- La première crainte concernait les critères qui devaient être renseignés sur chaque gamin. Le ministère avait imaginé demander de nombreuses informations, comme les problèmes de santé, la nationalité, la situation des parents, la religion... Bref, des données qui auraient pu amener à des conséquences nocives pour les gamins: tout cela tombait en plein au début des gesticulations de Sarkozy, jeune ministre de l'intérieur, à propos des sans-papiers. D'autre part, on a aussi eu peur que l'administration utilise cet outil pour faire de la sélection entre les élèves, en cas de relâchement de la carte scolaire, grâce aux nombreuses informations contenues.
La deuxième était liée au parcours de l'élève. En effet, dans le système actuel, un élève qui reçoit des sanctions et des avertissements est blanchi au changement d'année scolaire, car la sanction est pédagogique. Les feuilles de sanction sont alors ôtées du dossier scolaire et passées à la broyeuse. Or, avec le numérique, lourde était la crainte de voir de toutes petites choses coller aux élèves, y compris peut-être après le bac.
A cela s'est ajouté le délire (une fois de plus, me diras-tu, cher lecteur) de Sarkozy que l'on pouvait identifier les futurs délinquants dès trois ans en 2004. Là encore, on a pensé que les fichiers seraient interconnectés et qu'il y avait des risques réels pour la vie privée de nos élèves.
Je te rassure, cher lecteur, les profs n'ont pas été les seuls à protester. La CNIL avait émis de nombreuses réserves sur ce système à cause du droit d'accès et de rectification des familles et de la crainte que d'autres administrations puissent y accéder aisément.
Or, depuis son arrivée, Darcos a complètement changé de direction, et a fait annuler une grande part des aspects de la base élèves. Certaines informations qui étaient auparavant demandées ne le sont plus d'ailleurs, comme le métier des parents ou la nationalité des gamins.
C'est justement là-dessus que Beaud et Glasman s'insurgent. Pourquoi, vas-tu me dire? Les deux sociologues s'inquiètent du fait que l'Education nationale a cessé par là-même de collecter des données, empêchant de réelles recherches scientifiques sur les années récentes et sur les années à venir. Les deux chercheurs exigent donc que l'on rétablisse certains critères dans cette base pour que les chercheurs puissent bosser.
Voilà, cher lecteur étonné, une sacrée contradiction. Que doit-on privilégier? La vie privée des élèves? La crainte des fichiers informatisés? La demande des intellectuels? Là, franchement, je suis à sec sur cette discussion.
Je n'avais déjà pas signé les pétitions contre la base élèves parce que je doutais vraiment des protestations, et, dans le doute, j'ai préféré m'abstenir. Là encore, je m'abstiendrai, mais je t'encourage, cher lecteur militant, à te positionner.
NB: je te signale par la même occasion, dans le même Libé, cette très intéressante interview de Pierre Larrouturou sur le temps de travail et l'évolution des salaires.
Inexorable route qui nous mène à une version allégée du monde de G.Orwell, vous pétitionnez, on s'insurge, mais on y va.
RépondreSupprimerDe toute façon, ce qu'on voit et contre quoi on peut se défendre n'est que la partie visible de l'iceberg.
A force de te lire, je me dis que se révolter contre tous les problèmes de privilégiés que tu énonces, c'est comme se battre contre une pieuvre dont les tentacules repoussent à force de les couper.
Je vais faire un HS.
Au travail un collègue m'a dit hier que le monde avait besoin des pauvres, et qu'il fallait surtout pas que l'Afrique sorte de son état de cimetière et déchetterie humain, car sinon, par un effet logique de balancier, ce sont nous autre occidentaux qui allons devoir revoir nos exigences de confort à la baisse.
C'est la base de tout ce que tu énonces, tout le fonctionnement est mauvais, et chacun milite pour sa cause.
C'est la base même du capitalisme : pour que certains soient riche, d'autres doivent mécaniquement devenir pauvres, la création de richesses étant à peu près constante c'est dans sa répartition que l'on joue.
RépondreSupprimerCe qui est le plus dramatique, c'est d'entendre, par exemple, Monsanto (grand humaniste reconnu) déclarer aux médias que seuls les OGM permettront de nourrir la planète et que donc il faut les laisser vendre leurs semences stériles à tous les paysans, ou quand on camoufle une volonté monopoliste en humanitaire bon tein, elle est pas belle la nature humaine ? (au fait, que fait l'UE sur les OGM ? quelqu'un a une idée ?)
Pas qu'une histoire d'OGM, c'est en l'occurrence, la distribution de la nourriture dans le monde, qui, tout en étant catastrophique depuis les débuts de la mondialisation, a réussi à se détériorer.
RépondreSupprimerExtraordinaire, au lieu d'un demi grain de riz par personne en Afrique, on a droit à 1/4 de grain de riz!
Alors on jette de la nourriture, on paie les paysans pour la brûler, ok, c'est une habitude connue et ancienne, mais le truc sympa et à la mode c'est le biocarburant, en plus ça fait écolo (je me marre), et ça permet à des pays comme le Brésil de se faire plein de fric.
Je vais pas continuer mon schéma bien connu, mais on ajoute une touche spéculation et on aboutit à une superbe flambée des prix. Premières victimes:
.........suspens.........
Les pauvres qui n'avaient déjà rien à bouffer!!
Heureusement Monsieur Monsanto peut nous aider... hein Fab?
Bonjour à tous les deux,
RépondreSupprimerMerci de vos commentaires, toujours de qualité.
Aujourd'hui, je suis d'accord avec vos deux points de vue (qui ne sont pas réellement contradictoires).
A bientôt,