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lundi 25 mars 2013

Dites, et si on reprenait un peu de hauteur ?

Bon, ce qui est sûr, c'est que le climat politique actuel n'est pas à la sérénité.

Il y a quelques jours, j'ai écrit un billet sur Cahuzac, où j'écrivais qu'on se moquait des personnes, et que ce qui comptait était la ligne politique. Si on est en désaccord avec le gouvernement, on l'attaque sur sa ligne, pas sur ses membres.

Ce week-end, les camarades du PG ont dit des conneries. Si on acceptait l'idée que Moscovici puisse être un salopard, il suffirait donc de le virer et de mettre un autre membre du PS à sa place, et tout irait bien. C'est ce qu'on disait d'ailleurs de Sarkozy à l'époque. Or, le problème n'est pas là : ce qui compte, c'est la ligne politique. Un autre socialiste, du fait de la ligne adoptée par le président, ferait la même chose.

Ce qu'il faut combattre, c'est la ligne de la rigueur, et inutile pour cela d'être insultant: les faits suffisent à eux-mêmes.

Après, les multiples réactions des socialistes étaient tout aussi stupides. Le coup de l'antisémitisme, c'était quand même énorme, et cela démontre juste qu'Harlem Désir n'a pas la carrure d'un chef d'un grand parti national.

Et je voudrais dire quelque chose à mes amis socialistes (et à d'autres) : si Mélenchon est aussi peu important et se contente d'être simplement un populiste insultant, pourquoi lui consacrer autant d'énergie (surtout que les résultats électoraux du Front de Gauche ne sont pas à la hauteur encore et que c'est plutôt le FN qui devrait inquiéter tout le monde), de même qu'aux blogueurs du FdG ? C'est bien que vous utilisez la forme pour essayer de détruire le fond, car en réalité, la politique d'Hollande ne vous satisfait pas pleinement non plus et vous trouvez certaines critiques du Front de Gauche tout à fait pertinentes.

Et si vous perdez des élections partout, si le gouvernement est au plus bas dans les sondages, ce n'est pas à cause de la critique du FdG (et c'est dommage, parce que j'aimerais bien) mais bien du fait de la politique menée, et c'est elle qui sera sanctionnée en 2014 puis en 2017, si rien ne change.

En fait, là où Mélenchon fait une erreur tactique, c'est qu'en devenant insultant (et en étant obligé de se justifier en permanence pour expliquer ses insultes), il donne des armes au PS pour riposter durement et pour qu'on oublie le fond, et il empêche toute alliance future si les socialistes changent de ligne. J'espère qu'on va rapidement changer de posture et revenir à une critique raisonnée et constructive. C'est comme cela qu'on pourra éventuellement faire bouger ce gouvernement, et sinon, espérer le remplacer à la tête de la gauche.

Et encore, je ne parle pas de la droite. La défense outrancière de Sarkozy était ridicule. Là encore, attendons que la justice fasse son boulot, et arrêtons les bêtises. La France mérite mieux que ça. Et que dire des manifestants qui découvrent que c'est la préfecture qui fixe le parcours, qu'elle le fait dans l'intérêt du pouvoir et que, quand on obéit pas, les CRS frappent ? C'est pathétique...

mercredi 6 mars 2013

Où va donc Libération ?

Je ne sais pas comment le vivent les journalistes de Libération, mais en lisant cet édito de Nicolas Demorand, je me suis vraiment demandé quelle était la ligne politique du journal aujourd'hui.

Espérons, même si on peut partager la colère de certains, que le reste de la rédaction peut encore se démarquer de son patron.

jeudi 14 juin 2012

Campagne de second tour en Seine-Saint-Denis : simplement minable !

Je te parlais avant-hier, cher lecteur, des difficiles relations internes à la gauche en Seine-Saint-Denis.

Traditionnellement, les médias affirment que c'est Mélenchon qui, durant la campagne, a été très agressif avec le PS, alors que celui-ci s'est contenté de l'ignorer. En réalité, les conflits sont nettement plus anciens.

Dans le 93, les problèmes ont commencé au début des années 2000. A l'époque, le PS a décidé, sûrement sous l'impulsion de Claude Bartolone, de s'attaquer au Conseil général, alors que les mairies communistes commençaient à tomber. Le PS a donc attaqué des cantons tenus de longue date par le PCF et a progressivement pris l'avantage. En 2008, l'assemblée départementale a basculé au PS, même s'il y a encore 30% de conseillers généraux au Front de Gauche aujourd'hui.

Cette tactique s'est faite dans une violence réelle, qui s'est matérialisée aussi aux législatives et aux municipales dans plusieurs communes du département. Ce fut le cas à Saint-Denis, La Courneuve, Pantin, Aubervilliers et surtout Montreuil, où le PS a participé à l'éviction progressive de Jean-Pierre Brard de la mairie et aujourd'hui de l'Assemblée nationale. Evidemment, cette évolution est intimement liée à la chute du PCF mais, contrairement à d'autres zones du territoire, le PS n'a pas préservé ici les élus communistes, préférant s'appuyer sur les Verts. Depuis la fondation du Front de Gauche, les votes en sa faveur ont augmenté, mais le PS a gagné plus d'électeurs du fait de la gentryfication de l'ouest du département.

A cette élection, le Front de Gauche présentait quatre députés sortants, tous des vieux routiers du PCF et Braouezec, actuellement à la FASE mais ancien du même PCF. Cependant, ces députés ont été frappés par la poussée du PS suite aux présidentielles : Marie-George Buffet est passée de justesse (et son adversaire PS est majoritaire à la Courneuve), Braouezec et Brard sont arrivés deuxième et seul François Asensi a largement devancé son adversaire EELV soutenu par le PS dans le Nord-Est du département. Là encore, la campagne a été très dure et assez loin du débat d'idées gauche-droite. Je n'incrimine personne : les deux camps sont autant responsables l'un que l'autre, et les inimitiés restent durables. On est très loin d'un quelconque Front populaire ici.

Or, comme je te le disais mardi, Patrick Braouezec a choisi de mener une stratégie solitaire et de se maintenir contre son jeune concurrent PS, Mathieu Hanotin, en allant à l'encontre de l'accord de désistement traditionnel à gauche. Comme je te le disais hier, je pense que c'est une grosse connerie : c'est la droite et l'extrême-droite qui vont choisir et en général, ils préfèrent le PS au FdG.

Cette décision aurait pu faire échouer l'accord général et entraîner la disparition de tous les députés FdG du département. Heureusement, les autres se sont tenus et le PS n'a pas rompu l'accord.

Or, tout n'est pas facile. Marie-George Buffet aurait émis deux communiqués, soutenant tour à tour le candidat PS et Braouezec. François Asensi s'est aussi prononcé pour un soutien. Là encore, c'est le désordre. On peut comprendre : tous ces gens sont dans le même mouvement et ils ont du mal à lâcher un copain. En plus, on en profite pour essayer de régler ses comptes avec le PS local...

Et celui-ci réplique ! Par exemple, voici un communiqué minable de la candidate PS battue de La Courneuve, qui accuse Marie-George Buffet d'être liée à des fraudes électorales au Blanc-Mesnil et d'avoir négocié une circonscription au poil avec l'UMP, circonscription qu'elle a pourtant failli perdre. S'il y a soupçon de fraude, qu'elle attaque ! Et sinon, qu'elle se rappelle que les adversaires, ce sont l'UMP et le FN, pas le FdG.

En clair, on n'est pas sorti du bordel ! Personnellement, je crois que le PS fait une grave erreur en éliminant tous ses concurrents de gauche (EELV s'est bien fait avoir durant ce scrutin, et le FdG a été un adversaire plus qu'un concurrent, comme à Hénin-Beaumont) tout en maintenant en vie des mouvements sans réelle implantation et sans militants comme le MRC ou le PRG. Au final, le PS va diriger seul et aura les mains libres. Cependant, il devra aussi assumer seul toutes les conséquences de la politique qu'il va mener, sans accepter aucun amendement d'autres mouvements de pensée.

Et là, cela peut faire très mal dans les prochaines années. L'évolution du PASOK devrait pourtant servir de leçon à tout ce petit monde...

mardi 12 juin 2012

Braouezec : dommage pour le Front de Gauche.

Tiens, suite à l'article que j'ai publié hier, voici exactement une illustration de ce qu'il ne faut pas faire !

Patrick Braouezec aurait décidé de se maintenir à Saint-Denis, dans la 2ème circonscription, contre Mathieu Hanotin. Il rompt ainsi le pacte républicain à gauche et autorise les candidats PS à se maintenir contre les deux députés FdG restants du 93 qui allaient donc gagner sans aucun problème. Jean-Pierre Brard a apparemment été plus intelligent en se retirant à Montreuil.

Depuis 2000, le PS, sous l'impulsion de Claude Bartolone, a été à l'origine d'une lutte fratricide à gauche pour virer le PCF des mairies et du Conseil général, et pour prendre progressivement tous les sièges de députés. Certes, le PCF traînait des casseroles dans le coin, rien qu'avec l'endettement du Conseil général, mais il aurait sans doute finit par perdre de lui-même, les électeurs acceptant assez mal les hausses brutales d'impôts et les dégradations des services publics locaux. Le PS a pourtant choisi une stratégie fratricide et qui a fait beaucoup de mal dans le département, créant des inimitiés durables qu'on peut souvent voir à l'oeuvre dans les syndicats locaux par exemple. Le PS a d'ailleurs eu assez peur de la dynamique du FdG et il doit être maintenant rassuré localement, pouvant poursuivre sa stratégie d'uniformisation de la gauche locale.

Or, cette campagne pouvait servir d'exemple et montrer que, si le PS avait fait le choix de poursuivre ce chemin et de faire des gains sur le dos des autres mouvements de gauche, le FdG privilégiait la victoire contre la droite.  En effet, les tracts du PS sur Saint-Denis, Montreuil et la Courneuve ont été particulièrement violents, alors qu'il n'y avait aucune menace à droite et finalement une menace très réduite du FN qui n'a pu se maintenir que dans la 9ème circonscription à cause de l'effondrement du candidat Nouveau Centre soutenu par l'UMP qui a perdu 7 points par rapport au score de Sarkozy au premier tour des présidentielles.

Dans la plupart des cas, c'est bien ce qu'il va se passer. Et heureusement !

Quant à Braouezec, il donne la possibilité à la droite de choisir, et elle va sans doute voter PS. C'est dommage, vraiment, car cet élu démontre qu'on fait parfois passer ses ambitions personnelles avant l'intérêt du collectif.

Espérons vraiment que l'ensemble des militants du PCF ne suivront pas cette voie dans les prochains mois.

lundi 23 avril 2012

La fête du vrai travail : illustration de cinq années de sarkozysme.

Nicolas Sarkozy propose le 1er mai une fête du "vrai travail", pour les gens qui travaillent dans des conditions précaires et très difficiles, et qui ne viendront donc pas manifester le 1er mai, parce qu'ils ne le peuvent pas.

Ces gens que Sarkozy a passé son temps à enfumer et dont il n'a cessé de dégrader les conditions de vie pendant dix ans.

Ce sera donc une manifestation de militants et de sympathisants UMP.

Sans doute pense-t-il que la vieille agressivité anti-syndicale à droite va permettre de faire l'unité autour de lui.

Au-delà de la provocation à laquelle beaucoup de gens vont répondre, je trouve le procédé minable et signe du désespoir du camp présidentiel.

Pour ceux qui veulent manifester pour des revendications sociales et pour participer à cette fête des travailleurs (et non pas du travail, faut arrêter de dire n'importe quoi), l'appel à la manifestation est ici.

Non mais, est-ce qu'on organise des contre-rallyes dans les rues de Neuilly, nous ?

mercredi 29 février 2012

25% = 44% ? Sarkozy doit encore bosser ses proportionnalités.

Annonce de Nicolas Sarkozy dans son discours sur l'éducation : proposer aux enseignants travaillant 18 heures de passer à 26 heures avec une augmentation de salaire de 25%.

Si on compte bien, cette augmentation du temps de travail correspond à 44% du temps précédent.

44% de hausse du temps pour 25% d'augmentation de salaire, avec toute la charge de travail en plus que vont amener ces 8 heures devant élèves ?

Tenté-e, cher-e collègue ?

Pour moi, c'est non. Accepter cela, c'est admettre que notre travail ne vaut pas grand-chose, et qu'il est actuellement payé au-dessus de sa valeur réelle. J'ai un minimum de respect pour moi-même et ce que je fais tous les jours.


PS : Cycee a fait quasiment le même billet, avec une image qui résume bien ma pensée.

mercredi 4 janvier 2012

Sale mec, capitaine de pédalo, pauvre con...

Il y a quelques temps, le président de la République en exercice avait traité un de nos concitoyens de "pauvre con". On aurait pu trouver cela scandaleux, que le chef de l'Etat du phare culturel qu'est (ou qu'a été) la France, s'exprime ainsi.

Aujourd'hui, les médias se passionnent pour les petites phrases, souvent déformées et sorties de leur contexte. On avait Mélenchon et son "capitaine de pédalo", et voici François Hollande avec son "sale mec".

Finalement, Sarkozy n'a peut-être pas été aussi incompétent qu'on le prétend parfois : il a réussi à amener toute la classe politique et tous les grands médias à son niveau.


PS : et aujourd'hui, la Hongrie est en train de devenir une dictature, l'extrême-droite est au gouvernement en Grèce, l'un des candidats les plus conservateurs du Parti Républicain a failli gagner la primaire de l'Iowa, la TVA sociale est sur la table... Ce n'est pas comme s'il se passait quelque chose...

mercredi 15 juin 2011

A gauche, on s'enfonce dans le n'importe quoi, camarade.

L'affaire DSK a révélé, à propos de la gauche française, notre désarroi général. Jusqu'en mai dernier, malgré des débats de fond assez pénibles, nous étions plus ou moins persuadés que le PS allait l'emporter avec le directeur du FMI à sa tête. Certes, peu de gauchistes pouvaient en être satisfait. C'était d'ailleurs mon cas. Je ne voyais pas bien le sens de désigner à la tête du pays un droitier de ce type, mais nous étions sous le diktat des médias, et il semblait bien que mes camarades socialistes allaient encore, comme en 2007, suivre le vent des élites et désigner celui qui avait l'aval du haut de notre société. Il semblait pourtant clair que DSK risquait bien d'être un très mauvais candidat de 1er tour, mais cela n'importait guère.

Et puis, le candidat-miracle a disparu. Personnellement, ma première réaction, au plan politique, fut de me dire que tout cela n'avait aucune gravité. Vu que l'histoire nous donne en ce moment raison, que la crise a montré que  notre analyse était pertinente, en particulier sur la manière dont la crise financière a été gérée par les Etats européens, et que le libéralisme économique marquait le pas, il ne devait pas y avoir de problème. Le candidat importait peu, et tant mieux que ce ne soit pas un représentant de la même idéologie faisant faillite qui accède à la plus haute marche de l'Etat.

Or, depuis la mi-mai, c'est le désarroi qui domine à gauche. La victoire n'est plus assurée, les sondages ne sont pas tous positifs, Sarkozy remonte... Alors, on s'écharpe sur le candidat, sur la stratégie, sur la candidature unique ou multiple. En clair, on parle de tout, sauf du fond.

Ce qui peut surprendre, c'est que, malgré le contexte, les militants de droite restent convaincus de leur supériorité idéologique. Certes, ils sont agacés par la personne de Sarkozy, mais ils estiment toujours avoir raison sur le fond. Changeons de président dans cinq ans (on ne peut pas virer l'actuel, cela ne se fait pas), prenons quelqu'un de plus acceptable, et tout ira mieux.

A gauche, c'est plutôt le manque total de confiance en soi qui domine. Cela s'entend dans les discussions de comptoir ou de salle des profs. Mes collègues sont de plus en plus persuadés que l'on va repartir pour cinq années supplémentaires de Sarkozy.

Cette victoire idéologique de la droite est réelle et commence à être ancienne. Je la fixerai en 1983, mais le symbole reste la phrase de Jospin en 2001 sur la nature non-socialiste de son programme. Alors, si nous ne sommes même pas convaincus de nos propres idées, comment peut-on espérer que les Français désignent une personnalité et une majorité de gauche ?

J'en reste convaincu : la bataille idéologique est le fond du problème. Elle se mène partout et sur tous les plans. La victoire électorale vient ensuite.

Pendant ce temps, on sent venir la mélodie du vote utile et de la candidature unique, vote de vaincu par excellence et considération stratégique de boutiquier. Si on repart comme ça, on n'est pas prêt de gouverner ce pays, camarade.

lundi 7 mars 2011

Restons calme, et recentrons-nous sur nos idées.

Un simple sondage paru dans le Parisien dimanche matin a suffi à allumer un grand brasier dans l'ensemble des médias français, incendie auquel la blogosphère n'a pas échappée.

Pourtant, on rappelle régulièrement que les sondages restent toujours discutables et ne représentent que des indicateurs assez partiels, largement tributaires des questions posées par les sondeurs et de leurs interprétations et dépassés dès qu'ils sont parus. Ce sondage influence déjà toute la sphère politico-médiatique, et il est clair qu'une nouvelle enquête serait déjà marquée par la précédente.

Or, déjà, apparaissent les appels à la vigilance à gauche voire à l'unité derrière un candidat issu, sans doute, du PS. Je ne peux que m'étonner que personne n'ait déjà sorti les termes de "vote utile", pourtant si intéressant lorsqu'il s'agit d'effrayer nos concitoyens.

Soyons clair, cher lecteur : je ne nie nullement la possibilité que Marine Le Pen puisse faire un gros score lors des prochaines présidentielles. Contrairement à son père en 2007, elle ne va pas être handicapée par la stratégie de pompage de Nicolas Sarkozy. Les militants et sympathisants du Front ont parfaitement pu se rendre compte que le président de la République ne correspondait en rien à ce qu'ils espéraient. Ils vont donc logiquement retourner vers le FN, et il est à craindre que de nombreux électeurs sarkozystes déçus vont aussi se diriger par là.

Pourquoi n'iraient-ils pas à gauche ? Tout simplement parce que nous ne sommes pas encore suffisamment convaincant. Il ne faut pas oublier que les défaites de la gauche en 2002 et en 2007 sont arrivées avant tout parce que les représentants des différents partis de gauche ont été inaptes à prouver qu'ils étaient capables d'appliquer un programme cohérent et clair. Si la gauche veut gagner, il faut qu'elle arrive à la fois à présenter un programme acceptable pour les Français et une personnalité pouvant faire la synthèse des différents courants qui la composent.

Cela impose d'abord de faire un travail idéologique fort dans tous les partis. Éventuellement, on pourrait imaginer un contrat de gouvernement commun avant les élections mettant sur le papier quelques principes qui pourraient servir de base à une majorité après les élections, laissant ainsi chaque parti décliner son propre programme et présenter son candidat. En fonction du résultat du premier tour des présidentielles et des législatives, on saurait comment adapter ensuite la plateforme commune de gouvernement.

Ensuite, il est évident que chaque parti doit présenter des candidats forts et crédibles pour occuper la présidence. Il n'en faut pas trop (sinon, c'est ridicule), mais il serait tout à fait incohérent que chaque grande tendance de la gauche actuelle n'ait pas un représentant. Un écologiste, un membre du PS et un membre du Front de Gauche est un minimum. Ces candidats divers permettront au débat d'émerger et représenteront une force face à un candidat de droite qui sera seul et qui traînera une multitude de casserole.

Mais tu vas me dire, cher lecteur, que la droite et le FN vont faire le plein et que la gauche risque de passer à la trappe au premier tour !

C'est possible, mais cela ne viendra pas des différentes candidatures. Si cet évènement se produit, ce sera à cause de programmes mal bouclés et hors des attentes des Français ou de candidats inconsistants. Rappelez-vous qu'en 2007, le nombre important de candidats de gauche n'a pas empêché Ségolène Royal de se qualifier pour le second tour.

Alors, chers camarades, le moment n'est pas de faire dans son pantalon. Le moment est venu de bosser, de diffuser nos idées, d'aller au conflit avec nos adversaires politiques et d'imposer nos thèmes. Il est trop facile de se faire imposer le débat sur l'islam et de pleurer après qu'on ne parle pas d'économie, de dette publique, de fiscalité ou de pauvreté.

Au travail, bordel !

PS : et je rappelle à tout le monde qu'il y a des cantonales dans deux semaines !!!

samedi 26 février 2011

Soutenir les associations n'implique pas d'aider les transnationales à faire encore plus de profit, elles en font assez comme ça.

Il y a quelques semaines, j'ai reçu, comme des centaines de blogueurs je suppose, un mail des Restos du coeur me proposant une opération de soutien. Le principe semblait simple. Il me suffisait de faire un billet dans lequel j'insérais un code qui produisait une jolie image. Grâce à cela, deux grandes transnationales françaises offraient dix repas à l'association. A priori, rien de scandaleux.

Pourtant, il m'a été impossible, idéologiquement parlant, de produire ce billet.

J'en ai très rarement parlé, mais cela fait maintenant douze que je suis bénévole dans l'une des plus grandes associations caritatives de France. Comme les Restos, nous avons organisé à plusieurs reprises des collectes alimentaires, qu'elles soient nationales ou locales. A chaque fois, ce mode d'action permet de récolter de substantielles quantités de nourriture, même si les gains varient beaucoup en fonction des années. On a par exemple pu mesurer, ces dernières années, l'impact de la crise économique sur nos concitoyens par rapport aux années 2000-2007.

A cette occasion, j'ai pu participer à des négociations avec les dirigeants locaux de supermarchés pour organiser ces opérations. Les supermarchés ne sont jamais à l'origine de ces collectes et ils répondent aux sollicitations des associations. En général, ils posent de nombreuses conditions qu'avec le recul, j'estime totalement scandaleuse, à l'exception des conditions de sécurité élémentaire et des conditions pour le bon fonctionnement du magasin. En effet, lorsqu'une association fait une collecte (et c'est encore plus vrai lors de la collecte alimentaire nationale de novembre) , le supermarché y gagne deux choses considérables : une très bonne image auprès de la population locale (la collecte est annoncée à l'avance, moult annonces au haut-parleur ponctuent la journée et le speaker rappelle sans cesse l'importante contribution du centre) et surtout une hausse très importante des bénéfices sur la/les journée(s). Il y a quatre ans, un directeur de supermarché m'a confié, sur le ton de la confidence, qu'il doublait son chiffre ce jour-là. D'ailleurs, les directeurs cherchent surtout à prévoir ces évènements pour multiplier leur stock...

Là réside toutes les limites de la charité dans notre société. Les compagnies qui soutiennent les associations ne le font jamais gratuitement. Cela fait totalement partie du jeu et est intégré par tous les responsables associatifs. Elles en attendent toujours un retour au plan de l'image qui devrait entraîner de bons profits pour plus tard. Au total, tout cela est bien loin de la bonne vieille charité chrétienne.

L'opération proposée aux blogueurs par les Restos est du même acabit. Il s'agit d'une campagne de publicité totalement gratuite pour les deux groupes qui financent, et pour un coût ridicule. Je ne sais pas si tu peux imaginer, cher lecteur, quel est le coût d'un repas servi dans une association ou d'un colis alimentaire, mais il est bien plus faible que ce qu'aurait coûté un paiement de tous les blogueurs pour qu'ils fassent deux publicités.

Alors, je voudrais aujourd'hui te dire, cher lecteur, une chose très simple : si tu veux aider une association, tu n'as pas besoin de faire des opérations médiatiques qui bénéficient surtout aux groupes qui se cachent derrière. Saisis-toi de ton carnet de chèque et envoie un petit montant à l'une des grandes associations qui pratique la distribution alimentaire : les Restos, la Croix-Rouge, le Secours populaire, le Secours catholique et de multiples associations locales. Tu n'as même pas besoin d'écrire au siège central : en regardant dans ton bottin, tu trouveras sans difficulté une antenne locale d'une de ces structures qui sera très heureuse de recevoir ton chèque. Tu recevras en plus une déduction fiscale de 66% de ton don sur l'IRPP (l'Etat creuse le trou).

Et puis, si tu as un peu de temps à consacrer à cela, le mieux est encore d'aller faire du bénévolat. Depuis la fin des années 1990, les associations caritatives n'ont pas cessé de perdre des bénévoles. Certes, on peut faire beaucoup avec des repas ou avec des chèques, mais s'il n'y a personne derrière pour transporter les colis, pour tout préparer et pour distribuer, cette argent ira juste dans un compte en banque pour thésauriser. Autant garder ce montant pour aller boire un verre.

Quant à nos deux compagnies, si leurs responsables ont vraiment un esprit charitable, qu'ils prennent donc leurs chéquiers et qu'ils donnent. Cela est d'autant plus facile que notre Etat, toujours prêt à creuser ses trous, accorde de généreuses déductions fiscales aux entreprises qui font du mécénat...

mercredi 23 février 2011

On fait redoubler le redoublement, ou pas ?

Il y a des moments où j'ai du mal à suivre.

Le gouvernement a apparemment décidé d'expérimenter la suppression du redoublement dans les collèges du Calvados. Cette mesure a un objectif simple : réduire les coûts ! En effet, l'administration avait estimé en 2007 que le redoublement coûtait 7 milliards d'euros par an au pays. La droite demande une réduction des dépenses publiques, le gouvernement le fait. Bon, à priori, c'est cohérent.

Or, à droite, ça râle. Il faut maintenir le redoublement, alors que ça coûte cher et que beaucoup conteste son efficacité, à commencer par l'OCDE.

J'ai vraiment du mal à vous suivre, les gars. Faudrait savoir ce que vous voulez.

Pour mémoire, la chaîne que j'avais lancé sur le sujet il y a quelques temps :

jeudi 30 décembre 2010

Par la réforme du bac STI, la France entérine la disparition de son industrie.

En France, on se passionne toujours, lorsqu'on parle d'éducation, sur des sujets touchants les matières générales. Par exemple, la disparition de l'histoire-géographie en terminale scientifique a fait couler beaucoup d'encre durant les mois précédents. On s'intéresse beaucoup moins à toute une série de matières et de disciplines qui concernent plutôt les domaines techniques et industriels. Aujourd'hui, il existe plusieurs bacs techniques et professionnels qui forment à ces voies. Dans les lycées généraux et techniques, on trouve principalement les bacs Science et technologies industrielles (STI) et Sciences et technologies de laboratoire (STL). Ces bacs aboutissent à des formations courtes dans le supérieur et donnent en général de bons débouchés aux élèves qui les choisissent. Ils ont largement participé à la démocratisation du baccalauréat engagée dans les années 1980.

Le bac STI nécessitait une réforme car ses programmes dataient de 1993. Les syndicats enseignants la réclamaient largement et un premier projet était en préparation sous les gouvernements Raffarin puis De Villepin, avec de fortes discussions entre entreprises, gouvernement et syndicats enseignants. Il avait presque abouti mais Xavier Darcos le suspendit brutalement en 2007. A l'époque, nous avions pensé que le ministère allait tout simplement le supprimer, laissant ces formations à l'enseignement professionnel.

Or, dans le cadre de la réforme du lycée, le gouvernement y est revenu, annonçant au début de 2010 la naissance du bac Sciences et technologies Développement Durable (STI2D)... Bon, voici encore le développement durable qui réapparaît et qui encadre le futur de nos ouvriers spécialisés. Actuellement, ce terme figure dans tous les programmes de l'école, à tous les niveaux. A ceux qui croient que l'éducation n'a plus d'objectifs politiques...

Au-delà de ce terme, il est intéressant de regarder ce que contient ce nouveau diplôme qui remplacera la STI le 1er septembre prochain. Tout d'abord, les enseignements généraux sont nettement augmentés (avec l'arrivée de la 2e langue). Surtout, on change totalement l'approche de la partie technique en abandonnant le travail sur machines et en s'appuyant uniquement sur des notions théoriques et de conception. En clair, on met en place un bac qui n'est plus du tout une voie permettant de former des ouvriers très qualifiés mais visant plus précisément à former des concepteurs et des ingénieurs. La formation des ouvriers retombe donc sur le lycée professionnel.

On peut voir clairement l'objectif budgétaire qu'il y a derrière ça : en se passant des ateliers, on fait d'importantes économies, et les régions qui ont construit ces dix dernières années de magnifiques lycées autour de machines flambant neuves vont en être pour leurs frais. Il y a aussi là-dedans de grosses économies de postes et les premières vraies attaques contre les statuts des enseignants, mais je voudrais plutôt souligner autre chose et m'intéresser aux discours des inspecteurs de ces disciplines.

Lorsque ceux-ci présentent le nouveau bac aux enseignants, ils n'y vont pas par quatre chemins et sont très directs : la France ne doit plus former d'ouvriers, même très qualifiés, mais des concepteurs. Nous sommes dans une situation où il est évident que les tâches de fabrication ne se feront plus ici et il devient inutile d'envoyer des jeunes dans le mur en les formant à des métiers qui n'existeront plus dans notre beau pays.

Cette réforme permet de se comprendre trois choses à propos des politiques menées actuellement par notre gouvernement :

  • Tout d'abord, on peut vraiment remettre en cause ce calcul. En effet, les nouveaux pays industrialisées se sont depuis longtemps attaqués à la conception mais ne maîtrisent pas toutes nos techniques industrielles. Se priver de bons ouvriers en s'appuyant sur une organisation du travail déjà dépassée est très risqué. Très vite, nous n'allons plus du tout être les commandants de la production des usines du Sud, mais les concurrents de ces mêmes pays sur des productions industrielles équivalentes aux nôtres. Nous pourrions encore conserver un peu d'avance, mais si nous formons des cerveaux, nous n'aurons plus de bras.
  • Ensuite, cette réforme sépare les parcours possibles pour les jeunes entre le général et le professionnel. Que vont devenir tous ces gamins qui partent aujourd'hui dans le technique s'ils n'ont plus le choix qu'entre du général pur ou du technique très élevé mais forcément difficile, et du professionnel très mal vu dans notre pays ?
  • Enfin, on peut clairement remettre en question les beaux discours de notre président sur la soi-disant réindustrialisation nécessaire de la France. On peut toujours ramener des usines ici, mais si on a plus d'ouvriers très qualifiés à y mettre, quel intérêt ?
En clair, l'Etat a fait un choix fort : la France poursuivra définitivement sa désindustrialisation. On ne peut que s'en étonner et même s'en inquiéter.

Je me demande bien ce qu'en pensent les patrons des entreprises industrielles qui sont encore en France et qui ont choisi d'y rester. Sont-ils informés que les filières qui leur fournissent leurs salariés vont profondément changer ? Cher camarade employeur, il est à craindre que tu sois obligé de délocaliser, même si tu ne le voulais pas.

Étonnante époque...

samedi 13 novembre 2010

Digressions à partir des premières propositions du PS sur l'éducation : l'autonomie des établissements.

Il y a quelques jours, un compère blogueur de mon ancienne commune des Lilas me demandait (avec une certaine exigence) de m'intéresser aux propositions de Bruno Julliard concernant l'éducation.

J'ai traîné, d'abord parce que les propositions des partis politiques sont en général extrêmement décevantes sur ce sujet depuis que je travaille, et ensuite parce que le PS a de plus en plus tendance à suivre les idées des libéraux ou celles des réactionnaires sur l'aspect éducatif. Et là, dans le programme Julliard, ce sont les premiers qui tiennent la corde.

Bon, tu vas me dire, cher lecteur, que Julliard ne propose pas de privatiser le système éducatif, ce qui montre un libéralisme très modéré. J'en conviens (je suis gentil aujourd'hui, tu remarqueras). Il cède cependant à l'une des propositions-phares des politiciens depuis dix ans sur le système éducatif : l'autonomie des établissements.

Je te résume le concept rapidement. Dans l'esprit de nos politiciens, l'Education nationale est un système sclérosé par sa rigidité et sa centralisation. D'autre part, elle souffre d'un encadrement trop fort, lié aux idées égalitaristes marquées par un marxisme d'un autre âge, qui l'empêche de s'adapter aux réalités du terrain et de traiter les élèves qu'elle a en face d'elle.

Pour résoudre cette difficulté, aucun problème ! Il faut de la liberté pour les établissements. Chaque bahut devrait pouvoir, en toute liberté, définir ses projets et mettre en place les actions nécessaires pour aider les élèves à s'en sortir le mieux possible. Ainsi, si une école devient très bonne, elle concentrera plus d'élèves qu'auparavant, alors que les mauvais établissements, eux, fermeront progressivement. D'autre part, cela permettra aux enseignants de faire ce que l'économiste bon teint appelle de l'innovation, ce qu'ils ne pourraient pas faire maintenant.

Cette conception vise, à mon sens, à installer de la concurrence entre les écoles, les collèges et les lycées. Elle répond à l'idée que la concurrence fonctionne toujours mieux que le monopole, et qu'elle produira donc davantage de richesses. L'idée est très belle en soi, mais elle me semble totalement erronée si on l'applique à un système éducatif.

Reprenons donc les idées dans l'ordre. Tout d'abord, la soi-disant extrême centralisation n'en était pas une au plan des enseignants. Au contraire, la tendance a plutôt été au renforcement du contrôle sur les pratiques des profs. Dans les années 1980, les programmes étaient relativement vastes et finalement assez ouverts. De plus en plus, les exigences ont été de plus en plus corsetées, que ce soit sous la gauche ou sous la droite. Le ministère a commencé à minuter les programmes, à vouloir imposer des problématiques (excluant la recherche et ses questionnements) et même, très récemment, des exemples à traiter obligatoirement en cours. Finalement, la liberté des profs de mettre en oeuvre leurs idées n'a pas cessé de se réduire, en tout cas dans les cours, sous l'impulsion des politiciens eux-mêmes. 

En mettant en place l'autonomie, les politiciens souhaitent réformer le système de notation des profs et mettre le chef d'établissement aux commandes, voire le créer dans le primaire. Celui-ci sera sans doute capable de parfaitement gérer les budgets et la masse salariale. Par contre, s'il est un ancien DRH d'une entreprise ou un ancien prof de maths, comment pourra-t-il évaluer la validité de mon travail en histoire et en géographie ? Certes, il entendra les ragots des élèves (toujours sujets à caution), les éventuelles plaintes des parents (qui ne se déplacent que lorsque les problèmes sont vraiment importants) mais il n'aura pas le fond scientifique pour juger du contenu. Alors, il est à craindre qu'il adoptera d'autres critères comme le copinage, la soumission, le nombre d'heures supplémentaires faites ou l'absence d'engagement syndical...

Ensuite, et c'est un second point, il est vrai que les établissements n'ont pas la pleine liberté de leur gestion financière. Actuellement, les établissements gèrent deux choses : ils votent un budget de fonctionnement matériel en répartissant les dotations de la collectivité territoriale et ils répartissent les heures d'enseignement transmises par le ministère en s'appuyant sur le cadrage national. Or, en réalité, la fameuse autonomie existante est plutôt l'autonomie du chef d'établissement face à aux profs, tout en restant soumis aux volontés de l'administration centrale. Je ne fais aucune confiance au PS pour faire évoluer une situation qu'il a lui-même contribuée à mettre en place.

Reste cette histoire de saine concurrence. Depuis la suppression de la carte scolaire, elle existe déjà de fait. Or, elle ne s'appuie finalement pas sur ce qui est vraiment important : le cours et la réussite des élèves. Soyons clair, cher lecteur. L'école est un système collectif visant à distribuer des connaissances et des compétences à tous les enfants. Or, depuis que l'individualisme croît dans notre belle société, on s'intéresse bien plus à l'élève en tant qu'individu qu'aux élèves en tant que groupe. Le cours est de plus en plus délaissé : les classes sont au maximum (ma 1ère de cette année est à 36 élèves...), les bons élèves réussissent toujours mais l'équation est de plus en plus difficile pour les autres, le niveau des programmes et les exigences ne cessent de se réduire. Pour compenser ce désengagement pour le groupe, on propose de l'individuel : si votre gamin vient chez nous, il aura de belles sorties, de beaux projets culturels, il aura du soutien et des stages de vacances... Ce panel varie autant en fonction des idées des chefs d'établissement que des propositions des profs du coin.

Alors, que va-t-il se passer ? Si l'autonomie des établissements comme les politiques la conçoivent se met en place, les établissements vont s'adapter à minima à leurs élèves. Les lycées où se concentrent les meilleurs feront des choses très complexes et élevées, les lycées comme le mien feront du basique. Les écarts vont se creuser sans cesse entre pauvres et riches, alors qu'ils sont déjà très importants. La remise en cause du bac national, dont on va encore réduire nettement les exigences, ne fera qu'accroître cette tendance.

Alors, que faudrait-il faire, cher lecteur ? Faudrait-il abandonner l'idée de l'autonomie ? Je vais te répondre franchement : on s'en fout. L'autonomie est présentée comme un objectif en soi qui va tout résoudre, mais elle n'est qu'un moyen qui ne va nulle part. Ce qu'il faut, avant tout, c'est savoir où doit aller le système éducatif.

Pour moi, un programme de gauche doit viser à trois objectifs clairs et simples :

  • L'école doit avoir des objectifs très élevés pour l'ensemble des élèves, avec un diplôme commun qui valide ceux-ci. Les gamins, d'où qu'ils viennent, ne sont nullement des idiots qui rejettent la culture. Ils aiment apprendre et je suis persuadé qu'ils peuvent aller très loin si on les y amène. Arrêtons de prendre les enfants pour des idiots, et nous n'en ferons plus des idiots.
  • L'école est un système collectif qui doit amener des futurs citoyens au plus haut. Aussi, il est inacceptable qu'on fiche en l'air la formation collective pour payer des internats d'excellence aux meilleurs et/ou pour maintenir en classe le boulet qui pourrit l'ambiance générale. Ce qui devrait être au centre des préoccupations, c'est de tout faire pour que la transmission des compétences et des connaissances se passe pour le mieux pour tous les gamins.
  • L'école est un système où la vraie liberté est celle de ses acteurs. Laissons les profs, les inspecteurs, les proviseurs, les documentalistes, les CPE travailler librement. Le politique doit être là pour fixer un cadre finalement assez simple et pour évaluer globalement les réussites et les échecs du système, c'est-à-dire :
    • les programmes à traiter,
    • la gestion financière,
    • les conditions d'embauche des personnels,
    • les conditions de progression de carrière et d'évaluation de ceux-ci,
    • les enquêtes régulières à transmettre aux personnels pour montrer ce qui s'améliore et ce qui régresse et les amener à bouger dans leurs actions.
Dans ce cadre, l'autonomie devrait être celle de laisser des cadres faire leur boulot comme ils l'entendent. Ce serait une vraie progression.

Il faudrait que je fasse bien des billets pour revenir sur tout cela : je vais peut-être m'y atteler. Je reviendrai sans doute sur d'autres propositions du PS prochainement, si j'en ai le courage... 

dimanche 26 septembre 2010

Chacun son tour ! Sabrons les syndicats.

Bon, maintenant que j'ai sabré les gauchistes, je vais pouvoir m'attaquer à nos syndicats, parce que vraiment, là, ils font forts. Alors que ces organisations sont parvenues à mobiliser rapidement et massivement les Français à deux semaines d'intervalle, voilà que les organisations représentatives sont en train de temporiser et de faire retomber le soufflé.

Quelles actions à venir ? D'abord, une manifestation un samedi. Il s'agit, à priori, de pousser des gens qui ne font pas grève à se joindre aux cortèges. Cependant, en général, ces manifestations de week-end marchent moins bien que celles de semaine lorsqu'elles arrivent au milieu d'un mouvement, tout simplement parce qu'elles ne sont pas un signe fort de conflit. Un samedi, la majorité des manifestants ne font pas grève et estiment donc qu'il s'agit d'un acte moins marquant qu'une manifestation en semaine.

Ensuite, on laisse passer dix jours et on remet une journée de grève sur le tapis, alors que le projet de loi arrivera en séance au Sénat. Or, nous savons déjà, grâce à des fuites bien informées que les propositions de Gérard Larcher, qui voulait que le gouvernement cède sur la limite de 67 ans et revienne à 65 ans, ont été rejetées en bloc par le gouvernement. Le Sénat ne fera donc rien à priori, à moins d'un mouvement de fronde des sénateurs dont on peut tout de même douter sur un projet aussi médiatique.

Au lendemain du 23, le Premier ministre a dit "non" aux manifestants. Soit. Il se tient ainsi à sa doctrine du "ce n'est pas la rue qui gouverne", accédant ainsi à l'idée que les manifestants sont une minorité dont il ne faut absolument pas tenir compte. Or, le jour précédent, le président de la République a tenté de faire passer l'idée d'un affaiblissement du mouvement, preuve que celui-ci intéresse tout de même nos dirigeants.

Clairement, maintenant, les syndicats ont deux solutions claires. Soit ils tentent d'enterrer le mouvement parce qu'ils considèrent qu'il ne prendra pas. Il semble bien que ce soit la stratégie choisie, en reconvoquant les grévistes à deux dates assez éloignées les unes des autres. Soit ils tentent de lancer une grève générale.

Or, il faut bien constater une chose. Depuis le début des années 1980, les syndicats français ne lancent jamais un appel pareil et cherchent systématiquement à encadrer le mouvement social et à le juguler au maximum. Les droitiers voient les syndicats comme l'incarnation du mal, mais ils se trompent ! Ils sont au contraire les alliés objectifs des réformes engagées par les gouvernements successifs. Les quelques mouvements qui sont parvenus à faire craquer des gouvernements ces dernières années (je pense à 1995 et à 2006 contre le CPE) sont partis essentiellement de la base, les syndicats suivant les militants. Par contre, un exemple de mouvement ayant échoué lamentablement à cause de syndicats trop timorés est celui de 2003, la CGT et la CFDT ayant décidé de lâcher l'Education en rase campagne et de laisser passer la loi Fillon sur les retraites.

Bien au-delà des adhérents, la faiblesse des syndicats français est marquée par leur faiblesse stratégique et leur incapacité à avoir un impact sur l'évolution des lois. Cette faiblesse vient avant tout de leur mode de financement, venant massivement des employeurs et des pouvoirs publics, spécificité française que la dernière loi de soi-disant "modernisation sociale" a accru.

Sur ce point, je suis totalement d'accord avec mes petits camarades libéraux : il ne faut pas que les fonds qui soutiennent les syndicats proviennent non seulement de l'argent public, mais aussi des entreprises. Seuls les adhérents devraient avoir un poids réel. Les libéraux demandent cela parce qu'ils espèrent bien que les syndicats se cassent la binette. Personnellement, j'y vois le seul moyen possible pour leur permettre de se rénover.

Et justement, une vraie question que je me pose, en ce dimanche matin : qu'est-ce que les adhérents de la CGT pensent de cette stratégie de leur direction ? Chez les enseignants, la CGT n'est pas majoritaire et la FSU se montre assez offensive sur la question des retraites. Cependant, nous ne sommes pas majoritaires dans le corps social et nous sommes à la remorque des décisions des confédérations. Or, depuis le début la CGT semble temporiser, refuse d'appeler au retrait du projet, se contente de manifestations ponctuelles et semble se préparer à enterrer le mouvement. Je me demande bien ce qui se passe à la base, dans les sections CGT. S'agit-il d'une stratégie partagée par les militants ?

Militant cégétiste, où es-tu ?

jeudi 23 septembre 2010

Il y a quand même un moment où il faut s'engager, bordel !

Je vais peut-être te surprendre, cher lecteur, mais pour une fois, je suis en total accord avec un billet de Didier Goux.

"Quoi, toi, Privilégié, tu soutiens ce facho-réac sur une de ses soi-disant opinions ?"

Oui, et je vais m'en expliquer.

Depuis quelques jours, la blogosphère de gauche est animée par un débat assez vigoureux concernant l'opportunité de cette journée de grève et de manifestation du 23 septembre. Le Monolecte a fait sur ce sujet le billet le plus offensif, mais il a ensuite été soutenu par d'autres.

Quand on est un citoyen, il me semble qu'on a le devoir d'utiliser nos droits pour exprimer nos opinions. Cela se fait bien sûr lors du vote, mais aussi à d'autres occasions, même si certains aimeraient que l'on se cantonne à l'expression électorale. La grève fait partie de ces moyens d'action, et même si elle est régulièrement remise en cause, elle existe bel et bien.

Quand je lis que les blogueurs de droite s'y opposent, je les comprends. Ils soutiennent d'abord leur gouvernement, mais ils affirment aussi des idéologies propres qui expliquent leurs rejets profonds de la grève en elle-même. Par contre, lorsque cette dénonciation vient de la gauche, il faut commencer à s'inquiéter.

Nombreux sont ceux qui ont annoncé ne pas vouloir soutenir la stratégie des syndicats. Après tout, pourquoi pas. Je m'en fais suffisamment l'écho ici. Nos syndicats, structurellement, sont amenés à avoir tendance à ne pas vraiment engager de bras de fer gagnants avec des employeurs qui les financent massivement. Cependant, cela ne veut pas dire que l'outil syndical doit être sacrifié. Au contraire, en participant à l'étiolement du syndicalisme, la gauche est en train de se priver de l'un de ses principaux moyens de pression. Pour les faire bouger, il me semblerait évident de rentrer dans les centrales, d'y militer, d'y voter et d'y critiquer les dirigeants.

Or, si la gauche se montre solidaire de nos actions (c'est ce que disent les sondages...), de là à s'engager, il y a un pas que la majorité ne franchit pas. Certes, il est parfois difficile de faire grève, j'en conviens parfaitement, même pour un enseignant qui a la sécurité de l'emploi. Cependant, l'enjeu est énorme, car nous avons là une réforme qui va dégrader nos conditions de retraite à tous sans sauver pour autant le système. Il me semble totalement aberrant que les opposants à ce processus se refusent à l'action parce que les syndicats sont faibles, contribuant ainsi à la chute même de ces syndicats, et faisant finalement le jeu de Sarkozy et de ses ministres.

Pour revenir au billet de Didier, il n'y a absolument aucun intérêt à se montrer solidaire des grévistes en restant à son bureau. Soit tu es contre, et tu trouves des moyens de te bouger, même si la grève t'es impossible. Soit tu es pour, et tu soutiens Sarko. Je ne vois pas bien comment on peut se situer dans l'entre-deux, car on ne fait rien. Malgré tout, qui ne dit mot consent.

On peut toujours attendre 2012 en espérant, mais il faut être un peu raisonnable. D'abord, rien ne dit que la gauche l'emportera (j'aurai tendance à penser le contraire mais je te renvoie au billet de Fabrice que je soutiens totalement) et même si c'était le cas, je n'ai aucune confiance en le PS pour revenir dessus, d'autant plus qu'il propose de revenir à 60 ans tout en jouant sur les trimestres, ce qui reviendra de toute façon au même. C'est maintenant que tout se joue, malheureusement pas dans deux ans.

Tiens, cher lecteur, si tu ne peux pas faire grève mais que tu es contre cette réforme, je peux te donner une bonne idée que nous avons expérimenté dans mon lycée dit difficile l'an dernier. Si tu as des grévistes dans ton entreprise ou dans ton service public, propose la création d'une caisse de grève et met dedans un trentième de ton salaire. Ainsi, les grévistes pourront continuer leur action plus longtemps et tu n'auras pas à te dire que tu n'as rigoureusement rien fait.

Prendre des positions, cela coûte, et particulièrement dans les mouvements sociaux.

Comme d'autres, je ne parviens pas à comprendre qu'on ne puisse pas accepter de perdre une journée alors que l'on se prépare à bosser deux ans de plus pour rien.

mercredi 22 septembre 2010

La fin des recteurs professeurs d'université : c'est fait.

Mediapart vient de m'apprendre une sacrée nouvelle : par un décret paru le 30 juillet, le gouvernement vient de décider d'ouvrir les postes de recteurs à des personnes n'ayant pas le plus haut grade universitaire, à hauteur de 20%.

En clair, 20% des recteurs seront, dans un futur très proches, des administrateurs civils.

Cette évolution est passionnante à plus d'un titre. Elle marque d'abord la volonté du pouvoir de ramener l'Education dans une certaine normalité, alors que, depuis l'Empire, l'existence du recteur, nommé par le prince mais indépendant du reste de l'administration, marquait le côté extraordinaire du système éducatif.

Surtout, le gouvernement vient de couper, de fait, la tutelle que l'université et ses chercheurs pouvaient avoir sur le primaire et le secondaire. Or, le système français, en mettant traditionnellement en avant la maîtrise de leurs disciplines par les enseignants, impliquaient un lien très fort entre recherche et enseignement pour les enfants. Nous sommes, en théorie, chargés de vulgariser la connaissance scientifique, et pas seulement de dire à nos chères têtes blondes ce que le pouvoir souhaite.

Au-delà du symbole très fort représenté par cette décision, Sarkozy et Chatel marquent leur défiance à l'égard de l'université et de ses membres. C'est le cas de nombreux membres de nos élites qui sont passés par les grandes écoles (vive le système élitiste français !) et qui méprisent les universitaires.

C'est d'autant plus étonnant que les recteurs, malgré tout, sont bien souvent aux ordres du pouvoir, rien que pour espérer une promotion. Pas besoin d'une telle réforme pour s'assurer le contrôle de la hiérarchie de l'Education nationale...

vendredi 10 septembre 2010

Suites des actions contre les retraites : un grand flou qui mène à l'échec.

Suite à la grève de mardi, l'intersyndicale a lancé un nouveau mot d'ordre pour deux journées : une journée d'action le 15 septembre et une journée de grève et de manifestation le 23 septembre.

Je plains d'avance les syndicalistes qui vont devoir défendre ce truc-là devant les salariés.

En effet, le communiqué était tellement vide qu'on pouvait se demander à quoi ces deux journées pouvaient bien servir. On a l'impression qu'on avance à l'aveuglette, sans que les dirigeants des
grandes centrales puissent vraiment nous dire où ils vont. Une nouvelle illustration des effets désastreux des divisions syndicales.

Encore, nous salariés du public, prenons moins de risques que les autres puisque notre employeur ne peut pas vraiment nous pourrir la vie si nous faisons grève. Nous perdons une journée de salaire, nous subissons les quolibets habituels de la droite, mais après, nous retournons bosser. Au lycée, tant que cela ne dure pas plus d'une journée, les élèves ont plutôt tendance à nous pousser dehors...

Dans le privé, où faire grève oblige à prendre bien plus de risques (et ils étaient nombreux mardi dans le cortège), il faut que la journée de grève ait un véritable impact et serve à quelque chose. Sinon, les salariés se disent que le jeu n'en vaut pas la chandelle et ils préfèrent attendre que les salariés du public se cassent la gueule en espérant que cela marche quand même. Pour mettre le privé en mouvement, il faut un plan, et on peine à le trouver.

Mettons-nous cinq minutes à la place de M. Thibault et imaginons comment il faudrait faire.

D'abord, il faudrait une plateforme qui dise clairement ce que l'on veut. Est-ce qu'on demande simplement des aménagements ? Est-ce qu'il y a des points de la réforme qu'on accepte ? D'autres qu'on refuse absolument ? Qu'est-ce qu'on veut au juste ? C'est tout de même la moindre des choses. La plupart des grévistes de mardi n'était pas sûr que les syndicats demandaient le retrait du projet ou voulaient simplement des aménagements.

Ensuite, on définit un plan d'action avec des étapes claires pour que le gouvernement puisse se positionner. On annonce une date de mobilisation pour montrer qu'on est fort, puis on fixe une date de grève générale avec reconduction éventuelle. Si le gouvernement et les employeurs refusent de se mettre à la table des négociations, on se lance.

Enfin, il faut aussi que nos leaders syndicaux soient capables de sentir le vent. Si nos concitoyens ne suivent pas les appels, on laisse tomber. Si la grève reconductible ne prend pas, on laisse tomber, ce qui n'empêchera de continuer à diffuser l'information et à démontrer que l'allongement de la durée du travail va à l'encontre de l'évolution du pays.

Malheureusement, rien de tout cela. On avance dans la brume.

Nos camarades de droite peuvent se réjouir : la mollesse des leaders syndicaux est en train de condamner ce mouvement et
de faire passer cette réforme inefficace et inique.

samedi 28 août 2010

Les mystères de l'aménagement du territoire.

Lorsque je descends en vacances, cher lecteur, j'ai la joie d'emprunter l'A 75. Je ne sais pas si tu as déjà eu l'occasion de la parcourir, mais je te le conseille fortement. Bien loin des usines observables en utilisant l'A 7, l'A 75 permet au vacancier pressé de rejoindre le Languedoc-Roussillon ou le nord de Midi-Pyrénées de découvrir les beaux paysages du centre de la France. Personnellement, je vous conseille à tous de faire un arrêt de deux ou trois heures sur le plateau de l'Aubrac pour déguster une saucisse ou une côte de boeuf, accompagné d'une bonne ration d'aligot et d'un verre de ratafia.

De plus, vous aurez la joie et le bonheur de passer entre les Causses et de survoler Millau en utilisant le Viaduc de Millau, construit par Eiffage, incroyable symbole de la puissance française. Notre pays l'utilise d'ailleurs régulièrement comme accroche publicitaire, comme lors de ce survol par l'A 380 (qui n'est pas une route mais un avion, je te le rappelle).

Et cette année, joie formidable entre toutes, nous devions avoir le plaisir de rejoindre directement l'A 9 depuis l'A 75. En effet, cher lecteur, il restait une portion inachevée d'autoroute entre les deux, proche de Pézenas. Le tronçon venait d'être inauguré. Cet inachèvement reste d'ailleurs un mystère, car alors que le viaduc est terminé depuis plusieurs années, ce morceau bien plus simple à réaliser traîne en longueur.

Eh bien, j'espère que les invités au mariage du Faucon n'auront pas à passer par là, car, contrairement à ce que l'on aurait pu attendre, il reste un petit morceau de 2,5 km, un tout petit tronçon, sur un parcours de 350 km, qui n'est toujours pas terminé, provoquant des embouteillages importants en obligeant les automobilistes à passer par la nationale 9. Cela fait huit ans que je passe par là, et ce tronçon reste...

Mystère de l'aménagement du territoire et de ses politiques, capable de construire un viaduc mais incapable de finir 2,5 km d'autoroute en terrain plat et sans difficulté particulière...

mercredi 4 août 2010

Le paquet fiscal commence à se disloquer...

On ne peut vraiment jamais faire confiance à la droite !

Juste au moment où nous nous décidons, avec ma conjointe, à acheter un appartement et à rentrer dans cette "France des propriétaires" que nous vantait le président de la République en 2007, voilà qu'on nous supprime la niche fiscale, sous prétexte que cela coûterait trop cher.

C'est honteux, ma bonne dame !

Ah, mais non, en fait, en lisant cet article, on constate que la mesure s'appliquera à partir des achats immobiliers de 2011. Ouf, je vais donc pouvoir continuer à vider les caisses de l'Etat tranquille.

Et puis, le gouvernement met en place un prêt à taux zéro sans condition de ressources, qui coûtera 2,6 milliards d'euros au lieu de 2,8 milliards pour le système actuel. Bon, on a sauvé 200 millions d'euro, ce qui va sans doute ramener la dette à 40% du PIB en moins de deux...