- Le tribunal vient de nous apprendre que le mensonge est moralement inacceptable dans le mariage républicain. Je crois que cela est grave. Dans la réalité, et nous le savons tous, cher lecteur, un couple n'est jamais immaculé. Nous fonctionnons tous avec nos petits mensonges, nos petits secrets, et c'est ce qui fonde aussi un couple. Quel conjoint n'a jamais rien caché à l'autre? Tu vas peut-être me dire, cher lecteur, que la sexualité, ce n'est pas rien. J'en conviens, mais dans une société évoluée comme la nôtre, est-il normal qu'on réclame d'une femme qu'elle soit exhaustive sur sa sexualité passée auprès de son futur mari? Réclame-t-on d'ailleurs la même chose à l'homme? Je n'en crois rien: la sexualité fait partie de l'intime, et je pense qu'un conjoint n'y a pas un accès libre. C'est ensuite à chaque couple de s'en arranger, et de vivre comme il l'entend. Si on voulait émettre une doctrine, on pourrait imaginer que la nullité d'un mariage ne peut être obtenu que si le mensonge met en danger la sécurité de l'autre. Le mari aurait dû démontrer ce risque. S'il n'y en a pas , l'annulation n'a aucun sens.
- Le tribunal vient ainsi de reconnaître qu'une question de morale qui ne concerne en rien la société permet de rendre nul un mariage. Personnellement, j'avais déjà dit dans un ancien billet que les intrusions de l'Etat dans la morale me posaient de vrais problèmes intellectuels et m'inquiétaient. Le fait que cet homme considère la virginité de son épouse comme une chose fondamentale le concerne, mais, je le répète, cette condition ne menace pas sa sécurité. Le tribunal affirme donc que cette morale toute personnelle peut être considérée par les institutions comme quelque chose qui justifie une nullité, une qualité essentielle de la personne. Donc, les juges estiment que l'Etat reconnaît la virginité d'une épouse comme une condition possible du mariage républicain. Pour moi, c'est une ineptie totale et cela cache une volonté de contrôle de nos autorités sur la vie privée. Dans ce cas précis, le tribunal aurait pu accorder le divorce à l'époux, mais à égalité et sans torts pour l'épouse (il n'y a pas adultère ici), d'autant plus si elle avait été mise sous pression par sa famille.
Alors, évidemment, on peut déplorer que des citoyens voient encore le couple de cette façon, mais ce cas n'arrive pas que chez les musulmans, et les médias sont sur cette histoire nauséabonds. Cette décision de justice concerne toute notre société et la volonté toujours présente d'avoir un contrôle sur l'intimité du citoyen qui existe chez nos dirigeants: il faut surveiller ces évolutions, cher lecteur, et tout faire pour s'en protéger.
Je ne suis pas d'accord pour déduire de ce cas que la société ou plutôt la loi française cherche à contrôler l'intimité des gens. Faut pas tomber dans la parano, surtout que j'ai entendu plusieurs réactions officielles regrettant que la loi ait permis ce jugement et qu'il faudrait la changer.
RépondreSupprimerJe pencherais donc plutot pour le fait que c'est une vieille loi, qui aujourd'hui fait débat et sera modifiée.
Pour moi, c'est un jugement qui est extrêment discriminant pour la gente féminine, peut on contrôler la virgnité masculine? Non, mais féminine oui. Accepter un jugement, basé sur ce critère hautement discriminatoire est aux antipodes des valeurs de notre société.
Sinon désarmorcer la tendance anti musulmane qui pourrait découler de cette affaire, c'est louable de ta part,mais bon.
Soit, mais une vieille loi peut très bien ne pas être appliquée. Il y en a des kilos qu'on n'imagine même pas respecter aujourd'hui. Par exemple, savais-tu qu'une femme fonctionnaire devait obligatoirement s'habiller en jupe? Ces lois-là, on les laisse de côté. Pourquoi pas celle-là? La question reste malheureusement posée, et, n'étant pas dans la tête des juges de Lille, je serai bien en peine d'y répondre...
RépondreSupprimerC'est vrai que je ne comprends pas le manque de jugeotte des juges... Ils devaient bien se douter du vacarme que ça produirait.
RépondreSupprimerVirons cette loi (je pense que c'est en cours).
Et bien moi je ne suis pas pour qu'on la vire cette loi, l'annulation d'un mariage n'est pas un divorce, les conséquences sur la vie future des "annulés" et des "divorcés" sont bien différentes, ne serait-ce que sur le plan de la succession, la question de savoir ce que sont les "qualités essentielles" est à définir, et si possible d'une manière républicaine et laïque.
RépondreSupprimerSupprimer cette loi, c'est refuser de réaffirmer la primauté de la loi sur les dogmes moraux et religieux, et je n'ai pas envie qu'on commence à "bidouiller" pour défendre la laïcité de mon pays, ce principe mérite qu'on se batte pour lui, pas qu'on filoute. Et en plus, la définition de ce qu'est une "qualité essentielle", si cela est fait comme je le souhaite, aurait le grand avantage de faire hurler les ultras religieux de tous bords, et moi j'aime bien savoir qui sont les loups dans la bergerie....
Oui, Fabrice, tu as raison. Mon raisonnement était plutôt que le tribunal aurait dû prononcer le divorce et pas l'annulation.
RépondreSupprimerMerci de me permettre de faire la précision.
Je suis d'accord avec toi Fab, je disais "virer", mais je pensais l'aménager et définir les "qualités essentielles" et surtout tou faire pour éviter que des notions comme la virginité puissent aboutir à l'annulation d'un mariage.
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