mercredi 30 décembre 2009

Le Privilégié aux Etats-Unis : commémorer la Shoah à Boston.

Vu d'Europe, nous pouvons avoir l'impression que les États-Unis restent loin de nos préoccupations historiques. Or, nous oublions (ou nous faisons exprès d'oublier) que les États-Unis ont participé à la Seconde Guerre Mondiale et qu'ils se sentent concernés par ces événements.

Ainsi, à Boston, en plein milieu du centre-ville, se trouve un monument visant à commémorer l'horreur de la Shoah, le New England Holocaust Memorial. Il a été initié par un collectif de survivants des camps et financé par des entreprises, des particuliers, l'État du Massachusetts et la ville de Boston, à destination des jeunes générations. Comment se compose-t-il ? Dans un petit parc, le Carmen Park, à proximité d'importants monuments bostoniens, comme le Old State House ou le Faneuil Hall, et sur le Freedom Trail (ligne rouge traversant Boston pour permettre aux touristes de voir tous les sites importants de la ville), se dressent six tours de verre traversées par un chemin. Le visiteur passe par chacune des six tours, censées rappeler à la fois les six camps d'extermination mais aussi les six millions de juifs tués. Lors du passage du passant, des fumées sortent d'une grille et l'entourent, pour évoquer les chambres à gaz. Plusieurs stèles expliquent rapidement le processus d'extermination, rappelant aussi la mort des tziganes, des prisonniers de guerre russes et des résistants au régime nazi dans les camps.

Lors de ma première visite à Boston, je n'avais pas réellement prêté attention à ces six tours, et je ne me suis réellement posé la question que la deuxième fois, intrigué par ces édifices. En effet, si l'on ne fait pas l'effort de lire les plaques, rien n'indique qu'il s'agit d'un monument sur cet épisode de notre histoire, d'autant plus qu'on ne s'attend pas vraiment à le trouver là.

Ce monument provoque depuis une certaine gène chez moi. Pourquoi ? En historien de formation, je reste persuadé que l'abord de tout événement historique, Shoah comprise, doit se faire avant tout par le fait. Par la simple évocation de ce que les historiens ont pu dire de la Shoah, la spécificité et l'horreur apparaissent d'elles-mêmes, sans avoir besoin de recourir à l'émotion, car elles sont au centre de leurs préoccupations. J'ai pu moi-même l'expérimenter en cours : les élèves, qu'on dit indifférent à ce type de choses, ressentent cette spécificité et peuvent alors éprouver des émotions. Ils réagissent au contraire souvent assez mal si on essaie de leur imposer l'émotion sans passer par le travail historique.

Or, ce monument joue purement et simplement sur l'émotion. Les fumées ont un effet immédiat, une fois que l'on a compris de quoi il s'agit. Or, il est impossible que nous puissions ressentir, nous vivants, en quelques secondes, ce que les déportés ont vécu dans les chambres à gaz. Certains diront qu'on édifie nos jeunes contemporains ainsi. Je ne peux pas remettre en doute les intentions des concepteurs du mémorial, mais respecte-t-on réellement ces morts en croyant faire vivre aux vivants ce que personne ne peut ressentir ? Je reste dubitatif.

Évidemment, il n'est pas facile d'évacuer l'émotion lorsqu'on aborde ce sujet, mais il est important de rappeler que les négationnistes ne se sont pas attaqués aux émotions, mais à la réalité des faits. Pour évoquer l'histoire auprès des jeunes, nous nous devons de rester accrochés aux faits, et rien qu'aux faits. Ayons confiance aux jeunes pour, confronter à ces éléments, pouvoir en concevoir une émotion.

Bonne nouvelle : les syndicats vont devoir être transparents sur leur comptabilité.

Authueil nous apprend aujourd'hui une excellente nouvelle. Un décret vient de paraître, obligeant les organisations syndicales, qu'elles soient patronales ou d'employés, à publier leurs comptes.

Je ne sais pas pourquoi Authueil trouve qu'il s'agit d'une bonne nouvelle (un homme de droite doit avoir plein de belles idées sur ces syndicalistes privilégiés) mais nous pouvons émettre quelques hypothèses.

Evidemment, les salariés ne peuvent que se réjouir de l'obligation pour les organisations patronales de sortir leurs comptabilités. Ces syndicats sont puissants et représentent de véritables lobbies dont les capacités financières restent opaques. Nous serons ainsi quels sont les moyens mais surtout comment ces syndicats les dépensent. Je me demande par exemple quelles sont les relations entre le MEDEF et l'UMP.

Cependant, le véritable apport sera pour les syndicats de salariés. En effet, l'efficacité de ces syndicats, en France, que ce soit pour le privé ou pour le public, reste largement à démontrer. On ne peut pas dire que les conditions de travail des salariés français se soient améliorées ces dernières années, malgré la hausse constante de la richesse. Or, on ne peut pas dire non plus que nos syndicats aient été capables de construire des mobilisations efficaces pour inverser la tendance.

Forcément, le financement des syndicats a un lien avec cette situation. Comment ces organisations peuvent-elles continuer à vivre si les salariés adhèrent de moins en moins ? Personne ne le sait publiquement mais tout le monde s'en doute : les employeurs, qu'ils soient publics ou privés, financent, de manière directe ou indirecte, de manière importante. C'est le cas des syndicats enseignants, malgré un taux de syndiqués encore élevé : l'État paie des postes qu'il met à disposition dans toute l'administration de l'Éducation nationale, met des locaux à disposition et des moyens de fonctionnement, et il n'est pas seul. Les bourses départementales du travail n'appartiennent pas aux syndicats, mais aux communes ou aux départements. Cela peut être vu comme une aide légitime aux syndicats, mais cela les place aussi en position de dépendance face à des institutions qui sont aussi des employeurs.

En rendant ce fait public, nous ne pouvons qu'espérer une amélioration générale et globale de la situation des salariés. Les syndicats seront obligés de revenir vers la cotisation comme mode principal de financement et devront donc mieux prendre en compte les souhaits des salariés. Ils soutiendront aussi les vrais militants syndicaux qui se défoncent sur le terrain et qui voient, chaque jour, leurs efforts rendus inutiles par des directions trop inféodées.

En tout cas, on peut l'espérer...

mardi 29 décembre 2009

Le recteur de Créteil monte au ministère : la prime contre l'absentéisme appliquée nationalement ?

Nous autres, enseignants de l'Académie de Créteil, apprenons que notre aimable recteur, Jean-Michel Blanquer, vient de quitter son poste pour prendre la tête de la DGESCO le 23 décembre 2009. La DGESCO est un organisme chargé de la réflexion pédagogique et des travaux autour des programmes des différents niveaux scolaires.

Le fait de voir le promoteur de l'internat de Sourdun, de l'accompagnement éducatif, de l'embauche d'étudiants en contrat précaire pour remplacer des profs absents et de la prime pour lutter contre l'absentéisme arriver à la tête d'une telle administration devrait faire peur à l'ensemble du monde éducatif. Il coordonnera en effet les recteurs. Cette décision est d'autant plus étonnante que sa proposition sur l'absentéisme avait été très mal reçue par la droite.

En dehors de ces belles œuvres, Blanquer a tout fait pour être toujours en avance des décisions ministérielles depuis sa nomination, en 2007. Il a aussi mis en place une pratique très brutale du dialogue social sur notre académie.

La presse annonce la nomination de William Marois, recteur de Bordeaux, à la tête de l'Académie de Créteil. Ce poste est l'un des plus stratégiques de notre administration, vu les tensions régulières dans la zone. Il s'agit donc d'une promotion. Ce personnage est connu pour avoir été à la tête de la commission Marois-Filâtre qui a travaillé sur la réforme de la formation des maîtres, très contestée actuellement.

Cela nous promet encore des beaux jours pour le début de l'année 2010...

Le Privilégié aux Etats-Unis : une carie dans ton compte en banque.

Hier, nous nous sommes rendus à Boston, avec toute la petite famille, parce que ma sœur devait subir une consultation chez le dentiste. En sortant, c'est le drame : une carie a été détectée, certes petite, mais nécessitant rapidement une intervention.

Ma sœur sort de là en annonçant à son mari le prix du travail : 135 $ pour se débarrasser de la gênante carie. Pour te donner un idée, cher lecteur, au cours d'aujourd'hui, cela représente environ 94 €.

Présent, je demande combien elle va réellement payer sur ce prix, histoire de pouvoir dire sur ce blog combien le système de santé américain est pourri, en tant que bon socialiste.

"Ben, 135 $ ! Tu ne m'écoutes pas, ou quoi ?"

Surpris par la réponse brutale, je lui signale que j'ai parfaitement entendu ce prix, mais que je voudrais savoir combien elle va effectivement payer sur ce montant. La réponse me cloue sur place :

"Euh, tu n'as pas compris. En fait, ce prix correspond à ma part. Normalement, mon assurance prend déjà en charge les 80% restants." Cela met donc le traitement de la carie à 675 $, soit 472 €.

Pour un Américain moyen, qui gagnerait le salaire minimal du Massachussets, soit environ 1 350 $ par mois, cette somme est considérable, surtout que ce revenu correspond à ce que nous appelons "salaire brut"...

Maintenant, pour ne pas dire tout de suite du mal des Américains, j'aimerais bien qu'un spécialiste du secteur dentaire m'indique combien un dentiste dépense pour le traitement d'une carie, et combien il se fait payer chez nous. J'ai trouvé ces tarifs pour la CNAM, mais cela me semble bas et doit coûter plus cher au dentiste en réalité.

dimanche 27 décembre 2009

Les SDF meurent de la misère !

A nouveau, un SDF est mort en France le 23 décembre à Marseille. Luc Mandret cite un article du Nouvel Obs à ce sujet.

A chaque fois, ces dépêches mal ficelées sont insupportables. En France, aucune personne ne meurt plus du froid ! Un SDF meurt du poids de la misère qui l'a atteint et a fait de lui ce qu'il est devenu. Le froid met à jour cette misère, mais il y a bien d'autres facteurs de décès, dont on ne parle quasiment jamais : l'alcoolisme, des maladies diverses et variées (la gangrène est très fréquente), les agressions, le vieillissement prématuré du fait de la vie dans la rue...

Le SDF est le produit de notre société, et sa mort n'en est que le reflet.

Le Privilégié aux Etats-Unis : "ôtez vos chaussures, s'il vous plaît."

Dans l'actualité américaine, le vote in extrémis par le Sénat de la reforme de l'assurance-maladie a été occultée par la tentative d'attentat menée par un jeune Nigérian dans un avion qui se posait a Detroit. La tentative a échoué, mais je ne peux m'empêcher de faire éclater ici ma colère d'honnête citoyen.

Depuis les attentats du 11 septembre, les personnes entrant et sortant des États-Unis sont la cible de contrôles relativement drastiques. Avant, les Français subissaient, a l'aller, un interrogatoire assez dense de la part des douaniers américains. Au retour, on pouvait se refaire contrôler par les douanes et le voyageur devait obligatoirement subir un contrôle complet avant de monter dans l'avion : retirer ses chaussures, sa ceinture, l'ensemble des objets métalliques qu'il pouvait transporter et allumer son ordinateur portable pour démontrer qu'il en était bien un. Or, les conditions se sont encore durcies.

Lundi dernier, nous avons emprunté deux vols de Swiss pour nous rendre a Boston. Avant le voyage, il nous a fallu remplir un formulaire en ligne nous autorisant a nous rendre aux États-Unis. Nous avons subi une fouille complète une première fois a Paris, et une deuxième encore plus sévère a Zurich. A chaque fois, on a regardé nos passeports sous toutes les coutures. Enfin, nous avons eu droit à la même procédure à Boston qu'auparavant, malgré le système de référencement sur internet.

Toutes ces mesures sont justifiées par la lutte contre le terrorisme (et contre l'immigration, mais c'est moins affiché). Or, voila qu'un Nigérian, qui a donc dû demander un visa et qui était fiche par le FBI (le Royaume-Uni l'avait refoulé cette année), a pu prendre un avion vers les États-Unis. Personne n'a remarqué que ce gamin avait avec lui un explosif attaché a sa jambe.

Tout cela ne peut que nous amener a la conclusion suivante : ces mesures, que l'on fait subir à des gens honnêtes tous les jours, n'ont aucune efficacité. Tout terroriste déterminé trouvera toujours un moyen de faire sauter un avion.

Le seul effet est de nous rappeler que les autorités de nos pays démocratiques jouent de plus en plus avec les droits de l'homme et se permettent de nous traiter, tous, comme des criminels en puissance, alors que notre société devrait s'appuyer sur la présomption d'innocence dans toutes ses mesures de sécurité.

On peut se demander combien de temps nous continuerons a accepter ces restrictions de nos droits fondamentaux sous des prétextes totalement fallacieux, pour lutter contre des terroristes qui trouveront toujours les moyens de nous tuer. Vu l'évolution des contrôles, je crains que cela ne soit pas pour demain...

samedi 26 décembre 2009

Le Privilégié aux Etats-Unis : "vous n'êtes pas satisfait de mon service, Monsieur ?"

Lorsqu'on se rend pour la première fois aux Etats-Unis, on éprouve en général une véritable déconvenue lorsqu'on nous présente notre première addition. Systématiquement, une différence de prix importante est visible.

Normal, cher lecteur. Contrairement à ce qui se passe dans l'Union Européenne, les restaurateurs ne sont pas tenus d'afficher le montant des taxes fédérales et locales. Ainsi, il faut ajouter entre 5 et 10% en fonction des Etats au prix affiché, et près de 15% au Québec, où les taxes sont lourdes. Cependant, on s'habitue assez rapidement à cette différence.

Or, les mésaventures ne s'arrêtent pas là. En effet, contrairement à ce qui se passe en France, le pourboire n'est pas inclus non plus dans les prix affichés. Il faut donc, de soi-même, ajouter 15% dans le prix payé, sauf si l'on est insatisfait du service. Cette rétribution se fait après le paiement de la note, voire même pendant si vous réglez par carte bancaire : dans ce cas, vous pouvez spécifier le montant du pourboire sur le ticket, et il sera intégré au prélèvement.

Or, cette pratique heurte réellement la culture française du pourboire, qui est réduit de notre côté de l'Atlantique (on a déjà 15% dans la note) et lié à l'humeur du client. De plus, il faut être bon en mathématiques, ce qui n'est pas mon cas...

A plusieurs reprises, lors de mes voyages par ici, il m'est arrivé de me faire alpaguer par un serveur remonté par le montant de mon don. La pire expérience se déroula en 2004 à Montréal, où un serveur exigea une justification à sa prestation. Très surpris, je lui répondis que j'étais satisfait de son service, ce qui expliquait mon tip (en fait, j'avais fait une erreur de calcul, et j'avais laissé seulement 9% du montant de la facture). Le loufiat ne se démonta pas, et exigea la différence manquante. Je m'exécutais de très mauvaise grâce, me demandant si je ne devais pas reprendre l'ensemble du pourboire du fait de la cuistrerie du bonhomme. Plus tard, j'appris que les serveurs québécois étaient automatiquement imposés sur les pourboires, même s'ils ne les touchaient pas.

Ainsi, à chaque fois qu'un Américain venant en France éructe contre l'impolitesse des serveurs hexagonaux, je lui explique que le serveur français n'a pas à tant se préoccuper de la bonhommie du client du fait de l'intégration du pourboire dans le prix. Par contre, il faut avoir une pleine conscience de la réalité de la gentillesse du serveur nord-américain, bien obligé de plaire pour avoir une somme sur laquelle il sera imposé de toute façon.

Lequel des deux systèmes est le meilleur ? En France, il est plus dur, et aux Etats-Unis, plus faux-cul. Dans le deux cas, il est bien difficile de gommer la réalité de la difficulté de ce travail...

jeudi 24 décembre 2009

Joyeux Noël !

Cher lecteur, à toi qui me suit chaque jour ou qui passe par là par hasard, je te souhaite un merveilleux Noël, ainsi qu'à tous tes proches.

Profitons tous de cette belle journée, et retrouvons-nous vite pour poursuivre nos ébats et nos débats politiques.

mercredi 23 décembre 2009

Le privilégié aux Etats-Unis : les décorations de Noël entièrement privées.

L'an dernier, j'avais lourdement critiqué la stratégie des municipalités concernant l'éclairage de Noël. Cette année, j'ai pu constater de réels changements de gestion des luminaires festifs dans les villes de Seine-Saint-Denis. Ils ont été mis en route plus tard, et sont parfois éteints la nuit, comme à Drancy par exemple. La mode écologiste (et les résultats d'Europe écologie aux Européennes) a un impact sur nos élus locaux.

Aux Etats-Unis, tout est beaucoup plus simple. Les pouvoirs publics ne mettent en place aucun éclairage public festif des rues et des bâtiments publics, en tout cas en extérieur. Il ne s'agit pas là de l'impact de la conférence de Copenhague, car cette situation était déjà présente lors de notre venue à Noël 2006.

Cela signifie-t-il que les villes américaines sont tristes et sans aucun signe de la fête à venir ? Oh que non ! Dans ce pays de l'individualisme triomphant, la décoration est aussi individualisée. Chaque maison s'habille de divers luminaires plus ou moins clignotants. La décoration la plus simple consiste souvent en une petite bougie électrique placée devant chaque fenêtre de la maison donnant sur la rue. D'autres Américains sont beaucoup plus ambitieux et placent dans leurs jardins des décorations totalement délirantes : des immenses sapins éclairés, des rennes articulés et des bonhommes de neige gonflables, des "Merry Christmas" flashants, des multitudes de guirlandes lumineuses. Bref, les Américains habillent l'espace public à partir de leurs espaces privés.

Cette mode commence doucement à se diffuser en France, mais elle reste parcellaire. Elle correspond assez bien à l'esprit américain, mais marque pourtant les résultats de ce modèle. A l'évidence, les décorations varient grandement entre quartiers riches, quartiers middle-class et quartiers pauvres, ce qui permet de se faire une idée de l'endroit où l'on est de nuit. D'autre part, dans certaines zones, les habitants investissent moins, provoquant des inégalités marquantes. Une grande avenue peut-être ainsi totalement sombre, alors que quelques maisons, dans de toutes petites rues, scintillent et illuminent la nuit. En France, la situation est la même, mais ce sont les communes qui choisissent les endroits à privilégier.

Cette situation réduit-elle la consommation globale d'énergie par rapport à une dépense publique forcément pléthorique ? Rien n'est moins sûr, car de fait, il doit être très compliqué de différencier cette consommation pour chaque foyer. Les Etats-Unis doivent donc dépenser, en proportion, au moins autant que nous.

Pourtant, ma conjointe notait hier la diminution du nombre de décorations par rapport à 2006. On pourrait penser que la mode écologiste prend ici, mais je ne le crois pas. Il doit plutôt s'agir de l'impact de la crise économique dans ce quartier de classe moyenne de la banlieue bostonienne.

En effet, contrairement à ce que je pensais, la crise se voit, mais j'en reparlerai une autre fois...

mardi 22 décembre 2009

Le privilégié aux Etats-Unis : le langage commercial des transnationales.

Durant notre périple d'hier pour traverser l'Atlantique, nous nous sommes retrouvés coincés à Charles-de-Gaulle pendant près de 6 heures. Notre vol avait été annulé pour cause de neige et nous devions attendre que la compagnie nous réaffecte dans un autre vol, ce qu'elle a fini par faire.

Nous nous sommes donc mis, après avoir attendu 3h30 au guichet de notre transporteur, à la recherche d'un endroit nous permettant de prendre un café et de nous poser quelques instants et reprendre un peu de légèreté. Las ! Rien que des chaînes de fast-food américaines. Ma conjointe, jamais en manque d'idées, me proposa de nous installer à la terrasse (à l'intérieur de l'aérogare tout de même) d'un Starbucks, en m'affirmant que cela nous mettrait dans l'ambiance. En effet, depuis que ma soeur vit en Amérique et que nous allons lui rendre visite, nous utilisons régulièrement les Starbucks qui étaient les seuls commerces à faire des expressos. Nous évitions ainsi le café américain, assimilable à une espèce de thé sentant vaguement le café, et buvable seulement avec une importante quantité de lait. Maintenant, la mode du vrai café se diffuse ici, puisque j'en ai vu chez Dunkin Donuts et même chez MacDonald's (merci aux réactionnaires de ne pas faire de lien avec l'élection d'Obama).

Cependant, en France, je n'y mets jamais les pieds, préférant largement nos traditionnels bistros. Je me présente donc à la serveuse. S'engage alors entre nous un dialogue surréaliste :

Mathieu L : "Bonjour, Madame. Je voudrais un chocolat chaud et un crème s'il vous plaît.
La serveuse : "Vous voulez un Latté et un signature ?"
Mathieu L. : "Euh, non, je voudrais un café crème et un chocolat chaud."
La serveuse : "Vous voulez un tall ?"
Mathieu L. : "Non, un café crème et..."
La serveuse, me coupant et me montrant du doigts des gobelets situés sur le comptoir: "Non, je vous demande la taille de vos boissons. Le tall, c'est celui-ci."
Mathieu L. : "Ah, d'accord ! Eh bien, mettez-moi les deux plus petits."
La serveuse, se tournant vers les deux personnes devant préparer les boissons : "Alors, vous préparez un Latté tall et un signature tall pour Monsieur."

Me dirigeant ensuite vers le garçon après avoir réglé mon dû, et ayant apparemment du mal à m'en sortir :
Le serveur : "Voici votre Latté et votre signature."
Mathieu L. : "C'est lequel, le café ?"
Le serveur : "..."

En dehors du côté comique de mon désappointement, je trouve cette volonté des grandes compagnies de vouloir se créer un vocabulaire très fascinante. Ayant pris en main ma boisson, j'ai essayé de déterminer s'il y avait dans ce café quelque chose de spécifique qui le différenciait d'un bon vieux crème, mais je dois dire que je n'ai rien trouvé. Ma conjointe avait bien un peu de chantilly sur son chocolat, ce qui en faisait un viennois, si je ne me trompe pas, ce que le nom du produit ne pouvait faire penser.

Je me moque souvent des volontés de certains courants politiques d'inventer des terminologies pour désigner ce qui les tracassent. J'ai souvent raillé les libéraux pour le terme "constructivisme". Cependant, nous ne sommes pas les seuls à jouer avec cela. Les entreprises s'amusent aussi à ce genre de jeu, sans doute pour toucher certaines cibles commerciales et vous faire croire qu'elles vous vendent un produit qui est autre chose qu'un bon vieux café crème. Cela ne doit pas arranger la vie des loufiats et leurs conditions de travail.

En tout cas, je ne suis pas prêt de remettre les pieds dans un Starbucks en dehors du territoire américain.

Le Privilégié aux Etats-Unis : début d'une série.

Cher lecteur, après une fin d'année relativement difficile, j'ai la joie, en tant que bon privilégié que je suis, de jouir de vacances pour les fêtes de fin d'année.

Cette fois-ci, avec la Privilégiée, nous nous sommes rendus visiter ma soeur et sa famille aux Etats-Unis, dans la banlieue de Boston. Je débute donc une série de billets sur mes observations et mes ressentis sur ce sujet.

Hier, lorsque mon beau-frère nous ramenait chez lui, après un voyage éprouvant, il m'annonça : "vous allez voir, depuis l'élection d'Obama, ce pays a changé".

C'est ce que nous allons vérifier...

samedi 19 décembre 2009

Mes votes pour les Nicolas d’or 2009.

Hier, comme d'autres, je vous communiquais les résultats des Nicolas d'or, initiative organisée par Reversus et Vogelsong pour tenter de donner une visibilité à la blogosphère française.

Nos deux organisateurs, sur L'Express.fr, ont déclaré que la blogosphère pouvait avoir un vrai pouvoir si elle s'unissait. C'est vrai, mais comme le monde politique, notre petit monde de surfeurs reste très éclaté. D'ailleurs, alors que le Wikio reste dominé par des blogs de gauche, certains semblent avoir été frustrés par les résultats.

Pour que chacun affirme aussi sa personnalité, je tenais à vous communiquer pour quoi j'ai voté. Ainsi, vous aurez l'occasion de comparer mes réponses avec les lauréats.

Thème 1 – La phrase de l'année.

Réponse : "Cela voulait dire que désormais que ce qui compte en France pour réussir ce n'est plus d'être "bien né" ; pour réussir, c'est travailler dur et avoir fait la preuve, par ses études, par son travail, de sa valeur", Nicolas Sarkozy le 13 Octobre 2009, discours sur la réforme du Lycée.


Thème 2 – Le fantôme politique de l'année.


Réponse : Jean-Louis Borloo.


Thème 3 – Le coup d'éclat politique de l'année.


Réponse : Rama Yade qui demeure au gouvernement et qui réussit à être candidate dans le 92.


Thème 4 – L'arnaque économique de l'année.


Réponse : le travail le dimanche.


Thème 5 – Le bide politique de l'année.


Réponse : La suppression de la taxe professionnelle.


Thème 6 – Le coup de pelle de l'année.


Réponse : D. Cohn-Bendit à F. Bayrou "ben mon pote, tu seras jamais président de la République parce que t'es trop minable !"


Thème 7 – Blog politique de l'année.


Réponse : Jean-Luc Mélenchon.

vendredi 18 décembre 2009

Résultats des Nicolas d'Or 2009

J'ai participé à cette opération. En voici les résultats.


Le "Nicolas" d'or de la phrase de l'année :

Jacques Séguéla : "Si à 50 ans on n'a pas une Rolex, on a raté sa vie" sur France 2, le 13 février 2009

Le "Nicolas" d'or du fantôme politique de l'année :

Fadela Amara

Le "Nicolas" d'or du coup d'éclat politique de l'année :

Le retour de Daniel Cohn Bendit et le score d'Europe Ecologie aux Européennes

Le "Nicolas"d'or de l'arnaque économique de l'année :

La moralisation du capitalisme

Le "Nicolas" d'or du bide politique de l'année :

Jean Sarkozy et l'EPAD

Le "Nicolas" d'or du Coup de pelle de l'année :

N. Sarkozy : "Les journalistes, ce sont des nullards, il faut leur cracher à la gueule, il faut leur marcher dessus, les écraser. Ce sont des bandits. Et encore les bandits eux ont une morale". (source : http://www.slate.fr/story/3947/sarkozy-les-journalistes-il-faut-leur-cracher-a-la-gueule)

Le site Internet de l'année :

Jean-Luc Mélenchon http://www.jean-luc-melenchon.fr/


Une présentation

On avait cru la page du « bling-bling » définitivement tournée, Séguéla l’a remise au goût du jour avec maestria. C’est donc fort logiquement que les blogueurs ont retenu sa phrase devenue culte : « Si à 50 ans, on n’a pas de rolex, c’est qu’on a raté sa vie ».

De l'incandescence à l’obscurité des limbes, il n’y a parfois qu’un pas, allégrement franchi par la fantomatique Fadela Amara. La blogosphère dans sa grande générosité a tenu à saluer la vacuité de son action politique. Elle s'est enfermée dans un palais, et lambine sous les lambris dorés.

Le coup d’éclat politique revient à Dany le rouge pour avoir redonné vie à des Verts aux bords de la crise de nerf. Il a sans nul doute réalisé le coup politique de l’année lors des élections européennes.

En matière de bides politiques, Jean Sarkozy s’est imposé à tous comme une évidence. Sa candidature à la tête de l’EPAD a défrayé la chronique et a même fait vaciller les plus convaincus à l’UMP. Sacrée performance.

Au menu des bluettes racontées au tout grands, "La moralisation du capitalisme" martelée avec trémolo est un chef d'oeuvre du genre. À ce titre, elle a supplanté tout les autres thèmes.

En avril 2009, le Canard enchaîné relatait les propos fleuris que le chef de l'état destiné à nos cousins journalistes : "Les journalistes, ce sont des nullards, il faut leur cracher à la gueule, il faut leur marcher dessus, les écraser. Ce sont des bandits. Et encore les bandits eux ont une morale". Que pense-t-il des blogueurs ?

Il ne se contente plus d'haranguer les foules, d'emplâtrer les journalistes et ses débatteurs. J. L. Mélenchon déboule sur le web 2.0. Ergonomiques, bien écrits, photos décalées, il est plébiscité par le geeks de la politosphère.


Le Pearltree


Les Nicolas d'or 2009

Les résultats sur tableur






Les participants


La vidéo (officielle) :)

Un logo (officiel) :)
Par CC

jeudi 17 décembre 2009

« … »

Il y a des périodes où rien ne semble aller droit.

Il y a des moments où l'on se lève le matin en se demandant pourquoi. On se demande ce qui nous pousse à nous lever, à bouger ce corps qui n'est plus qu'une carcasse, à refaire tous les matins les mêmes gestes pour démarrer une journée sans logique.

Il y a des moments où l'on s'étonne d'aimer ce métier que l'on fait tous les jours, pour lequel on s'échine et on se bat, alors qu'il est d'un tel poids qu'on voudrait s'en défaire, si on relevait les yeux du guidon.

Il y a des moments où l'on a envie de quitter tous ses proches, parce que vraiment, on n'en peut plus. On se dit qu'on aimerait vraiment pouvoir choisir sa famille et qu'on se surprend d'avoir choisi les proches qui nous entourent.

Il y a des périodes où l'on se demande ce qu'on fait là, avec ce blog. Après tout, quel est l'intérêt de ce travail, alors que les idées politiques que l'on dénonce sont toujours aussi fortes, aussi présentes, autant là.

C'est mon état d'esprit en ce moment, sans que je sois vraiment capable d'en déterminer l'origine. J'attends donc que cela passe, sans être satisfait de mes productions, quelles qu'elles soient.

Ne t'inquiètes pas, cher lecteur, la niaque va bientôt revenir. Les vacances sont proches : un peu de repos, et tout ira bien… enfin, je crois…

mercredi 16 décembre 2009

Le Parlement a-t-il le droit de rejeter un texte ?

En ce moment, à chaque fois que j'entends parler du Parlement, je suis atteint par une dépression avancée, d'abord à cause de ce que fait le Parlement lui-même, et ensuite à cause de la manière dont ses actes sont traités dans les médias.

Tu l'as peut-être entendu : le Sénat vient de rejeter le projet de loi sur le découpage électorale, tout cela parce qu'un sénateur s'est planté de bouton, alors qu'il votait pour son groupe entier. Cela signifiait bien que le groupe centriste, pourtant conséquent au Sénat, n'était représenté que par une seule personne, qui, en une erreur, a fait basculer un vote sur une loi importante. Cette nouvelle preuve de l'absentéisme des parlementaires entache nos assemblées. Certes, on va me dire que les parlementaires font beaucoup de choses, mais là est sans doute le problème.

Puis, vient le traitement médiatique. On insiste immédiatement sur cette curiosité : le Sénat vient de rejeter un projet de loi, par erreur. Evidemment, on taxe l'opposition de manœuvre de bas-étage. On peut en effet l'admettre, mais grâce à cet artifice, on a enfin daigné parler un peu de cette réforme qui redessine les circonscriptions et qui va surtout mettre en difficulté la gauche dans le futur pour les élections législatives. La méthode est donc petite, mais je peux comprendre que les sénateurs de gauche en aient profité pour ennuyer un peu le gouvernement. C'est de bonne guerre.

Pour finir, les médias s'étonnent du fait que le projet de loi doive repasser à l'Assemblée avant de revenir au Sénat. Ainsi, on le dit clairement : le Parlement n'a pas à refuser une loi proposée par le gouvernement, sous peine de massacre médiatique. Certes, le côté « erreur » rend tout cela un peu risible, mais que se serait-il passé si le Sénat avait rejeté ce texte par désaccord ? La même chose : il serait retourné à l'Assemblée pour revenir dans quelques jours. En France, lorsque le Parlement n'est pas d'accord, on le soumet.

Cet abaissement permanent du Parlement me peine, mais ne cesse de nous inciter à tout faire pour développer des mécanismes de démocratie directe, histoire de pouvoir contrebalancer un peu la puissance d'un pouvoir exécutif de moins en moins contrôlé.

mardi 15 décembre 2009

Meirieu n'affronte pas la difficulté réelle de notre système scolaire : les inégalités.

La semaine dernière, le journal le Monde a publié une tribune cosignée par Marie-Christine Blandin, Cécile Duflot et Philippe Meirieu. Il s’agit donc d’une déclaration des Verts concernant leurs intentions, au niveau des régions, concernant les lycées dont ils auraient la gestion si jamais ils l’emportaient aux élections à venir.

A chaque fois que Philippe Meirieu fait une déclaration (même s’il n’est pas tout seul, mais il faut bien penser qu’il en est le principal auteur), l’ensemble de la droite sort son revolver. Traditionnellement, c’est le blog SOS Education, suivi de près par l’Hérétique, qui mène la charge. Hier, c’était H16 qui s’attaquait au monstre pédagogiste. A chaque fois, on ressort les mêmes considérants qui sont tous faux. Par exemple, on ne cesse de nous dire que le niveau du lycée n’a cessé de baisser depuis la massification, alors que le niveau moyen des élèves n’a cessé de monter. Par contre, constat réel, l’école ne parvient toujours pas à s’occuper de la grande difficulté, et cela plus qu’ailleurs. Certains sociologues, comme Stéphane Bonnéry, ont même démontré que l’école avait tendance à plomber encore plus les jeunes issus des milieux défavorisés par rapport aux moyennes de l’OCDE. Là est sans doute le vrai défi de l’école d’aujourd’hui, mais cela n’intéresse pas nos dirigeants actuels, qui sont attachés à cette idée d’« excellence », valeur permettant de légitimer la persistance des inégalités et la réduction de la dépense publique.

Pourtant, l’article de Meirieu est bel et bien pénible à lire, y compris pour un privilégié pourtant marqué à gauche. Certes, de nombreux constats sont parfaitement acceptables, mais progressivement, on perçoit le projet de l’auteur, et on s’inquiète. Ainsi, l’objectif semble bien de proposer d’intégrer la formation professionnelle des adultes dans les lycées. Mais comment est-ce possible ? Dans des établissements déjà bien remplis et en manque permanent de personnels, comment ouvrir plus et accueillir en plus les adultes ? Voilà l’annonce de belles dépenses dans le bâtiment...

De même, le pédagogue considère encore que c’est la compétence qui doit être au centre des apprentissages, décalant le savoir on ne sait où. Pourtant, je ne vois pas comment on peut traiter l’un sans l’autre. La compétence sert à articuler les savoirs, les savoirs peuvent être utilisés avec des compétences. Autant d’un côté de l’échiquier politique que de l’autre, on fait une erreur fondamentale : les deux sont nécessaires, et ne peuvent être découplés sans rendre incohérent l’ensemble de l’enseignement.

De la même manière, on reste encore et toujours dans l’idée de performance, Meirieu affirmant que les élèves doivent aboutir à des résultats. Cependant, l’emploi du terme d’ « effort » nie l’inégalité des élèves entre eux, et le fait que le système ne peut simplement dire aux élèves : travailler, vous progresserez. La preuve nous est donnée par la réalité quotidienne : la grande majorité des profs disent déjà cela tous les jours aux élèves, et pourtant, cher lecteur, les plus faibles ne réussissent pas mieux.

En clair, autant à droite qu’à gauche, on se trompe fondamentalement, et on ne se prépare toujours pas à affronter le vrai défi : traiter l’échec scolaire et notre système égalitaire par les actes, et pas seulement par les mots. Il serait temps qu’on s’y mette, parce que cet objectif serait vraiment un axe intéressant pour un programme de gauche et permettrait largement de ressouder une communauté nationale mise à mal par les stupidités diffusées en ce moment par nos dirigeants.

lundi 14 décembre 2009

« L’école ne peut pas tout ».

Cher lecteur, j'ai envie de partager avec toi un extrait d'un ouvrage que je suis en train de lire en ce moment, consacré aux résultats des examens PISA menés par l'OCDE, « L'élitisme républicain », de Christian Baudelot et Roger Establet, publié au Seuil en 2009. Ce petit bouquin est très intéressant et j'aurais sans doute l'occasion d'y revenir prochainement.

Pourquoi cet extrait ? Il s'agit d'une réponse à un article du très libéral H16, avec qui je suis très peu souvent en accord par ailleurs mais qui est un blogueur intéressant en général. Cependant, là, il signe un papier rempli d'affirmations sans fondements scientifiques sur le système éducatif, alors que son objectif était de dézinguer un article de Meirieu paru dans le Monde récemment, qui le méritait bien en effet mais avec d'autres arguments. Le texte de H16 correspond aux stéréotypes les moins évolués qui parcourent la droite française sur l'école, et je me désole qu'il tombe là-dedans…

Voici donc cet extrait que je te recopie ici :

« Une grande partie des obstacles que rencontrent les systèmes scolaires qui cherchent à élever le niveau de la totalité des enfants dépend de causes extérieures à l'institution scolaire. Une école ne constitue pas, dans une société, un isolat autonome dont l'efficacité dépendrait seulement du savoir-faire et de l'engagement de ses enseignants, de la docilité des élèves, de l'intelligence des programmes et des contrôles exercés sur la façon dont ils sont assimilés, des taux d'encadrement ou de la modernité des locaux. Bref, l'école ne fait pas tout. Elle doit composer avec la nature et le degré des inégalités qui préexistent au sein de la société. Le niveau de richesse du pays, la composition sociale de sa population, le régime des inégalités économiques et sociales, sans compter la place occupée par le système scolaire au sein de la société, sont autant de traits dont la combinaison contribue à forger l'identité particulière de chaque système scolaire, miroir plus ou moins déformant de la société qui l'a produit. Une école est toujours à l'image de l'écosystème qui l'entoure. Surtout, elle n'est jamais un sanctuaire : le monde extérieur y pénètre chaque matin par la grande porte sous la forme très concrète des flux d'élèves qu'elle accueille et dont les origines sociales, les trajectoires familiales et les difficultés – ou les facilités – représentent un condensé vivant des contradictions qui travaillent le corps social tout entier. Se concentrent en effet dans le fonctionnement quotidien d'une école les rapports de force et les contradictions de la société toute entière.
C'est ainsi qu'au cours du dernier demi-siècle, l'école en France a été frappée de plein fouet par tous les traumatismes majeurs qui ont affecté la société française et accompagné le développement sans précédent de l'économie et du niveau de vie des Français. Exode rural et désertification des campagnes, urbanisation, industrialisation, désindustrialisation, chômage, immigration, banlieues, racisme… Autant de mutations violentes et de dégâts collatéraux de la croissance qui ont directement touché l'école et se sont traduits, au final, par une masse croissante et diversifiée d'élèves à scolariser de plus en plus longtemps. Ce mouvement social était nécessaire pour élever le niveau de qualification requis par une économie moderne et pour répondre à la demande d'éducation croissante de familles très conscientes des enjeux de la formation. Mais, contrairement à l'image idyllique (et fausse) véhiculée par les « hussards de la République », et aux mythes qui l'accompagnaient, l'école a toujours été conçue en France, de la base au sommet, de façon inégalitaire. Les mesures destinées à transformer un système éducatif au départ très sélectif et hiérarchisé ont été prises avec beaucoup de retard, et non sans heurter de nombreux corporatismes : le collège unique est postérieur aux chocs pétroliers (René Haby, 1975) ; la gauche a permis des mesures essentielles en faveur des plus démunis (Alain Savary, 1981) ; Lionel Jospin a aligné les statuts des enseignants de l'école obligatoire en plaçant les professeurs des écoles au même niveau que les professeurs de collège et en revalorisant leurs salaires.
En dépit de ce retard, la massification, conçue en grande partie comme un traitement scolaire du chômage, a permis une élévation sensible du niveau scolaire et une réduction des inégalités sociales. L'intérêt des mesures de PISA est de montrer que les solutions mises en place sont encore loin d'être à la hauteur des problèmes, notamment si l'on prend en considération les niveaux minimaux de qualification. »

Taxer les bonus des traders en France : impossible !

Connaissant mes opinions politiques, cher lecteur, je suppose que tu dois être surpris de me voir contredire le président de la République et les travaillistes britanniques sur un sujet sur lequel je devrais, en tant que bon gauchiste garanti par la blogosphère libérale, être en accord avec eux.

Fondamentalement, je ne crois absolument pas que la taxation des bonus des traders changerait grand-chose à l'évolution de la sphère financière. Rapidement, les banques trouveraient un autre moyen de rémunérer leurs employés. C'est le système qu'il faut encadrer. Certes, la taxation est un symbole, mais je doute de son impact à court, moyen et long terme. Les travaillistes ne font cela en Angleterre que pour essayer de rattraper un électorat populaire qui les fuit, en utilisant des trucs populistes.

Par contre, en France, cette taxation ne sera pas possible. En effet, je tiens à te rappeler, cher lecteur, que, grâce au président Sarkozy, notre pays vit sous le régime du bouclier fiscal, qui permet à la bourgeoisie française de défiscaliser la moitié de ses revenus. Il faudrait donc imaginer qu'un trader ne soit pas déjà imposé à ce niveau, ce qui sera d'une grande rareté, vu le niveau de rémunération de ceux que vise cette politique.

Le président aurait-il décidé de revoir son bouclier fiscal ? On peut en douter, vu son incapacité à remettre en question ses choix politiques. Il aurait été bien d'ailleurs qu'un journaliste lui pose la question ce matin. Ce qui est formidable, c'est que le président pourra faire passer cette loi, dire qu'elle est une vraie mesure de justice sociale, alors qu'elle ne s'appliquera jamais, et que personne, à part quelques blogueurs gauchistes et acariâtres, ne le fera remarquer.

On aimerait tout de même un peu de contestation dans ce pays…

samedi 12 décembre 2009

Pétition de l'intersyndicale contre la réforme des lycées.

Cher lecteur, je suis désolé mais je suis actuellement totalement surchargé et je ne parviens pas à me dégager du temps pour le blog. Maintenant, tu me connais, je suis prof, et cela ne durera pas longtemps.

En attendant, je voulais te soumettre ce texte de pétition mise en ligne par l'intersyndicale assez large s'opposant à la réforme des lycées. Après une longue analyse de cette réforme, dont de nombreux pans restent dans l'ombre, je souscris totalement à ce texte. Je t'invite à le parapher.

J'aurai l'occasion, dans les prochains jours, de revenir sur ces différents aspects, maintenant que les principaux décrets sont connus et passés au Conseil Supérieur de l'éducation.

Monsieur le Ministre,

Votre projet de réforme est inacceptable.

Il constitue une réforme globale du second degré à travers les modifications du décret EPLE qui concerne également le collège.

Il se traduit par :

  • un accroissement dangereux de l’autonomie des établissements et des prérogatives des chefs d’établissements. Ainsi serait confié à la gestion locale près d’un tiers de l’horaire professeur au risque de conduire au développement des inégalités et à la concurrence entre les disciplines, voire entre les établissements ;
  • un « accompagnement personnalisé » des lycéens installé au détriment des horaires disciplinaires dispensés aux élèves et qui ne répond pas à leur demande légitime ;
  • une dénaturation de l’enseignement disciplinaire, en particulier pour les disciplines qui sont cantonnées en seconde dans les enseignements d’exploration réduits à 1h30 ;
  • la mise en place d’un tronc commun en classe de première qui ne répond en rien à de réelles possibilités de changement de parcours pour les élèves, mais qui permettrait l’augmentation des effectifs dans les classes et la poursuite des suppressions de postes ;
  • une extension des missions des enseignants bien au-delà de leurs responsabilités, en premier lieu sur l'orientation et une remise en cause des missions des conseillers d’orientation psychologues.

    Il n’apporte aucune réponse à la demande unanime d’amélioration des conditions de travail des personnels et des conditions d’étude des élèves.
    Pourtant, le lycée doit être amélioré et personne ne peut se résoudre à la persistance de l’échec d’un nombre important de jeunes, en particulier en classe de seconde.

    Nous vous demandons solennellement de renoncer à ce projet, de reprendre les discussions sur d’autres bases, et de poursuivre celles sur les séries STI - STL.


  • Pétition signée par le SNES-FSU, Sud-Education, la CGT-Educ'action, le SNALC-CSEN, le SNEP-FSU, le SNCL-FAEN, le SNETAP-FSU, le SNFOLC.

    Les associations disciplinaires suivantes appellent aussi à signer le texte : Association des enseignants d’activités technologiques, Association des professeurs de biologie géologie, Association des professeurs de langues vivantes, Association des professeurs de sciences Économiques et sociales, Société des langues néo-latines, Union des professeurs de physique et de chimie.

    Pour vous imprégner de mes analyses déjà publiées sur cette réforme, cette perle est faite pour vous :

    Le privilégié et la réforme du lycée.

    mercredi 9 décembre 2009

    Ambiance Frêche dans le Sud.

    Le PS manque-t-il de courage politique ? A l'évidence, oui. Pourtant, je suis un chantre de la démocratie directe, et je suis pour le respect du vote des citoyens, même si là, nous ne sommes pas dans un scrutin national.

    J'avais défendu le droit des Suisses à voter, même pour dire n'importe quoi, en réfléchissant à la logique du référendum. Au PS, ma logique est la même. Les militants du Languedoc ont choisi une personne sulfureuse pour les représenter, obéissant à des ordres des chefs locaux. C'est une erreur fondamentale que les militants PS paieront un jour. Sans doute ont-ils agi en espérant emporter l'élection, mais n'est-ce pas ce qu'ils avaient déjà fait en désignant Ségolène pour mener la campagne de 2007 ?

    La direction aussi, incapable d'être suffisamment influente pour convaincre, le paiera à un moment ou un autre. Maintenant, les barons du PS le savent : ils peuvent faire n'importe quoi ! S'ils tiennent leurs réseaux, ce n'est pas grave. Ils seront reconduits et conserveront leurs fiefs.

    A terme, toute la gauche va payer ce choix, à force d'être représentée par des personnes qui lui font du mal.

    Sarkozy peut être tranquille…

    mardi 8 décembre 2009

    Le gouvernement joue l’apaisement face aux routiers : signe de faiblesse ?

    Alors que la question salariale serait la première cause d'insatisfaction des Français (ce qui marque un changement, car jusqu'à récemment, il s'agissait du chômage), les routiers se lancent dans un mouvement de grève pour tenter d'obtenir une augmentation de salaire. Ce mouvement n'est pas le premier du genre dans le privé cette année. Le 24 novembre, le secteur bancaire se mobilisait déjà pour exiger d'avoir sa part du gâteau des profits de leurs entreprises. Et puis, les mouvements à venir se multiplient : SNCF, musées, Education, hôtellerie-restauration… Alors que nous sommes en plein contexte de crise, les initiatives sont nombreuses, et dans des secteurs qui ne sont pas toujours habitués à la grève. Les routiers, pourtant violemment frappés par la libéralisation des services sur le territoire de l'Union Européenne, étaient restés calmes ces dernières années.

    Comme d'habitude, et malgré ce qu'affirme sans cesse la majorité, les Français soutiennent ce mouvement, alors qu'il risque de perturber largement leurs courses de Noël. On oublie toujours de dire que nos concitoyens sont en général en accord avec les grèves, même s'ils ne les font pas eux-mêmes. Ce soutien ne s'est jamais démenti ces dernières années.

    Sarkozy avait promis d'en finir avec la notion de grève en France, et avait péroré là-dessus durant l'été 2008. Pour preuve, il avait tenu bon lors de la réforme des régimes spéciaux de la SNCF, histoire de montrer que sa présidence serait celle de la fermeté, et avait fait passer sa loi sur le service minimum dans les transports puis dans les écoles primaires. Depuis, il a oscillé en fonction des mouvements de grève, cédant sur les médecins, les lycéens ou semblant vraiment gêné par la votation citoyenne sur la Poste.

    Et là, à ma grande surprise, le gouvernement tente à tout prix d'empêcher un démarrage de ce conflit. Pourtant, ce mouvement a toutes les chances de ne plus être populaire dès sa première semaine. Avec une bonne manipulation médiatique, on pourrait facilement retourner l'opinion et accuser les routiers de gâcher les fêtes des vrais travailleurs et de ne pas respecter les 10% de chômeurs. Or, le gouvernement a nommé un médiateur et essaie de convaincre des employeurs, pourtant en position de force, de céder.

    Il n'y a qu'une seule interprétation de cette stratégie : ce gouvernement, contrairement à ses affirmations, se sent faible. En fait, on en vient presqu'à se dire que nos syndicats ont vraiment adopté une stratégie désastreuse cette année, car il est de plus en plus évident que nos dirigeants n'ont aucune envie d'affronter un vrai mouvement social maintenant, alors qu'ils clament partout que leur politique économique est un succès.

    Il y aurait pourtant de quoi faire

    Nous devrions tous y réfléchir posément. Il serait peut-être temps de s'exprimer sur les sujets vraiment importants, plutôt que de perdre son temps avec ces minarets ou ces débats stupides sur l'identité nationale…

    lundi 7 décembre 2009

    Sur la suppression de l'histoire-géographie en Tle S et les réaménagements des programmes de la discipline.

    Cher lecteur, je me préparais à rédiger un billet pour engueuler l'Association des professeurs d'histoire-géographie (APHG) pour sa position timorée sur la réforme du lycée, lorsque le Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire a publié ce texte aujourd'hui, que je trouve en parfait accord avec mes idées sur la question.

    Je vous soumets donc ce texte, que je fais mien d'une certaine manière, pour réaction et débat.


    'La réforme présentée par Luc Châtel est de bien mauvais augure pour l’enseignement de l’histoire-géographie au lycée. Et le problème ne se limite pas à la suppression de son enseignement obligatoire en Terminale scientifique, qui a jusqu’à présent concentré l’attention des premières critiques. L’enjeu est beaucoup plus lourd de sens pour l’avenir de nos disciplines.

    Cette décision rompant avec une longue tradition nationale de l’enseignement de l’histoire et de la géographie pour tous les élèves du primaire jusqu’au lycée, y compris professionnel, nous est présentée comme une volonté de valoriser les autres filières, de mieux préparer les lycéens aux carrières scientifiques et, plus globalement, d’articuler davantage le secondaire au supérieur. Mais le ministère se livre à une communication mensongère. À première vue, qui pourrait sérieusement s’opposer à un objectif aussi urgent que louable ? C’était déjà la volonté des précédentes réformes. Elles ont toutes échoué car, comme dans cette dernière mouture, cette articulation n’est restée qu’un slogan. Par ailleurs, cette suppression semble ignorer totalement que nombre de bacheliers scientifiques s’orientent ensuite vers des études où l’histoire et la géographie sont loin d’être négligeables. On propose alors aux candidats à Sciences Po ou aux classes préparatoires littéraires ou commerciales un enseignement « optionnel » de l’histoire-géographie. Mais les autres ? Faudrait-il les priver de toute possibilité d’études de sciences humaines ou sociales à l’université ?

    Cette réforme, mal ficelée et vendue par une opération de marketing politique, ne tient pas compte du réel. Il n’existe à ce jour aucune concertation entre les enseignements secondaire et supérieur sur une éventuelle continuité pédagogique, ni sur une mise en commun de méthodes ou d’outils de travail. Bien au contraire : en imposant à toutes les Terminales un programme allant de 1989 à nos jours (propositions ministérielles), on prononcerait tout simplement l’arrêt de mort de l’histoire-géographie, ainsi ravalée au mieux à l’étude du temps présent, au pire à un simple commentaire d’actualité. Ce projet masque à peine la volonté du gouvernement de transformer l’enseignement de l’histoire en didactique d’un passé le plus récent possible, afin d’ôter la distance nécessaire à toute réflexion sur l’organisation du savoir historique où temps et espace sont étroitement mêlés. D’où une hémorragie à craindre dans le supérieur en termes d’effectifs et de vocations !

    La condensation des programmes sur deux ans, entre la seconde et la première, qui résultera nécessairement d’une telle disparition, appelle également à la vigilance. Quels moments historiques, quelles aires culturelles sortiront rescapés d’une telle compression ? Dans le contexte d’instrumentalisation politique du passé que l’on connaît actuellement, de quelles garanties dispose-t-on pour qu’une telle simplification ne vienne pas couronner les tentations de l’ethnocentrisme, du recours à l’émotion facile ou du devoir de mémoire téléguidé depuis le sommet de l’État ? Comment ne pas craindre que cette histoire, réduite à une peau de chagrin, ne fasse passer l’événementiel avant l’esprit critique ?

    Le ministère se donne deux mois pour élaborer de nouveaux programmes. On imagine que leur confection, menée tambour battant pour des raisons politiques, ne s’embarrassera pas beaucoup de la consultation des enseignants. Plutôt que de mettre publiquement en scène la punition des fonctionnaires « désobéisseurs », plutôt que de traiter les enseignants en spectateurs d’injonctions non négociées, le ministère devrait les considérer pour ce qu’ils sont avant toute chose : des acteurs du système éducatif.

    Privilégier les méthodes ? Mais la suppression des modules en classe de seconde contredit des décennies de modernisation et d’innovation pédagogiques. Elle rétablit une école d’un autre âge, celle du cours magistral, dans lequel le professeur, réinvesti d’une autorité patriarcale, délivre le savoir à des élèves collectivement infantilisés.

    De cette réforme il y a donc peu de raison de se réjouir et au contraire beaucoup de s’inquiéter. Comme d’autres qui l’ont précédée, elle n’atteindra pas les objectifs qu’elle affiche car ces derniers ne sont qu’un écran de fumée. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir que, derrière la façade des justifications pour la réussite, la véritable raison d’être de cet ensemble de mesures est d’ordre strictement budgétaire. C’est la même logique que celle qui préside à la réforme de l’université, à la destruction de la formation des enseignants et à son remplacement par des masters professionnalisants, dont les titulaires serviront de main d’œuvre mal payée pour combler les besoins provoqués par la suppression massive des postes d’enseignants du Secondaire.

    Mais l’histoire et la géographie ne sont pas seulement les victimes collatérales de cette logique comptable et d’une vision très rétrograde du rôle de l’école. Au-delà, comme nos collègues de Sciences économiques et sociales, nous pensons que les réformes annoncées font fi du rôle des sciences humaines et sociales dans l’éducation de nos futures générations : sous le prétexte de professionnaliser l’enseignement, c’est l’apprentissage d’une citoyenneté critique et de la culture humaniste qui, une fois de plus, se voit sacrifié sur l’autel de l’utilité et de la rentabilité à courte vue.

    Le CVUH (comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire)'

    dimanche 6 décembre 2009

    Tiens, la campagne électorale a l’air de commencer aux Lilas.

    Quand on fait son marché le dimanche, on peut systématiquement prendre la température de la vie politique nationale. Certes, la plupart de nos concitoyens ne s'intéresseraient pas à la politique. C'est sans doute vrai. Malgré cela, les militants de nos partis politiques considèrent toujours que le passage par le marché est une étape indispensable d'une période électorale.

    En fait, aux Lilas, ils sont présents toute l'année. Pour t'aider à comprendre l'organisation, j'ai réalisé ce petit schéma qui va te permettre de saisir la géographie de la commune et les enjeux locaux du militantisme, en m'appuyant sur Google Earth.

    Pour nos amis politiques, la commune recèle deux points stratégiques : le marché de la commune (qui se tient le mercredi et le dimanche matin), localisé par les bordures orange, et les deux bouches de la ligne 11 du métro (station Mairie des Lilas), qui sont symbolisés par les deux points orange évidés à l'Est de l'image. En fonction des périodes, les stratégies varient.

    En période non-électorale, les militants de gauche (PS, PCF et écologistes, plus rarement le NPA) se concentrent le dimanche matin à l'entrée du marché, majoritairement couvert, sur la zone cerclée en rose et vert. Tous les dimanches, je peux ainsi voir le maire PS de la commune et son équipe, mais aussi les principales figures de la ville, tracter et discuter avec les passants. Généralement, ils arrivent vers 10h00 et repartent vers midi. Leurs tracts concernent majoritairement des questions locales, sauf en période électorale bien sûr. Parfois, un autre acteur symbolique de la vie lilasienne apparaît : Lutte Ouvrière. En effet, ce parti compte localement une gloire nationale, Arlette Laguiller, qui vit sur la commune. On ne la voit que très rarement, mais les militants surgissent parfois et installent un stand à l'entrée du métro, au niveau des deux gros cercles rouges, avec drapeaux rouges et musique. Ces événements ont lieu le matin ou le soir, en semaine, sans qu'il soit facile de comprendre les dynamiques internes de LO. Ces stands apparaissent majoritairement hors des périodes de campagne.

    Lorsque la campagne approche, les choses bougent. Le changement se voit d'abord au marché où les militants deviennent bien plus nombreux, nous empêchant presque de pénétrer dans le marché sans que nous n'ayons accepté de prendre au moins un tract. De plus, la gauche lance une offensive plus large en tractant aux bouches du métro mais aussi sur l'esplanade de la mairie. Surtout, c'est à cette période que l'UMP et le Modem apparaissent. La ville a pourtant une longue histoire marquée par la droite, ayant été dirigée par l'UDF avant 2001. Or, les militants restent peu visibles dans les rues, sauf lorsque les élections approchent. Là, ils adoptent des stratégies similaires à la gauche : bouches du métro et esplanade de la mairie.

    Cependant, la droite lilasienne s'approche peu du marché lorsque les militants de gauche y sont massivement présents. Dans ce cas, elle occupe la rue de Paris (gros traits bleus) pour alpaguer les passants y allant ou en revenant. Généralement, elle ne se montre que dans les dernières semaines précédant le scrutin. Je n'ai jamais vu de militant FN tractant sur les Lilas, mais il doit bien y avoir une section quelque part.

    Ce matin, je suis allé au marché très tardivement (aux alentours de 12h45) ce qui fait que j'ai raté la gauche. Cependant, à l'évidence, la campagne avait commencé : le sol était couvert de tracts mouillés de gauche et d'Europe Ecologie. Cependant, l'élection n'est pas pour demain : aucun tract UMP à l'horizon…

    samedi 5 décembre 2009

    Le Téléthon : j’ai beau essayer d’être indulgent, je n’y arrive pas.

    En ce pluvieux samedi, dans ma proche-banlieusarde commune des Lilas, la municipalité avait fait fort. Depuis ce matin, une large tente était installée sur la place de la mairie, dans le but de promouvoir le Téléthon. Nous avons donc eu droit à de la musique de mauvaise qualité tout au long de la journée, pour nous encourager à venir faire une promesse de don. J'aurais presque donné pour qu'ils baissent le son.

    Depuis le début de cette opération, j'ai toujours ressenti une gêne profonde. Les programmes du Téléthon n'ont cessé de déverser sur les chaînes de télévision française des flopées de bons sentiments. De plus, l'usage des enfants malades pour attirer les dons, l'oubli des autres maladies et le fait que cette initiative vienne du désengagement des pouvoirs publics de la recherche fondamentale, n'ont cessé de faire croître mon rejet.

    Pourtant, l'AMF a eu de réels résultats, et en particulier le décryptage de la carte du génome humain, dont les implications futures sont énormes. Ces succès m'ont souvent fait douter de mon propre rejet : si les effets sont positifs, pourquoi maintenir une opposition de principe qui n'aurait pas lieu d'être ? Et ce d'autant plus que peu de personnes ont osé s'attaquer au Téléthon depuis que celui-ci existe. La charge récente de Pierre Bergé sur le sujet ne m'a pas satisfaite. Même si on peut souscrire à certains arguments, la démarche de l'homme ne m'a pas convaincu. Etant directeur du Sidaction, Bergé s'est simplement placé dans un rapport de concurrence avec le Téléthon en essayant de tacler son concurrent, alors que la soirée du Sidaction approchait. La ficelle était un peu grosse, et elle a été vue.

    Car le problème est bien celui de la concurrence mis en œuvre dans le principe de la charité. En effet, cette idée structure la logique associative. Il s'agit de ne pas confier une bonne partie des œuvres sociales aux pouvoirs publics mais de laisser chaque citoyen faire ce qu'il désire de ses revenus : les utiliser entièrement pour lui-même ou les donner en partie à des œuvres qui en feront un usage dédié. Or, ce système implique que le citoyen soit séduit par la cause qu'on lui soumet, ce qui impose aux associations d'user de multiples moyens de séduction, voire de culpabilisation, pour le pousser à donner à tel ou tel organisme. Cette contrainte est fixée par le niveau des revenus, qu'on ne peut pas entièrement donner (faut bien manger !). De plus, les associations, comme l'AMF ou le Sidaction, restent soumis aux aléas de l'actualité. Tout le monde se souvient des effets désastreux sur le Sidaction des engueulades entre Act Up et Philippe Douste-Blazy en 1996. Autre exemple : la fédération des banques alimentaires a annoncé la diminution de ses résultats de collecte de 10% par rapport à l'an dernier, du fait de la crise économique.

    La solidarité devrait être la seule solution viable à ces questionnements. Quelle est la différence ? On s'appuie sur le collectif. Les représentants des citoyens, élus sur un programme, décident de consacrer des fonds à la recherche. Ces fonds sont financés par tous par un impôt progressif. Ainsi, tous les citoyens contribuent à l'effort pour traiter ceux qui sont malades, et préparent des soins pour eux-mêmes et pour leurs proches.

    En théorie, la recherche publique, quel que soit l'institution qui s'en occupe, devrait être détachée de la gestion directe de l'Etat et devrait pouvoir mener ses recherches seules, en rendant régulièrement des comptes aux parlementaires qui lui voteraient son budget. Libre au Parlement de définir la hauteur du financement.

    Doit-on complètement se passer de la charité ? Globalement, non, car, et cela me fait mal de le reconnaître, l'émergence d'associations prenant un domaine en main permet à l'ensemble de la communauté et aux pouvoirs publics de prendre conscience de la réalité du problème. Par contre, au niveau de la santé, il semble évident que la recherche publique s'impose d'elle-même, les entreprises ne menant des recherches qu'à courte vue et profitable, et les associations entraînant forcément ces débats finalement très nauséabonds pour mesurer l'importance de la gravité de chaque maladie…

    vendredi 4 décembre 2009

    La chaîne du redoublement : résultats.

    Cher lecteur, aujourd'hui, j'ai une journée très longue, et je n'aurai pas le temps de faire un de mes habituels longs billets.

    Malgré tout, voici un peu de lecture. Suite au lancement de la réforme des lycées, j'avais lancé une chaîne sur la question fatidique du redoublement. Onze blogueurs se sont investis dans des billets sur la question.

    Tu pourras découvrir leurs opinions ici :

     La chaîne du redoublement. 

    Si jamais j'ai loupé ton billet sur le sujet, cher camarade blogueur, n'hésite pas à me le faire savoir. Je te rajouterai dans la perle.

    Bientôt, mes analyses et réactions à toutes ces contributions.

    jeudi 3 décembre 2009

    Du nouveau dans la blogroll.

    Cher lecteur, j'ai décidé de faire un peu évoluer mes blogrolls. Depuis que je me suis mis à bloguer, j'avais progressivement laissé en déshérence ce système de référencement, parce que je me consacrais plutôt aux liens. Les diverses réflexions sur le Wikio qui pullulent sur la blogosphère en ce moment (je me demande finalement pourquoi la passion est si forte, pour peu de choses) m'ont amené à me repencher dessus.

    En fait, le concept de la blogroll est diversifié et chaque blogueur en fait un peu ce qu'il veut. Au départ, j'estimais que je devais y mettre les blogs que j'aimais lire, qu'ils soient proches de mes idées ou plus éloignés. Puis, progressivement, je n'y ai mis que ceux que je voulais promouvoir et en ait même viré quelques-uns pour incompatibilité d'humeur.

    Finalement, j'ai décidé de changer encore de logique, et d'inscrire dans cette blogroll tous les blogs que je lis chaque jour et auxquels je suis abonné. Je les ai classés en trois catégories :
    • Les blogs et sites à lire pour être un privilégié : tu trouveras ici tous les blogs politiques ou non, que j'estime proche de moi. Je ne les linke pas tous les jours, mais je les lis le plus possible.
    • Mes adversaires politiques peuvent aussi être lus, si vous en avez le temps : dans cette catégorie, se retrouvent des blogs avec qui je suis peu souvent d'accord, dont je suis éloigné des idéologies, mais que je trouve de qualité et que je lis. Certes, tout le monde est un peu mélangé là-dedans, et je te laisse la joie de faire le tri par tes propres découvertes.
    • Blogs politiques québécois : pour diverses raisons personnelles, je suis très attaché à la Belle Province. Voici donc une petite sélection de nos camarades d'outre-Atlantique. Il y a de tout dans cette liste. Souvent, l'information est très locale, mais tu trouveras parfois des billets sur des débats qui ont secoué ou secouent la France d'aujourd'hui.
    Bonne découverte, cher lecteur, et n'hésite pas, si tu connais de bons blogs que je n'aurai pas encore repéré, à me les conseiller.

    mercredi 2 décembre 2009

    La chaîne de la phrase synthétique.

    Tiens, alors que le nouveau système du Wikio devrait nous amener à ne plus faire de chaîne, voila que LOmiG me linke dans une chaîne visant à me faire m'exprimer, en une phrase, sur quelques concepts-phares des débats politiques libéraux actuels. Comme je trouve l'idée intéressante pour mes lecteurs, je me lance donc. Il ne s'agit pas, bien sûr, de donner les définitions académiques de ces termes, mais de donner des visions totalement subjectives et parfois provocatrices.

    Sur les lois : la loi est à respecter si elle est d'essence démocratique, c'est-à-dire adoptée par des représentants démocratiquement élus ou par référendum, mais en tant que citoyen, nous nous devons de la critiquer et de réfléchir sur elle en permanence.

    Sur les médias : vecteur indispensable de la démocratie, mais très souvent tenus par des coteries qui en font bon usage, pour leurs propres intérêts…

    Sur la religion : système de pensée issu du passé, visant à expliquer le monde mais de manière absolue, et qui, dans une saine démocratie, ne devrait pas avoir d'influence sur le débat public et devrait rester cantonné à la sphère privée.

    Sur la démocratie : système politique qui permet d'éviter la violence entre les différents groupes composant la société, et qui reste performant tant que tous les citoyens estiment avoir une influence sur l'évolution des politiques mises en œuvre par le gouvernement. La démocratie n'est pas liée à un système économique ni à une organisation de la société particulière.

    Sur la violence : n'est pas acceptable dans une démocratie sauf en cas de légitime défense, y compris pour les forces de police et les forces armées.

    Sur l'islam : voir le point sur la religion.

    Sur l'Etat : cette institution est un moyen d'organiser notre communauté de vie, qui obéit à ceux qui le dirigent. Il est donc neutre (ni mauvais ni bon par nature) et illustre la pensée de ceux qui sont à son sommet.

    Sur tout autre sujet (un seul) que vous estimez digne d'être traité (en une phrase)

    Sur le libéralisme : système de pensée visant à se méfier systématiquement de l'Etat, sauf quand il intervient pour défendre les intérêts des libéraux eux-mêmes.

    Bon, je fais passer le bébé à Corto74, Manuel et Fabrice, Mtislav, Gaël, Dorham et Reversus. Au travail !

    PS : au passage, cher lecteur, je te signale cet excellent billet de Julien sur la situation suisse, avec ses minarets. Si tu veux faire la chaîne, camarade, n'hésite pas.