mardi 31 août 2010

C'est assez marrant, cette rentrée...

C'est assez marrant, cette rentrée...

Dans les médias, les journalistes ont beaucoup abordé la questions des manuels scolaires de seconde. En allant contre le droit (le code de l'éducation prévoit un délai de 14 mois entre la sortie des programmes et leur entrée en vigueur pour permettre aux éditeurs de préparer les manuels), le ministère a mis une belle pagaille, mais fondamentalement, dans les masses de réforme qui nous tombent sur la figure, cela ne me semble pas si grave. On n'aura finalement qu'à faire des photocopies pendant quelques semaines, ce qui va coûter un peu d'argent public mais nous n'avons aucun choix...

Pourtant, de nombreux acteurs râlent, les syndicats enseignants un peu (mais pas tant que ça finalement), les fédérations de parents beaucoup. Or, là encore, je ne vois pas bien pourquoi. Certes, c'est un peu perturbant, mais on a vu pire et on voit pire en ce moment.

Pourtant, les acteurs politiques ont senti qu'il y avait là une niche. Luc Chatel a ainsi proposé que nos établissements prennent des licences de manuels en ligne pour, au moins, patienter. Cette solution n'est cependant pas viable. D'abord, de nombreux élèves, en particulier dans un établissement difficile comme le mien, n'ont pas internet à la maison et devront donc se connecter dans les lycées, où il y a en général assez peu de postes accessibles en permanence. Dans le mien, on a une vingtaine d'ordinateurs pour un millier d'élèves, ce qui ne va pas loin. Ensuite et surtout, les lycées doivent tout de même acheter des licences, ce qu'ils ne pourront faire qu'assez tardivement car ils doivent réunir les conseils d'administration, ce qui est une procédure lourde et longue. Enfin, il n'y a pas d'équipement ! Dans les lycées, on trouve quelques tableaux numériques, mais pas suffisamment pour toutes les classes en même temps...

Enfin, cela ne se fera que pendant quelques semaines (ce qui relativise l'intérêt de payer des licences très chères pour six semaines). Après, le gouvernement ne voulant pas payer, il a évidemment remis cela sur le dos des régions PS qui ont pris l'habitude de financer les manuels scolaires en lycée (alors que ce coût incombe en théorie aux familles), mais qui n'ont pas prévu la dépense dans leurs budgets puisque la réforme n'était pas annoncée à l'époque.

Les régions, qui ont beau jeu de râler, sont tout de même bien ennuyées par cette affaire et savent qu'elles vont finalement devoir payer, sous la pression amicale mais ferme de leurs électeurs. En Île-de-France, la région a annoncé hier que les lycées devront avancer les sommes des achats sur leurs fonds propres et seront remboursés à posteriori, le temps que la région mette des recettes en face des dépenses. Espérons que ces programmes dureront quand même au-delà de 2012...

En tout cas, beaucoup de bruit pour peu de choses. A côté de cela, la suppression de la formation des maîtres, dont les médias parlent quand même un peu, reconnaissons-le, est autrement plus grave.

PS : tiens, en faisant son annonce, le conseil régional a bloqué aussi les crédits pour les manuels des lycées professionnels, alors que cette réforme-là respecte les délais. Une belle bourde qui, j'espère pour les élèves, sera vite corrigée...

8 commentaires:

  1. Est-ce que des cours de rattrapage sont prévus pour ceux qui n'ont pas pu faire Monomotapa au collège ? S'agirait pas qu'ils ratent ça, tout de même...

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  2. Ah elle est belle l'école de la République !

    Le problème n'est pas tant la disponibilité des bouquins, mais que le coût ne soit pas le même partout en France...

    Si il y a bien d'autres atteintes il est vrai, cela aussi fera partie du triste bilan de N.Sarkozy.

    Bonne rentrée tout de même.

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  3. De la même manière, dans les collèges, les changements de programmes décidés par le ministère (et donc l'état), ne signifient pas pour autant une subvention de l'état correspondant à la dépense occasionnée par l'achat des manuels par les établissements. Les collèges doivent souvent procéder à des prélèvements sur fonds de réserve, fonds de réserve constitués par les départements, qui doivent se débrouiller pour compenser le désengagement de l'état. Et on voudrait nous faire croire que les impôts baissent ...

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  4. @ Didier : cours de rattrapage ? Ça va pas, non ?

    @ Stef : je ne vois pas pourquoi le coût varierait, vu que les prix sont fixes. Peux-tu expliquer ?

    @ Manuel M : c'est la même procédure qui s'appliquera en lycée, et les régions paieront.

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  5. L'aide accordée dans le cadre des bourses aux livres varie en fonction des régions laissant un coût différent à la charge des familles. Certaines payeront l'équivalent d'un livre quand d'autre la quasi totalité...

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  6. @ Stef : en IDF, la région paie tout. Je comprends mieux ton com précédent.

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  7. La régionalisation, c'est aussi ça. Mon département est rural, faiblement industrialisé, assez pauvre. Non seulement le Conseil Général n'a pas les ressources du département voisin, mais en plus ce voisin grossit de plus en plus, attire plus de populations et d'emplois (bouchons monstres et m² hors de prix), et l'état accentue cette situation en supprimant des postes chez nous pour ouvrir des établissements chez eux (la dotation étant constante au niveau rectoral).
    Réaménagement du territoire ?

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  8. @ Manuel M : je dirais plutôt "inaction générale"...

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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