dimanche 30 novembre 2008

Cette semaine est une semaine électorale !!! Ne l'oublie pas, cher lecteur.

Cher lecteur, je vois déjà tes yeux s'écarquiller en lisant le titre de ce billet. Tu te dis : "ça y est, le privilégié a été atteint par la douce folie qui frappe les personnes ayant le sang bleu." Je te rassure, ami fidèle, je n'ai pas encore rejoint la Verrière, centre psychiatrique géré par la MGEN et qui recueille les profs qui ont préféré oublier qu'ils le sont...

Cette semaine, nous votons, c'est bien vrai. Tout cela va commencer le 2 décembre. Ce jour-là, les fonctionnaires renouvellent leurs commissaires paritaires. Ces syndiqués, qui assument des fonctions électives, sont responsables du contrôle de l'administration concernant les mutations, les notations, les changements d'échelon, les promotions. Cette élection a lieu tous les trois ans.

Puis, le 3 décembre, les salariés du privé et les patrons se rendent à leur tour aux urnes pour élire les conseillers prud'hommes. Ces élus composent les conseils de prud'hommes, qui ont en charge de trancher les différents entre salariés et employeurs concernant les contrats de travail. Ces conseils sont composés à parité de représentants des salariés et des employeurs. Ils sont une véritable spécificité française, et méritent pour cela, à mon avis, d'être préservés.

Certes, ces élections souffrent souvent d'une faible participation, et ce d'autant plus que nos syndicats se débattent en ce moment dans une véritable crise d'efficacité et de renouvellement idéologique. Cependant, dans le cadre d'une offensive générale contre les droits sociaux, il est important que les salariés du public et du privé se positionnent sur de grandes questions. A mon sens, ils peuvent soit voter pour des syndicats qui poussent pour une libéralisation générale du marché du travail par un système de donnant-donnant (la CFDT est le fer de lance de ce mouvement), soit pour des syndicats qui sont sur une position de contre-propositions et de combat, comme la CGT. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, il y a là un véritable enjeu.

Cette année, il y a une problématique supplémentaire : l'accord et la loi sur la représentativité syndicale. Depuis la guerre (dernier statut en 1967), étaient considérées comme représentatives des organisations qui avaient eu un bon comportement durant la guerre et qui étaient censées représenter un nombre important de Français. Cinq organisations avaient ce statut : la CGT, FO, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC. Normalement, tout accord signé par au moins une de ces cinq centrales était considéré comme valide. Évidemment, il y avait là aussi des considérations politiques moins avouables. Ce fonctionnement visait à empêcher la CGT, seul véritable syndicat de masse à l'époque et soupçonné d'être inféodé à Moscou, de verrouiller toute discussion : cela a assez bien fonctionné, et les autres organisations se sont largement prêtées au jeu.

Pour une fois, cher lecteur, car je ne suis pas complètement chien non plus, je vais dire du bien de Nicolas Sarkozy. Ce système syndical était étouffant : dans de nombreuses entreprises, on a d'ailleurs organisé des référendums qui en ont régulièrement montré les limites. Or, le nouveau système, s'il n'est pas parfait, a le mérite de rendre à la démocratie sa logique et de contourner la contradiction française du faible nombre d'adhérents. Le système qui va en sortir est simple :
  • Pour être valide, un accord doit être signé par au moins deux syndicats représentant 30% des voix des dernières élections.
  • Si un syndicat ou un groupe de syndicats représentent 50% des voix, ils peuvent invalider un accord signé.
Nos votes, cette année, vont donc largement changer les choses. Certains syndicats qui étaient assis sur une situation de confort vont être obligés de se redynamiser et de faire des propositions intéressantes pour retrouver adhérents et électeurs. Les moins intéressants et représentatifs vont disparaître. Les plus forts et les plus convaincants vont survivre. De nouvelles centrales vont pouvoir émerger. C'est un peu dur, mais cela peut permettre d'améliorer les choses et l'accord ne ferme pas complètement le système.

Pour quand même relativiser les choses, je pense que le gouvernement et le patronat ont pensé affaiblir le mouvement syndical. A mon avis, cela devrait être tout le contraire, si les Français se mobilisent et votent massivement, quels que soient leurs choix ! Les prochains jours vont fondamentalement changer notre paysage social, et c'est vraiment intéressant.

Il est assez normal que la presse et que les blogs de droite restent assez silencieux là-dessus. Par contre, je m'étonne que mes camarades blogueurs de gauche n'aient pas fait de multiples articles pour parler de ces événements. Allez, les gars, encore quelques heures pour réparer vos oublis !

Les arguments du pro-travail dominical.

Tu auras remarqué, cher lecteur, que souvent, je n'aime pas trop me mêler des polémiques en cours dans la blogosphère. Celle sur le travail dominical en est une qui m'intéresse, certes, mais j'ai loupé le coche. De nombreux blogueurs politiques ont déjà largement traité la question, résumant les positions de tous, ce qui a effacé de fait le besoin d'affirmer la mienne. Pourtant, je voudrai y revenir maintenant.

J'ai entendu à la radio cette semaine la représentante d'une association de salariés du Val-d'Oise qui défendait le travail dominical. J'ai immédiatement dressé l'oreille en me disant que j'allais entendre une libérale résumer les positions de son mouvement politique. C'est pour cela que je n'ai pas noté le nom de cette dame et le nom de son association : j'ai essayé de la retrouver sur Google, mais impossible. Donc, je vais parler contre une personne dont je ne peux citer le nom. et qui ne pourra pas se défendre. Je sais, cher lecteur, c'est mal, mais enfin, dans cette affaire, ce n'est pas la personne mais l'argumentaire qui m'intéresse. Cependant, je ne le referai plus, enfin, je crois...

Cette salariée (qui devait bosser dans une grande surface) n'a absolument pas développé d'argumentation politique. Sa logique était apparemment simple : "Je gagne 1 200 € par mois, ce qui m'empêche de consommer comme je l'entends. Si on m'autorise à travailler tous les dimanches, et pas seulement pendant les fêtes, mon salaire va s'élever de près de 200 € par mois. Je ne comprends pas pourquoi on s'acharne à me refuser cela."

Reprenons donc le raisonnement. Cette supporter du travail dominical n'avait donc aucune affinité pour les idées libertariennes. Ce qui l'intéressait était d'élever son pouvoir d'achat en travaillant un peu plus. A l'évidence, le discours de Sarkozy est donc passé. Cette femme considère qu'elle ne pourra pas faire augmenter son salaire, et qu'il faut donc travailler plus. Cette assertion est vraiment problématique. En effet, la productivité des salariés français n'a cessé de s'élever, pour devenir l'une des plus hautes du monde. Or, les salaires évoluent beaucoup moins vite, ce qui signifie que le profit va ailleurs, peut-être en partie vers les investissements, mais sans doute en majorité vers les actionnaires. On en est donc arrivé à un point où les gens sont tellement persuadés que l'action collective ne leur amènera rien, qu'ils sont prêts à travailler plus, c'est-à-dire aussi à augmenter les profits des entreprises, pour espérer ramasser quelques miettes salariales.

Si cette croyance a disparu, c'est aussi à cause de la faillite des syndicats et de la gauche. Les syndicats sont devenus tellement peu crédibles que certains d'entre eux se font traîner en justice par leurs salariés lorsqu'ils essaient de sauver le repos du dimanche. Cela ne vient pas de l'archaïsme syndical, mais plutôt du fait que les salariés savent plus ou moins que les syndicats ne peuvent plus faire augmenter les salaires, et qu'il faut donc céder des choses pour l'obtenir. C'est aussi le symbole de la faillite de la gauche actuelle, car ces salariés savent qu'il n'y a pour le moment aucune alternative crédible à l'UMP pour obtenir un peu plus de salaire et d'amélioration de nos conditions de vie.

Je me demande aussi, cher lecteur, quelle vision ont les salariés de leur travail. Le raisonnement classique des pro-travail est que, si un salarié veut bosser, pourquoi l'en empêcher. Ce qui pèche là-dedans, c'est qu'une bonne partie des salariés français souffrent de leur travail. Le choix de bosser le dimanche sera donc forcément une souffrance supplémentaire. Les choses changent totalement lorsqu'une personne aime son métier et choisit de le faire : ce serait mon cas si j'étais à ce point en recherche salariale. Mais je ne le suis pas, car mon salaire est suffisamment élevé pour que je n'en ai pas le besoin.

Cette mesure vise donc à l'évidence les pauvres et ceux pour qui le travail est plutôt un poids qu'un plaisir. Il est d'ailleurs intéressant de voir que notre militante associative est prête à se faire souffrir encore plus pour pouvoir consommer. L'idéologie consumériste devient dans cette affaire l'alliée des valeurs libérales. En étant assez éloigné d'elle, je dois te dire que ces interviews me font prendre conscience de la difficulté pour la gauche actuelle de traiter ce problème. Les valeurs de gauche amèneraient plutôt à réduire la consommation, d'autant plus en prenant en compte l'environnement. Or, il est évident que nos concitoyens, noyés dans la jouissance consumériste, n'y sont pas prêts. Il va falloir, à gauche, trouver des idées et un discours qui puissent faire sauter le verrou de la surconsommation. Voilà un vrai défi intellectuel que je trouve passionnant !

vendredi 28 novembre 2008

Le problème des SDF va bien au-delà des centres d'hébergement.

Aujourd'hui, cher lecteur, je voudrais te faire partager un peu de mon expérience de vie, ce que je vais faire, comme tu le sais, de manière anonyme une fois de plus. Depuis plusieurs jours, en fait depuis que les températures ont commencé à baisser, ce qui arrive chaque année à un certain moment, la polémique a rebondi sur les SDF, une fois de plus. Les propos de Christine Boutin, repris par Sarkozy avant d'être démenti par Fillon (un peu difficile à suivre...) ont choqué. Comme beaucoup, mon camarade Manuel s'est fendu d'un billet pour s'en plaindre aujourd'hui, certes aussi pour faire un peu de provocation avec les LHC, mais il soulève, derrière son aspect satirique, certaines questions.

J'ai eu la possibilité, depuis 1999, de travailler comme bénévole pour une association qui bosse avec les SDF. Je n'en citerai pas le nom, parce que je m'exprime ici sans que ses dirigeants le sachent et je ne veux pas que mon discours soit perçu comme celui de cette association. Depuis neuf ans, je rencontre donc régulièrement des SDF. Ce n'est pas courant : tous les habitants de la région parisienne voient tous les jours des SDF et les côtoient dans les rues, les transports en commun, les lieux publics. Cependant, la majorité d'entre eux ne leur adresse jamais la parole. Les sans-logis sont membres d'une catégorie de population qui reste relativement isolée. Pourtant, ce n'est pas le cas de tous : lorsqu'un, ou plusieurs, se localise régulièrement à un endroit, les habitants du coin se mettent souvent à le suivre. Contrairement à ce que l'on pourrait penser dans cette société profondément individualiste, la solidarité réapparaît assez rapidement lorsqu'on a la souffrance au pied de chez soi. Je le vois bien chaque jour avec les deux clochards qui s'installent devant la mairie des Lilas, dont Régis, qui est une figure de la commune et est connu de tous.

Il faut d'abord, cher lecteur, que j'essaie de t'expliquer pourquoi une partie des SDF refuse systématiquement les centres d'hébergement. Ce comportement peut paraître totalement aberrant dès que la température descend. Si on y réfléchit un peu, il est même aberrant tout le temps : la rue est un endroit dangereux, même pour un SDF qui n'a que peu de choses, et surtout la nuit. Pour expliquer cette contradiction apparente, il faut tenter de saisir la situation. En fait, de nombreuses catégories de personnes sont à la rue, et souvent de manière assez courte. Dans la plupart des cas, les gens se prennent en charge, parviennent à trouver des contacts dans les services sociaux ou auprès des associations, sont aidés par leurs proches et ressortent de la rue rapidement. Il est à signaler que de nombreux SDF travaillent, particulièrement en région parisienne, mais ne peuvent se payer de logement à cause de salaires trop faibles ou précaires.

Mais il y a les autres, ces SDF qu'on appelle plutôt des clochards traditionnellement. La plupart des clochards sont atteints par diverses pathologies relevant de la psychiatrie et qui ne sont pas traitées. Soit la personne était touchée avant par sa situation sociale, familiale, intime, et sa pathologie l'a amenée dans la rue, soit elle en a tellement pris plein la tête dans la rue qu'elle a fini par disjoncter. Les études montrent qu'une personne qui vit plus de six mois à la rue, ou qui y passe un hiver, est fatalement atteinte par ces maladies psychiatriques. Beaucoup d'entre eux finissent par ne plus pouvoir se réinstaller dans un appartement sans un vrai travail de réadaptation.

Or, les centres d'hébergement regroupent, pour une nuit, une masse de ces gens complètement dérangés. Très vite, des bagarres, des agressions, des vols et même des viols se déroulent. Les SDF les moins atteints supportent cela très mal, et essayent d'éviter au maximum de s'y rendre. Pourquoi un tel niveau d'insécurité ? Souvent, ces centres sont à peine gardés (une ou deux personnes), et comment faire face à une cinquantaine de SDF ? Donc, les sans-logis deviennent brusquement complètement cohérents.

Les forcer à aller dans ces centres, en dehors de tout aspect liberticide, est donc les condamner à des souffrances assez fortes, même si celles de la rue peuvent être beaucoup plus importantes.

Suite à cela, je voudrai aussi, cher lecteur, te dire que sortir les SDF de la rue n'est pas juste une question de réquisitions de logement, de création d'emplois ou de centres d'hébergement. Cela ne peut se faire sans une forte politique de traitement psychologique des clochards, qui n'est vraiment possible que si la personne en question y est prête. Dans la plupart des cas, ils ne le sont pas; certains prétendent même que la rue est un choix, qu'ils y sont heureux et qu'ils n'en sortiront pas.

Il faut donc prendre ce problème, une fois de plus, en en envisageant tous les aspects. Cela demandera des investissements lourds, mais je crains que nos gouvernants n'y soient pas davantage prêts que dans bien d'autres domaines.

jeudi 27 novembre 2008

Le blog politique : quels pratiquants ?

Hier soir se déroulait, cher lecteur, la République des Blogs (RDB). Vu que c'était ma troisième RDB et que je commence à connaître du monde, j'ai eu la joie de m'entretenir avec Gonzague Dambricourt, Rubin, Criticus, Authueil, Eric, Dagrouik (très rapidement), Juan (rapidement aussi, je n'ai pu savoir comment il arrivait à produire autant de billets), Quitterie Delmas, Hervé Torchet, Aurélien avec qui j'ai diné et avec qui j'ai eu une conversation très intéressante. J'ai aussi rencontré un membre de la rédaction de l'hebdomadaire Vendredi.

Je dois te dire que je commence à pratiquer un peu maintenant le petit monde des blogueurs politiques. Hier, avant d'aller à ce rendez-vous, je m'interrogais sur la place des femmes dans ce milieu. Certaines blogueuses (tu pourras le lire dans les commentaires) ont mal pris mon billet, pensant que je développais une espèce de pseudo-machisme déguisé, ce qui n'était en rien le cas.

Je voulais cependant étendre ma question. Certes, la plupart des blogs politiques sont anonymes. Cependant, lorsqu'on rencontre les blogueurs en chair et en os, on constate à l'évidence plusieurs choses, dont je voudrai te faire part ici :
  • La grande majorité des blogueurs politiques sont des hommes.
  • La quasi-totalité des présents d'hier soir sont des gens diplômés, issus de CSP+ et qui doivent avoir un revenu au-dessus de la moyenne des Français (le salaire médian étant toujours, si je me rappelle bien, à 1 484 € net par mois).
  • Il n'y a quasiment aucun membre des minorités visibles dans ce groupe de participants, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en a pas par ailleurs.
  • Beaucoup de blogueurs politiques sont déjà dans la sphère médiatique ou dans le monde politique par ailleurs.
Pour revenir à mes réflexions d'hier, je suis de plus en plus intrigué. Comme je l'ai déjà dit, le blog est par définition un monde où l'entrée est libre. On est presque dans la définition de la concurrence pure et parfaite. Il y a évidemment des trucs à utiliser pour se faire connaître. Il y a aussi, à mon avis, une condition qui est de savoir écrire correctement sans faire trop de fautes d'orthographe. On peut aussi essayer de créer un concept original.

Mais quels que soient les trucs employés, tout le monde peut se lancer. Or, à l'évidence, les blogueurs qui viennent discuter à la RDB sont des représentations typiques du système élitiste français. Cela me pose de réelles questions.

Deux de mes interlocuteurs d'hier m'ont affirmé que le blog politique était une révolution qui allait permettre de rénover la politique. Certes, il permet de contourner les médias installés et traditionnels, mais il faut bien voir aussi qu'il permet à d'autres élites, qui n'ont pas accès aux médias d'habitude, de s'exprimer publiquement et de faire passer des messages. Les autres groupes sociaux semblent assez absents du mouvement politique bloguesque pour le moment.

J'espère que cela changera rapidement, et que le blog politique se démocratisera. Il en va de la crédibilité de ce moyen particulier d'expression mais aussi de l'impact qu'il pourra avoir sur nos dirigeants politiques autant que sur nos concitoyens. S'il s'agit juste de refaire de la politique avec des élites, je crois que la France est déjà très bien outillée comme cela...

mercredi 26 novembre 2008

Où sont les femmes ?

Cher lecteur, ce soir se déroule une nouvelle édition de la République des blogs, à Paris. A cette occasion, j'ai regardé sur le wiki et sur le groupe Facebook la liste des participants qui étaient censés se rendre à cet événement d'importance. J'ai aussi revisité le classement wikio des blogs politiques.

Une chose m'a brutalement sauté aux yeux : les blogueuses politiques sont très peu nombreuses. Je ne les ai pas comptées exactement mais, en tout cas, il n'y a aucune femme dans les dix premiers du classement. C'est d'autant plus étrange que je lis moi-même régulièrement des blogs de qualité tenus par des femmes mais qui ne sont pas spécifiquement politiques.

Le monde des blogs a un avantage et une force en lui-même : tout le monde peut y entrer et bloguer sans aucun contrôle extérieur, sans moyens financiers et sans connaissance particulière de l'informatique. Certes, il y a quelques règles fondamentales à suivre pour se faire connaître (va voir ici pour les apprendre, cher lecteur), mais je ne vois pas pourquoi les femmes auraient davantage de difficultés à les appliquer. En clair, je ne comprends pas pourquoi les femmes sont très minoritaires dans ce monde-là, alors qu'elles sont plus que présentes dans d'autres types de blogs.

Doit-on y voir une prégnance de la domination des hommes dans notre vie politique ? C'est bien possible, mais vraiment étrange vu que les femmes peuvent entrer dans le blogage sans aucun contrôle extérieur. De plus, la pratique de l'annonymat peut permettre de surmonter la question du genre. Les blogueuses sont-elles moins passionnées par la politique que les blogueurs ? Quand je lis mes commentaires, franchement, je n'en crois rien...

Je ne comprends donc pas, cher lecteur, pourquoi les femmes ne bloguent pas plus que cela en politique. Je jette ce billet dans la toile, en espérant avoir quelques réponses à cette question, qui me taraude en cette grise journée de novembre...

mardi 25 novembre 2008

Quand France 2 est menacée, elle devient brusquement incisive !

Tiens, je ne sais pas si tu l'as remarqué, cher lecteur, mais le service public de l'audiovisuel était en grève aujourd'hui. Les programmes des TV et des radios ont été largement perturbées. Je m'étais toujours insurgé, dans le passé, de la capacité de France 2, en particulier, de casser les mouvements sociaux. J'ai le souvenir cuisant de cette interview de Xavier Darcos étrillant les syndicats enseignants, sans qu'aucun syndicaliste ne soit présent pour pouvoir répondre.

Ce soir, David Pujadas recevait deux contradicteurs pour discuter de cette réforme : Frédéric Lefebvre, pour l'UMP, et Noël Mamère, pour l'opposition. Je suppose que les membres du PS étaient encore en train de discuter des votes au bureau national et étaient indisponibles.

Pujadas a lancé une série de reportages, de micro-trottoirs, et un reportage à la BBC, qui démontaient clairement la loi que le gouvernement présente au Parlement. Et, oh surprise, le journaliste est même allé jusqu'à remettre en cause le discours de Lefebvre, qui tentait de dire que le passage de la taxe sur la publicité des chaînes privées de 3% à 1,5%, voté apparemment en commission, était une fausse information. Je n'avais pas vu Pujadas aussi combattif depuis longtemps... euh... en fait, jamais sauf devant les membres de la gauche...

Je sais que le journaliste défendait sa maison, et, si j'avais Darcos en face de moi, j'agirai de même. Ce qui est pénible, c'est que le même Darcos, il y a quelques jours, a lancé des bombes dans les médias, dont certaines totalement fausses. Je t'avais déjà parlé du chiffre de grève. J'ai depuis entendu le coup du "90% des communes appliquent le SMA." C'est sûr que lorsqu'on sait que, sur 36 000 communes, une grande partie n'a pas d'établissement scolaire, et que Paris et Lyon sont comptées comme deux communes (alors que les deux villes regroupent à elles deux 3,5 millions d'habitants !), on peut facilement obtenir ce type de chiffres, vrais dans la forme, mais complètement manipulés si on réfléchit quelques instants.

Mais là, les journalistes, qui peuvent certes être d'accord avec la politique de Darcos mais devraient avoir l'obligation de corriger des informations erronnées, ne bougent pas ! Ils ne font que répéter, sans donner la parole, au moins, aux adversaires qui pourraient contredire !

Ces différences de comportement décrédibilisent France 2. Je sais que c'est un service public menacé, et je comprends l'attitude des personnels, mais j'aimerai bien, camarade journaliste, que tu sois aussi mordant avec nos gouvernants lorsqu'ils font des manipulations contre les autres services publics, et pas seulement contre toi. Je pense que nous y gagnerions tous !

En tout cas, bon courage pour ton mouvement, car je pense malgré tout qu'une télévision et qu'une radio publique sont indispensables à une saine démocratie.

lundi 24 novembre 2008

Les leçons du fiascos du PS : processus à revoir et dirigeants à virer.

Comme tu le sais, depuis hier, cher lecteur, je suis un militant actif de l'extension des règles démocratiques partout où c'est possible. J'ai donc suivi avec intérêt l'expérience menée par le PS ces dernières années. A plusieurs reprises, la direction du parti a tenté d'ouvrir la porte aux militants pour une expression directe. Ils ont pu s'exprimer lors du référendum sur la constitution européenne, lors de l'élection présidentielle de 2007 pour désigner leur candidat et durant l'ensemble des opérations du congrès de Reims ces dernières semaines.

Ce type d'expérience n'est pas nouvelle. Ces derniers mois, nous avons vu une longue campagne chez les démocrates américains, d'une grande violence entre les deux principaux candidats, qui a abouti à la désignation de Barack Obama, qui s'est progressivement imposé comme un leader incontesté, dans une position telle qu'il peut maintenant se permettre de prendre son ex-adversaire dans son futur gouvernement. Cela est dû à l'accord global sur les idées des leaders démocrates. Certains ont fait le lien avec l'histoire du PS, et déploré que les socialistes ne parviennent pas à se comporter de la même façon.

Pourtant, le PS est le premier parti français à mener une telle expérience, à part peut-être les Verts. Ni l'UMP, ni le FN, ni le PCF, ni, j'en suis sûr, le futur NPA, ni le Modem n'ont mis en place un tel cheminement démocratique pour arriver à définir à la fois une ligne politique et le nom d'un leader. Le PS a donc entamé une rupture avec l'héritage politique français, qui consiste plutôt à voir un chef incontesté et doté de grandes capacités s'imposer à la base, qui le suit et milite pour emporter la victoire. Historiquement, la gauche n'a pu tenir le pouvoir longtemps que dans cette configuration précise : en 1936 avec Léon Blum, en 1954 avec Pierre Mendès-France, en 1956 avec Guy Mollet et en 1981 avec François Mitterrand. On a du mal à revenir là-dessus, et la droite et l'extrême-droite le font tout autant. Seule l'extrême-gauche se refusait à cela en France, avec un succès très faible, jusqu'à Arlette Laguiller et Besancenot, personnifications du leader à nouveau.

Le PS a mené une double-révolution :
  • Tout d'abord, il a cherché à confier aux militants le choix d'une doctrine politique claire. Malgré tout ce qu'on a bien voulu dire, les militants ont globalement voulu la continuité avec le passé, en mettant le pack Aubry-Delanoë en tête, avec des programmes équivalents, puis les sociaux-libéraux à 30% et les mouvements de gauche plus durs à 20%. Ce vote a laissé apparaître un parti très divisé au total. Il aurait dû permettre de dégager une structure des idées et à équilibrer les courants dans le parti.
  • Une fois ce vote fait, la tradition ouvrait au PS la phase de la synthèse et la recherche d'un premier secrétaire consensuel et capable de remporter des élections. Or, les instances ont choisi de confier aussi cette phase-là aux militants.
Or, il y a eu alors un phénomène que je crois fondamental. Les militants ont eu l'air de ne pas prendre de décision claire, mais ils ont exprimé une contradiction forte : ils ont voulu montrer leur attachement aux idées traditionnelles de la gauche française tout en souhaitant un renouvellement des leaders en place. Je crois que c'est ainsi qu'on peut analyser le vote qui s'est déroulé : les militants PS souhaiteraient qu'on reste dans les traditions de la gauche républicaine française tout en choisissant un leader nouveau. Hamon est sans doute apparu trop jeune, et cela explique, malgré tous ses défauts et son positionnement libéral, la hausse de Ségolène Royal.

Et maintenant, le parti fait naufrage... Pourquoi, cher lecteur ?

Je pense que le PS a été trop vite.

"Quoi ???" vas-tu me dire, cher lecteur étonné. "Tu nous disais il y a quelques jours que le PS avait trop traîné à se remettre en question." C'est vrai, je le concède totalement, mais, quand on est face à un processus, il faut le prendre là où on peut, c'est-à-dire au moment de l'accession au pouvoir de Nicolas Sarkozy.

Le débat sur les motions aurait dû démarrer très rapidement, dès septembre 2007, pour que les militants aient la possibilité de débattre longuement. Ces débats auraient pu être comparés à la politique mise en œuvre par Nicolas Sarkozy dès le départ, au lieu de laisser celui-ci seul avec Bayrou et Besancenot, et aurait amené les Français à se saisir eux aussi de ces questions. Évidemment, les personnalités du parti auraient pu se positionner selon ces motions. A mon avis, cela aurait amené à l'éclatement du parti, ce qui risque de toute façon d'arriver maintenant.

Ensuite, dès maintenant, il aurait fallu ouvrir la question du leadership, par un système de primaires internes, en laissant les éléphants s'exploser sans pouvoir remettre en cause le programme adopté, mais en mettant en avant leurs compétences et leurs équipes. Cela aurait évité le délire actuel.

En effet, les militants ont dû trancher à la fois sur les idées et les personnes, mais en deux phases séparées, et les deux candidates majoritaires ont joué à fond sur cette confusion. Aubry a joué sur les valeurs traditionnelles du PS mais en traînant le poids du passé, Royal attaque sur le renouvellement du parti tout en jouant la rupture et le lien avec le libéralisme.

Bon, tout a été mal fait, mais il y a eu un vote. Là, ce qui provoque l'échec, c'est le rejet de la décision des militants, quelle qu'elle soit, par l'ensemble des cadres du parti. Dans cette situation-là, n'importe quel schéma aurait été un échec. Pour un mouvement de gauche, c'est une belle catastrophe et une illustration de l'ensemble des maux qui mine notre démocratie et notre république...

Un étranger expulsé = 21 000 € pour la collectivité selon France Inter.

Sarkofrance a eu l'avantage de ne pas tomber dans le délire du PS et nous apprend que Brice Hortefeux, joyeux ministre des expulsions, se glorifie d'avoir fait reconduire 28 000 étrangers hors de France depuis le début de l'année.

Cela tombe bien : ce matin, sur France Inter, j'ai pu entendre que le gouvernement avait chiffré le coût d'une expulsion à 21 000 €. Cela signifie donc que notre pays a dépensé 588 millions d'euros depuis le début de l'année pour cette salvatrice mission, et qu'il n'est pas prêt de s'arrêter.

Tiens, c'est marrant : cette somme correspond à l'entretien chaque année de 11 700 enseignants environ, exactement les postes supprimés l'an dernier. Xavier Darcos nous avait promis que cet argent servirait à augmenter nos salaires, mais nous n'en avions pas vu la couleur.

Damned, ce sont encore les étrangers qui nous piquent nos sous !!!

Rassure-toi, cher lecteur, nous vivons dans le pays des droits de l'homme, paraît-il...

dimanche 23 novembre 2008

Souriez, vous êtes filmé au Stade de France.

Hier soir, cher lecteur, j'ai eu la chance d'aller voir France-Australie au Stade de France. Personnellement, je ne connais pas grand-chose au rugby et je ne suis pas un grand fan des stades mais j'apprécie particulièrement l'ambiance des matchs de rugby, et c'est un jeu nettement plus agréable à regarder que le football, souvent plus lent et long lorsqu'il y a de gros enjeux. Le rugby, ça bouge, il se passe des choses, et on est toujours en train de s'exciter sur ce qui se passe sur la pelouse. Les supporters sont cordiaux et amicaux : je suis persuadé que les quelques milliers d'Australiens perdus dans les tribunes du Stade de France ne se sont jamais sentis ni menacés ni agressés par le public français. Et, ici, malgré une certaine mixité dans les tribunes, on ne siffle pas les hymnes, et on applaudit les belles actions menées par les adversaires de la France.

Pourtant, je suis ressorti du Stade un peu troublé. Lorsqu'on se rend au stade, on y va pour se distraire, comme lorsqu'on va au théâtre, au cinéma, à l'opéra ou au bistro. Bon, je sais, cher lecteur, que j'accole ensemble des choses qui n'ont pas grand-chose à voir, mais, en y réfléchissant bien, je me dis que ce n'est pas si illogique : ces activités sont des moments durant lesquels on ne travaille pas et durant lesquels on prend du plaisir, malgré tout. Normalement, on est pas là pour provoquer des violences. Pourtant, le stade est tentant en soi. Il y a là 80 000 personnes, toutes dotées d'un portefeuille rempli de billets. Il faut dire que, si tu veux prendre un rafraîchissement ou une collation au Stade de France, accroche-toi à tes euros : un simple café coûte déjà 2 euros à lui seul. Quand on voit le prix des places, il y a de quoi perdre les derniers centimes qu'il vous reste après une journée de grève dans la semaine. D'autre part, les rixes entre supporters (surtout pour le football) sont toujours possibles. J'ai d'ailleurs aperçu de nombreux CRS rodant autour du cirque...

Pourtant, j'ai l'impression que les procédures de sécurité n'ont jamais été aussi fortes. Lorsqu'on arrive au Stade, on passe à la fouille : tous les sacs sont ouverts, on doit présenter des billets qui sont scannés par les portiers. Ensuite, on repasse un deuxième contrôle quand on entre dans les tribunes, pour pouvoir accéder à sa place. A chaque fois qu'on se déplace, on doit être muni de son billet. Enfin, les personnels du Stade ont tous des cartes autour du cou, avec plein de numéros écrits dessus, qui doivent correspondre aux lieux auxquels ils ont accès. En effet, le Stade semble très compartimenté, et on ne peut se déplacer où on veut.

Enfin, il y a des caméras partout. Certes, je comprends les craintes de nos officiels : 80 000 personnes au même endroit au même moment, avec une télédiffusion en plus, c'est plus que tentant pour n'importe quel islamiste qui voudrait faire un coup d'éclat. Cependant, il y a profusion de caméras, partout, tout autour du Stade, dans les travées latérales, au-dessus de toutes les tribunes. Je suis sûr que les personnes qui visionnent cela en direct voient tout : pendant un moment, j'ai hésité à me curer le nez, de crainte de me voir rediffusé ce soir en préfecture de police. De plus, je suis sûr qu'il est possible de lire sur les lèvres des spectateurs, voire même de capter les sons. Bon, d'un autre côté, j'imagine que ces gentils employés fixent plutôt les jolies filles, mais enfin...

Toute cette surveillance, comme partout ailleurs, a-t-elle une quelconque utilité, à part développer le sentiment de psychose chez nos concitoyens ? Je n'en crois rien. Je reste toujours autant persuadé qu'un terroriste déterminé pourra toujours mener son attaque, sans qu'on y puisse rien. Une bombe, c'est petit et cela se dissimule : une femme et/ou un homme convaincu sont indétectables et restent dangereux.

Je reste donc hérissé par cette surveillance dangereuse. Finalement, nous, citoyens, sommes responsables de cette dérive. Méritons-nous nos libertés, si nous sommes prêts à les brader dès que deux connards veulent faire sauter des bombes quelque part ? Pour une fois, je reste très inquiet du développement des moyens de l'État de mener des contrôles et de la surveillance. Cela m'a gâché mon match, encore plus que la performance finalement assez moyenne de l'équipe de France et que la rigueur de l'équipe australienne...

République des blogs, le mercredi 26 novembre au Pachyderme.

J'ai l'impression, cher lecteur, que plus je vieillis, plus le temps s'écoule vite. Peut-être est-ce parce que je suis plus heureux que dans ma jeunesse, qui commence à s'éloigner doucement. De plus en plus souvent, observant l'absurdité de la vie, j'essaie de profiter encore plus des moments d'échange que je peux vivre sur ce blog, ou ailleurs, ou encore dans la vie de chair et de sang, tout aussi passionnante.

Pour essayer d'échanger avec mes camarades blogueurs, voici une nouvelle République des Blogs, ouverte à la fois aux blogueurs eux-mêmes, mais aussi aux lecteurs de blogs politiques.

Elle se déroulera le mercredi 26 novembre 2008 à partir de 19h00 et jusqu'à épuisement des duettistes, au café le Pachyderme, juste à côté de la place de la République, où, malgré la neige qui tombe doucement sur Paris en ce dimanche, Marianne regarde toujours le ciel, belle et fière.

Normalement, j'y serai, la semaine à venir étant beaucoup plus calme pour moi. A mercredi, cher lecteur...

samedi 22 novembre 2008

Un nouveau grief contre les privilégiés : les enseignants coulent les bistrots !

Le matin de la grève du 20, je m'étais positionné dans un café des Lilas pour lire les journaux et estimer la couverture médiatique de l'événement, avant de partir manifester.

Là, le patron du bistrot me jette à la figure la meilleure phrase politique de la journée (à part les déclarations de Darcos, s'entend) : "Vous faites chier, les enseignants, à cause de vous, je vais rater le lancement du Beaujolais Nouveau".

Voilà, finalement, la critique la plus saine contre la grève des profs que j'ai pu lire ces derniers jours. Quoique... Ici, tu pourras juger de la modernité de la droite républicaine.

P.S. : ne voulant pas concurrencer la Comète de Nicolas, je ne citerais pas le nom de ce joyeux bistrot où je me rends de temps en temps pour lire le journal et boire un verre. Mais bon, aux Lilas, il n'y en a pas tant que cela...

jeudi 20 novembre 2008

La grève est-elle si démodée ?

La manifestation parisienne d'aujourd'hui a été un réel succès. Selon les syndicats enseignants, près de 40 000 personnes ont battu le pavé cet après-midi, entre Luxembourg et le ministère de l'éducation. J'allais tenter de rédiger un billet pour essayer de résumer l'ensemble de revendications que nous avons développé, mais, voilà, j'ai été littéralement crucifié par un billet de Gaël, qui résume complètement ce pourquoi on a encore perdu une journée de salaire.

Conforme à sa pratique habituelle, Xavier Darcos a joué encore la provocation : ainsi les enseignants sont dans une culture de grève. Ils font grève quatre fois par an, par pur plaisir de perdre une journée de salaire quatre fois par an. Finalement, on serait le seul groupe de la population qui serait heureux de perdre une journée de salaire régulièrement pour avoir une journée de repos en plus (preuve que tout le monde ne veut pas travailler plus pour gagner plus). En clair, nous qui avons le plus de jours sans travailler directement dans l'année, nous en rajouterions encore ? Vraiment, c'est pathétique. En fait, si les enseignants font régulièrement grève depuis 2003, c'est peut-être aussi parce qu'il y a des problèmes dans notre administration, que les ministres successifs se sont régulièrement évertués à aggraver, sur l'autel de la réduction budgétaire.

Pour poursuivre le raisonnement de Darcos, ces grèves répétitives et régulières n'ont aucune importance, et après tout, pourquoi s'en soucier ? On se demande presque pourquoi on en fait un tel foin. Le gouvernement essaie pourtant systématiquement de minimiser l'impact de nos mouvements. Le service minimum, sous couvert de favoriser les parents, a aussi pour but de rendre moins visibles nos actions dans le primaire.

Ce matin, Darcos a annoncé des chiffres très réduits de grévistes (environ 20%). Comment corréler ce chiffre avec le grand nombre de manifestants et le vide de certains établissements ? En fait, tout vient d'un usage des statistiques.

Dans l'Académie de Créteil, le système est d'une simplicité exemplaire. Le Recteur demande aux chefs d'établissement de communiquer leurs chiffres de grève très tôt le matin, avant 9h30. Ainsi, les chefs d'établissement, qui n'ont pas le droit de faire de pointages préventifs, doivent savoir à 9h30 qui sont les profs qui seront en grève, alors que certains commencent plus tard. Si j'entame à 14h00, je ne serai donc pas compté dans le pointage de la grève du jour. Et encore, il faut qu'ils aient eu le temps de le faire. Ensuite, le rectorat compare le chiffre de 9h30 avec le nombre de professeurs et de CPE affectés dans l'établissement. Or, il y a toujours une partie des profs qui ne travaillent pas : par exemple, sur mon bahut dit difficile, 20% des profs ne travaillent pas le jeudi, mais, comme ils sont censés se déclarer et qu'ils ne le font pas pour ne pas perdre inutilement une journée de salaire, ils sont comptés quand même comme travaillant. Donc, le recteur donne un chiffre de grève qui est faussé par toute une série de facteurs.

Bon, très étrangement, le rectorat réclame le noms des autres grévistes quelques jours plus tard, parce qu'il va bien falloir défalquer la journée de grève, ce qui fait que le ministère connaît forcément les vrais chiffres de grève, mais quelques jours plus tard.

Ce que je voulais te dire, cher lecteur, c'est qu'on peut se demander pourquoi le ministère s'évertue à minorer ainsi le nombre de grévistes. Que craint-il ? Pourquoi ne pas simplement nous laisser nous planter et nous humilier devant les Français, si nous avons simplement une culture de la grève sans rapport avec la réalité ? Je te laisse, cher lecteur, avec cette étonnante question...

mercredi 19 novembre 2008

Comment sont évalués les enseignants du second degré ?

Pour faire suite au message d'hier, j'aimerai aborder avec toi, cher lecteur, la manière dont les enseignants sont évalués. En effet, nous avons souvent été taxés de rejeter toutes les manières que l'on pourrait mettre en place pour former correctement nos élèves, voire pour travailler mieux, faire de bons cours et amener un maximum d'élèves jusqu'au bac. Cette question semble assez simple : mesurons les caractéristiques du travail des profs, voyons ceux qui y arrivent le mieux, et on pourra les payer au mérite et gérer leurs progressions de carrière de cette manière-là, théoriquement plus motivante.

Le problème, quand je me penche sur cette question, c'est que je ne sais pas moi-même réellement comment on peut mesurer la qualité du travail d'un prof. Le résultat de notre travail devrait être la satisfaction de nos élèves. Or, à leurs âges, ils sont totalement incapables de juger de la qualité de notre action. Sans doute faut-il attendre une certaine maturité de l'ancien élève, pour estimer de la qualité d'un enseignant. De plus, les choses bougent avec le temps : personnellement, je trouvais sans doute merveilleux des enseignants, étant gamin, que je juge nettement moins bon maintenant que je suis adulte et que j'ai accumulé ma propre expérience professionnelle.

Certains ont imaginé évaluer les enseignants aux résultats aux examens. Cependant, ceux-ci sont tellement conditionnés par une multitude de facteurs qu'il est totalement impossible de dire quelle est la part de chaque enseignant dans la réussite comme dans l'échec d'un élève. Cela est la même chose pour la vie d'un adulte : comment estimer l'impact que j'aurai sur le futur de mes élèves actuels ? Potentiellement, les deux-tiers m'auront totalement oublié dans 10 ans, et le tiers restant n'aura de moi qu'un vague souvenir. Je ne retiens de ma propre scolarité que quelques noms, et quelques visages.

"Es-tu en train de nous dire, privilégié, qu'on ne peut pas évaluer les profs et qu'il faut donc te laisser faire ce que tu veux sans contrôler l'argent avec lequel on te salarie ?" C'est ce à quoi tu penses, cher lecteur. La réponse est non. Je suis juste en train de te dire que je ne sais pas comment faire moi-même pour imaginer un système permettant de mesurer la valeur réelle d'un professeur, autrement que par des critères assez subjectifs...

L'administration est pourtant bien obligée de trouver quelque chose. Normalement, tous les fonctionnaires sont notés par leur supérieur hiérarchique, avec une note sur 20 points. Moi, mon responsable hiérarchique est un proviseur. Il évalue que je respecte bien mes obligations de service, fixées à la fois par le statut du fonctionnaire d'État (1983) et par le statut des enseignants de 1950, mais se prononce aussi sur des aspects assez subjectifs comme l'autorité sur les élèves par exemple. Il note chaque agent une fois par an et doit pouvoir justifier de sa note. Si un enseignant la conteste, il peut d'abord faire un recours auprès du chef, et si cela ne passe pas, s'adresser au recteur. En cas de rejet, il restera toujours le tribunal administratif.

Reste que le proviseur ne peut pas évaluer une part importante du travail de l'enseignant : la qualité des cours. Si le proviseur est un ancien prof lui-même, il a enseigné une discipline en particulier, et ne peut donc aller voir si un cours d'une autre matière correspond à ce qu'il faut faire. En plus, il est débordé et n'a pas le temps de s'actualiser au niveau disciplinaire. L'Education nationale a donc institué un autre corps d'évaluateurs, les inspecteurs, qui eux ont en charge de vérifier la qualité pédagogique de notre travail. Ils viennent normalement assez régulièrement assister à une leçon. Nous sommes prévenus de leurs venues au moins quelques jours à l'avance.

Ainsi, l'enseignant est noté sur 100 points : 40 sont attribués par le proviseur (ou le principal en collège) et 60 par l'inspecteur de la discipline. Cependant, la note est contingentée en fonction de l'ancienneté des profs, pour éviter l'arbitraire et empêcher que les profs très bons mais anciens aient le même salaire que les très bons mais tout jeune, vu que les salaires ne sont pas librement fixés par l'employeur, pour éviter l'arbitraire du politique. Un enseignant très bien noté fera l'ensemble de la grille salariale en 20 ans, un mal noté en 30 (ce qui correspond, en bout de course, à un différentiel tout de même assez notable).

Ce système assez complexe vise à protéger les profs de l'arbitraire du politique, à garantir que nous soyons principalement évalués sur nos aspects pédagogiques et à mettre en place un système d'ancienneté qui est finalement le seul qui reste totalement imparable politiquement.

Ce système ne satisfait pas grand-monde pourtant. Il frustre les collègues qui bossent beaucoup et qui aimeraient progresser plus vite, il dysfonctionne beaucoup car les inspecteurs sont peu nombreux et passent rarement voir les profs, nous laissant durant de longues périodes sans aucun conseil et risquant de nous faire stagner professionnellement alors qu'on bosse convenablement. Cependant, on a toujours pas trouvé mieux dans une fonction non-productive comme la nôtre mais où le politique a une influence non-négligeable...

Je sais que j'ai été très didactique, cher lecteur, mais je voulais que tu comprennes bien le système. Je te laisse maintenant la possibilité de m'interroger pour compléter et de faire toutes les remarques que tu souhaites.

mardi 18 novembre 2008

Les enseignants à nouveau en grève le 20 novembre 2008.

Et c'est reparti. Pendant que le PS s'enfonce dans la crise, une nouvelle fois, les enseignants descendent dans la rue. Sauf que cette fois-ci, le mouvement s'annonce beaucoup plus massif que le 7 octobre. Il semble que 80% des écoles primaires du 93 vont être fermées. Il va concerner à la fois le secondaire, le primaire, les parents d'élèves, les lycéens, les étudiants et les professeurs d'université.

M'exprimer sur les causes de cette nouvelle grève est complexe. Je pourrais te raconter les fondements des réformes de Darcos au niveau technique : je suis assez au point sur la réforme des lycées, et je pourrais tenter, dans un billet très long et compliqué, de te raconter ce que cette réforme va changer quotidiennement dans notre travail. Je peux juste conclure qu'elle va amener à de nombreuses suppressions de postes de profs, et qu'elle porte en elle la remise en cause du baccalauréat national, anonyme et égalitaire pour tous les citoyens.

Le mouvement est aussi animé par la remise en cause du paritarisme, caractéristique de notre fonction publique. Certes, les affidés de l'UMP vont sans doute se féliciter du coup de pied donné par notre gouvernement aux ignobles syndicats truffés de gauchistes réactionnaires, Darcos ne cessant d'employer cette rhétorique pour fédérer son électorat contre nous. Cependant, dans la fonction publique, les syndicats jouent un rôle de tampon, évitent de nombreuses erreurs dans les mutations, les notations et les promotions, qui provoqueraient une multitude de procès au tribunal administratif, très coûteux pour l'État à terme. Je ne comprends toujours pas pourquoi, dans notre pays, les élites s'évertuent à considérer les syndicats comme des ennemis à briser, alors qu'ils ont des rôles bien plus importants que simplement déclencher une grève une fois de temps en temps. Si les commissions paritaires sont supprimées, l'administration va devoir embaucher massivement pour faire un travail qui était fait quasiment gratuitement par les syndicalistes.

Enfin, bon, je m'égare... Si tu veux en savoir plus, cher lecteur, dis-le dans les commentaires et je ferai des billets. Si tu veux venir manifester, rendez-vous, pour le cortège parisien, à 14h30 jeudi à Luxembourg.

P.S. : tiens, Manuel, dans ma vision d'une société idéale, le citoyen doit participer et s'exprimer quand il est en désaccord avec quelque chose...

lundi 17 novembre 2008

Pour travailler sur le programme de la gauche, n'ayons pas peur de revenir sur les services publics.

Quelques commentaires, assez critiques finalement, reçus lors de mon billet d'hier m'amènent à me positionner un peu mieux que lorsque je m'énerve. Car hier, il faut quand même le dire, cher lecteur, j'étais quelque peu énervé.

Lors de la conférence à laquelle j'ai assisté aux Lilas il y a quelques jours, quelques problématiques très intéressantes ont été soulevées par Gérard Aschieri concernant les services publics. Certes, le leader de la FSU n'est pas un grand orateur, il n'enflamme pas les foules et ne suscite pas, lorsqu'il a l'occasion d'apparaître dans les médias, une grande passion, même chez moi. Pourtant, c'est à l'évidence un intellectuel qui a du fond, et qui mérite que l'on se penche sur son discours.

La conférence visait à se poser la question des services publics, et posaient des problématiques qui m'ont vraiment questionnées, autant en tant que citoyen qu'en tant qu'enseignant et que blogueur politique. Elles concernaient la manière dont la gauche devait à nouveau se saisir de la question des services publics pour rénover son discours et combattre la notion d'individualisme soulevée autant par les libéraux que par la droite gaulliste plus interventionniste.

Je me permets, cher lecteur, de te poser ces questions. Je ne vais pas rediscuter ici de la légitimité d'avoir des services publics autre que l'armée, la police et la justice. C'est ma conviction, et la crise en cours la renforce d'autant plus. J'en ferai peut-être des billets prochainement, mais pas aujourd'hui.

La première concernait le champ d'extension des services publics (SP). Les intervenants ont posé comme préalable que les membres du PS avaient accepté l'idée de concurrence et de remise en cause des SP depuis 1983. Pour rebondir, il faudrait, sans tabou aucun, accepter de débattre de ce qui doit être du champ du public et de ce qui doit être du champ du privé. Aschieri a suggéré que tout ce qui permettait une amélioration du développement de notre société (les composantes de l'IDH en somme), et tout ce qui avait des coûts fixes insupportables par le marché pouvait tomber dans les SP. Cependant, les interlocuteurs étaient aussi d'accord qu'il fallait se garder de tout dogme, chaque pays et chaque société ayant des traditions différentes. Dans d'autres États, l'eau est un SP alors que l'éducation n'en est pas. Ne soyons pas dogmatique.

La deuxième questionnait la salle sur la question de l'efficacité des SP. Nous étions tous d'accord que les SP marchaient souvent mal aujourd'hui, à la fois par manque de direction politique, par manque de moyens financiers et par manque d'investissement des citoyens dans leurs marches. Aujourd'hui, la gauche devrait présenter des politiques ambitieuses pour les SP, rendant la question des coûts accessoire : si le SP est bon, l'argument individualiste, vu son coût moindre et plus également réparti par le couple impôt-redevance, n'aurait plus réellement de sens.

La troisième visait à s'interroger sur la position des employés du SP. Évidemment, Aschieri, en bon syndicaliste, s'opposait à la remise en cause de la notion de fonctionnaire, du fait de la nécessaire protection du politique que nous devons avoir. Par contre, il a mis en valeur le fait que le SP devait être au service des citoyens, et non pas des consommateurs, et que les fonctionnaires ne devaient pas être considérés par les autres citoyens comme des gens inaccessibles et indiscutables. Il n'a pas réellement expliqué comment sortir de cette ornière, mais le débat mérite d'être posé. Je suis par exemple persuadé que les mauvais enseignants, s'ils sont difficilement ennuyés par la hiérarchie, sont tous les jours matraqués par les... élèves, bien plus impitoyables que le pire des inspecteurs...

Voilà quelques thèmes de réflexion que je soumets à ta sagacité, cher lecteur. N'hésite pas, bien sûr, avec ta bienveillance habituelle, à te positionner dans les commentaires...

P.S. : source de la photographie
ici.

Un nouvel espoir est né : le TSLTPS.

Cher lecteur, avec la brillante Audine, nous venons de fonder un nouveau courant politique à l'intérieur de la gauche, le "Tout Sauf les Libéraux à la Tête du PS". En abréviation, cela fait TSLTPS. Bon, je sais, c'est pas simple, mais on fait ce qu'on peut.

Comme tu as pu le voir ce week-end, le congrès du PS a quand même connu des évolutions nettes. Les militants ont le choix entre trois candidats qui incarnent, contrairement à ce que l'on pourrait croire, trois courants idéologiques distincts :
  1. Ségolène Royal réunit autour d'elle les sociaux-démocrates et les sociaux-libéraux du PS. Même si l'ancienne candidate a dit qu'il s'agissait d'un prétexte, une véritable orientation nouvelle au PS apparaîtrait si Ségolène l'emportait. Si elle gagne, c'est un programme de renoncement aux valeurs traditionnelles de la gauche française qui l'emportera, et cela se matérialisera rapidement par une alliance avec le Modem qui profitera principalement à François Bayrou. Je pense que Ségolène se trompe fondamentalement de stratégie et qu'elle va juste entraîner une radicalisation forte de l'électorat de gauche, qui n'aura plus que le NPA comme échappatoire. Sarkozy s'en frotte déjà les mains.
  2. Martine Aubry incarne, malgré sa personne, le passé du PS. Ancienne ministre de Lionel Jospin, auteure de la très contestée et contestable réforme des 35 heures, elle fait partie de ceux, selon moi, qui ont participé au naufrage de 2002. Elle possède un certain charisme et une constance idéologique plus forte que la précédente, mais elle a aussi fait alliance avec le Modem à Lille. Pour moi, elle ne peut donc être le bon choix.
  3. Reste Benoît Hamon. Il est bien entouré, a un vrai programme (qui l'a d'ailleurs emporté dans les discours à Reims) et pense que c'est à gauche que le PS se refera. Si j'étais militant, je voterais pour lui.
Cependant, cher lecteur, tu l'auras compris, je ne le suis pas. Le TSLTPS n'a pas vocation, de toute façon, à recommander un candidat. Il propose de mener une véritable réflexion sur les idées de gauche, de faire des propositions, de revisiter notre corpus idéologique autant que possible, de mettre toutes les questions dans la balance, mais il refuse tout renoncement à ce que sont les fondements de la gauche française. En France, le libéralisme existe à gauche, mais dans sa vision politique et dans la vision sociétale, pour permettre un relâchement du contrôle des élites sur la vie sociale. Par contre, la gauche française a toujours, globalement, défendu le fait que la liberté en économie était une idée permettant à nos élites de maintenir leurs positions dirigeantes sur la masse de la population. Revenir là-dessus serait, vu le contexte, un drame énorme.


Cher lecteur, je n'ai rien contre les libéraux. Je discute souvent avec eux, je pense qu'ils ont leur place dans notre démocratie, et je suis très ouvert à leur égard. Cependant, ils ont leurs courants et leurs partis politiques (que ce soit le Modem, Alternative libérale ou l'UMP). Leur permettre de diriger le PS serait renoncer à faire de notre société une société plus juste socialement. J'espère, cher militant du PS, que tu entendras cet appel.


P.S. : si tu es blogueur et que tu souhaites nous rejoindre dans le TSLTPS, fait un billet pour le proclamer. Plus nous serons nombreux, plus notre message portera.

dimanche 16 novembre 2008

Suivons le Congrès de Reims avec les leftblogs.

Je ne sais pas si tu t'en aies rendu compte, cher lecteur, mais le congrès du PS bat son plein. Les médias nous abreuvent d'informations à ce sujet. On peut suivre toute les circonvolutions des différents signataires des différentes motions, quasiment minute par minute. Certains comparent ce congrès à celui de 1979, qui avait vu Mitterrand, pourtant minoritaire, l'emporter sur Michel Rocard. Pourtant, ce suractivisme des médias et cette instantanéité de l'information changent sans doute beaucoup le comportement de nos politiciens.

Parmi les multiples initiatives, je ne peux que te conseiller de suivre avec attention le site des leftblogs. Plusieurs d'entre eux sont à Reims et suivent le congrès en direct, dont des blogueurs comme Dagrouik ou Sauce. L'initiative et la manière de fonctionner sont vraiment intéressantes. Ces auteurs ne sont liés à aucun média. J'ignore comment ils ont financé tout cela, mais ils apportent une vision individuelle et décalée des choses. Leurs billets et leurs vidéos ne manquent pas d'intérêt.

Cependant, cette expérience pose des questions. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, cela a déjà été fait à échelle beaucoup plus grande, lors de la Convention démocrate. Obama avait fait le pari de mobiliser un grand nombre de blogueurs parmi les plus connus, autant pour contourner les médias traditionnels, parfois pro-républicains, que pour amplifier sur le web l'impact de sa campagne. Evidemment, les blogs français n'ont pas le même impact. Certes, Nicolas, le numéro 1 de la blogosphère politique française, annonçait presque 14 000 visites par mois, mais les écarts sont larges. Moi qui suit 64e, j'en ai sept fois moins. De plus, les visites ne sont pas forcément une réalité du nombre de visiteurs. En clair, je ne crois pas que, malgré l'impact sur une toute petite sphère, les leftblogs puissent réellement changer quelque chose à la couverture de cet événement politique.

Malgré tout, cela me pose quelques questions. Je ne te cacherai pas que j'envie ces blogueurs, et j'espère que j'aurai un jour l'occasion de faire des trucs pareils. Pourtant, je serai vraiment intéressé par un retour d'expérience de nos leftblogueurs. Voici mes interrogations du moment :
  • La plupart des membres de cette équipe est composée de militants du PS. Parfois, ils expriment dans leurs billets leurs connaissances très fortes de la sphère militante. Il est dommage que le PS n'ait pas mobilisé des blogueurs influents d'autres mouvances de la gauche, des non-militants et même peut-être quelques blogueurs de droite et du centre. Je sais que ce congrès est un moment difficile pour le PS, mais cela aurait pu être aussi une démonstration d'une certaine confiance politique. Pourquoi ne pas avoir convié quelques membres du réseau Kiwis ou de LHC ?
  • Je sais que ces blogueurs sont des gens honnêtes, car j'en ai rencontré certains, et je suis sûr de leur engagement. Cependant, peuvent-ils, avec leurs moyens, avoir la même capacité d'information que les médias classiques ? J'aimerai bien savoir ce qu'ils en pensent.
  • Finalement, cette expérience n'est-elle pas simplement l'occasion de lire de bons billets de blogueurs inspirés, et pas du tout un moyen de contourner la sphère médiatique ?
Maintenant que ces questions ont été posées, je retourne lire les leftblogs, et j'attends avec grand intérêt l'évolution de ce congrès, décidément de plus en plus confus.

samedi 15 novembre 2008

Encore une chaîne... Bon, cette fois, c'est la dernière avant un moment.

Le libéral mais non moins sympathique Rubin m'a tagué dans une chaîne. Je dois bien dire que les questions ne m'ont pas beaucoup inspiré. Cependant, voici quelques réponses, cher lecteur.


1. Quel thème généralement peu évoqué, ou selon vous traité avec légèreté, aimeriez-vous voir occuper une place plus importante dans la vie intellectuelle, politique et médiatique ?

Franchement, cher lecteur, je ne sais pas vraiment. Il y a une multitude de thèmes que j'aimerai voir abordés. Bien sûr, l'éducation, avec tous les clichés que les médias véhiculent chaque jour, mériterait un traitement bien meilleur. Je trouve aussi que l'économie aurait besoin d'être moins orienté idéologiquement dans la sphère médiatique, au lieu d'être traité avec des "c'est de bon sens" ou des "tout le monde en est convaincu".


2. Inversement, quel sujet fétiche des médias, "nouveaux" et/ou "anciens", trouvez-vous futile ou superficiel au point de ne mériter qu'une faible part de l'attention qu'on lui porte ?

Les faits divers, sauf s'ils sont en lien avec notre vie politique, devraient être exclus des médias de masse. De même, tout le côté bling-bling de la politique actuelle est difficile à supporter.

3. Quelle pratique d'ordre public ou privé, largement autorisée par la loi, vous semble nocive au point de devoir faire l'objet d'une interdiction ou d'une réglementation sévères sans plus tarder ?

J'interdirais le libéralisme... Non, je rigole ! Je ne sais pas vraiment répondre à cette question. Pour moi, l'interdit ne doit viser que des pratiques qui menacent la liberté, la sécurité et la vie d'autrui. A partir de cette limite, chacun fait ce qu'il veut dans la limite des décisions démocratiques prises par la collectivité.

4. Inversement à nouveau, quelle interdiction ou contrainte apposée à un comportement privé ou public vous apparaît si injustifiée qu'elle devrait être levée aussi vite que possible ?

Tout ce qui concerne les moeurs individuels et dans lequel l'Etat ne devrait pas intervenir : les limitations à la vie sexuelle des individus, l'interdiction de la consommation des drogues qui ne mettent pas en danger les autres individus...

5. Enfin, quel événement contemporain a, selon vous, le plus façonné ou modifié vos opinions politiques ?

La chute du bloc soviétique (je sais, j'étais jeune, mais cela m'a marqué), moment qui aurait dû initier la refondation de la gauche, mais on attend toujours.

Bon, maintenant, il faut que je tague quatre valeureuses personnes pour se démener avec ce questionnaire. Alors, je désigne Marie-Georges Profonde, Mtislav (ça lui apprendra à taguer mon blog), Gaël et la Pire Racaille. J'espère que les questions de Rubin vous inspireront davantage...

vendredi 14 novembre 2008

Parfois, même un privilégié n'a pas le temps...

Aujourd'hui, je sais que cela va peut-être te surprendre, cher lecteur, mais malgré ma condition de privilégié, j'ai été totalement incapable de prendre le temps de rédiger un article convenable. Désolé, Rubin, je répondrai à ta chaîne demain ou samedi, et je vais le faire, promis.

En rentrant chez moi tard ce soir, j'ai découvert avec étonnement que le maire de la ville de Pantin, ou j'ai passé ma jeunesse, Bertrand Kern, m'avait mis en ami sur Facebook. Étrange...

Je n'ai pourtant pas laissé mon mail à la section socialiste de Pantin, mais à celle des Lilas, à cause de la conférence où je me suis rendu hier. La discussion qui a eu lieu m'a d'ailleurs donné matière à plusieurs billets, mais je n'ai pas eu le temps de transformer l'essai pour le moment.

En attendant que je puisse m'y mettre, cher lecteur, je te conseille d'aller ici pour partager avec Fabrice le retour de Noir Désir.

mercredi 12 novembre 2008

Comment je vois l'Europe de 2020...

Le redoutable Mtislav m'a linké dans une chaîne hier, pour savoir comment j'amerais voir l'Europe en 2020. Pour cela, il faut que je mette en avant quatre axes ou projets, et que je tague ensuite quatre gugusses pour faire la même chose. C'est ce qu'on appelle, dans la blogosphère, une chaîne...

Bizarrement, l'Europe est un sujet qui m'intéresse vraiment. J'attends avec impatience (je dois être un des seuls) la campagne des élections européennes de 2009. Alors, voici quatre idées que je pense primordiales. Elles ne vont pas forcément être différentes de celles que d'autres ont déjà évoquées, mais bon, faut se plier à la règle. Alors, pour moi, l'Europe de 2020 devrait... :
  1. être dotée d'institutions réellement démocratiques. Pour cela, le Parlement devrait seul avoir le pouvoir législatif, la commission ne devrait plus exister mais être remplacée par un gouvernement européen issu de la majorité parlementaire et responsable devant elle, avec des ministres connus des citoyens et ayant des tâches limités à ce que les citoyens des États ont bien voulu transférer pour une gestion commune. Tout cela devrait avoir une constitution qui fixe le fonctionnement politique de l'Union et se limite à cela.
  2. ne devoir s'occuper que de domaines qui lui sont effectivement confiés par les citoyens, et non par quelques gouvernants, à la fin d'un somment de 12 heures, sur un coin de table après le dessert et la poire. Pour cela, toute transmission de pouvoir à l'Europe devrait se faire par référendum tenu dans tous les pays le même jour et avec une campagne européenne. De même, des États pourraient demander qu'un domaine soit restitué, mais uniquement avec un vote populaire dans l'autre sens.
  3. avoir pour objectif d'amener l'ensemble du continent à un niveau de développement élevé, en menant des politiques redistributives spatialement et socialement. L'objectif est que tous les membres, à terme, bénéficient du même niveau de développement que le pays le plus développé de l'Union.
  4. être un modèle de droit démocratique et promouvoir la démocratie envers l'ensemble du monde. En même temps, l'UE devrait renoncer à tout rêve de domination mondiale militaire, trop coûteux, pour se concentrer sur le développement et sur le bonheur de ses habitants. L'UE, comme preuve de sa force, ne peut que pratiquer une politique de frontières ouvertes.
Voilà quelques vagues idées, mais ce sont des grands principes. Mtislav ne demandait pas non plus des projets précis avec moults détails.

Bon, maintenant, il faut que je tague quatre personnes. Je vais d'abord désigner Fabrice et Manuel, qui n'écrivent pas beaucoup en ce moment : cela leur donnera un sujet. Ensuite, je vais interroger Charlatan Crépusculaire, un peu absent en ce moment. Pour finir, un blogueur libéral, avec Penthièvre, qui n'a écrit qu'un seul billet depuis qu'il a ouvert son blog, sans doute en manque de sujets.. Au boulot, Messieurs !

mardi 11 novembre 2008

Tiens, les historiens sont encore mêlés à des questions politiques : la commission Kaspi.

Tu as peut-être entendu, cher lecteur, qu'un rapport va être remis mercredi au président de la République par André Kaspi, concernant les commémorations nationales. Actuellement, douze cérémonies nationales se déroulent et couvrent des thèmes divers (abolition de l'esclavage, déportation des juifs, fin des guerres mondiales...) mais seulement trois sont fériées : le 11 novembre, le 8 mai et le 14 juillet. Le rapport, apparemment, préconise qu'on ne maintienne que trois cérémonies nationales (les trois précédemment citées) et de faire des cérémonies de moins grande ampleur pour les autres.

Bizarrement, c'est à des historiens qu'on demande de se positionner pour dire ce qu'ils en pensent. Ce matin, sur France Inter, Pierre Nora a d'ailleurs sorti une énormité, disant qu'à part ces trois cérémonies, les autres concernent plutôt des portions de la communauté nationale. J'étais révolté : dire que la fin de la guerre d'Algérie, l'abolition de l'esclavage ou le Vel. d'hiv. sont des événements qui ne concernent que les groupes qui les ont directement vécus relève du grand n'importe quoi ! En fait, ce matin, les historiens entendus sur les différentes radios avaient une lourde tendance à dire des bêtises.

La raison en est simple : cette question ne concerne pas les historiens. Ceux-ci travaillent sur des sources et se posent des problématiques, ce qui leur permet d'analyser des faits historiques et de les mettre en perspective. Évidemment, les questions que se posent les historiens sont marquées par leur temps, mais cela ne signifie pas qu'elles ne soient pas justifiées. En ce 11 novembre, le retour de la première guerre mondiale dans l'actualité des recherches historiques en est la preuve.

Les commémorations s'appuient sur la mémoire, ce qui est très différent, car on est là dans le subjectif. La mémoire est d'abord nationale, et est entretenu par l'État, mais elle appartient aussi à des groupes, des entreprises, des organisations, des individus. Il est souvent difficile à l'historien de dégager les faits de la mémoire des acteurs, forcément déformée par le temps, les actes des inconscients individuels et collectifs, les améliorations à la réalité apportées par les acteurs... Finalement, c'est au pouvoir politique de se positionner, de consulter les citoyens et de savoir si ces cérémonies ont un sens et quelles sont celles qui restent primordiales.

D'ailleurs, André Kaspi a, d'une certaine façon, botté en touche. En sélectionnant les trois cérémonies qui ne posent pas de vrais débats importants entre les différents courants politiques français, il a tout simplement dit : "le président me demande de faire des choix, je vais prendre le plus simple et éviter de faire des vagues." Je le comprends complètement, et à sa place, si j'avais été nommé en tant qu'historien à la tête de cette commission, j'aurais fait pareil. Maintenant, c'est aux hommes politiques de faire des choix. J'aimerais bien qu'ils aient un peu de courage politique.

Par contre, je dois te dire que je regrette que les historiens se mêlent de ces débats. Nous passons notre temps à demander que les politiques ne prennent pas possession des recherches historiques pour faire des lois mémorielles, et voilà que les meilleurs d'entre nous se collent à ce type d'exercice. Les historiens restent-ils crédibles par ce type de comportement ?

lundi 10 novembre 2008

Les Lilas reçoivent des stars le mercredi 12 novembre !

En ouvrant mon courrier, j'ai découvert une étrangeté : une lettre de la section socialiste des Lilas !

Depuis 2004, j'habite la petite commune des Lilas, en Seine-Saint-Denis. La ville est une vieille terre de la droite républicaine. Depuis 1945, la mairie est tenue par les gaullistes. Mais, en 2001, par un hasard assez étonnant (une triangulaire avec le FN), la ville bascule entre les mains de la gauche plurielle. Pour les gens de gauche du département, il était évident que c'était un hasard dû au rapport de force du moment. Ainsi arrivait à la tête de la mairie une coalition regroupant les Verts, le PCF et le PS, et mené par un jeune maire, Daniel Guiraud.

Lorsque je suis arrivé, j'ai trouvé une ville en plein travaux. De nombreuses surfaces de voirie, des bâtiments scolaires, un parc, des crèches ont été rénovés ou construits. A l'évidence, la ville a changé progressivement de visage, sous l'impulsion d'une équipe municipale jeune, mais aussi des changements de population. A une population mélangeant vieille bourgeoisie aisée et classe ouvrière, succède depuis le début des années 2000 un mélange de classes moyennes et de bobos venus de Paris très proche. Les pauvres sont progressivement poussés vers l'Est de la commune par les évolutions des prix de l'immobilier.

Malgré tout, je pensais que, dès la première municipale, la droite reprendrait son fief. J'aurai dû être marqué par le score de Ségolène Royal dans la commune, celle-ci réalisant un beau 55% au second tour.

Lors des municipales de 2008, la gauche s'est présentée unie, alors que le PS et le PCF s'affrontaient massivement dans le reste du département, face à une droite éclatée et sans leader fort. Avec surprise, le maire sortant l'a emporté dès le premier tour avec un score très important, bénéficiant à la fois des résultats de son action locale, de la vague de la gauche au niveau national, du vote des bobos et des divisions de la droite.

Mais revenons à mon courrier : cette lettre contenait une invitation pour venir assister ce mercredi à une réunion publique intitulée "Défendre les services publics face à la droite, face à la crise : non à la privatisation de la Poste !" La réunion se tiendra à la mairie des Lilas à 20h45, dans la salle des mariages.

J'ai été intriguée par cette invitation tombant en plein pendant la campagne préparatoire au congrès de Reims. La commune des Lilas est située dans la circonscription de Claude Bartolone, fidèle de Laurent Fabius, député depuis 1981 et tout nouveau président du Conseil Général. Les Fabiusiens, en perte de vitesse, essaieraient-ils de dynamiser un peu leurs troupes et de marquer leurs actions sur la commune ? Un peu échaudé et ne voulant pas me retrouver dans une réunion de militants survoltés, j'ai d'abord réagi par un rejet franc de l'invitation.

Et puis, mon attention a été attirée par la liste des deux invités de cette réunion. Certes, Liêm Hoang-Ngoc, professeur à la Sorbonne et auteur de "Vive l'impôt !" en 2007 (un titre qui émoustille déjà les membres du réseau LHC), sera présent. Nous aurons aussi la joie d'avoir aux Lilas, durant cette soirée, le secrétaire de la FSU, Gérard Aschieri. Ce syndicat est important à la Poste, mais il est aussi la première fédération des enseignants.

J'ai donc décidé de m'y rendre, d'abord pour voir à quoi ressemble le PS aux Lilas, mais aussi pour en profiter pour poser quelques questions à ce leader syndical central pour le monde enseignant.

Si tu es prof et que tu lis ce blog, n'hésite pas à m'envoyer des questions par mail ou à m'en laisser en commentaires, j'essaierai de les caser, si l'occasion se présente, bien sûr...

De l'influence des blogueurs sur le Monde...


Je voulais te signaler, cher lecteur, une fois n'est pas coutume, cet excellent article de Nicolas J., auquel je souscris complètement. Les réactions fortes de nos hommes politiques en ce moment sur les blogs, comme je te le disais ici, sont à la fois comiques mais en même temps assez inquiétantes.

Comme je te le signalais ici (et pourtant, je suis dans le wikio), mon audience ne mérite pas qu'on s'inquiète de l'existence de ce blog, malheureusement...

P.S. : source de l'image ci-dessus, symbole de Nicolas, ici.

dimanche 9 novembre 2008

Quel responsable à la situation du PS ? Lionel, bien sûr !

En ce moment, la blogosphère de gauche est émoustillée par le congrès du PS. Il faut dire que la situation, pour tout individu qui s'intéresse un tant soit peu à la politique, relève presque du vaudeville. Le problème, c'est qu'on parle aussi ici de l'avenir des Français. Il n'existe pour le moment pas d'alternative crédible à l'UMP en dehors du PS, et les basses manœuvres politiciennes de Sarkozy le prouvent. Je le déplore régulièrement du fait du ralliement de la plupart des dirigeants du PS au libéralisme, en tout cas partiellement.

J'ai pu découvrir aujourd'hui cet intéressant billet lancé par notre camarade de Peuples.net, visant à réhabiliter l'œuvre de François Hollande à la tête du PS. Il a d'ailleurs immédiatement été repris au vol par Nicolas. Les deux blogueurs s'interrogent finalement sur les responsabilités des leaders divers et variés du PS sur sa triste situation actuelle. Cher lecteur, je vais me démarquer un peu de ces deux-là.

Peut-on imprimer sur Ségolène Royal la marque de la catastrophe socialiste ? A l'évidence, la réponse est non. Certes, je ne suis pas tendre avec Ségolène, mais elle n'est apparue sur le devant de la scène socialiste qu'à la fin de l'année 2006. Comme l'affirme Nicolas, elle a pu émerger grâce à un processus mis en place par la direction du PS, et elle a été, j'en suis convaincue, un choix par défaut de militants désireux d'en finir avec les vieux dirigeants du PS.

Alors, tout serait la faute de François Hollande ? Le premier secrétaire du parti depuis 1997 a eu un poids réel sur l'évolution du mouvement depuis 2002. Se retrouvant dans une situation terrible pour la gauche, Hollande a géré en essayant de faire cohabiter dans le même mouvement une kyrielle de leaders potentiellement présidentiables mais sans réel dominant. Sans doute a-t-il péché par manque de courage politique, tentant toujours de faire les meilleures synthèses sans imprimer de ligne claire au parti, alors qu'à côté, Sarkozy prenait le contrôle de la droite parlementaire et se préparait à massacrer le Front National. Son erreur fondamentale date de 2005 : cette année-là, le référendum européen laisse des blessures profondes à l'intérieur d'un PS qui n'a pas pu percevoir l'opinion réelle des électeurs de gauche. Loin de se remettre en cause, Hollande enterre les dissensions et les laisse pourrir. Elles sont latentes pourtant et minent à mon avis ce grand parti. Le départ de Mélenchon les révèle un peu plus.

Pourtant, si Hollande a pu mener ces stratégies, c'est bien qu'il a eu le soutien des leaders des différents courants, désireux de s'affronter mais conscients de la nécessité de faire front commun face à la droite. Bloqué ainsi, les dirigeants ont trop attendu, se sont faits doubler par les militants qui ont choisi la seule nouveauté qu'ils ont pu trouver : Ségolène Royal. Je rejoins ainsi pleinement Le Coucou sur cette opinion.

Alors, voici quelques responsabilités mineures, cher lecteur. Tu vas croire que j'essaie de dédouaner tous les leaders du PS de leurs torts. Eh non, dans mon esprit, un chef socialiste résiste encore et toujours à ma grande magnanimité : il s'agit de Lionel Jospin.

Lionel ? Et pourquoi Lionel ? Souviens-toi, cher lecteur, du 21 avril 2002. Ce soir-là, la gauche vient de prendre, contre toute attente, l'une des claques électorales les plus graves de son histoire. Alors que Jospin avait été plutôt populaire, voilà qu'on se retrouve avec un 16% ridicule, et exclu du second tour de la présidentielle. En plus, on a l'horreur de découvrir que Jean-Marie Le Pen occupe la seconde place et va affronter Jacques Chirac au second tour. Là, on cherche un peu de réconfort, on espère que le chef de la gauche va prendre ses responsabilités, nous dire qu'il est là, qu'il va se battre contre l'extrême-droite pour le moment puis préparer sa succession pour que la gauche reparte du bon pied.

Et là, Jospin fait une faute monumentale : il s'enfuit, il abandonne, il nous laisse tomber. Voilà les coqs du PS face à face, sans leader dominant, et refusant de s'affronter. Merci, Lionel !

P.S. : Un collègue m'a affirmée que le PS avait fait une faute grave en appelant à voter Chirac au second tour en 2002, car il avait laissé la porte ouverte à Chirac pour faire n'importe quoi et s'était décrédibilisé. Il aurait fallu laisser la droite chasser Le Pen. J'admets que l'idée m'a troublé, sans parvenir à ébranler ma certitude que voter Chirac était douloureux mais nécessaire. Je laisse cependant cette opinion, cher lecteur, à ta sagacité...

La publicité dans le métro, une agression contre les libertés individuelles.

Cher lecteur, comme tout bon habitant de la proche banlieue parisienne, j'ai la joie et le bonheur d'être un usager du système de transport public parisien. Souvent, les transports en commun sont pénibles à supporter, par leurs lenteurs, les structures parfois mal fichues du réseau qui t'empêchent de te rendre là où tu veux en moins d'une heure, les pannes récurrentes sur certaines lignes de RER. A chaque fois que je me rend en province, je me dis que les habitants des autres villes comme Lyon, Marseille ou Nantes s'en sortent mieux. Malgré tout, les transports marchent assez bien à Paris, sont peu sujets aux incidents dans la majorité des cas et sont finalement peu coûteux.

Pourtant, cher lecteur, je dois te dire qu'il y a une chose qui m'insupporte vraiment dans le métro : la publicité. Je sais que vu les réductions régulières de financement public, la RATP et la SNCF cherchent des moyens qui n'obligent pas à répercuter les coûts de fonctionnement et des investissements sur les usagers. Donc, la publicité s'étale sur les murs du métro, mais aussi à l'intérieur des wagons.

Je trouve le procédé très discutable car les usagers sont soumis à la publicité de manière obligatoire. En effet, pour se rendre dans certains endroits, l'usage des transports est une nécessité. Nous sommes donc totalement captifs de la RATP et de la SNCF. La publicité, dans ce cas, nous est totalement imposée, à moins de s'obliger à fermer les yeux. Machinalement, lorsque tu es dans ton wagon, tu lis les panneaux, même si tu t'en fiches complètement. C'est pareil en voiture ou à pied, lorsque des affiches sont placardées dans les rues.

Là-dessus, j'aurai une tendance, cher lecteur, à être assez radical : je serai pour une interdiction de la publicité dans les espaces publics. La publicité n'informe sur rien, transforme la réalité et utilise des processus de manipulation pour jouer sur nous. Elle participe à la folie consumériste qui mine nos sociétés. Par contre, dans les médias, c'est différent, car nous faisons le choix d'allumer nos radios, nos télévisions, d'ouvrir nos journaux. Personnellement, j'achète sans me poser de questions des journaux comme le Canard Enchaîné, sans publicité, et j'écoute avec bien plus de plaisir les radios du service public, sans trop de publicités.

D'ailleurs, je constate que les dégradations de publicités sont de plus en plus fréquentes dans le métro. Elles prennent la forme de tags, de réflexions courtes ou longues, de déchirures des affiches, de crachats. Est-ce un signe que nos concitoyens expriment un ras-le-bol ? Pour certains de mes contradicteurs, il s'agit de dégradations de même type que les destructions des fauteuils, mais, si c'était le cas, les phrases seraient marquées partout. Il en serait de même des crachats. D'ailleurs, les attaques ne visent pas toutes les pubs, de manière bizarre d'ailleurs. Les campagnes des associations ne sont pas touchées, alors qu'elles m'agacent tout autant.

Autrefois, j'avais pris position pour la gratuité des transports en commun régionaux, histoire de participer à la lutte contre la pollution. La publicité aurait pu être un moyen de compenser vu les sommes folles qu'engloutissent les entreprises là-dedans mais les usagers doivent pouvoir garder la liberté de ne pas être soumis à la publicité en permanence. Comment faire alors ? Il y a une multitude de solutions : utilisation de la fiscalité, prise en charge des investissements entièrement par la puissance publique, réorientation des taxes sur l'essence vers les transports non-polluants...

Hier, à la station Belleville, j'ai pu voir à nouveau des affiches arrachées. Là, des SDF s'en servaient comme d'un matelas pour pouvoir dormir. Enfin des publicités qui servent à quelque chose !

Xavier Darcos veut se doter de grandes oreilles !

Tiens, c'est marrant : j'apprends ce soir grâce à Sarkofrance que Darcos a lancé un appel d'offre pour mettre en place une cellule chargée de surveiller les blogs des enseignants !

Eh bien, je ne me pensais pas aussi influent que ça. En tout cas, Xavier, je suis là, tu pourras sans doute me localiser assez facilement en plus. Sache que je serai heureux que tu lises mon blog, tu y apprendras plein de choses.

Ce qui m'étonne plus encore, c'est que nos dirigeants perdent leur temps à ce genre de conneries ! Franchement, Xavier, tu ferais mieux de nous sortir ta réforme des lycées qu'on est censé appliquer à la rentrée qui vient et dont on ne sait encore absolument rien.

Tiens, je vais même t'aider : tu trouveras d'autres privilégiés dans la blogroll. Comme cela, tu n'auras pas besoin de gaspiller nos deniers pour ces bêtises et tu pourras peut-être t'occuper d'éducation.