En ce moment, la blogosphère de gauche est émoustillée par le congrès du PS. Il faut dire que la situation, pour tout individu qui s'intéresse un tant soit peu à la politique, relève presque du vaudeville. Le problème, c'est qu'on parle aussi ici de l'avenir des Français. Il n'existe pour le moment pas d'alternative crédible à l'UMP en dehors du PS, et les basses manœuvres politiciennes de Sarkozy le prouvent. Je le déplore régulièrement du fait du ralliement de la plupart des dirigeants du PS au libéralisme, en tout cas partiellement.
J'ai pu découvrir aujourd'hui cet intéressant billet lancé par notre camarade de Peuples.net, visant à réhabiliter l'œuvre de François Hollande à la tête du PS. Il a d'ailleurs immédiatement été repris au vol par Nicolas. Les deux blogueurs s'interrogent finalement sur les responsabilités des leaders divers et variés du PS sur sa triste situation actuelle. Cher lecteur, je vais me démarquer un peu de ces deux-là.
Peut-on imprimer sur Ségolène Royal la marque de la catastrophe socialiste ? A l'évidence, la réponse est non. Certes, je ne suis pas tendre avec Ségolène, mais elle n'est apparue sur le devant de la scène socialiste qu'à la fin de l'année 2006. Comme l'affirme Nicolas, elle a pu émerger grâce à un processus mis en place par la direction du PS, et elle a été, j'en suis convaincue, un choix par défaut de militants désireux d'en finir avec les vieux dirigeants du PS.
Alors, tout serait la faute de François Hollande ? Le premier secrétaire du parti depuis 1997 a eu un poids réel sur l'évolution du mouvement depuis 2002. Se retrouvant dans une situation terrible pour la gauche, Hollande a géré en essayant de faire cohabiter dans le même mouvement une kyrielle de leaders potentiellement présidentiables mais sans réel dominant. Sans doute a-t-il péché par manque de courage politique, tentant toujours de faire les meilleures synthèses sans imprimer de ligne claire au parti, alors qu'à côté, Sarkozy prenait le contrôle de la droite parlementaire et se préparait à massacrer le Front National. Son erreur fondamentale date de 2005 : cette année-là, le référendum européen laisse des blessures profondes à l'intérieur d'un PS qui n'a pas pu percevoir l'opinion réelle des électeurs de gauche. Loin de se remettre en cause, Hollande enterre les dissensions et les laisse pourrir. Elles sont latentes pourtant et minent à mon avis ce grand parti. Le départ de Mélenchon les révèle un peu plus.
Pourtant, si Hollande a pu mener ces stratégies, c'est bien qu'il a eu le soutien des leaders des différents courants, désireux de s'affronter mais conscients de la nécessité de faire front commun face à la droite. Bloqué ainsi, les dirigeants ont trop attendu, se sont faits doubler par les militants qui ont choisi la seule nouveauté qu'ils ont pu trouver : Ségolène Royal. Je rejoins ainsi pleinement Le Coucou sur cette opinion.
Alors, voici quelques responsabilités mineures, cher lecteur. Tu vas croire que j'essaie de dédouaner tous les leaders du PS de leurs torts. Eh non, dans mon esprit, un chef socialiste résiste encore et toujours à ma grande magnanimité : il s'agit de Lionel Jospin.
Lionel ? Et pourquoi Lionel ? Souviens-toi, cher lecteur, du 21 avril 2002. Ce soir-là, la gauche vient de prendre, contre toute attente, l'une des claques électorales les plus graves de son histoire. Alors que Jospin avait été plutôt populaire, voilà qu'on se retrouve avec un 16% ridicule, et exclu du second tour de la présidentielle. En plus, on a l'horreur de découvrir que Jean-Marie Le Pen occupe la seconde place et va affronter Jacques Chirac au second tour. Là, on cherche un peu de réconfort, on espère que le chef de la gauche va prendre ses responsabilités, nous dire qu'il est là, qu'il va se battre contre l'extrême-droite pour le moment puis préparer sa succession pour que la gauche reparte du bon pied.
Et là, Jospin fait une faute monumentale : il s'enfuit, il abandonne, il nous laisse tomber. Voilà les coqs du PS face à face, sans leader dominant, et refusant de s'affronter. Merci, Lionel !
P.S. : Un collègue m'a affirmée que le PS avait fait une faute grave en appelant à voter Chirac au second tour en 2002, car il avait laissé la porte ouverte à Chirac pour faire n'importe quoi et s'était décrédibilisé. Il aurait fallu laisser la droite chasser Le Pen. J'admets que l'idée m'a troublé, sans parvenir à ébranler ma certitude que voter Chirac était douloureux mais nécessaire. Je laisse cependant cette opinion, cher lecteur, à ta sagacité...
J'ai pu découvrir aujourd'hui cet intéressant billet lancé par notre camarade de Peuples.net, visant à réhabiliter l'œuvre de François Hollande à la tête du PS. Il a d'ailleurs immédiatement été repris au vol par Nicolas. Les deux blogueurs s'interrogent finalement sur les responsabilités des leaders divers et variés du PS sur sa triste situation actuelle. Cher lecteur, je vais me démarquer un peu de ces deux-là.
Peut-on imprimer sur Ségolène Royal la marque de la catastrophe socialiste ? A l'évidence, la réponse est non. Certes, je ne suis pas tendre avec Ségolène, mais elle n'est apparue sur le devant de la scène socialiste qu'à la fin de l'année 2006. Comme l'affirme Nicolas, elle a pu émerger grâce à un processus mis en place par la direction du PS, et elle a été, j'en suis convaincue, un choix par défaut de militants désireux d'en finir avec les vieux dirigeants du PS.
Alors, tout serait la faute de François Hollande ? Le premier secrétaire du parti depuis 1997 a eu un poids réel sur l'évolution du mouvement depuis 2002. Se retrouvant dans une situation terrible pour la gauche, Hollande a géré en essayant de faire cohabiter dans le même mouvement une kyrielle de leaders potentiellement présidentiables mais sans réel dominant. Sans doute a-t-il péché par manque de courage politique, tentant toujours de faire les meilleures synthèses sans imprimer de ligne claire au parti, alors qu'à côté, Sarkozy prenait le contrôle de la droite parlementaire et se préparait à massacrer le Front National. Son erreur fondamentale date de 2005 : cette année-là, le référendum européen laisse des blessures profondes à l'intérieur d'un PS qui n'a pas pu percevoir l'opinion réelle des électeurs de gauche. Loin de se remettre en cause, Hollande enterre les dissensions et les laisse pourrir. Elles sont latentes pourtant et minent à mon avis ce grand parti. Le départ de Mélenchon les révèle un peu plus.
Pourtant, si Hollande a pu mener ces stratégies, c'est bien qu'il a eu le soutien des leaders des différents courants, désireux de s'affronter mais conscients de la nécessité de faire front commun face à la droite. Bloqué ainsi, les dirigeants ont trop attendu, se sont faits doubler par les militants qui ont choisi la seule nouveauté qu'ils ont pu trouver : Ségolène Royal. Je rejoins ainsi pleinement Le Coucou sur cette opinion.
Alors, voici quelques responsabilités mineures, cher lecteur. Tu vas croire que j'essaie de dédouaner tous les leaders du PS de leurs torts. Eh non, dans mon esprit, un chef socialiste résiste encore et toujours à ma grande magnanimité : il s'agit de Lionel Jospin.
Lionel ? Et pourquoi Lionel ? Souviens-toi, cher lecteur, du 21 avril 2002. Ce soir-là, la gauche vient de prendre, contre toute attente, l'une des claques électorales les plus graves de son histoire. Alors que Jospin avait été plutôt populaire, voilà qu'on se retrouve avec un 16% ridicule, et exclu du second tour de la présidentielle. En plus, on a l'horreur de découvrir que Jean-Marie Le Pen occupe la seconde place et va affronter Jacques Chirac au second tour. Là, on cherche un peu de réconfort, on espère que le chef de la gauche va prendre ses responsabilités, nous dire qu'il est là, qu'il va se battre contre l'extrême-droite pour le moment puis préparer sa succession pour que la gauche reparte du bon pied.
Et là, Jospin fait une faute monumentale : il s'enfuit, il abandonne, il nous laisse tomber. Voilà les coqs du PS face à face, sans leader dominant, et refusant de s'affronter. Merci, Lionel !
P.S. : Un collègue m'a affirmée que le PS avait fait une faute grave en appelant à voter Chirac au second tour en 2002, car il avait laissé la porte ouverte à Chirac pour faire n'importe quoi et s'était décrédibilisé. Il aurait fallu laisser la droite chasser Le Pen. J'admets que l'idée m'a troublé, sans parvenir à ébranler ma certitude que voter Chirac était douloureux mais nécessaire. Je laisse cependant cette opinion, cher lecteur, à ta sagacité...
Il y a un article fort intéressant dans le Monde Diplo de novembre, qui s'intitule "PS A conresens sur l'autoroute des idées".
RépondreSupprimerL'article explique la déliquescence du PS par leur abandon idéologique des valeurs de gauche comme : le front de classe, la planification, l'autogestion, la rupture avec le capitalisme, et les nationalisations pour les remplacer par des propositions qui deviennent prépondérantes sur les discriminations, l'urbanisme, la culture, la laïcité (et encore ça je demande à voir ...), les institutions etc ... laissant ainsi de coté les questions des inégalités socio-économiques.
Avec en parallèle une adhésion hallucinante aux thèses des bourgeois comme le néo libéralisme, alors même que les plus grands capitalistes avouent eux-mêmes leurs inquiètudes sur les excès du système (même s'ils l'avouent assez discrètement). Ainsi Warren Buffett qui dit que la guerre des classes va être gagnée par la sienne, de classe, cad celle des riches.
Alors, d'une certaine façon, qui ça arrange de chercher les responsabilités en termes de personne, sachant qu'il n'y a pas un ponte socialiste qui se détache des autres vraiment (sauf Méluche qui s'en va créer un parti ... sans jeter un oeil au NPA ...), tout le monde à mon avis, des responsables du PS eux mêmes à la droite, il s'agirait que le "peuple" ne prennent pas conscience des débats idéologiques simples et évidents, dont on cherche à les détourner (en les abrutissant de pubs entre autre, dans le métro héhé) surtout, pour que personne ne se mette à remettre en cause profondément la façon dont nous fonctionnons.
@ Audine : l'un n'empêche pas l'autre. Si cette évolution a été possible, c'est bien parce que des leaders politiques importants à gauche ont capitulé. Pour moi, je voulais cibler Lionel, mais il y en a d'autres.
RépondreSupprimerLe questionnement idéologique est aussi à concevoir en tant que groupe social. D'où viennent les leaders actuels du PS ? De quels milieux ?
L'article l'évoque aussi : 5 % d'ouvriers au PS pour 22,8 % dans la population française, 59 % dans le secteur public pour 30 % dans le pays. 55 ans d'âge moyen avec 40 % de retraités ...
RépondreSupprimer66 % des adhérents possèdent le Bac pour 29 % des français.
Nouveaux entrants : 54 % possèdent un bac plus 3 pour 15 % dans la population.
Le PS est tout de même bien un parti de bobos, tout à fait bien représenté par Delanoë ou Royal.
(et encore je ne parle pas de SK aux States ...).
Oui je suis d'accord que l'un n'empêche pas l'autre, mais un est décisif, je pense.
Bonjour Mathieu,
RépondreSupprimerUne réaction qui risque de te faire sursauter.
Je suis d’accord avec ton analyse qui est que la fuite de Jospin a laissé le PS brutalement « orphelin ».
Le problème du PS c’est bien l’absence d’un leader « fort » et accepté par tous comme l’était Jospin.
Il leur faut donc un nouveau Jospin. Or, si Jospin a émergé aussi rapidement et aussi efficacement à la tête du PS c’est parce qu’il avait Mitterrand derrière lui !
J’en conclu qu’en l’absence d’un Mitterrand qui impose une tête, le PS est incapable de la faire émerger lui-même. Les raisons sont probablement nombreuses (fédérations inféodés, motions sans intérêt, des leaders sans charisme mais égocentriques…) mais je suis persuadé que son mode de fonctionnement qui se veut ultra « démocratique » et dont il est si fier, n’est pas efficace. Un peu comme pour les groupuscules d’extrême Gauche qui n’ont jamais réussi à s’entendre pour une démarche politique commune.
On voit ou ça l’a mené: une participation faible (55% de votants ce qui signifie que Ségolène n’a obtenu l’adhésion que de 16% du total des militants), une répartition des votes qui fait qu’il n’y a pas vraiment de gagnant (e) et à l’arrivée on retombe dans les petits arrangements de « rassemblement » !!!
Déjà pour la présidentielle ça lui a posé problème puisque Ségolène Royal a été lâchée par beaucoup alors qu’elle avait été désignée par les militants
Ce système fonctionne avec un Mitterrand mais pas avec un Delanoë, une Aubry, un Hollande ou même une Royal !
En résumé je dirais que le PS a besoin de se faire secouer un peu brutalement par un homme ou une femme qui s’impose à sa tête...ou alors qu’il attende son prochain Mitterrand !
@ Audine : tu as sans doute raison sur l'aspect idéologique et sur la composition du parti. Cependant, je crois que les dirigeants sont très importants aussi.
RépondreSupprimer@ Nicolas007bis : non, ton analyse ne me fait pas sauter au plafond.
Je suis d'accord avec toi sur le fait que le soutien de Mitterrand a été primordial pour que Jospin accède à la tête du parti. Cependant, je ne crois pas que la démocratie participative soit responsable du désordre actuel. L'idée de faire participer davantage les militants est une bonne idée. Le problème est que les leaders actuels ne veulent pas lâcher le morceau malgré cela. Dans le scrutin qui vient de se dérouler, les militants se sont divisés entre les leaders, parce qu'aucun n'est bon. Là, il faut maintenant que les chefs s'entretuent et qu'il en sorte un chef. Je crains malheureusement une nouvelle synthèse mal ficelée et un compromis...
Je ne suis pas le porte-parole de Peuples.net, mais avec les left_blogs, je suis assez "proche" de militants du PS.
RépondreSupprimerIls ont une tendance incroyable à mettre tous les maux du PS sur Hollande et Jospin sans prendre le moindre recul.
Tu cites le départ de Jospin ce fameux soir d'avril 2002. Il serait resté, tout le monde lui serait tombé dessus. Par contre, mettons à sa place. Il apprend qu'il est derrière Le Pen : sur le coup de la déception, de la colère, il prend la porte... On peut le comprendre.
Hollande tout le monde lui tape dessus (et il n'a pas fait "que le referendum" comme erreur) mais tout le monde oublie ses victoires...
Par contre, les fans de Ségolène ont tendance à nier ses erreurs ou alors à dire "bon, c'est bon, elle a fait un bouquin, on oublie"... Et on charge les autres, on charges les autres, on charges les autres, ...
C'est dans ce sens que j'ai défendu Hollande et que je défends Jospin. Il ne faut pas oublier les erreurs des autres...
Putain ! On est payé à la longueur du commentaire, ici ?
RépondreSupprimer@ Nicolas : je comprends tout à fait ton commentaire, et d'autant plus vu mon aversion pour Ségolène.
RépondreSupprimerSur Hollande, ses victoires, pour moi, sont masquées par ses défaites.
Sur Jospin, on peut le comprendre, mais c'est aussi à cela que l'on voit les vrais leaders : on abandonne pas son armée en rase campagne pour se retirer sur l'île de Ré. On fait front, et on essaie au moins de sauver ses hommes.
Je fais un paiement en bières, mais faut venir à la RDB ! Au prochain Kremlin des blogs peut-être ?