jeudi 18 novembre 2010

La polémique autour des notes en primaire.

Nicolas me demande ce que je pense de la nouvelle polémique-gadget lancée par les médias ce matin. Il y a eu plusieurs billets sur la question aujourd'hui.

Je répondrai très simplement.

Tout dépend de ce que l'on attend d'une notation. Si le but est de massacrer les élèves en difficulté, la notation n'a aucun intérêt et doit être supprimée. Si le but est de permettre aux gosses de progresser en comprenant ce qui pose problème chez eux, la notation est intéressante et doit exister. Il s'agit alors d'un outil qui aide aussi l'enseignant à percevoir les problèmes de sa classe et à faire bouger ses cours en fonction de ceux-ci.

Après, ce qui est plutôt comique dans cette histoire, c'est que la bonne vieille notation sur vingt a disparu des écoles dans de très nombreux cas. Les enseignants utilisent maintenant des systèmes par compétence ou par tâche. Cela n'empêche pas les parents de voir toujours le problème de la même façon : est-ce que mon chérubin est bel et bien exceptionnel et fera bien les études que je n'ai jamais réussi à faire ???

Pour concevoir un système de notation cohérent, réfléchissons déjà à ce qu'on attend du système scolaire, et on trouvera des solutions.

Cela mériterait de nombreux billets, et j'en ferai, peut-être.

Par contre, une remarque préliminaire : les notes servent soit à vérifier une avancée dans l'acquisition des compétences et des connaissances par un gamin tout au long de l'année, soit à sélectionner à la fin d'une formation type concours, soit à valider l'acquisition d'un niveau lors d'un examen final, comme au bac. Ces trois types de notes méritent des réflexions très différentes.

Les inégalités de revenus : quelques chiffres sur le Raincy.

Manuel, qui est en ce moment touché par la grâce  mais qui reste totalement matérialiste, m'a signalé ce site qui communique toute une série d'informations statistiques sur toute commune qui vous intéresserait concernant les revenus des ménages.

Sur le Raincy, c'est fascinant. La ville fait partie des 10% des communes concentrant le plus de richesse dans le département, avec un revenu moyen par foyer de 3 789 € par mois.

Plus intéressant : les 10% des ménages les plus riches perçoivent 47% des revenus totaux de la ville ! On imagine les écarts dans la commune.

On découvre enfin que le Raincy, pourtant le petit Neuilly du 93, est devancé dans les moyennes par Gournay et Coubron.

En comparaison, mon ancienne commune des Lilas se situait à 2 737 € par mois de revenu moyen et les 10% des ménages les plus riches concentraient "seulement" 34% des richesses.

samedi 13 novembre 2010

Aimons les libéraux, mais pas trop quand même.

Dans un billet récent, Cycee me demande ce que je pense du libéralisme et des libéraux. Ce terme est déjà très vaste, parce que, de plus en plus, nos amis libéraux ressemblent à de véritables trotskystes, allant de groupuscules en groupuscules, se déchirant sur des questions très particulières alors qu'ils feraient mieux de se demander comment faire pour sortir de leur splendide isolement.

Si tu es un habitué de ce blog, tu sais pourtant que je suis parmi ceux qui considèrent que les blogueurs libéraux sont des personnes de droite avec qui on peut discuter. Tu vas me dire, cher lecteur, que les libéraux ne sont pas tous de droite. C'est vrai, mais ceux qui trustent les hauts de la blogosphère le sont. Leur volonté de toujours dire que la gauche et la droite n'existent pas ne fait que confirmer cette lourde hypothèse. De toute façon, nos petits camarades libéraux ont bien plus soutenu Sarkozy que les autres candidats en 2007.

Pourtant, malgré cela, je me sens bien plus à mon aise avec un libéral, même libertarien, qu'avec un réactionnaire. Seuls les gaullistes peuvent être plus supportables, mais ils sont tellement peu nombreux qu'on se demande si on pourrait réunir une équipe de football de gaullistes.

Quelques petites choses me gênent quand même chez les libéraux français qui s'expriment sur la toile. Ils montrent une réelle porosité avec les thèses de l'extrême-droite et s’abîment souvent dans des sites internet réellement problématiques. Tant que les libéraux auront cette tendance, comment pourront-ils être crédibles dans leur recherche de la liberté ? Finalement, on a surtout l'impression que tout se résume, pour beaucoup d'entre eux, à savoir comment faire pour ne plus payer d'impôts, et le reste passe vite à la trappe.

Une autre question est pendante à leur sujet. Les libéraux semblent être aujourd'hui les derniers vrais idéologues, incapables d'une quelconque remise en question. Finalement, ils radotent dans leurs billets des phrases prédigérées qu'ils peuvent réutiliser dans chaque papier. Quelques exemples pour la route : "trop d'impôt tue l'impôt" ; "l'Etat est toujours moins efficace que le marché" ; "la concurrence, c'est génial" ; "le fonctionnaire est un fainéant" ; "en France, tout est de la faute des syndicats". Si tu vas tenter de discuter, tu te fais traiter de collectiviste et tout s'arrête là. C'est dommage, car cela démontre avant tout un appauvrissement de la réflexion politique. On dirait presque des campagnes de publicité...

Bon, maintenant, cher lecteur, je te conseille d'aller sur le classement politique du Wikio pour te faire ta propre idée.

Allez, je transmets la chaîne à Manuel, CSP, Homer, Gauche de Combat (pour l'obliger à faire des liens de complaisance, parce que c'est la journée de la gentillesse, hein ?) et Stef. Au boulot !

Digressions à partir des premières propositions du PS sur l'éducation : l'autonomie des établissements.

Il y a quelques jours, un compère blogueur de mon ancienne commune des Lilas me demandait (avec une certaine exigence) de m'intéresser aux propositions de Bruno Julliard concernant l'éducation.

J'ai traîné, d'abord parce que les propositions des partis politiques sont en général extrêmement décevantes sur ce sujet depuis que je travaille, et ensuite parce que le PS a de plus en plus tendance à suivre les idées des libéraux ou celles des réactionnaires sur l'aspect éducatif. Et là, dans le programme Julliard, ce sont les premiers qui tiennent la corde.

Bon, tu vas me dire, cher lecteur, que Julliard ne propose pas de privatiser le système éducatif, ce qui montre un libéralisme très modéré. J'en conviens (je suis gentil aujourd'hui, tu remarqueras). Il cède cependant à l'une des propositions-phares des politiciens depuis dix ans sur le système éducatif : l'autonomie des établissements.

Je te résume le concept rapidement. Dans l'esprit de nos politiciens, l'Education nationale est un système sclérosé par sa rigidité et sa centralisation. D'autre part, elle souffre d'un encadrement trop fort, lié aux idées égalitaristes marquées par un marxisme d'un autre âge, qui l'empêche de s'adapter aux réalités du terrain et de traiter les élèves qu'elle a en face d'elle.

Pour résoudre cette difficulté, aucun problème ! Il faut de la liberté pour les établissements. Chaque bahut devrait pouvoir, en toute liberté, définir ses projets et mettre en place les actions nécessaires pour aider les élèves à s'en sortir le mieux possible. Ainsi, si une école devient très bonne, elle concentrera plus d'élèves qu'auparavant, alors que les mauvais établissements, eux, fermeront progressivement. D'autre part, cela permettra aux enseignants de faire ce que l'économiste bon teint appelle de l'innovation, ce qu'ils ne pourraient pas faire maintenant.

Cette conception vise, à mon sens, à installer de la concurrence entre les écoles, les collèges et les lycées. Elle répond à l'idée que la concurrence fonctionne toujours mieux que le monopole, et qu'elle produira donc davantage de richesses. L'idée est très belle en soi, mais elle me semble totalement erronée si on l'applique à un système éducatif.

Reprenons donc les idées dans l'ordre. Tout d'abord, la soi-disant extrême centralisation n'en était pas une au plan des enseignants. Au contraire, la tendance a plutôt été au renforcement du contrôle sur les pratiques des profs. Dans les années 1980, les programmes étaient relativement vastes et finalement assez ouverts. De plus en plus, les exigences ont été de plus en plus corsetées, que ce soit sous la gauche ou sous la droite. Le ministère a commencé à minuter les programmes, à vouloir imposer des problématiques (excluant la recherche et ses questionnements) et même, très récemment, des exemples à traiter obligatoirement en cours. Finalement, la liberté des profs de mettre en oeuvre leurs idées n'a pas cessé de se réduire, en tout cas dans les cours, sous l'impulsion des politiciens eux-mêmes. 

En mettant en place l'autonomie, les politiciens souhaitent réformer le système de notation des profs et mettre le chef d'établissement aux commandes, voire le créer dans le primaire. Celui-ci sera sans doute capable de parfaitement gérer les budgets et la masse salariale. Par contre, s'il est un ancien DRH d'une entreprise ou un ancien prof de maths, comment pourra-t-il évaluer la validité de mon travail en histoire et en géographie ? Certes, il entendra les ragots des élèves (toujours sujets à caution), les éventuelles plaintes des parents (qui ne se déplacent que lorsque les problèmes sont vraiment importants) mais il n'aura pas le fond scientifique pour juger du contenu. Alors, il est à craindre qu'il adoptera d'autres critères comme le copinage, la soumission, le nombre d'heures supplémentaires faites ou l'absence d'engagement syndical...

Ensuite, et c'est un second point, il est vrai que les établissements n'ont pas la pleine liberté de leur gestion financière. Actuellement, les établissements gèrent deux choses : ils votent un budget de fonctionnement matériel en répartissant les dotations de la collectivité territoriale et ils répartissent les heures d'enseignement transmises par le ministère en s'appuyant sur le cadrage national. Or, en réalité, la fameuse autonomie existante est plutôt l'autonomie du chef d'établissement face à aux profs, tout en restant soumis aux volontés de l'administration centrale. Je ne fais aucune confiance au PS pour faire évoluer une situation qu'il a lui-même contribuée à mettre en place.

Reste cette histoire de saine concurrence. Depuis la suppression de la carte scolaire, elle existe déjà de fait. Or, elle ne s'appuie finalement pas sur ce qui est vraiment important : le cours et la réussite des élèves. Soyons clair, cher lecteur. L'école est un système collectif visant à distribuer des connaissances et des compétences à tous les enfants. Or, depuis que l'individualisme croît dans notre belle société, on s'intéresse bien plus à l'élève en tant qu'individu qu'aux élèves en tant que groupe. Le cours est de plus en plus délaissé : les classes sont au maximum (ma 1ère de cette année est à 36 élèves...), les bons élèves réussissent toujours mais l'équation est de plus en plus difficile pour les autres, le niveau des programmes et les exigences ne cessent de se réduire. Pour compenser ce désengagement pour le groupe, on propose de l'individuel : si votre gamin vient chez nous, il aura de belles sorties, de beaux projets culturels, il aura du soutien et des stages de vacances... Ce panel varie autant en fonction des idées des chefs d'établissement que des propositions des profs du coin.

Alors, que va-t-il se passer ? Si l'autonomie des établissements comme les politiques la conçoivent se met en place, les établissements vont s'adapter à minima à leurs élèves. Les lycées où se concentrent les meilleurs feront des choses très complexes et élevées, les lycées comme le mien feront du basique. Les écarts vont se creuser sans cesse entre pauvres et riches, alors qu'ils sont déjà très importants. La remise en cause du bac national, dont on va encore réduire nettement les exigences, ne fera qu'accroître cette tendance.

Alors, que faudrait-il faire, cher lecteur ? Faudrait-il abandonner l'idée de l'autonomie ? Je vais te répondre franchement : on s'en fout. L'autonomie est présentée comme un objectif en soi qui va tout résoudre, mais elle n'est qu'un moyen qui ne va nulle part. Ce qu'il faut, avant tout, c'est savoir où doit aller le système éducatif.

Pour moi, un programme de gauche doit viser à trois objectifs clairs et simples :

  • L'école doit avoir des objectifs très élevés pour l'ensemble des élèves, avec un diplôme commun qui valide ceux-ci. Les gamins, d'où qu'ils viennent, ne sont nullement des idiots qui rejettent la culture. Ils aiment apprendre et je suis persuadé qu'ils peuvent aller très loin si on les y amène. Arrêtons de prendre les enfants pour des idiots, et nous n'en ferons plus des idiots.
  • L'école est un système collectif qui doit amener des futurs citoyens au plus haut. Aussi, il est inacceptable qu'on fiche en l'air la formation collective pour payer des internats d'excellence aux meilleurs et/ou pour maintenir en classe le boulet qui pourrit l'ambiance générale. Ce qui devrait être au centre des préoccupations, c'est de tout faire pour que la transmission des compétences et des connaissances se passe pour le mieux pour tous les gamins.
  • L'école est un système où la vraie liberté est celle de ses acteurs. Laissons les profs, les inspecteurs, les proviseurs, les documentalistes, les CPE travailler librement. Le politique doit être là pour fixer un cadre finalement assez simple et pour évaluer globalement les réussites et les échecs du système, c'est-à-dire :
    • les programmes à traiter,
    • la gestion financière,
    • les conditions d'embauche des personnels,
    • les conditions de progression de carrière et d'évaluation de ceux-ci,
    • les enquêtes régulières à transmettre aux personnels pour montrer ce qui s'améliore et ce qui régresse et les amener à bouger dans leurs actions.
Dans ce cadre, l'autonomie devrait être celle de laisser des cadres faire leur boulot comme ils l'entendent. Ce serait une vraie progression.

Il faudrait que je fasse bien des billets pour revenir sur tout cela : je vais peut-être m'y atteler. Je reviendrai sans doute sur d'autres propositions du PS prochainement, si j'en ai le courage... 

samedi 6 novembre 2010

Conversation de bistro : le rôle du délégué du personnel.

Mercredi soir, je me trouvais dans un dîner en ville et j'écoutais nonchalamment une convive qui racontait ses aventures dans son entreprise. Apparemment, elle bossait dans une grosse boite du monde de l'informatique. J'ai brusquement dressé l'oreille lorsqu'elle se mit à décrire les élections pour les délégués du personnel (DP), qui se déroulent en ce moment. Il semble que les candidats de sa boite aient décidé de ne pas respecter le droit social en envahissant les boites mails professionnelles de nombreux pamphlets.

Intéressé par la vision d'une personne du privé sur ces élections, je lui demandais si ces DP étaient syndiqués. La convive me répondit que les deux existaient. On trouvait d'un côté des délégués issus de syndicats spécialisés dans l'informatique (dont je découvrais ainsi l'existence, pensant que les centrales avaient délaissés ce monde très mobile, très jeune et souvent assez à droite, il faut bien le dire) et de l'autre, des délégués du personnel maison, sans attache particulière.

Immédiatement, je fis la réflexion suivante : "mais un DP qui n'appartient pas à un syndicat est inutile..."

Il faut que je m'explique sur ce sujet. Pour moi, un DP est censé représenter les personnels face aux employeurs. Il doit pouvoir porter une parole, servir d'interface entre deux mondes qui, dans les grosses structures, peuvent s'ignorer parfois, mais il doit aussi être capable, à un moment, de faire jouer un rapport de force. Or, il est vrai que ce dernier relève plutôt de la structure syndicale que d'un DP. Dans ce cas, pour gagner en efficacité pour tout le monde, il vaut mieux que le DP soit directement lié à une centrale. C'est d'autant plus intéressant que les syndicats fournissent énormément de soutien à des DP parfois en difficulté, qui peuvent ne pas bien maîtriser le droit du travail mais aussi le fonctionnement d'une entreprise. Ils fournissent aussi du matériel et surtout des arguments.

Ma convive a réagi de la manière suivante : "je ne vois pas pourquoi tu dis ça. Certes, un syndiqué fait plus bouger les choses et nous apporte beaucoup, mais le mien a tendance à toujours être contre les patrons. C'est pénible. Les non-syndiqués sont plus pragmatiques et gèrent au quotidien."

Ce débat est récurrent dans les salles des profs, où il existe de nombreux DP non-syndiqués, voire élus en opposition aux syndicats. Souvent, pris dans une dynamique locale de notabilité, ces DP se montrent très empressés de s'attaquer à toutes les questions locales qui peuvent ennuyer les collègues, comme le manque de petit matériel, la panne d'un ordinateur en salle 203, la qualité des repas à la cantine ou la tenue de la fête de fin d'année. Par contre, ils se retrouvent en difficulté dès qu'on aborde des problématiques plus générales qui touchent l'ensemble de l'Education nationale. Comme ils sont ancrés localement, ces DP décident très majoritairement de composer avec les chefs d'établissement et deviennent les vecteurs de la mise en place de réformes que les enseignants contestent souvent. Il est vrai que ces dernières années, les syndicats ont eu du mal à structurer des grands mouvements d'ensemble gagnants, et les profs ont tendance de plus en plus à se diriger vers cette inaction-résignation-collaboration.

Pour moi, le travail reste pourtant un lieu fondamental de la construction de la pensée politique. Il s'agit de l'endroit où on passe quand même le plus de temps et où l'on se retrouve confronté au système dans lequel on vit, que l'on travaille dans le public ou le privé. Dans cette configuration, il est donc indispensable de désigner des représentants qui ont une vision claire du travail et qui sont prêts à la confronter à celle des employeurs. Les syndiqués ont souvent cette vision. Personnellement, même si je me retrouvais dans un bahut où s'opposeraient une liste de non-syndiqués à une liste du SNALC, le syndicat de droite, je voterais pour ce dernier, tout simplement parce que je saurais ainsi vraiment pour qui je vote, sans avoir besoin d'y faire rentrer la dimension affective et celle du copinage.

Mais, cher lecteur, revenons à ma conversation de mercredi soir. Suite à la réaction de ma convive, je pensais donc qu'elle devait avoir affaire à un patron plutôt bienveillant à l'égard de ses salariés, ce qui pouvait expliquer l'agacement que provoquait le syndicaliste du cru, avec son envie permanente de pendre les patrons. Je lui posais donc la question.

Voilà la réponse que j'obtins : "Oh, le patron, bon, ben, en fait, il défend ses actionnaires..."

Va comprendre...

jeudi 4 novembre 2010

Le pire et le meilleur du gouvernement.

Inquiet de mon rythme de publication, le Faucon m'a demandé, à partir de ce blog, de citer le meilleur et le pire ministre du gouvernement actuel.

Pour moi, les deux questions sont difficiles. Trouver quelqu'un de bien dans cette triste équipe est un exercice délicat. Choisir le pire du pire l'est encore plus. Tiens, d'ailleurs, je voulais décerner la palme à Frédéric Lefebvre, avant de me rappeler qu'il n'est pas ministre. Pourtant, avec la pertinence de ses interventions, il ne déparerait pas le groupe.

Pour le pire, j'hésite entre Eric Besson et Brice Hortefeux. D'un côté, on trouve la figure du traître qui ne peut pas quitter ce gouvernement (sinon, sa carrière est fichue) et qui est obligé de faire tout et n'importe quoi. De l'autre, on trouve le meilleur élève du président, avec tout ce que cela implique... On aurait aussi pu citer Kouchner, l'homme des fausses démissions et des actions nulles (par l'impact, j'entends). Bon, pour faire un choix, je crois quand même que Besson tient la palme... Ah, mais non, j'oubliais Eric Woerth, dont on se demande, avec la batterie de casseroles qu'il traîne, ce qu'il peut bien faire encore là. Allez, le pire, ce sera lui.

Du côté des meilleurs, le premier nom qui m'est venu est celui de Bruno Le Maire, apparemment assez apprécié chez les agriculteurs, ce qui est un bon signe, et qui semble avoir compris qu'il fallait faire de la politique avec sobriété et pas de la communication avec grandiloquence. Je ne peux pas en dire autant de mon ministre. On pourrait aussi citer François Fillon, qui est parvenu à maintenir une haute popularité en ne faisant que peu de choses, à part tenter d'éteindre les incendies allumés par son cher président de la République.

Décidément, une chaîne bien peu réjouissante.

Allez, pour ne pas être le seul à m'enferrer là-dedans, je passe le relais au Mulhousien, au Bruxellois, au Tourangeau, au Varois et enfin, au mystérieux habitant de quelque part...

mercredi 3 novembre 2010

Et maintenant, l'Education nationale doit éduquer les enfants à la publicité...

Ce matin, alors que je sirotais mon café au lait, j'écoutais nonchalamment l'émission "Service Public" sur France Inter, qui traitait de la question des enfants consommateurs. Depuis 10h00, on a eu le droit à toutes les perles sur ce type de sujet : la télé est très vilaine, les enfants connaissent mieux les pubs que la littérature, l'influence des médias est telle qu'il est impossible d'y résister...

Lorsqu'on écoute ce genre de débat, on peut avoir une réflexion qui vient de suite : comment est-il possible que les enfants soient aussi influents sur les choix des parents ? Je m'explique.

Je suis né à la fin des années 1970, et comme tous les enfants de ma génération, j'ai été soumis au flot publicitaire massif qui se déversait sur nous autour des émissions jeunesse. Plus j'ai vieilli, plus le phénomène est devenu marquant et il m'est en effet arrivé de demander à ma mère au supermarché qu'elle daigne m'acheter un produit que je puisse consommer, alors que celui-ci n'était pas dans nos habitudes. Eh bien, cher lecteur, je peux te dire que jamais je n'ai pu obtenir des choses délirantes. Ma mère gérait son argent et n'était pas du genre à se laisser déborder par des sales gosses en train de faire des caprices. Or, en écoutant France Inter, on se demande si les enfants ne sont pas devenus des monstres. Les discours des intervenants étaient très clairs : impossible de résister à la pression de nos chères têtes blondes en train de réclamer des marques.

D'ailleurs, à un moment, l'une des intervenantes a déclaré, péremptoire : "ah, mais vous savez qu'un gamin qui ne sait même pas encore lire sait reconnaître un pot de Nutella et connaît totalement cette marque ?"

Bon, essayons de nous mettre à la place d'un gosse de trois ans. Tous les matins, ses parents lui servent un petit déjeuner. Lors de celui-ci, ils lui présentent différents aliments, généralement en demandant au bambin s'il souhaite manger tel ou tel. Par exemple, la maman, pleine de gentillesse, lui propose du lait, des céréales, du beurre, de la confiture ou du Nutella. Le problème, c'est que ce produit est tellement devenu dominant dans sa branche que son nom a remplacé l'appellation de "pâte à tartiner" qui est normalement le sien. Les enfants identifient donc cet aliment comme du Nutella, comme il le ferait d'un frigidaire, d'un kleenex ou d'un morceau de sopalin. On en vient donc à reprocher à la publicité des choses dont elle n'est pas responsable. Durant toute cette émission, on a entendu la complainte de parents incapables de gérer les pulsions de leurs enfants et de les refuser. Certes, la publicité est un vecteur de pulsion, mais il y en a d'autres.

Si vous voulez que vos gosses cessent de demander des choses sans arrêt en s'appuyant sur des pubs, inutile de les priver de TV ou d'internet, de faire des scènes au supermarché voire de les envoyer dans leur chambre avec une punition. Il suffit de dire non, tout simplement, et de vous y tenir. D'ailleurs, une auditrice le disait ce matin : la suppression de la TV à son domicile n'a servi à rien sur ce point.

Malheureusement, dans ce genre d'émission, comme tout le monde est en train de se décharger de ses responsabilités, arrive le moment fatidique où le problème retombe sur la tête des privilégiés. Là, Isabelle Giordano proclame que l'Education nationale doit mettre en place une éducation à l'image et à la publicité.

Cette idée était déjà présente dans la réforme du lycée, mais nous n'en voyons heureusement pas tellement la couleur. Bien sûr, les images ne sont pas absentes de nos cours. On travaille beaucoup sur des oeuvres d'art, sur la propagande politique, et il m'est même arrivé de faire un cours s'appuyant sur des pubs lorsqu'on travaille sur le développement de la société de consommation au XXe siècle en terminale générale. Cependant, ce que nous demande ces irresponsables, ce n'est plus d'utiliser l'image comme support et document historique pour apprendre des vraies choses importantes mais d'utiliser cette image comme objet d'apprentissage en soi.

Il serait tout de même bon que nos concitoyens comprennent que si l'on continue à charger l'Education nationale de toute une série de missions débiles et inutiles visant à compenser les manquements des parents et/ou de la société à l'égard des jeunes, on n'aura pas de meilleurs résultats que vous (comment remplacer l'autorité parentale ?) mais on fera de moins en moins de choses intéressantes, comme de l'histoire, de la géographie, des sciences, de la littérature...

Faites votre boulot de parents, et laissez-nous faire tranquille notre boulot d'enseignant.