Aujourd'hui, cher lecteur, dans mon lycée difficile de banlieue, c'est le dernier jour. Déjà, vas-tu me dire? Eh oui, le baccalauréat commence lundi prochain, avec la très symbolique épreuve de philosophie, et l'administration a besoin de quelques jours pour préparer les salles et mettre en place ce grand événement qui polarise nos vies d'enseignants. Dans quelques jours, nous allons passer de longues heures à surveiller nos élèves, puis, nous prendrons nos copies et nous lancerons dans le marathon des corrections.
C'est très tôt dans l'année, car, automatiquement, le lycée ferme. L'ensemble des enseignants est en effet mobilisé dans la surveillance et l'organisation. Les élèves de première vont attendre leur épreuve de français, tandis que les secondes sont maintenant en vacances, jusqu'au 2 septembre prochain. Cela signifie, cher lecteur, que les profs ne font plus cours car ils sont mobilisés ailleurs. Le ministère teste en ce moment dans une quinzaine de départements de province des dispositifs pour permettre aux secondes d'avoir cours jusqu'à fin juin, mais on en est qu'à l'expérimentation, et de gros problèmes de logistique restent posés.
La vraie fin d'année est marquée par la fin des conseils de classe du troisième trimestre. Depuis ce moment, vendredi dernier, les élèves ont toujours l'obligation scolaire mais ne viennent plus que par intermittence en cours. Personnellement, je continue à faire cours ce qui met rapidement en fuite la majorité de mes classes.
L'ambiance du lycée est alors totalement différente. Les terminales sont dans la dernière ligne droite et sont très angoissés. Ils viennent encore en cours pour poser les dernières questions et revoir les méthodes des différents types d'exercices qu'ils auront à traiter. Le baccalauréat reste encore pour eux, dans un lycée pourtant marqué par l'échec scolaire, quelque chose de vraiment marquant et important. Ils savent très bien que ce diplôme est le même que celui des gamins des grands lycées centraux de Paris, et ils se disent qu'ils auront peut-être des meilleures notes qu'eux.
Cette fin d'année, durant laquelle le rythme a changé, est aussi un moment d'émotions pour les enseignants. Même si nos élèves sont souvent durs, nous investissons beaucoup en eux. La majorité d'entre nous est bienveillante, et a mis en eux beaucoup de choses, une petite partie de nous-mêmes. Chaque jour, j'essaie de m'imaginer ce que mes élèves deviendront plus tard, et je me dis que j'ai peut-être aidé un ou deux d'entre eux à vivre mieux sa future vie. Il y a toujours le fantasme d'être un de ces enseignants dont on se remémore quelques années plus tard, plutôt qu'un de ceux dont le nom est oublié deux ans après le bac. Cela fait partie de l'égo, mais aussi de la satisfaction du travail bien fait.
Ce matin, à ma grande surprise, j'ai vu arriver à 8h30 une douzaine d'élèves de ma seconde. M'étonnant de leur présence, alors qu'ils ont commencé à déserter le lycée depuis la fin de la semaine dernière, mon cours y compris, ils m'ont affirmé être venu pour me revoir une dernière fois et me saluer avant les longues vacances qui s'avancent. Je sais que je râle souvent sur la difficulté de mon métier et les conditions de plus en plus dures qui l'entourent, mais ce type de moments vaut toutes les souffrances et les moments de déprime de l'année. C'est la même chose pour mes élèves de terminale qui m'ont remercié lors du dernier cours. Parfois, on ne se nourrit pas que d'argent, et heureusement encore!
C'est très tôt dans l'année, car, automatiquement, le lycée ferme. L'ensemble des enseignants est en effet mobilisé dans la surveillance et l'organisation. Les élèves de première vont attendre leur épreuve de français, tandis que les secondes sont maintenant en vacances, jusqu'au 2 septembre prochain. Cela signifie, cher lecteur, que les profs ne font plus cours car ils sont mobilisés ailleurs. Le ministère teste en ce moment dans une quinzaine de départements de province des dispositifs pour permettre aux secondes d'avoir cours jusqu'à fin juin, mais on en est qu'à l'expérimentation, et de gros problèmes de logistique restent posés.
La vraie fin d'année est marquée par la fin des conseils de classe du troisième trimestre. Depuis ce moment, vendredi dernier, les élèves ont toujours l'obligation scolaire mais ne viennent plus que par intermittence en cours. Personnellement, je continue à faire cours ce qui met rapidement en fuite la majorité de mes classes.
L'ambiance du lycée est alors totalement différente. Les terminales sont dans la dernière ligne droite et sont très angoissés. Ils viennent encore en cours pour poser les dernières questions et revoir les méthodes des différents types d'exercices qu'ils auront à traiter. Le baccalauréat reste encore pour eux, dans un lycée pourtant marqué par l'échec scolaire, quelque chose de vraiment marquant et important. Ils savent très bien que ce diplôme est le même que celui des gamins des grands lycées centraux de Paris, et ils se disent qu'ils auront peut-être des meilleures notes qu'eux.
Cette fin d'année, durant laquelle le rythme a changé, est aussi un moment d'émotions pour les enseignants. Même si nos élèves sont souvent durs, nous investissons beaucoup en eux. La majorité d'entre nous est bienveillante, et a mis en eux beaucoup de choses, une petite partie de nous-mêmes. Chaque jour, j'essaie de m'imaginer ce que mes élèves deviendront plus tard, et je me dis que j'ai peut-être aidé un ou deux d'entre eux à vivre mieux sa future vie. Il y a toujours le fantasme d'être un de ces enseignants dont on se remémore quelques années plus tard, plutôt qu'un de ceux dont le nom est oublié deux ans après le bac. Cela fait partie de l'égo, mais aussi de la satisfaction du travail bien fait.
Ce matin, à ma grande surprise, j'ai vu arriver à 8h30 une douzaine d'élèves de ma seconde. M'étonnant de leur présence, alors qu'ils ont commencé à déserter le lycée depuis la fin de la semaine dernière, mon cours y compris, ils m'ont affirmé être venu pour me revoir une dernière fois et me saluer avant les longues vacances qui s'avancent. Je sais que je râle souvent sur la difficulté de mon métier et les conditions de plus en plus dures qui l'entourent, mais ce type de moments vaut toutes les souffrances et les moments de déprime de l'année. C'est la même chose pour mes élèves de terminale qui m'ont remercié lors du dernier cours. Parfois, on ne se nourrit pas que d'argent, et heureusement encore!
oui, j'imagine qu'un retour comme ça doit mettre du beaume au coeur pour toute la semaine...
RépondreSupprimerc'est si rare que l'on dise ce qui va...et si facile de dire ce qui ne va pas...!
Je me souviens que j'allais effectivement voir une dernière fois mes profs à cette époque de l'année. En terminale, on était trois à venir voir notre prof de philo, il était vraiment génial. Tu vois, on se souvient réellement de certains d'entre vous ;-) Je suis contente que tes élèves te montrent un peu de reconnaissance, tu le mérites certainement.
RépondreSupprimerParce que je suis sûre que vous êtes curieux de savoir ce que vos bon vieux élèves sont devenus je vous laisse ce p'ti message dans lequel vous apprendrai que j'ai validé ma première année de LLCE Espagnol à la Sorbonne et que j'ai une école de communication pour l'année prochaine (EFAP) ... rassurer-vous en règle générale vos élèves réussissent!
RépondreSupprimerBonnes Vacances !
Félicitations, Fadia!!! De toute façon, je ne doutais en aucun cas de vous.
RépondreSupprimerProfitez bien de vos vacances.