Le titre du billet est provocateur, cher lecteur, je le sais très bien, et il faut que je m'en explique.
Cela fait maintenant onze ans que je travaille. N'étant pas issu d'une famille ancrée dans les rites syndicaux, ma participation aux défilés du 1er mai avait été avant très épisodique. Depuis, je m'y suis mis progressivement, et le moins que l'on puisse dire est que le 1er mai ne mobilise pas massivement les foules.
J'ai souvenir de trois 1er mai relativement important : le premier était de loin celui de 2002, à cause du passage de Le Pen au second tour, très politique celui-là ; le deuxième celui de 2003, lorsque nous étions en plein démarrage du mouvement contre la réforme Fillon des retraites, où il y avait eu énormément de monde ; le dernier était celui de 2010, alors que la réforme Woerth des retraites s'annonçait, commençant à faire bouger les foules.
A part ces deux dates, et sans renier nullement la charge symbolique de cette journée, il faut quand même admettre que la masse des travailleurs a cessé de considérer cette manifestation comme un passage obligé pour s'en servir uniquement dans des situations difficiles ou conflictuelles. Le reste du temps, le 1er mai est un rassemblement de personnes souvent engagées ou très concernées, qui peut être important, mais qui ne réunit pas non plus des foules délirantes. L'affaiblissement régulier des syndicats ces trente dernières années explique sans doute cela de même que la capacité à rédiger des appels unitaires, mais aussi la difficulté du travail pour de nombreux salariés et la volonté de profiter d'un jour férié bienvenu ou d'un pont très bien placé, comme celui de cette année d'ailleurs. Peut-on leur en vouloir ? Non, bien sûr...
Or, ce mardi, le 1er mai reprend un ton politique, comme en 2002, mais pour des raisons différentes. En effet, notre président a choisi d'en faire un moment de clivage de sa campagne. En dehors de tous les délires de dénonciation saisissant les deux camps, il faut faire quelques rappels bienvenus.
Tout d'abord, est-il normal que le 1er mai se politise ? Bien sûr ! Il faut rappeler que son origine vient de l'internationale socialiste en 1889. Il s'agit donc, à l'origine, d'une date très politique dans laquelle les syndicats s'inscrivent.
Est-ce un problème pour les syndicats ? Je ne vois pas vraiment en quoi, d'autant plus que plusieurs ont appelé à faire battre Sarkozy, en particulier la majoritaire CGT. Les syndicats auraient maintenant du mal à dire qu'ils souhaitent rester totalement en dehors de tout ce qu'il se passe autour d'eux !
Est-il normal que les partis de gauche manifestent avec les syndicats ? Depuis dix ans que je fais des 1er mai, les partis de gauche sont toujours présents, en général sur les trottoirs, et clairement visibles. Le PS est d'ailleurs en général présent aussi, ce qui rend la volonté de Hollande d'atténuer les choses assez mystérieuse finalement. Donc, il n'y a rien d'anormal.
Est-ce un problème que les autres mouvements politiques s'en saisissent ? Cela fait trente ans que le FN a tenté de récupérer le 1er mai, et c'est loin d'être une nouveauté à l'extrême-droite, dont toute une frange a un ancrage social fort. Il s'agit pour elle de cliver face à la gauche et de se trouver une date symbolique qui permet un rassemblement. Quant à l'UMP, il est évident que Sarkozy fait une tentative de clivage et de récupération qui ne tiendra que cette année : il n'y a aucune tradition à droite de ce type de choses, et les manifestations, ce n'est pas le genre de la maison.
Y a-t-il un risque que cela dérape, vu que tout ce beau monde va se retrouver dans les rues ? On se pose chaque année la question, vu que le FN se réunit dans Paris, mais cela n'arrive pas, tout simplement parce que les cortèges ne se croisent pas. D'ailleurs, cette année encore, le FN se réunit le matin devant la statue de Jeanne d'Arc alors que les syndicats ont appelé à Denfert-Rochereau à 15h. Quant au rassemblement de l'UMP, à 13h30 au Trocadéro, il est encore plus éloigné du parcours plus tardif Denfert-Rochereau-Bastille.
Quant aux éventuels affrontements qui pourraient se produire, je n'y crois pas une seconde. En effet, Sarkozy n'y a aucun intérêt, vu que c'est lui qui a souhaité ce clivage et cette confrontation. Si cela dérape, il sera tenu pour responsable de tout ce bordel et je ne pense pas qu'il en ait besoin pour gagner cette élection. On peut donc penser que la mobilisation policière sera elle aussi très conséquente.
Après, restent tous les autres défilés, mais il me semble que la manifestation sarkozyste se cantonnera à la capitale...
Alors, ce 1er mai, souhaitons que le cortège des syndicats soit le plus massif possible et rassurons-nous, tout se passera bien, à priori...
Je crois qu'il y aura du monde en réponse à la provocation... et si il y a des débordements, ils ne viendront pas des cortèges des syndicats qui en général savent "sécuriser" les défilés...
RépondreSupprimerAh, le SO de la CGT est efficace, c'est sûr...
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