lundi 28 février 2011

Quel objectif principal pour le système éducatif ? Préparons 2012.

Tiens, j'ai envie de lancer une chaîne.

A l'approche de l'élection présidentielle, mais aussi des cantonales (les départements construisent les collèges), l'avenir du système éducatif français est posé. Depuis 2002, la dépense d'éducation n'a cessé de diminuer dans notre pays et les résultats seraient en chute. En même temps, de nombreux discours ont été tenus par les politiques, souvent très contradictoires par ailleurs. Des missions multiples ont été attribuées à l'éducation sans qu'une ligne directrice claire émerge de ce magma.

D'autres acteurs s'expriment régulièrement sur le sujet, comme les syndicats de profs, les associations de parents, les organisations disciplinaires... Beaucoup d'avis autorisés qui ont le défaut de parler comme des initiés à des initiés. On peut se demander ce qu'en pense le citoyen moyen, qui ne sait rien de l'organisation administrative de l'Education nationale et de ses pendants privés, mais qui participe à ce système par ses contributions et par ses interventions à divers niveaux du système.

Bien évidemment, il m'est impossible d'interroger toute la population française, mais je peux au moins m'adresser à mes camarades de la blogosphère.

Certes, le blogueur politique est loin d'être un citoyen lambda, mais il a au moins le mérite de se demander de quoi la campagne présidentielle à venir va être faite.

Alors, je vous pose la question, chers camarades : quel doit être l'objectif principal du système éducatif français ?

Je passe la chaîne à :

Et puis, si tu es intéressé par la question, cher lecteur, n'hésite pas à la saisir.

Au travail !

dimanche 27 février 2011

Quelque chose sur le remaniement ?

Suite à ce billet de Nicolas, je relance le débat.

Si un commentateur peut me signaler un billet ou un article sur le remaniement de ce soir qui apporte une vision originale par rapport aux discours des grands médias et qui ne parle ni de la moustache ni des micros décalés de Nicolas Sarkozy, je mange mon chapeau.

Bonne recherche !

Les enjeux des cantonales en Seine-Saint-Denis : quelle situation au Raincy ?

On parle peu, cher lecteur, des élections cantonales. C'est bien dommage, car même si l'ensemble de la population ne vote pas, il s'agit d'un bon test pour les différents partis politiques et peut-être de l'une des dernières élections sous cette forme avant la réforme des collectivités territoriales.

En Seine-Saint-Denis, l'enjeu est de savoir si la nouvelle majorité PS pourra consolider sa domination sur l'assemblée départementale. En 2008, le PS, conduit pas Claude Bartolone, était parvenu à arracher au PCF ce vieux bastion de la banlieue rouge. Actuellement, il tient 16 cantons contre 12 au PCF, 1 aux Verts (celui de Sevran, le conseiller général ayant quitté le PCF depuis son élection), 10 à l'UMP-NC et une au MGC. Sur ces quarante cantons, vingt sont à renouveler en cette année 2011. Ici, la droite n'a aucune chance de prendre le département. On lit parfois sur internet ou dans le Parisien que la majorité PS pourrait sortir affaiblie de ce scrutin, étant menacée sur plusieurs cantons comme ceux d'Aubervilliers-Est et de la Courneuve par le PCF ou celui d'Epinay-sur-Seine par la droite. Le PCF ne pourrait donc reprendre le département qu'en ne perdant pas de cantons et en en gagnant deux nouveaux, ce qui semble tout de même très peu probable même si la dynamique du Front de Gauche peut l'aider.

Cependant, pour Claude Bartolone, il faut marquer des points, et dans ce cadre, le canton de Clichy-sous-Bois-Le Raincy apparaît assez intéressant.

A priori, les forces sont assez inégales. Avec près de 30 000 habitants, la ville de Clichy, l'une des plus pauvres et des plus jeunes de France, devrait largement dominer les 13 000 habitants du Raincy. Clichy a été dirigée deux ans par la droite entre 1993 et 1995 après une très longue période de domination du PCF, mais est depuis aux mains du PS. Or, les choses sont loin d'être aussi simples.

En effet, le canton est tenu depuis 2004 par l'UMP Ludovic Toro, qui dirige le groupe UMP du conseil général. Il est parvenu à prendre le canton au PS qui le détenait depuis 1998 avec 52% des voix en 2004.

C'est l'ancien conseiller général socialiste, le maire de Clichy Claude Dilain, qui va essayer de reprendre son siège. Il bénéficie sans doute de la forte médiatisation qu'il a connu lors des émeutes urbaines de 2005, celles-ci ayant démarré à Clichy-sous-Bois. Il est d'ailleurs président de l'association "Villes et banlieues de France".

Or, malgré le fort écart démographique, rien n'est gagné. Les deux candidats dominants ne sont pas menacés à priori par les autres partis. Il faut noter la présence d'un candidat FN et d'une candidate Front de Gauche. Par contre, tout va se jouer sur Clichy.

En effet, si les électeurs du Raincy se mobilisent assez bien et votent majoritairement à droite, les choses sont tout autre en haut de la colline. A Clichy, alors que la population est élevée, il n'y avait en 2010 qu'un peu moins de 10 000 inscrits sur les listes électorales. Apparemment, les jeunes de la ville s'inscrivent peu et un nombre important d'étrangers ne peuvent voter. Pour Claude Dilain, il faut parvenir à la fois à grappiller des voix sur le Raincy et à fortement mobiliser ses électeurs sur Clichy, ce qui est difficile pour les élections locales. En 2010, seuls 3 000 d'entre eux se sont déplacés pour les régionales, beaucoup plus médiatisées.

Le maire du Raincy, Eric Raoult, s'est engagé dans la campagne avec force. Lors du dernier conseil municipal son adversaire n'était plus Philémon mais... Claude Dilain ! A plusieurs reprises, le maire a apostrophé l'opposition socialiste en les accusant d'aller chercher leurs instructions dans la commune voisine. Sans doute la majorité s'inquiète-t-elle de l'impopularité du gouvernement actuel qui pourrait menacer ses postes d'élus locaux...

samedi 26 février 2011

Soutenir les associations n'implique pas d'aider les transnationales à faire encore plus de profit, elles en font assez comme ça.

Il y a quelques semaines, j'ai reçu, comme des centaines de blogueurs je suppose, un mail des Restos du coeur me proposant une opération de soutien. Le principe semblait simple. Il me suffisait de faire un billet dans lequel j'insérais un code qui produisait une jolie image. Grâce à cela, deux grandes transnationales françaises offraient dix repas à l'association. A priori, rien de scandaleux.

Pourtant, il m'a été impossible, idéologiquement parlant, de produire ce billet.

J'en ai très rarement parlé, mais cela fait maintenant douze que je suis bénévole dans l'une des plus grandes associations caritatives de France. Comme les Restos, nous avons organisé à plusieurs reprises des collectes alimentaires, qu'elles soient nationales ou locales. A chaque fois, ce mode d'action permet de récolter de substantielles quantités de nourriture, même si les gains varient beaucoup en fonction des années. On a par exemple pu mesurer, ces dernières années, l'impact de la crise économique sur nos concitoyens par rapport aux années 2000-2007.

A cette occasion, j'ai pu participer à des négociations avec les dirigeants locaux de supermarchés pour organiser ces opérations. Les supermarchés ne sont jamais à l'origine de ces collectes et ils répondent aux sollicitations des associations. En général, ils posent de nombreuses conditions qu'avec le recul, j'estime totalement scandaleuse, à l'exception des conditions de sécurité élémentaire et des conditions pour le bon fonctionnement du magasin. En effet, lorsqu'une association fait une collecte (et c'est encore plus vrai lors de la collecte alimentaire nationale de novembre) , le supermarché y gagne deux choses considérables : une très bonne image auprès de la population locale (la collecte est annoncée à l'avance, moult annonces au haut-parleur ponctuent la journée et le speaker rappelle sans cesse l'importante contribution du centre) et surtout une hausse très importante des bénéfices sur la/les journée(s). Il y a quatre ans, un directeur de supermarché m'a confié, sur le ton de la confidence, qu'il doublait son chiffre ce jour-là. D'ailleurs, les directeurs cherchent surtout à prévoir ces évènements pour multiplier leur stock...

Là réside toutes les limites de la charité dans notre société. Les compagnies qui soutiennent les associations ne le font jamais gratuitement. Cela fait totalement partie du jeu et est intégré par tous les responsables associatifs. Elles en attendent toujours un retour au plan de l'image qui devrait entraîner de bons profits pour plus tard. Au total, tout cela est bien loin de la bonne vieille charité chrétienne.

L'opération proposée aux blogueurs par les Restos est du même acabit. Il s'agit d'une campagne de publicité totalement gratuite pour les deux groupes qui financent, et pour un coût ridicule. Je ne sais pas si tu peux imaginer, cher lecteur, quel est le coût d'un repas servi dans une association ou d'un colis alimentaire, mais il est bien plus faible que ce qu'aurait coûté un paiement de tous les blogueurs pour qu'ils fassent deux publicités.

Alors, je voudrais aujourd'hui te dire, cher lecteur, une chose très simple : si tu veux aider une association, tu n'as pas besoin de faire des opérations médiatiques qui bénéficient surtout aux groupes qui se cachent derrière. Saisis-toi de ton carnet de chèque et envoie un petit montant à l'une des grandes associations qui pratique la distribution alimentaire : les Restos, la Croix-Rouge, le Secours populaire, le Secours catholique et de multiples associations locales. Tu n'as même pas besoin d'écrire au siège central : en regardant dans ton bottin, tu trouveras sans difficulté une antenne locale d'une de ces structures qui sera très heureuse de recevoir ton chèque. Tu recevras en plus une déduction fiscale de 66% de ton don sur l'IRPP (l'Etat creuse le trou).

Et puis, si tu as un peu de temps à consacrer à cela, le mieux est encore d'aller faire du bénévolat. Depuis la fin des années 1990, les associations caritatives n'ont pas cessé de perdre des bénévoles. Certes, on peut faire beaucoup avec des repas ou avec des chèques, mais s'il n'y a personne derrière pour transporter les colis, pour tout préparer et pour distribuer, cette argent ira juste dans un compte en banque pour thésauriser. Autant garder ce montant pour aller boire un verre.

Quant à nos deux compagnies, si leurs responsables ont vraiment un esprit charitable, qu'ils prennent donc leurs chéquiers et qu'ils donnent. Cela est d'autant plus facile que notre Etat, toujours prêt à creuser ses trous, accorde de généreuses déductions fiscales aux entreprises qui font du mécénat...

jeudi 24 février 2011

Le 19 mars, on manifeste pour l'Education ! Retrouvons-nous dans chaque académie.

Le collectif Un pays, une école, notre avenir relance une journée nationale de manifestation pour défendre et promouvoir l'école publique.

Ces manifestations se dérouleront le samedi 19 mars, avec une manifestation par académie et une manifestation régionale à Paris.

Je ne crois pas vraiment à l'efficacité de ce type de journée, qui commence à être récurrent, mais il ne faut pas rater une occasion de s'exprimer. D'autres n'ont pas (encore) accès à cette possibilité...


"L’éducation n’est plus une ambition pour ce gouvernement. Il aura supprimé 50 000 postes dans le service public d’éducation en cinq années mettant en difficulté écoles et établissements, dégradant de façon systématique les conditions d’accueil, de formation et de qualification des élèves, détériorant les conditions de travail de l’ensemble des personnels. La Révision générale des politiques publiques (RGPP) aura déstabilisé les personnels et affaibli les capacités de nombreux services comme celui de la Jeunesse et des Sports. Les universités sont confrontées à des difficultés budgétaires et des promesses non tenues. 
Le service public d’éducation, cible de la chasse budgétaire, est tiré vers le bas.
À la rentrée 2011, ce seront 16 000 postes supplémentaires qui seront supprimés malgré l’augmentation des effectifs d’élèves. Les conséquences auront des effets immédiats sur la taille des classes dans les écoles, les collèges et les lycées, la scolarisation des enfants de deux et trois ans, les élèves en difficulté, le fonctionnement des services et l’offre d’enseignement… Le gouvernement fait le choix de la régression. Il a fait aussi ce choix en supprimant la formation initiale des enseignants entraînant ainsi démissions et effondrement du recrutement. Dans le même temps, la majorité parlementaire a décidé de favoriser l’enseignement privé au détriment du service public.
Le gouvernement ne prépare pas l’avenir. Ses choix dessinent une Ecole où les inégalités seront renforcées, une École plus dure pour les moins favorisés, une Ecole où la concurrence entre établissements, par l’abandon de la sectorisation, sera la règle. Les enquêtes internationales, comme PISA, confirment que les inégalités se creusent. Le gouvernement ne répond qu’avec des effets d’annonce.
La mobilisation citoyenne doit permettre d’inverser ces choix. Les organisations, rassemblées dans le Collectif "L’École est notre avenir", appellent tous ceux et toutes celles qui soutiennent le service public d’éducation et son engagement permanent pour la réussite des jeunes, sans distinction de fortune et d’origine, à une journée nationale d’action déclinée dans chaque académie le samedi 19 mars."


* Les organisations à l'initiative de cet appel :
AFL - Cé - CEMEA - CRAP-Cahiers pédagogiques - EEDF - FAEN - FCPE - FEP-CFDT - FERC-CGT - FGPEP - FIDL - FOEVEN - Les FRANCAS - FSU - GFEN - ICEM-pédagogie Freinet - JPA - La Ligue de l'Enseignement - Fédération Léo Lagrange - OCCE - SGEN-CFDT - SUD Education - UNEF - UNL - UNSA Education


Les organisations qui soutiennent cet appel :
AEAT - AFPEN - AGEEM - AMUF - ANATEEP - APBG - APSES - APKHKSES - ATTAC France - CFDT - CGT - CMR - CNAJEP - CNAL - CSF - FFMJC - FNAME - Bureau national FNAREN - FNDDEN - FNFR - LDH - MRAP - PRISME - Solidaires - UDPPC - UFAL - UNSA

mercredi 23 février 2011

On fait redoubler le redoublement, ou pas ?

Il y a des moments où j'ai du mal à suivre.

Le gouvernement a apparemment décidé d'expérimenter la suppression du redoublement dans les collèges du Calvados. Cette mesure a un objectif simple : réduire les coûts ! En effet, l'administration avait estimé en 2007 que le redoublement coûtait 7 milliards d'euros par an au pays. La droite demande une réduction des dépenses publiques, le gouvernement le fait. Bon, à priori, c'est cohérent.

Or, à droite, ça râle. Il faut maintenir le redoublement, alors que ça coûte cher et que beaucoup conteste son efficacité, à commencer par l'OCDE.

J'ai vraiment du mal à vous suivre, les gars. Faudrait savoir ce que vous voulez.

Pour mémoire, la chaîne que j'avais lancé sur le sujet il y a quelques temps :

mardi 22 février 2011

Les syndicats enseignants n'ont jamais été aussi faibles qu'aujourd'hui...

Lorsque je lis la blogosphère de droite concernant la crise de l'Education nationale, on y trouve plus ou moins deux responsables à toute cette gabegie. Je vais te rassurer de suite, cher lecteur, il ne s'agit pas de la politique menée par les différents gouvernements qui se sont succédés au pouvoir depuis le milieu des années 1990.

Soit mes camarades de droite accusent les syndicats enseignants, citadelles marxistes ne pouvant se remettre en cause et devenir modernes, soit ils condamnent un gouvernement inopérant dans sa lutte contre ces citadelles marxistes imprenables. Finalement, si l'on synthétise la pensée globale de mes camarades de blogage, ce sont bien les syndicats, pesant de leur poids sur le système, qui cassent tout.

Ce qui est assez mystérieux, c'est de corréler cette constatation avec l'évolution du pouvoir de ces syndicats. Dans les années 1980, la défunte FEN revendiquait un nombre de syndiqués qui recouvrait presque 70% des salariés de l'Education. Ce cas, unique dans le monde syndical français, marquait un pouvoir réellement important. Lorsque la FEN lançait un mot d'ordre de grève, il était suivi. Certes, on peut bien évidemment, avec le recul, relativiser ces chiffres, mais un vieux collègue me disait récemment : "tu sais, quand on rentrait dans le secondaire dans les années 1970 ou 1980, on s'inscrivait à la MGEN et à la MAIF, on prenait sa carte au SNES ou au SNEP et on allait faire ses courses à la CAMIF. C'était comme ça, une espèce d'intronisation normale dans le monde enseignant."

Aujourd'hui, que dire des taux de syndicalisation ? Ils ont suivi la même courbe que dans le reste du monde syndical. Le SNES revendique un taux de syndiqués variant entre 20 et 25% des profs du secondaire, mais que dire des autres centrales ? Pour prendre le cas de mon lycée dit difficile, sur 82 profs, une vingtaine serait au SNES (c'est ce que dit le secrétaire local en tout cas), deux ou trois à SUD, un se revendique du SE-UNSA et un ou deux de FO. Chez les autres catégories de personnel, c'est très difficile à dire : les chefs d'établissement, leurs adjoints, les autres personnels ne s'affichent pas auprès des profs... En tout cas, on obtient un taux de syndicalisation sur mon établissement de 31% environ, et bien peu militent vraiment.

Et puis, il faut mettre tout cela en regard des victoires réelles des syndicats ces dernières années. Si tu lis régulièrement ce blog, cher lecteur, tu sais que je n'hésite pas à suivre les mots d'ordre de grève. Combien ont été gagnées depuis 1995 ? En écoutant les collègues plus âgés, il me semble qu'on ne peut retenir que le mouvement contre Allègre de 1998. Depuis, il n'y a pas eu de victoire. La grève reconductible de 2003 a été un échec et depuis, les syndicats hésitent entre un jusqu'au-boutisme très peu suivi (SUD, FO, CGT, CNT) et une compromission avec le pouvoir aux résultats très pauvres (SE-UNSA, SGEN-CFDT). Quant à la FSU, elle s'enferre dans une stratégie de grèves perlées mais régulières dont on ne peut pas dire qu'elles servent à grand-chose...

Pourtant, les syndicats restent encore écoutés dans les salles des profs. La participation aux élections professionnelles est toujours très élevée (près de 60% de participation en 2008, alors que les élections aux prud’hommes  peinent à dépasser les 35%) et les appels à la grève de la FSU sont toujours suivis.

Alors, qu'en conclure ?

Tout d'abord que les syndicats enseignants n'ont sans doute jamais été aussi faibles depuis la fin de la dernière guerre en France et qu'ils ne parviennent pas à bloquer la dégradation du système éducatif. Cette situation vient sûrement d'un grave problème de stratégie et d'orientation idéologique. Les blogueurs de droite se trompent donc de cible à mon sens, car finalement, les réformes gouvernementales passent.

Par contre, il suffirait de peu de choses pour que les profs se réinvestissent dans leurs syndicats, d'abord d'un véritable travail idéologique et ensuite de changements de stratégie. Cependant, je te rassure de suite, électeur de droite, cela n'arrivera pas de suite : les nouvelles lois sur le syndicalisme vont faire tellement de mal aux syndicats que c'est loin d'être gagné...

vendredi 18 février 2011

Est-ce bien le moment de bouleverser le paysage des syndicats enseignants ?

Lorsqu'on est enseignant, cher lecteur, il n'y a pas beaucoup de moyens de s'informer sur l'actualité politique de l'éducation. La presse classique ne parle que peu de ce milieu, sauf lorsqu'un homme politique décide que le moment est opportun. Les blogs tenus par des profs et qui ne sont pas des sites de partage de séquences pédagogiques sont aussi très peu nombreux. Certes, j'ai pu en croiser quelques-uns dans ma courte carrière de blogueur, mais ils ne parlent souvent pas que d'éducation, voire pas du tout, ce qui peut paraître tout à fait sain par ailleurs.

Heureusement, il y a le Café pédagogique. Ce site, qui veut nous transmettre "toute l'actualité pédagogique par internet", a l'avantage de répercuter de nombreuses informations sur notre milieu, autant au niveau national qu'au niveau européen et international.

Le Café est loin d'être neutre. Lorsque j'ai débuté et que je me suis abonné à la newsletter, il roulait très nettement pour le SGEN-CFDT, syndicat réformiste qui a longtemps porté des projets pour l'école très en rupture avec le système éducatif actuel. Dernièrement, le Café a pourtant cessé de retransmettre tous les communiqués de cette centrale (quoiqu'on en trouve encore parfois) pour se tourner vers le SE-UNSA.

Ce syndicat reste très minoritaire dans le secondaire, mais il y est présent par son puissant syndicat des chefs d'établissement (le SNPDEN-UNSA) et il a une implantation plus forte dans le primaire. Pour te situer politiquement ses militants, le Syndicat des Enseignants (SE) a été fondé au moment de l'éclatement de la Fédération de l'Education Nationale (FEN) par ceux qui constituaient le courant majoritaire en déclin de cette ancienne centrale très dominante de l'éducation, "Unité, Indépendance et Démocratie", et qui firent exploser la fédération majoritaire en 1992 en mettant dehors les syndicats dirigés par le courant "Unité et Action", principalement le SNES (pour les profs du secondaire) et le SNEP (pour les profs de sports). Les divergences entre les deux courants étaient nombreuses, mais pour te résumer les choses très schématiquement, cher lecteur, sache que UID se situait dans la sphère d'influence du PS alors que U&A traînait plutôt avec le PCF. Depuis, les choses ont beaucoup changé mais la rivalité subsiste. Les anciens militants UID ont fait adhérer le SE à l'UNSA pendant que les syndicats exclus ont inventé la FSU, fédération beaucoup moins contraignante avec ses syndicats que l'ancienne FEN. La FSU domine largement le syndicalisme enseignant depuis, autant en voix qu'en nombre de militant.

Or, on peut constater, sur le site du Café pédagogique, que les articles tentent systématiquement de lier le SE avec l'un des deux principaux syndicats de la FSU, le SNUipp, qui syndique les professeurs du primaire. Certes, le SE a récupéré une bonne partie des militants du Syndicat National des Instituteurs (SNI), qui était membre de la FEN, mais le SNUIpp-FSU, fondé de toute pièce en 1992 par les militants U&A du SNI, a pris très vite la majorité. Par contre, le Café ne parle quasiment plus jamais du SNES et répercute uniquement les appels FSU (lorsque le SNUipp est d'accord avec le SNES, donc), SE et ceux du SGEN une fois de temps en temps.

Ces recompositions signifient que le SE tente de faire exploser la FSU et de rattraper le SNUipp. Pour le moment, je ne pense pas qu'une telle évolution puisse arriver, mais les choses pourraient bien changer dans un futur très proche et...

Bon, tu vas me dire, cher lecteur : en quoi ces discussions ardues sur les syndicats enseignants me concernent-elles ? Je vais t'expliquer.

Comme tu le sais, l'Education nationale, pour de nombreuses raisons, va assez mal. Les syndicats enseignants ont l'avantage d'être quasiment tous opposés à la vision de l'éducation du gouvernement, même s'ils divergent sur la manière de réagir (le SE et le SGEN ayant tendance à prendre ce qu'ils estiment bon dans le paquet, les autres restant sur des oppositions systématiques, même si le SNES a pu montrer, sur la masterisation des concours, qu'il était brusquement capable de changer de posture...). Par contre, si jamais le PS l'emportait, se poserait la question de savoir quelle position tenir.

Depuis quelques temps, les élus PS jouent clairement le SE-UNSA contre les autres syndicats de l'éducation, et particulièrement contre la FSU, pourtant majoritaire en voix mais dont les dirigeants sont encore jugés trop à gauche. Cela signifie donc que le front syndical se fissurera. Dans ce cadre, la FSU pourrait fortement tanguer et le SE espère bien trouver des militants et des moyens en chopant le SNUipp au passage. En arrière-plan, se trouve les possibilités pour le PS de mener le catastrophique programme qu'il a l'air de vouloir mettre en avant, accroissant à mon sens les dérives actuelles du système.

Ces luttes d'arrière-cour montrent une chose : le PS n'a pas l'air de vouloir rechercher le vote enseignant en 2012 (près de 800 000 personnes quand même) et va vouloir s'appuyer sur des syndicats qui ont plus tendance à défendre une vision de l'école (celle du PS apparemment, mais peut-être est-ce la vision du SE qui est devenue celle du PS ?) que leurs syndiqués et leurs collègues. Le PS va chercher ainsi à flatter le reste de l'électorat, plutôt anti-prof.

Quel que soit le scénario, ces manœuvres sont dangereuses dans la situation actuelle car elles entraînent les syndicats dans des luttes intestines qui ne servent à personne, à part aux militants qui les mènent. Elles montrent à quel point les dirigeants politiques de la gauche sont détachés de la base, et à quel point le système syndical est dans un état déplorable. Est-ce normal qu'un grand parti de gauche s'inspire des idées d'un syndicat qui a fait 8,08% des voix dans le secondaire aux élections professionnelles de 2008 pour concevoir son programme sur le collège et le lycée ?

Or, que vont faire les 60% de profs qui votent à gauche d'habitude si le PS poursuit dans cette veine ? Bonne question que nous allons tous nous poser dans les prochains mois, ce qui ne va pas aider notre moral à s'améliorer.

Bon, encore faudrait-il que la gauche gagne en 2012, ce qui est vraiment très loin d'être fait...