http://www.scribd.com/doc/37404/Marianne-Le-Vrai-Sarkozy
    Valls http://www.scribd.com/doc/37404/Marianne-Le-Vrai-Sarkozy
    Delanoe http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20080521.OBS4897/bertrand-delanoe-oui-je-suis-liberal-et-socialiste.html
    Les Anglais http://globalconditions.wordpress.com/2007/03/15/nicolas-sarkozy-is-not-a-liberal-he-is-purely-and-simply-a-hard-right-wing-politician/

    Bref bcp de monde.
    Un liberal, par definition, ne peut pas être étatiste.

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  6. @ Le Parisien Libéral : je parlais de la campagne, et Sarkozy avait annoncé un programme libéral économiquement. Ce qu'il a fait après, c'est une autre question.

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  7. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  8. hum hum ... en tant que libéral, j'ai lu son programme AVANT les elections, et je n'ai rien vu de libéral : ni réduction massive prévue de la fonction publique, seule solution pour une baisse des impots, ni lutte contre les cartels et obeissance de la France aux injonctions de la DG concurrence de Bruxelles, ni prevision de budget en equilibre, ni arret des subventions aux entreprises, ni flat tax à 15 % des revenus max. Pourquoi ? Parce que sur le plan sociétal, Sarkozy est ultra interventionniste. Or la dissociation entre liberalisme economique et liberalisme politique et sociétal est à long terme impossible.

    Sarko a bien été élu sur un programme interventionniste sur tous les plans.

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  9. @ Le Parisien libéral : la plupart des électeurs ne lisent pas les programmes, mais ils ont interprété. Par exemple, les réductions de fonctionnaires, cela fait libéral. D'ailleurs, les blogueurs libéraux trouvaient ça très bien, ce qui veut bien dire que le quidam a dû le comprendre comme ça.

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