Depuis quelques jours, nos médias, chers lecteurs, résonnent de l'écho de ce qui se passe en Birmanie. Quand on regarde la situation attentivement, une chose est claire: les Birmans n'ont vraiment pas de chance. En début d'année, une partie d'entre eux à tenter de faire vaciller le régime militaire en place dans ce pays depuis 1962, mais ce fut un échec cinglant. La communauté internationale a émis des protestations, mais rien de plus. Là, on se dit que la Birmanie doit être un pays sans réel intérêt. Sinon, les autorités américaines auraient déjà préparé une intervention militaire massive contre cette dictature infâme. Cela ne semble pas être le cas... Mais, en fait, si! La Birmanie est un pays pétrolier, dans lequel des grands groupes sont engagés, comme Total par exemple, toujours dans les bons coups avec les dictatures.
Le cyclone Nargis pourrait amener à des changements dans ce pays. En effet, une population affamée, sans aucune aide, pourrait très bien en profiter pour se révolter et mettre un terme à ce régime militaire délirant. Pourtant, la violence du régime semble empêcher toute révolte de ce type pour le moment. La catastrophe que connaît le pays l'explique aussi sans doute. Pour tenter de pallier son incurie, le régime a maintenu la fermeture de ses frontières et refuse de laisser entrer l'aide internationale. Tu as dû découvrir ce matin à la radio, cher lecteur, que le secrétaire général des Nations-Unies venaient d'obtenir... un visa pour se rendre sur place! Pour nous, pays développés, riches et militarisés, la question est claire: faut-il intervenir et entrer de force dans ce pays pour secourir la population, ou laisser la junte gérer la crise comme elle l'entend? Jusqu'à maintenant, ces interventions pour questions de catastrophes naturelles n'avaient jamais posé de problèmes.
En tant qu'humaniste, cher lecteur, tu te dis, à bon escient et de bonne foi: "ben, faut y aller, quoi! On va pas laisser les Birmans crever! On est le pays des droits de l'homme, et il serait bon de s'en souvenir quand même, une fois de temps en temps. Déjà qu'on laisse massacrer les Tibétains!" Oh, cher lecteur, comme je suis d'accord avec toi. Comme j'aimerai que nos marins, nos piou-pious, qui sont actuellement coincés devant les eaux territoriales birmanes, franchissent le Rubicon, détruisent cette dictature ignoble et apporte aide, soutien et vivres à la population locale. Notre valeureux Bernard Kouchner appelle d'ailleurs aujourd'hui la communauté internationale à l'action, dans Le Monde daté du 20 mai 2008.
Pourtant, pour une fois, je vais me mettre dans une position beaucoup plus objective, et donc cynique. Il y a plusieurs manières d'intervenir dans ce pays, et je vais tenter de m'y attarder:
Le cyclone Nargis pourrait amener à des changements dans ce pays. En effet, une population affamée, sans aucune aide, pourrait très bien en profiter pour se révolter et mettre un terme à ce régime militaire délirant. Pourtant, la violence du régime semble empêcher toute révolte de ce type pour le moment. La catastrophe que connaît le pays l'explique aussi sans doute. Pour tenter de pallier son incurie, le régime a maintenu la fermeture de ses frontières et refuse de laisser entrer l'aide internationale. Tu as dû découvrir ce matin à la radio, cher lecteur, que le secrétaire général des Nations-Unies venaient d'obtenir... un visa pour se rendre sur place! Pour nous, pays développés, riches et militarisés, la question est claire: faut-il intervenir et entrer de force dans ce pays pour secourir la population, ou laisser la junte gérer la crise comme elle l'entend? Jusqu'à maintenant, ces interventions pour questions de catastrophes naturelles n'avaient jamais posé de problèmes.
En tant qu'humaniste, cher lecteur, tu te dis, à bon escient et de bonne foi: "ben, faut y aller, quoi! On va pas laisser les Birmans crever! On est le pays des droits de l'homme, et il serait bon de s'en souvenir quand même, une fois de temps en temps. Déjà qu'on laisse massacrer les Tibétains!" Oh, cher lecteur, comme je suis d'accord avec toi. Comme j'aimerai que nos marins, nos piou-pious, qui sont actuellement coincés devant les eaux territoriales birmanes, franchissent le Rubicon, détruisent cette dictature ignoble et apporte aide, soutien et vivres à la population locale. Notre valeureux Bernard Kouchner appelle d'ailleurs aujourd'hui la communauté internationale à l'action, dans Le Monde daté du 20 mai 2008.
Pourtant, pour une fois, je vais me mettre dans une position beaucoup plus objective, et donc cynique. Il y a plusieurs manières d'intervenir dans ce pays, et je vais tenter de m'y attarder:
- Première option: on ne fait rien, on laisse les Birmans à leur sort et on rappelle nos navires. C'est sans doute ce qu'il y a de plus simple. Malheureusement, on continue d'être totalement inactif et de ne pas tenir notre place de démocratie développée qui éclaire le monde de sa lumière. En plus, on autorise un État à laisser sa population mourir sans intervenir, sous prétexte que ce n'est pas un génocide ou un massacre ici, mais une catastrophe naturelle. Dangereux précédent...
- Deuxième option: on fait des pressions amicales et on tente d'obtenir que l'aide rentre. La Birmanie a déjà annoncé que les hommes ne rentreraient pas. Cela équivaudrait à laisser les tortionnaires récupérer l'aide, et s'en servir comme ils l'entendent, pour leurs proches ou pour la troupe qui doit bien être aidée aussi. Qui dit que nos sacs de riz arriveront aux personnes concernées? Rien ni personne...
- Troisième option: on rentre en force. Nos soldats débarquent les vivres et l'assistance médicale de force, en créant un corridor humanitaire comme cela s'est déjà fait par le passé mais, à ce moment-là, deux nouvelles possibilités s'ouvrent:
- Le régime s'écroule devant l'offensive internationale. Très vite, l'ONU doit prendre en charge un pays ravagé par 46 ans de dictature, sans leaders politiques solides et en pleine crise sanitaire. Immédiatement, les pays développés, qui sont intervenus pour sauver la population locale, s'empressent de se retirer devant les risques de dépenses et les menaces de la Chine, alliée fidèle de la dictature birmane. Personne n'assume, les Birmans se retrouvent livrés à eux-mêmes, sous la responsabilité d'une ONU sans moyen. Qui est prêt à assumer cette nouvelle catastrophe politique?
- Le régime résiste et s'attaque à nos humanitaires, forçant une intervention militaire de l'Occident. La Chine nous menace. On risque un conflit majeur, et on ajoute aux Birmans le poids d'une guerre en plus de la catastrophe naturelle déjà arrivée.
Ce que je viens de vous faire, c'est une tentative de démonstration de la manière dont fonctionnent les relations internationales, dans un monde ou 75% des États sont des dictatures, et où les pays démocratiques ne peuvent décemment pas ravager toute la planète dès qu'une catastrophe ou une crise apparaît quelque part. Une seule conclusion: je ne voudrai pas être un Birman aujourd'hui, coincé entre une catastrophe naturelle, une dictature militaire délirante, un allié de celle-ci influent et surpuissant dans la région, et de voir au loin les navires internationaux qui attendent sans rien faire. C'est explicable, c'est cynique, c'est la réalité, mais c'est horrible...
Que ferai-je, si j'étais président, reste la question à traiter ici. Franchement, cher lecteur, je pense que je choisirai l'option 3 et que je prendrai le risque, mais en avons-nous les moyens, nous, Français? Si j'expliquai que cette opération risque d'imposer des coûts considérables à la France, cher lecteur, souhaiterais-tu cette opération? Parviendrai-je à convaincre les autres États de se lancer là-dedans pour faire quelque chose en mutualisant les coûts? Là, je cale. Si quelqu'un a une idée...
Que ferai-je, si j'étais président, reste la question à traiter ici. Franchement, cher lecteur, je pense que je choisirai l'option 3 et que je prendrai le risque, mais en avons-nous les moyens, nous, Français? Si j'expliquai que cette opération risque d'imposer des coûts considérables à la France, cher lecteur, souhaiterais-tu cette opération? Parviendrai-je à convaincre les autres États de se lancer là-dedans pour faire quelque chose en mutualisant les coûts? Là, je cale. Si quelqu'un a une idée...
AU risque de paraître froid et cynique, je ne suis pas du tout en faveur du droit d'ingérence si cher au french doctor, je trouve que ce principe a de nauséabonds relents de colonialisme paternaliste, encore un fois ce serait à "nous" de décider ce qu'il y a de mieux pour une population, encore une fois ce seraient les "lumières de la civilisation" qui se prétendraient tellement universalistes qu'elles auraient le droit d'imposer aux autres leur façon de voir les choses.
RépondreSupprimerJe compatis sincèrement à ce que vit le peuple Birman, tout comme je compatis à ce que vivent les chinois du Sichuan, tout comme je regrette que les Tunisiens vivent sous une dictature, et je compatissait aussi au sort des Irakiens sous Saddam Hussein, mais je n'arrive toujours pas à comprendre de quel droit les pays occidentaux s'érigent en "résistants de l'extérieur" contre ces régimes. J'aurais tendance à partir du principe qu'une révolution, bien qu'elle puisse être aidée par des pays extérieurs (et encore, certaines "aides" ressemblent fort à une simple mise sous tutelle des futurs dirigeants) doit être décidée par le peuple concerné, en se basant non seulement sur un refus de ce qui existe mais aussi sur un autre projet de société, élaboré et modifié par les grands courants de pensée du pays, c'est seulement ainsi que l'on arrive à une société apaisée bâtie sur un consensus commun, certainement pas en arrivant avec nos gros sabots et nos belles idées généreuses (qui au final ne le sont souvent pas tant qu'on croit). L'exemple de l'Iran, de l'Afghanistan, et celui plus récent de l'Irak, devraient nous avoir démontré qu'à imposer une société "clés en main" ne conduit qu'à l'arrivée de dangureux extrêmistes au pouvoir.
Même chez nous ce phénomène est perceptible : la tentative de Sarkozy d'américaniser à outrance le modèle français (peopolisation de la vie politique, attitude va-t-en-guerre, rejet du principe de services publics, hyperprésidentialisation ...) se solde par un fort rejet de la part de la population, il n'a plus comme seul moyen de redevenir crédible qu'une tentative de polarisation des électorats autour de thèmes forts (on sait que les gens de droite n'aiment pas les profs, retour de "l'ordre" dans les discours alors que ce sujet avait mystérieusement disparu depuis 1 an). Comment espérer que ce qui se fait déjà dans la douleur entre deux société somme toutes assez identiques se passerait dans le calme dans le cas de sociétés diamétralement opposées ??
Ce raisonnement était le mien autrefois, mais je ne le soutiens plus complètement. Il ne s'agit pas ici que des Etats occidentaux mais de l'ensemble de la communauté internationale face à un pays en particulier, qui se trouve dans une situation grave. Le cas de l'intervention se discute lorsqu'il s'agit d'intervenir dans un Etat en conflit politique. Là, ce n'est pas le cas, et il faut réfléchir aux modalités d'intervention. Je n'ai pas forcément envisagé une intervention armée; je crois juste qu'elle le deviendrait facilement avec ce régime-là.
RépondreSupprimerPour compléter, je pense qu'il ne faut pas avoir de dcctrine absolue. Parfois, c'est inacceptable ou inapproprié (comme en Irak, en Chine ou en Corée du Nord) pour différentes raisons, souvent très cyniques d'ailleurs. Parfois, c'est possible, de manière tout aussi cynique. Alors, posons-nous la question sur la Birmanie. Perso, si j'étais au pouvoir, et avec les informations dont je dispose maintenant, j'irai. Mais je n'y suis pas, et je parle sur des infos partielles venues des médias. Ce problème d'intervention pose en tout cas de vraies questions qu'il faut se poser, pour sortir de l'idéologie américaine sur ce sujet.
C'est très noble de dire qu'on y va pour des raisons d'aide humanitaire, mais tu sais très bien qu'une fois le pas franchi, on va se demander si on ne doit pas se substituer au gouvernement de manière plus étendue, pour apporter toute l'aide à la population, et ensuite on se demandera ce que deviendra la population si on la laisse au mains d'une dictature, et donc on décidera qu'il faut "aider la démocratie", et ainsi de suite...
RépondreSupprimerC'est toujours la même histoire, celui qui aide une fois se sent obligé de continuer à aider par un complexe de supériorité (soyons utopistes !!) , même si l'aidé préfèrerait rester aux commandes de son destin.
Donc si tu étais au pouvoir, tu jouerais le jeu colonialiste, même malgré toi, pas sûr que les birmans veuillent d'un président français qui leur dise comment vivre....
franchement chui daccor avec toi fabrice moi non plus je n'aime pas les matérialistes!!!!
RépondreSupprimerJe pense qu'il faut trouver un juste milieu. Franchement, si j'étais dans la situation des Birmans, je serai heureux de voir le monde montrer sa solidarité à mon égard, et venir m'aider. Si tu as faim, et que tu cherches de l'aide, tu t'en fous de savoir qui t'aide, que ce soit des colonisateurs, la Russie, la Chine ou le Botswana.
RépondreSupprimerPar contre, et tu as raison sur ce point, une fois la crise passée, il faut espérer que les amis ne deviennent pas des occupants. C'est bien là tout le problème, finalement...
L'orthographe texto, c'est moyen.
RépondreSupprimerSinon, Fabrice, on est dans une situation complètement différente qu'en Irak ou en Afghanistan, on n'irait pas dans l'optique de virer un régime totalitaire et mettre en place notre bonne vieille démocratie.
Je ne vois pas d'intervention armée, mais plutôt une intervention humanitaire, protégée par l'armée en cas de menaces par la junte birmane (ou Myanmar).
Je commencerai par dire que ça ne se fera pas, la Chine est bien trop puissante pour qu'on puisse aller décider de quelque chose qu'elle refuse si près de ses frontières.
Mais si tel était le cas, tu ne peux pas comparer la Birmanie avec l'Irak, d'abord, il y a une force d'opposition légitime et démocratiquement élue représentée par Aung San Suu Kyi, même si elle est un peu emprisonnée depuis ça.
Je pense qu'il peut y avoir une reconstruction pacifique dans ce pays en cas de "révolution".
L'Asie du sud est est pacifiée, riche, et la Birmanie est le pays qui détient le plus de richesses naturelles dans la région.
De plus la Chine et la Thaïlande interviendraient dans la reconstruction du pays.
Tu me diras que les grand groupes occidentaux iraient faire leur business à bas, mais c'est déjà le cas, sauf que les richesses vont unilatéralement à la junte militaire.
C'est pas l'Afrique là bas, les Thaïlandais vivent bien, les Vietnamiens aussi, et même les Laotiens sont ok.
La priorité aujourd'hui c'est les plusieurs millions de personnes sans abris, les dangers d'épidémie, sans parler des centaines de milliers de blessés et les (pour l'instant) 70 000 morts.
D'abord nous ne sommes pas allés en Afghanistan virer un régime totalitaire mais livrer une "guerre au terrorisme" , ça peut paraître accessoire mais il faut bien se rappeler les raisons invoquées à l'origine des conflits, ça prête toujours à un rire cynique quelques années plus tard...
RépondreSupprimerSinon je suis d'accord avec toi sur la grande différence qui existe entre l'Irak et la Birmanie, la victoire de la LND en 90 a prouvé que ce peuple était capable de cohésion en dehors d'une dictature qui la forcerait. Seulement l'aide humanitaire ne serait qu'un pansement sur une jambe de bois, si je peux me permettre cette comparaison... En apportant le secours à la population Birmane, on permet à la Junte militaire de faire sa pub genre "on a obtenu l'aide de ces crevards d'occidentaux sans rien lâcher", même si la propagande n'est pas efficace à 100%, elle permettra de faire retomber la colère du peuple face à l'incurie du pouvoir en place, et si le peuple n'est pas suffisemment mécontent pour se révolter, la dictature continuera... C'est assez dur à dire mais une vraie catastrophe sanitaire pourrait avoir cela de bon qu'elle serait l'étincelle dans la poudrière et provoquerait la chute du pouvoir, c'est pas à moi de peser le pour et le contre mais ça s'étudie, "la fin justifie les moyens" disait (presque) Machiavel....
La raison pour laquelle les dirigeants birmans n'acceptent que l'aide étrangère matérielle, c'est qu'il ne veulent pas montrer à leur peuple qu'ils ont besoin d'une aide étrangère, ils veulent que tout passe par eux.
RépondreSupprimerSi ça continue comme en ce moment, le peu de personnes qui verront arriver une aide la verront arriver par des mains gouvernementales. Je ne pense pas que le citoyen lambda birman soit plus informé que le chinois, donc tout ce ramdam au sujet du refus de l'aide internationale n'est et ne sera pas connu de la majorité des birmans.
Et puis de toute façon ils ne veulent laisser entrer personne car ils ne veulent pas qu'on voit ce qu'il s'y passe.
La propagande souhaitée irait plutôt dans le sens: on vous a aidé , nous sommes vos sauveurs, et peut être même "ces crevards d'occidentaux vous auraient laissé crever"!
Y'a des chances oui...
RépondreSupprimerMais alors, que fait-on? On donne l'aide à la junte en espérant qu'ils transmettent, on laisse tomber ou on intervient? La non-intervention, d'une manière ou d'une autre, me semble impossible. Peut-être qu'il faut laisser les Thaïlandais, les Chinois ou les Indiens le faire, mais est-ce différent dans le fond? Je ne crois pas.
RépondreSupprimerSi, il faut y aller, envoyer des secours avec la protection de l'armée, l'ONU serait parfait, mais je doute que les Chinois ou même les Russes acceptent..
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