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dimanche 25 avril 2010

Affaire de prostitution dans l'équipe de France : sortons le carton rouge pour de bonnes raisons.

Hier, dans un billet sur l'actualité, je te signalais, cher lecteur, mon agacement devant le traitement de l'affaire de prostitution s'étant déroulée au sein de l'équipe de France de football. Cette histoire reflète toute une série de dérives dont notre société devrait se passer.

Tout d'abord, la manière dont l'affaire a transpiré dans la presse pose déjà question. Au départ, on nous a indiqué que des joueurs auraient eu recours aux services d'une prostituée mineure. Puis, très rapidement, des noms sont sortis, parmi les grands joueurs de cette équipe. Rapidement aussi, et ce malgré les lois encadrant la protection des mineurs, le nom et les photos de la prostituée se sont retrouvées sur le net. Certes, la jeune femme n'est plus mineure aujourd'hui, mais dans la loi, le régime qui s'applique est celui de l'âge de la victime au moment des faits.

Dans ce traitement de l'affaire, on voit que tous les principes de la présomption d'innocence ont été totalement bafoués par les médias, mais aussi par les internautes. Rien ne dit que ces hommes et que cette femme soient coupables des faits qu'on leur reproche et, dans ce maelström médiatique, même si la justice les acquitte, ils resteront marqués par cette histoire. On aurait quand même pu, comme il se devrait dans un pays civilisé, attendre que l'enquête et que le procès soient achevés pour condamner tout ce beau monde. Encore une fois, ce sont nos instincts les plus bas qui se retrouvent dans nos agrégateurs de flux...

Il y a autre chose que je trouve particulièrement exaspérant. Dans de multiples articles, des journalistes et des blogueurs se révoltent que des footballeurs aient pu faire appel à une prostituée. Franchement, cher lecteur, soyons sérieux et réaliste quelques instants : il est totalement évident que l'usage de la prostitution existe dans notre société, et le fait qu'elle soit présente dans les clubs de football, endroits où l'argent coule à flot, est une telle évidence que je ne vois pas bien comment on pourrait l'éviter. D'ailleurs, la présentation de la femme dans nos médias, objet de consommation et consommatrice elle-même, ne fait rien pour lutter contre la prostitution, stade ultime de la consommation, à l'échelle de la société.

Dans l'affaire de l'équipe de France, il y a deux choses. Tout d'abord, on trouve un délit, la prostitution d'une mineure, qui, s'il est avéré, devra bien sûr être sanctionné. Ensuite, on trouve un outrage à la morale qui est que des footballeurs utilisent des prostituées. J'ai même pu lire à quel point l'un de ces footballeurs, qui est marié, était particulièrement condamnable. Dans tout ça, subsiste le fait que l'on s'évertue à faire des footballeurs des modèles.

Cette tendance est visible depuis la fin des années 1980, mais elle est devenue prégnante lors de la victoire de l'équipe de France en 1998 et s'est affirmée lorsque, suite à son malheureux coup de boule, Zinedine Zidane a dû venir s'en expliquer à la télévision, alors que, à mon sens, n'était concerné par cela que l'autre footballeur et, éventuellement, la justice en cas de procès, la sanction sportive ayant déjà été prise lors du match par l'arbitre.

Cette tendance est stupide. On ne voit pas bien en quoi un footballeur aurait plus de devoir d'être exemplaire que bien d'autres acteurs publics de notre société. S'ils gagnent tout cet argent, ce n'est pas pour être des prêtres, c'est pour être des bons joueurs de ballon qui nous distraient. Ils ne signent pas un engagement d'exemplarité. Certains joueurs voient des prostituées, mais ils le font comme de nombreux autres citoyens, dans une société qui ne lutte plus vraiment contre ce fléau qu'est la prostitution. Je rappelle d'ailleurs que la prostitution en France est légale quand elle ne concerne pas des mineurs et des personnes vulnérables. Si l'on exige des sportifs de haut-niveau qu'ils soient exemplaires, affirmons-le avec force. La dernière qualification de la France en coupe du monde a bien montré que nous n'étions pas sur ce plan.

Il serait bon qu'on arrête de mettre de la morale là où il n'y en a pas. Payer une mineure pour un rapport sexuel est un délit, et si nos accusés sont coupables, j'espère qu'ils seront condamnés. Pour le reste, cessons de pousser nos cris d'orfraie et de mettre de la morale n'importe où. Si nous estimons que la prostitution est inadmissible, virons d'abord ces joueurs de l'équipe de France si l'on considère qu'ils ne méritent pas de porter le maillot, mais s'ils ont avoué ou s'ils sont condamnés. Ensuite, prenons le problème à bras le corps et ramenons cette question sur le devant de la scène.

dimanche 23 novembre 2008

Souriez, vous êtes filmé au Stade de France.

Hier soir, cher lecteur, j'ai eu la chance d'aller voir France-Australie au Stade de France. Personnellement, je ne connais pas grand-chose au rugby et je ne suis pas un grand fan des stades mais j'apprécie particulièrement l'ambiance des matchs de rugby, et c'est un jeu nettement plus agréable à regarder que le football, souvent plus lent et long lorsqu'il y a de gros enjeux. Le rugby, ça bouge, il se passe des choses, et on est toujours en train de s'exciter sur ce qui se passe sur la pelouse. Les supporters sont cordiaux et amicaux : je suis persuadé que les quelques milliers d'Australiens perdus dans les tribunes du Stade de France ne se sont jamais sentis ni menacés ni agressés par le public français. Et, ici, malgré une certaine mixité dans les tribunes, on ne siffle pas les hymnes, et on applaudit les belles actions menées par les adversaires de la France.

Pourtant, je suis ressorti du Stade un peu troublé. Lorsqu'on se rend au stade, on y va pour se distraire, comme lorsqu'on va au théâtre, au cinéma, à l'opéra ou au bistro. Bon, je sais, cher lecteur, que j'accole ensemble des choses qui n'ont pas grand-chose à voir, mais, en y réfléchissant bien, je me dis que ce n'est pas si illogique : ces activités sont des moments durant lesquels on ne travaille pas et durant lesquels on prend du plaisir, malgré tout. Normalement, on est pas là pour provoquer des violences. Pourtant, le stade est tentant en soi. Il y a là 80 000 personnes, toutes dotées d'un portefeuille rempli de billets. Il faut dire que, si tu veux prendre un rafraîchissement ou une collation au Stade de France, accroche-toi à tes euros : un simple café coûte déjà 2 euros à lui seul. Quand on voit le prix des places, il y a de quoi perdre les derniers centimes qu'il vous reste après une journée de grève dans la semaine. D'autre part, les rixes entre supporters (surtout pour le football) sont toujours possibles. J'ai d'ailleurs aperçu de nombreux CRS rodant autour du cirque...

Pourtant, j'ai l'impression que les procédures de sécurité n'ont jamais été aussi fortes. Lorsqu'on arrive au Stade, on passe à la fouille : tous les sacs sont ouverts, on doit présenter des billets qui sont scannés par les portiers. Ensuite, on repasse un deuxième contrôle quand on entre dans les tribunes, pour pouvoir accéder à sa place. A chaque fois qu'on se déplace, on doit être muni de son billet. Enfin, les personnels du Stade ont tous des cartes autour du cou, avec plein de numéros écrits dessus, qui doivent correspondre aux lieux auxquels ils ont accès. En effet, le Stade semble très compartimenté, et on ne peut se déplacer où on veut.

Enfin, il y a des caméras partout. Certes, je comprends les craintes de nos officiels : 80 000 personnes au même endroit au même moment, avec une télédiffusion en plus, c'est plus que tentant pour n'importe quel islamiste qui voudrait faire un coup d'éclat. Cependant, il y a profusion de caméras, partout, tout autour du Stade, dans les travées latérales, au-dessus de toutes les tribunes. Je suis sûr que les personnes qui visionnent cela en direct voient tout : pendant un moment, j'ai hésité à me curer le nez, de crainte de me voir rediffusé ce soir en préfecture de police. De plus, je suis sûr qu'il est possible de lire sur les lèvres des spectateurs, voire même de capter les sons. Bon, d'un autre côté, j'imagine que ces gentils employés fixent plutôt les jolies filles, mais enfin...

Toute cette surveillance, comme partout ailleurs, a-t-elle une quelconque utilité, à part développer le sentiment de psychose chez nos concitoyens ? Je n'en crois rien. Je reste toujours autant persuadé qu'un terroriste déterminé pourra toujours mener son attaque, sans qu'on y puisse rien. Une bombe, c'est petit et cela se dissimule : une femme et/ou un homme convaincu sont indétectables et restent dangereux.

Je reste donc hérissé par cette surveillance dangereuse. Finalement, nous, citoyens, sommes responsables de cette dérive. Méritons-nous nos libertés, si nous sommes prêts à les brader dès que deux connards veulent faire sauter des bombes quelque part ? Pour une fois, je reste très inquiet du développement des moyens de l'État de mener des contrôles et de la surveillance. Cela m'a gâché mon match, encore plus que la performance finalement assez moyenne de l'équipe de France et que la rigueur de l'équipe australienne...