lundi 17 novembre 2008

Pour travailler sur le programme de la gauche, n'ayons pas peur de revenir sur les services publics.

Quelques commentaires, assez critiques finalement, reçus lors de mon billet d'hier m'amènent à me positionner un peu mieux que lorsque je m'énerve. Car hier, il faut quand même le dire, cher lecteur, j'étais quelque peu énervé.

Lors de la conférence à laquelle j'ai assisté aux Lilas il y a quelques jours, quelques problématiques très intéressantes ont été soulevées par Gérard Aschieri concernant les services publics. Certes, le leader de la FSU n'est pas un grand orateur, il n'enflamme pas les foules et ne suscite pas, lorsqu'il a l'occasion d'apparaître dans les médias, une grande passion, même chez moi. Pourtant, c'est à l'évidence un intellectuel qui a du fond, et qui mérite que l'on se penche sur son discours.

La conférence visait à se poser la question des services publics, et posaient des problématiques qui m'ont vraiment questionnées, autant en tant que citoyen qu'en tant qu'enseignant et que blogueur politique. Elles concernaient la manière dont la gauche devait à nouveau se saisir de la question des services publics pour rénover son discours et combattre la notion d'individualisme soulevée autant par les libéraux que par la droite gaulliste plus interventionniste.

Je me permets, cher lecteur, de te poser ces questions. Je ne vais pas rediscuter ici de la légitimité d'avoir des services publics autre que l'armée, la police et la justice. C'est ma conviction, et la crise en cours la renforce d'autant plus. J'en ferai peut-être des billets prochainement, mais pas aujourd'hui.

La première concernait le champ d'extension des services publics (SP). Les intervenants ont posé comme préalable que les membres du PS avaient accepté l'idée de concurrence et de remise en cause des SP depuis 1983. Pour rebondir, il faudrait, sans tabou aucun, accepter de débattre de ce qui doit être du champ du public et de ce qui doit être du champ du privé. Aschieri a suggéré que tout ce qui permettait une amélioration du développement de notre société (les composantes de l'IDH en somme), et tout ce qui avait des coûts fixes insupportables par le marché pouvait tomber dans les SP. Cependant, les interlocuteurs étaient aussi d'accord qu'il fallait se garder de tout dogme, chaque pays et chaque société ayant des traditions différentes. Dans d'autres États, l'eau est un SP alors que l'éducation n'en est pas. Ne soyons pas dogmatique.

La deuxième questionnait la salle sur la question de l'efficacité des SP. Nous étions tous d'accord que les SP marchaient souvent mal aujourd'hui, à la fois par manque de direction politique, par manque de moyens financiers et par manque d'investissement des citoyens dans leurs marches. Aujourd'hui, la gauche devrait présenter des politiques ambitieuses pour les SP, rendant la question des coûts accessoire : si le SP est bon, l'argument individualiste, vu son coût moindre et plus également réparti par le couple impôt-redevance, n'aurait plus réellement de sens.

La troisième visait à s'interroger sur la position des employés du SP. Évidemment, Aschieri, en bon syndicaliste, s'opposait à la remise en cause de la notion de fonctionnaire, du fait de la nécessaire protection du politique que nous devons avoir. Par contre, il a mis en valeur le fait que le SP devait être au service des citoyens, et non pas des consommateurs, et que les fonctionnaires ne devaient pas être considérés par les autres citoyens comme des gens inaccessibles et indiscutables. Il n'a pas réellement expliqué comment sortir de cette ornière, mais le débat mérite d'être posé. Je suis par exemple persuadé que les mauvais enseignants, s'ils sont difficilement ennuyés par la hiérarchie, sont tous les jours matraqués par les... élèves, bien plus impitoyables que le pire des inspecteurs...

Voilà quelques thèmes de réflexion que je soumets à ta sagacité, cher lecteur. N'hésite pas, bien sûr, avec ta bienveillance habituelle, à te positionner dans les commentaires...

P.S. : source de la photographie
ici.

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