- En tout premier lieu, une caméra ne me rassure pas. Comme je viens de te l'indiquer, un criminel malin peut la contourner sans difficulté. Personnellement, je préfère voir un lieu public avec du monde, qui me rassure tout simplement par la présence de mes concitoyens, qu'une caméra qui ne peut de toute façon rien faire pour moi. Tu vas me dire, lecteur critique, que la caméra est faite pour dissuader en filmant le criminel, et je suis d'accord, mais cela n'empêche pas le crime d'être commis.
- En second lieu, une caméra peut avoir d'autres effets que celui de filmer les criminels. Elle peut aussi permettre la mise en place d'une surveillance de l'ensemble de la population et des citoyens dans leur globalité. A priori, si je suis filmé, ce n'est pas grave puisque je ne suis pas un délinquant. Je ne supporte juste pas l'idée que qui que ce soit puisse retracer, en regardant simplement quelques films, ce que j'ai fait de ma journée. Pourquoi devrai-je être observé en train de faire mes achats, de me balader dans les rues et les parcs, de conduire, de me moucher ou de me mettre les doigts dans le nez, de me gratter les fesses dans la rue... Même si les caméras sont souvent signalées, ce n'est pas toujours le cas et il y a là une remise en cause réelle de notre intimité. Elles pourraient ainsi permettre aussi une vaste surveillance politique de la population. Qui te dit, lecteur inquiet, que les Renseignements Généraux n'ont pas un accès libre à l'ensemble des films, et ne te surveillent pas en permanence si tu as une quelconque activité publique. Je sais, j'ai trop lu 1984, et trop étudié les totalitarismes avec les élèves, et cela me déforme...
Alors, je vais venir au centre de mon propos. Globalement, les caméras ne servent que peu et ne permettent pas de répondre efficacement au défi de l'insécurité, si tant est qu'il existe. Les mettre en place peut aussi faire penser au citoyen que, si elles n'existaient pas avant, le fait qu'on les installe est une preuve que l'endroit est devenu dangereux: il peut donc y avoir une croissance de la psychose à cause d'elles. Enfin, alors que le traitement de ce problème nécessite plutôt des personnels, policiers en particulier, surtout dans les banlieues difficiles, la caméra est un moyen peu coûteux pour les élus locaux, mais aussi pour l'Etat, de se défausser sur ce sujet sans engager des moyens importants.
Cependant, cher lecteur, je peux te dire que je ne suis pas surpris que des maires de droite, traditionnellement sécuritaires, s'emparent de ce type de mesures. Par contre, la gauche, qui a avancé ce thème dans de nombreux coins de Paris et du 93, ne devrait pas se lancer là-dedans. Il réduit le thème de l'insécurité à son aspect pratique et ne règle pas vraiment le problème. En plus, si on pourrait le comprendre dans une cité chaude, pourquoi parler de cela dans le 11ème arrondissement de Paris, si ce n'est pour récupérer des voix sans aborder le programme de fond? La gauche doit se poser des questions sur cela avec ses propres problématiques, avec son mode d'analyse et ne pas reprendre les visions de la droite. Laissons la vidéosurveillance et son échec flagrant, malgré un abandon de libertés, aux Anglo-Saxons, et traitons le problème par du personnel, des politiques sociales, de formation et d'éducation, et des moyens. Le policier reste en France un vrai moyen de dissuasion de la criminalité. Remettons de l'humain dans notre vie sociale, et cela, au moins, nous rassurera.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Laissez-moi vos doléances, et je verrai.
La modération des commentaires est activée 14 jours après la publication du billet, pour éviter les SPAM de plus en plus fréquents sur Blogger.