mercredi 20 juin 2012

Le changement au Front de Gauche, il faut que ce soit maintenant, et ce n'est pas simple.

Je signalais ce matin, cher lecteur, que le mode de scrutin existant pour les législatives nécessitait, pour pouvoir l'emporter, de disposer de deux choses absolument fondamentales.

Il faut tout d'abord faire un bon score au premier tour et arriver dans les premiers, et en tout cas en premier de son bord politique. Par exemple, pour un candidat du Front de Gauche, c'était, lors de ces élections, une nécessité d'arriver en tête.

Il est nécessaire d'avoir ensuite des alliances pour l'emporter au second tour, ou, tout au moins, une bienveillante neutralité de la part d'autres mouvements importants, comme c'est le cas à gauche avec le désistement de second tour.

Quand il vous manque l'un des deux, vous pouvez essayer de signer des accords électoraux avant le 1er tour pour être sûr, dans certains endroits privilégiés, d'avoir des sièges. Cela s'est fait cette fois-ci pour EELV, le MRC et le PRG à gauche, et pour le Nouveau Centre et les Valoisiens à droite.

Les partis n'ayant rien de tout cela peuvent compter sur des personnalités fortes (comme Bayrou et Lassalle en 2007) ou sur des triangulaires inattendues (comme pour Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen cette fois-ci).

En dehors de ces configurations, vous n'avez aucune chance d'avoir des députés, comme c'est le cas pour les mouvements d'extrême-gauche par exemple ou pour la multitude de groupuscules qui a présenté quelques candidats.

Le Front de Gauche, lors de cette élection, est parvenu à faire augmenter son score aux élections globalement, mais il n'est pas encore capable de tenir des bastions et n'a pu que peu arriver en tête de la gauche. Globalement, il s'appuie sur les anciens fiefs du PCF et n'est pas encore parvenu à faire de réelles conquêtes nouvelles. Pour un jeune mouvement comme celui-là, c'est assez compréhensible.

Et on peut aussi expliquer l'échec des députés sortants non pas sur le manque de dynamique du FdG, mais plutôt sur la très très grande usure du PCF qui s'accroche encore tant bien que mal à ses anciennes municipalités et où la situation est très dure localement, comme à Saint-Denis. Si tu regardes la liste des élu-e-s FdG de ces élections, la plupart sont des apparatchiks qui exercent des mandats depuis au moins quatre législatures. Le seul nouveau député est Nicolas Sansu, mais ce n'est pas un nouveau non plus puisqu'il fait de la politique depuis les années 1990.

En clair, parmi les facteurs qui peuvent expliquer le relatif échec du FdG à ces élections, il faut noter l'importance de l'usure du PCF et de ses cadres, et par derrière des politiques qu'ils défendent dans les municipalités qu'ils dirigent encore. Si ce mouvement veut espérer réellement s'implanter et durer au-delà de la carrière personnelle de Mélenchon, il doit mener un véritable renouvellement de ses élus restants, et ne pas hésiter à lancer des nouveaux à l'assaut des collectivités territoriales en 2014. Certes, ces élections ne seront pas simples (même si le PS se sera un peu usé, il faut rappeler que le but serait plutôt d'aller affronter la droite et, justement, elle se sera reprise d'ici là), mais elles pourraient permettre à de nouvelles têtes d'émerger et de gagner en expérience.

Evidemment, cela va imposer à quelques anciens de céder la place. Ce n'est pas simple, je le conçois parfaitement, et ce problème concerne d'ailleurs tous les mouvements politiques. On pourrait éventuellement proposer à tous ces anciens de former les jeunes tout en acceptant les nombreuses différences entre le PCF triomphant des années 1960 et le jeune Front de de Gauche en devenir. D'ailleurs, il y a aussi de nombreux jeunes au PCF.

On va m'accuser, en lisant ce texte, de faire du jeunisme. Je te rassure, cher lecteur. Je sais qu'un jour, je serai vieux et qu'on me demandera à mon tour de céder la place. Ce ne sera pas facile, j'en suis sûr. Pourtant, il faudra bien...

6 commentaires:

  1. J'aime beaucoup le début de ton billet et la nécessité d'avoir des accords...

    Pour la fin, je ne suis pas nécessairement d'accord. Plus précisément, je ne serais aussi direct. Ce sont les fiefs du PCF qui assurent les élus et ce sont les vieux qui font ces fiefs... ce qui n'empêche pas la perte de quelques fiefs, dont chez moi (le vieux n'est que moyennement vieux puisqu'il n'était là que depuis cinq ans).

    "Le jeune Front de de Gauche en devenir" : je vous le souhaite mais n'en suis pas sûr.

    "e Front de Gauche, lors de cette élection, est parvenu à faire augmenter son score aux élections globalement" oui mais il faut relativiser : c'est dans un contexte de montée générale de la gauche.

    (j'ai mauvais esprit).

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    1. @ Nicolas : n'empêche que depuis 1981, le PCF n'a fait que perdre des fiefs, et que c'est la première fois qu'il regagne quelques voix.

      Je suis d'accord sur le contexte de montée générale de la gauche.

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    2. J'aime ton côté optimiste.

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    3. C'est l'une de mes qualités, ou l'un de mes défauts, au choix.

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  2. Dans ma circonscription le sortant (EELV, réélu après une première législature) n'a que 38 ans : lui était opposé un PCF de 35 ans, qui n'a pas réussi. Si ce n'est pas un renouvellement des effectifs...

    En revanche, réélu "pour faire bien" cette fois-ci, le député de l'autre côté de la route, à 100 mètres, l'est sans interruption depuis 1986. Au moins cette fois-ci, c'est son suppléant qui fera le boulot pendant qu'il sera à Matignon.

    Le Front de Gauche a encore du travail.

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    1. @ Babelouest : combien a donc fait en score ce jeune FdG ? Est-ce mieux que le PCF en 2007 ?

      Les dynamiques entre PS et PCF sont très différentes, tout de même...

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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