mercredi 10 août 2011

La crise risque de faire ressortir la stratégie des bouc-émissaires.

Suite à un début de discussion sous un billet publié par H16, je voudrais signaler un danger qui risque de traverser le débat politique dans les prochaines semaines, voire dans l'année électorale à venir.

Nous entrons, cher lecteur, dans une nouvelle phase de la crise financière débutée en 2008. A l'époque, les banques ont connu des difficultés et les Etats leurs sont venus en aide. Aujourd'hui, on atteint le stade suivant, qui est une crise générale de la dette publique, à laquelle s'ajoute, même si ce n'est que très peu évoqué, une crise de la dette privée qui se poursuit depuis 2008.

Très rapidement, tous les courants politiques vont mettre en avant leurs habituels bouc-émissaires pour faire passer leurs programmes. De notre côté, à gauche, nous allons nous mettre à taper sur les riches et sur les entreprises, ce qui est notre habitude, il faut quand même l'admettre. Les autres courants vont pousser leurs idées. Les libéraux vont demander la rigueur et un retrait de l'Etat. La droite étatiste va frapper sur les fonctionnaires, les assistés, les immigrés et les pays étrangers (on a fait le coup des PIGS, on attaque la Chine en ce moment) et proposer des réformes bling-bling. L'extrême-droite va se mettre à accuser les juifs, sans doute, et/ou tous les types de non-Occidentaux qui pillent nos budgets, couverts par les socialo-communistes. Ces arguments sont faciles, mais ils ne régleront rien. Ils nous mettront en route vers l'un des moyens classiques de résoudre les crises de la dette publique et/ou privée : la guerre, tout simplement.

Pour affronter cette crise de la dette, il faut que tous les courants politiques soient capables de mener des analyses sérieuses et argumentées. Il faudrait ne pas se contenter de quelques phrases, de quelques dogmes. La situation nous oblige à passer au-dessus de cela, d'être capable de proposer des solutions. Devant l'urgence, on attend des propositions concrètes. Tout le monde doit être capable de proposer des solutions en toute conscience et en toute responsabilité, compréhensibles par les électeurs et qui ne se contentent pas de désigner des adversaires.

Il n'y a qu'une question fondamentale, pour moi : qui va payer cette dette et comment va-t-on faire pour réinventer un système qui ne fonctionnera pas à crédit ? Là, je suis dans une vision politique, mais il me semble évident que c'est cet usage délirant, sans contrôle et sans appui sur le réel du crédit qui est à la base de tout cela. Il faut en sortir. J'ai mes idées sur la question, mais je trouve toujours intéressant de lire celles des autres, du moment qu'on est capable de sortir de la caricature et de la bouc-émissarisation (tiens, je viens d'inventer un mot) du discours politique.

Personnellement, je trouve que c'est un beau moment. On est sorti des dogmes et des recettes toutes faites. Le moment historique est là où tout le monde peut proposer ses idées librement, sans pression idéologique. Voilà un beau moment qui peut produire une belle rénovation de la démocratie. Les électeurs devraient avoir la possibilité, en 2012, de choisir comment il faudra payer cette dette et quelles sont les recettes, proposées par les courants politiques de tout poil, qui seront appliquées.

On peut aussi se décider à s'enfoncer dans le non-débat. On peut aller ainsi vers la guerre. C'est comme cela qu'en 1914 et en 1939, nous avons résolu cette problématique, en détruisant du capital et en repartant de plus bas. J'espère que je me trompe, mais l'histoire a une lourde tendance à me donner raison.

lundi 8 août 2011

Pendant que le système économique s'effondre, on se mord la queue.

J'ai beau être sexy et intelligent, voire même parfois capable de certaines fulgurances, il y a vraiment quelque chose que je ne comprends pas, dans cette crise.

Comment est-il possible, alors que le PIB des pays occidentaux, globalement, a quasiment doublé depuis les années 1970 (époque où les Etats-providences existaient déjà et où le poids des impôts et de toutes les cotisations sociales de tout poil était lourd), nous soyons tous en train de nous effondrer sous le poids de nos dettes publiques et/ou privées aujourd'hui ?

Je ne sais pas s'il y a un déclin de l'Occident, mais si ce déclin existe, sans doute est-il bien plus idéologique et intellectuel qu'économique...