On entend toujours, dans les milieux conservateurs et réactionnaires, une petite musique visant à dissocier la question des moyens dans l'éducation et la question du niveau des élèves.
La situation des lycées du 93, en ce moment, démontre que les deux notions peuvent être intimement liées.
Depuis 2002, l'Etat a régulièrement diminué les postes dans notre ministère. L'arrivée des socialistes a interrompu ce processus, mais la situation ne s'améliore pas pour autant. En effet, le département est en forte hausse démographique (environ 1 600 élève de plus par an dans le second degré). Les quelques moyens attribués ne permettent pas de faire face et le nombre d'élèves par classe augmente régulièrement.
Pour y pallier, l'administration tente de faire augmenter chaque année le nombre d'heures supplémentaires des enseignants. En 2007, cela marchait bien parce que la situation du pouvoir d'achat était telle que les collègues acceptaient de gagner un peu plus en travaillant plus. Cependant, le nombre augmentant, il devient de plus en plus difficile de les caser.
Pour faire augmenter artificiellement le nombre d'HS, l'administration ferme et/ou n'ouvre pas les classes nécessaires en janvier, laisse les mutations se faire puis ouvre les classes en juin. Les collègues ayant déjà bougé, on ne peut plus ouvrir de postes et tout se fait donc en HS.
Or, en ce mois de juin, le Rectorat vient d'être pris à son propre jeu. Il a découvert la semaine dernière qu'il y avait beaucoup trop d'élèves en 2nde. En effet, il a donné ordre aux principaux de collège de faire passer un maximum d'élèves de 3ème vers la 2nde (pour éviter les réouvertures) mais n'a pas anticipé les redoublements de 2nde.
Résultat : plus d'une vingtaine de 2nde à rouvrir en catastrophe, soit beaucoup trop d'HS à absorber.
Quelle conséquence ? En ce moment, les proviseurs font passer en masse des élèves qui devaient normalement redoubler, et les commissions d'appel de demain feront de même.
Les opposants au redoublement seront sans doute très satisfaits de cela. Cependant, par manque de moyens, le système en vient à se contredire et à envoyer à l'abattoir des élèves en difficulté.
Chatel l'avait dit en 2007 : le redoublement coûte 7 milliards par an à la nation. Il semble qu'il ne soit pas nécessaire de le supprimer officiellement. La pénurie s'en charge toute seule...
Camarades réacs, attention, vos propres dogmes jouent contre vous.