samedi 25 août 2012

Les rythmes scolaires émergent seuls de la concertation sur l'école.

Depuis la fin du mois de juin, le ministre de L’Éducation nationale, Vincent Peillon, a entamé une concertation sur de nombreux thèmes concernant le système éducatif. Elle réunit de nombreux acteurs du système mais aussi d'autres contributeurs. Elle s'est interrompu mi-juillet et a repris mi-août. Elle devrait aboutir normalement à une loi d'orientation à la fin de l'année.

En entend-on parler ? Assez peu, je dois dire. Quelques recherches dans la presse en ligne montrent que c'est la question des rythmes scolaires qui passionne le plus les journalistes. Sans doute pensent-ils que, la majorité des Français ayant des enfants, ceux-ci sont intéressés par les rythmes de leurs futures vacances... D'autre part, c'est un sujet que tout le monde pense maîtriser. Enfin, c'est une bonne entrée pour taper sur les enseignants, ces éternelles feignasses.

Quand on s'intéresse un peu à la littérature, on trouve pourtant tout et n'importe quoi. Actuellement, les élèves sont en classe 36 semaines sur 52. Ils ont donc seize semaines de vacances réparties pour moitié sur les mois de juillet et d'août et pour moitié sur les quatre période de "petites vacances". La France se caractérise par un temps de vacances plus long que les autres pays développés, mais aussi des semaines nettement plus chargées en moyenne. De plus, il est intéressant de noter que la quantité de ce qui est enseigné n'a cessé de diminuer. En seconde générale, par exemple, nous sommes maintenant à 28h hebdomadaire par élève, alors qu'on était à 35-36h au début des années 1990. En primaire, on est passé en 2008 de 27h à 24h.

Et c'est là que la gabegie commence. Les spécialistes de chronobiologie semblent s'accorder sur le fait que l'idéal serait un temps de sept semaines de cours suivi de deux semaines de vacances. On relit cette idée dans de nombreux articles. Après, se pose la question de la journée de cours. Là, il semble aussi qu'un accord se dessine pour l'alléger, mais avec des problématiques nouvelles. En effet, l'allègement de la journée implique de modifier l'ensemble des rythmes :
  • soit en diminuant les vacances pour que les élèves continuent à travailler autant (mais là, les lobbies touristiques râlent),
  • soit en diminuant la quantité de ce qui est enseigné (mais là, les déclinistes râlent),
  • soit en augmentant le nombre de personnels pour que les élèves puissent faire la même chose en un temps plus court (mais là, les malades de la dette publique râlent).
En clair, ce n'est pas facile, d'autant plus que toute décision aura des conséquences lourdes. Si l'on diminue la durée journalière de cours, les familles vont voir leurs vies bouleversées : il faudra bien que quelqu'un vienne chercher les gosses plus tôt au primaire ! Le ministre a déjà dit que l'on pourrait créer des activités périscolaires gérées par les villes, mais cela va coûter (argh, la dette publique !) et les villes produiront des services totalement inégaux...

Pour les enseignants, il est très difficile, de manière empirique, de comprendre l'évolution de la fatigue des élèves. Personnellement, dans mon lycée dit difficile, j'ai toujours trouvé qu'il y avait deux périodes difficiles. La première se situe au mois de décembre, les élèves sortant crevés des quatre mois automne-hiver. Il est difficile de déterminer les causes, mais on peut dire que les vacances de la Toussaint sont plus courtes que les autres et que l'arrivée de l'hiver fatigue davantage. Ensuite, une autre période ressurgit au mois de février (encore l'hiver ?). Après, cela se passe mieux, sauf pour les terminales qui saturent fin mai-début juin...

Le ministre a pensé d'ores et déjà résoudre le problème en rajoutant deux jours de vacances à la Toussaint pris ailleurs. Ce n'est pas en soi une mauvaise chose, mais ces jours ne seront pas rattrapés partout. En lycée, nous bossons du lundi matin au samedi midi : je ne vois pas trop bien comment on va recoller des journées de cours dans la semaine. La seule solution serait de reculer le bac mais je n'ai vu aucune annonce à ce sujet. 

En tout cas, il est sûr qu'il faut faire quelque chose parce que le calendrier est toujours aussi ubuesque. Si on regarde, pour 2012-2013, le calendrier de la zone C (Paris-Bordeaux), on obtient :
  • sept semaines jusqu'à la Toussaint, ce qui est correct selon les chronobiologistes, avec deux semaines de vacances ensuite,
  • une première entorse avec six semaines pour la deuxième période,
  • ensuite, on arrive à huit semaines (!?) de suite dans une période traditionnellement dure pour les gamins,
  • on revient pour la quatrième période à six semaines, avec le premier pont dedans (week-end de Pâques),
  • enfin, merveilleuse dernière période, voici huit semaines de cours pour le primaire, six pour le collège et quatre ou cinq pour les lycées (les examens perturbant très souvent la fin de l'année) avec le pont de la Pentecôte en plus.
Ce rythme vient des célèbres trois zones, auxquelles les professionnels du ski sont très attachées. On verra si le gouvernement socialiste est capable d'écouter davantage les enfants que tous les lobbies qui tournent autour du juteux marché des vacances scolaires...

jeudi 23 août 2012

2012 : la pire rentrée dans l'Education nationale depuis 1995.

La rentrée 2012 va avoir un drôle de parfum.

Tu vas me dire, cher lecteur, que je suis encore en train de râler. C'est vrai, mais il faut bien comprendre que le changement de l’Éducation nationale ne peut être pour maintenant.

Je m'explique.

L’Éducation nationale est une lourde machine. Rien que pour recruter un professeur, par exemple, cela prend plusieurs années, parce qu'il faut le former et que, contrairement à ce que pensait la droite au pouvoir, cela demande des savoirs et de la formation professionnelle. Tiens, d'ailleurs, il n'y a plus de formation professionnelle. Le gouvernement actuel s'est engagé à la refondre, mais là aussi, cela va prendre du temps.

Le budget qui va s'appliquer à la rentrée 2012 est celui qui a été voté par la majorité sortante lors de la session d'automne 2011. En clair, nous allons perdre 13 000 postes de professeur à cette rentrée. Tu vas me dire que le nouveau gouvernement aurait pu annuler cette mesure, au lieu simplement de rajouter 1 000 postes au dernier moment.

Cela aurait été possible, mais qui aurait-on mis sur ces 13 000 postes ? Recruter un professeur, cher lecteur, prend maintenant deux ans. De plus, du fait de la masterisation et de la dégradation des conditions de travail et des revenus, il y a de moins en moins de candidats. On n'aurait donc pas pu trouver autant de gugusses en deux mois, à moins de recruter un bon pourcentage de personnes largement recalées aux concours. Le gouvernement aurait pu réouvrir les postes et y mettre des contractuels, mais là encore, cette solution présente de nombreux inconvénients, comme de mettre des gens non-formés qui viennent deux jours au lycée puis s'enfuient en courant. Le ministre a proposé d'aller chercher les collés aux différentes agrégations, mais là encore, on est sur des chiffres ridicules (quelques dizaines de personnes).

Au final, le gouvernement a choisi de privilégier l'équilibre de son budget. C'est ce qu'il avait annoncé, pas de surprise.

Nous allons donc vivre la dernière rentrée Sarkozy-Chatel (espérons-le en tout cas) ce qui signifie donc que, au niveau des moyens, elle va être la pire depuis 1995, d'autant plus que le nombre d'élèves est en pleine augmentation en primaire et en collège, baby-boom oblige.

J'ignore totalement comment les collègues vont supporter cela. Je ne sais pas non plus comment les familles et les élus locaux vont l'accepter. On a déjà vu que des problèmes émergeaient à la Réunion.

Depuis mai dernier, les enseignants sont dans l'attente de voir ce que le nouveau gouvernement allait leur proposer. Ils ont appris ensuite que la réforme du lycée ne serait pas remise en cause (à l'exception du retour de l'histoire-géographie en Tle S), que l'enseignement par compétences restait la matrice du gouvernement pour le primaire et le collège et qu'ils pouvaient toujours attendre une quelconque augmentation de salaire.

Je ne crois pas franchement à de grands mouvements sociaux, même si certains syndicats vont sans doute essayer de construire des mobilisations. Tant qu'on en restera à des préannonces, à des concertations, à des commissions voire à des comités, le gouvernement peut être tranquille. Les profs sont déjà tellement contents d'être sortis du désordre sarkozien...

C'est lorsque les annonces viendront qu'on peut craindre que les choses s'agitent. Mais dans quelle direction ? Là, franchement, aucune idée...

mercredi 22 août 2012

La rentrée, à gauche, s'annonce amicale mais virile...

Quand on a soutenu le Front de Gauche aux dernières élections, on est quand même un peu gêné.

D'un côté, il faut se rendre à l'évidence, on a perdu les élections, c'est un fait. Certes, on a progressé en voix et on a ruiné l'extrême-gauche, mais on a pas encore revitalisé suffisamment un électorat pour gagner des mairies par exemple. La preuve en est que plusieurs députés PCF n'ont pas sauvé leurs places, et que les autres sont souvent passés près du gouffre. Pour récupérer des mairies, il va falloir proposer un programme innovant qui soit aussi fort que l'était le communisme municipal des années 1950. Parce que maintenant, tous les partis font la même chose lorsqu'ils tiennent une mairie. Il faudra donc encore travailler, parce que pour l'instant, les électeurs pensent plutôt à virer les vieux maires communistes qu'à autre chose.

D'un autre côté, un autre parti de gauche l'a emporté. La tradition républicaine veut que les mouvements de gauche concurrents se placent dans un soutien républicain mais critique. Cela ne semble pas plaire à mes camarades socialistes, en particulier lorsque l'ancien candidat à la présidentielle ose dire quelque chose.

C'est marrant, parce que Mélenchon ne me semble pas difficile à contrer. Déjà, il a passé cinq semaines à soutenir Chavez au Venezuela, et on sait que le personnage est sulfureux. Ensuite, il s'agite surtout, à mon sens, pour préparer les évolutions du FdG et convaincre le PCF de ne pas retourner à sa stratégie qui n'a fait que lui coûter des mairies et des sièges de députés. Pour pouvoir exister, il faut donc, dans notre monde médiatique post-sarkozyste, qu'il tire à boulet rouge sur le gouvernement, et c'est ce qu'il vient de faire, très logiquement.

Je tiens à rassurer mes camarades socialistes. Vu que leur gouvernement à un vrai programme de gauche et qu'il va réussir à améliorer la vie de nos concitoyens, ils n'ont rien à craindre. Les critiques de Mélenchon tomberont à plat, et le FdG restera à 11% et se soumettra pour sauver quelques mairies en 2014.

Et puis, il ne faudrait pas tomber dans une stratégie sarkozyste où tout ce qui s'exprimait à droite contre l'hyper-président était systématiquement massacré. Répondez à la critique posément, et tout ira bien.

Maintenant, personnellement, je continuerai à écrire ce que je pense, et quand ce gouvernement, même de gauche, fera n'importe quoi, je le dirai.

Dans ce pays, la politique, cela devient vraiment n'importe quoi...