lundi 31 décembre 2012

La seule personne vraiment de gauche, c'est moi !

Tiens, je vais sortir quelques instants de mon silence, suite à un billet-bilan de l'année de Captain Haka, qui évoquait la défaite de Nicolas Sarkozy.

Il revient sur l'annulation de la taxation à 75% des revenus au-delà d'un million d'euros, en employant à mon sens quelques idées assez étonnantes.

Tout d'abord, il rappelle que la droite utilise massivement le terme d'amateurisme à ce propos. Pourtant, lors de la dernière mandature, plusieurs mesures-phares de Sarkozy sont passées à la trappe de cette façon, comme par exemple la célèbre taxe carbone. Or, à l'époque, on avait accusé le président d'avoir joué un double-jeu et d'avoir préparé ce rejet pour mieux enterrer le projet, très contesté par de nombreux pans de son électorat traditionnel. J'ignore si c'est ce qu'il s'est passé ici, mais de toute façon, Hollande pourra toujours se présenter comme un socialiste assez radical mais dont les velléités ont été entravées par le conservatisme d'un conseil constitutionnel dominé par la droite, ce qui devrait lui permettre de se sortir du traquenard.

Notre capitaine préféré poursuit pourtant son argumentaire en revenant sur les bisbilles à gauche, et en disant que cette mesure, très contestée à droite, illustrait l'ancrage à gauche du pouvoir en place.

Restant un lecteur assidu de la blogosphère politique, je vois bien que ce débat occupe largement mes compères. Je le trouve sans intérêt et inutile, malgré le fait que mon parti préféré en soit largement à l'origine.

Savoir si l'on est de gauche ou pas est une question sempiternelle qui traverse toute la gauche. Personnellement, proche du Front de Gauche, je peux aisément qualifier mes camarades socialistes de droitier, mais je te rassure, cher lecteur, je trouverai toujours un trotskyste pour me qualifier de social-traître. Être vraiment de gauche qualifie à l'exercice du pouvoir dans notre camp, et c'est pour cela que tous les partis se plongent dans ce débat. Si le FdG, aujourd'hui, attaque sur l'identité du PS, c'est aussi parce que celui-ci n'a cessé de ranger notre programme à l'extrême-gauche. De notre côté, qualifier le président d'Hollandréou permet de se situer politiquement, même si le calembour, je le reconnais, peut-être lourd. Cela permet de dire que la politique d'Hollande donnera à long terme les mêmes résultats qu'en Europe du Sud, et ça, par ailleurs, je le crois totalement.

A droite, on se pose moins ce genre de questions. On est de droite, mais avec des sensibilités différentes. Et quand surgit un véritable débat d'orientation idéologique, comme ce fut le cas ces derniers mois à l'UMP, on s'échine à le cacher sous des conflits de personnes. En effet, les militants UMP avaient en fait à trancher entre un rapprochement avec le FN, ou pas. Ils ne l'ont d'ailleurs pas fait...

A gauche, une fois qu'on est sorti du débat "qui est de gauche", on peut simplement admettre qu'il existe des sensibilités très diverses, et que celle qui a gagné la présidentielle a pu le faire grâce à un personnage qui a joué à fond la personnification, un programme qui promettait un changement extrêmement limité (les Français ne voulaient pas d'une social-démocratie apparemment) mais surtout, un appareil politique derrière suffisamment important et structuré pour exercer le pouvoir, ce qui reste, il faut bien l'admettre, la faiblesse du FdG.

Après, pour voir qui est de gauche, on pourra faire le bilan à la fin. Pour moi, si la société est restée aussi inégalitaire qu'elle l'est maintenant, on pourra dire que la politique menée n'était pas de gauche. La lutte contre le chômage ou contre la dette ne suffit pas, car il y a bien des façons de lutter contre ces deux fléaux, et la droite en a à revendre.

Pour terminer avec le billet de mon glorieux collègue, l'UMP critiquera forcément le PS. De fait, qualifier la gauche d'incompétence est un crédo de la droite, persuadée qu'elle est que l'exercice du pouvoir lui est dû. Pas besoin du conseil constitutionnel pour que ce point soit sans cesse soulevé...