Un petit billet d'humeur cette fois-ci. J'ai longuement hésité à vous parler du rejet de la loi OGM, des jeux olympiques, de la situation du Liban ou de la grève de la fonction publique de demain, mais j'ai une autre idée.
Aujourd'hui, j'ai eu l'occasion de rester pendant deux heures devant l'entrée d'une gare du RER en proche banlieue parisienne, pour des raisons associatives. Lorsque nous sommes arrivés, nous avons découvert que l'ensemble de la ligne E était totalement perturbé par un "incident de voyageurs". En langage politiquement correct, cela signifiait qu'une personne avait choisi de mettre fin à ses jours en se jetant sous les rames d'un train. Il s'agit d'une manière horrible d'en finir, même si on a finalement très peu de chances de se louper. Me demandant ce qui se passait, j'ai interrogé une salariée de la SNCF qui m'a expliqué qu'une personne s'était suicidée vers 15h30 (il était 18h00) dans une autre station, que le corps avait été enlevé et que la police menait maintenant une enquête sur place qui prendrait encore une heure environ. Le trafic avait été coupé une heure, puis les trains avaient repris lentement leurs trajets.
Je veux donc bien préciser les choses: cet incident était lié à un problème extérieur à la SNCF. L'agente n'avait aucune raison de me mentir de toute façon. Environ 20 mn plus tard, le premier train arrive et sort alors une foule de voyageurs énervée. Et là, ça n'a pas raté, je suis sûr que tu sais ce qui s'est passé, cher lecteur: une dizaine de personnes harponne la cheminote et lui fait une scène pas possible à cause de ces retards inacceptables. Je dois te dire, cher lecteur, que j'étais outré.
Tout d'abord, les voyageurs semblaient considérer que la situation était la faute de la SNCF. En effet, comme on le voit tous les jours dans le train, le RER et le métro, de grands panneaux invitent le voyageur déprimé à se jeter sous les rames, pour faire faire des économies à la Sécurité Sociale. Ensuite, les mêmes voyageurs trouvaient inacceptables que la police gêne le trafic. Ah, la police... C'est sûr que les flics, ma bonne dame, ne sont jamais là quand on a besoin d'eux. Par contre, pour nous empêcher de voyager tranquille, ça, y a du monde et en plus, ils prennent leurs temps... Je me disais aussi qu'il faut bien, à un moment, retirer les restes du voyageur, et que, de fait, ça doit prendre du temps, d'ôter tous les morceaux d'une personne qui est passée sous trois ou quatre wagons (le temps que la motrice freine). Je suppose que le voyageur serait outré de s'asseoir sur un morceau d'un autre voyageur: c'est impoli... Et pourtant, un certain nombre de nos concitoyens trouve semble-t-il normal de se venger sur le salarié de la SNCF, dès qu'il le peut, et d'exprimer son mécontentement.
Alors, c'est vrai, voyageur, que tu as perdu du temps de ta journée, que tu aurais bien voulu aller à ton entretien d'embauche, arriver à l'heure au travail, pouvoir profiter de ta journée de repos. Tu as dû attendre, et cela t'énerve. Cependant, tu es tombé sur un hasard de la vie. Ca aurait pu être le terme de ta vie aujourd'hui, et cela mérite le calme et le respect. Si tu avais pris ta voiture, tu aurais peut-être perdu autant de temps, ou tu aurais eu un accident mais comme c'est toi qui conduit, tu n'en veux pas aux autres. Eh bien, je te le dis, citoyen, prend un peu ton mal en patience. Tous ceux qui ont voyagé à l'étranger savent que, si notre société nationale de chemins de fer n'est pas parfaite, c'est bien l'une des meilleures du monde, et des moins en retard. Il est quand même hallucinant de lui reprocher un suicide!!! J'ajouterai même que, si c'est un incident technique qui survient, c'est aussi normal. Le matériel n'est pas infaillible, et une panne arrive toujours. Cela arrive aussi à ta voiture, à ton frigo, à ta TV, à ton ordinateur, et c'est normal. D'ailleurs, ça te pose autant problème, mais là, tu n'as personne à qui t'en prendre...
Voilà donc la contradiction flagrante du citoyen français. Il veut que les services publics soient parfaits, efficaces, irréprochables, et gratuits!!! Franchement, citoyen, arrête de rêver. Et puis, reste zen un peu: tes colères injustifiées sont pénibles, et nous font passer aux yeux du monde pour des gens puérils.
Voilà, ça c'est le français classique! On se plaint, on gueule, quoi qu'il arrive.
RépondreSupprimerJ'adore le titre de ton blog ! Et j ai trouve cet article pertinent. Par contre, Manuel, en France on ne se plaint pas forcément que pour rien. Cette après-midi, des dizaines de milliers de fonctionnaires vont descendre dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol de la dégradation du service public et ce sera complètement justifié ! Alors, les gens qui devant les caméras (qui n'attendent que ça)se trouvent très spirituels en déclarant que les Français gueulent et manifestent par tradition, y en a marre aussi.
RépondreSupprimerMoi ce qui me fait (pas) marrer dans cette histoire c'est la constatation que les gens sont finalement bien des crétins complètement aveugles aux manipulations....
RépondreSupprimerCela fait 25 ans qu'on leur bourre le mou à critiquer les services publics, à leur répéter que ça va pas assez vite à la Poste, que la SNCF est en retard, que l'Education Nationale c'est un repaire de gauchistes, et tout le monde gobe ça sans se demander un instant si c'est vraiment mieux dans le privé...
Parceque finalement, j'attends aussi longtemps à ma banque qu'à la Poste, sauf que là personne ne râle jamais, parceque la queue aux caisses d'un hypermarché le soir me fait perdre plus de temps cumulé sur l'année (dison 25mins par semaine, 1h par mois, donc 12h par an) que les aléas des transports en commun (allez, cette année, à cause d'un salopard de suicidé sans doute fonctionnaire et gauchiste, j'ai perdu 1h30 à attendre mon RER, bon, j'aurais pu aller prendre le métro ou le bus, c'est vrai, mais merde, faut pas me demander d'être indépendant non plus !). Les exemples de dysfonctionnement du privé sont aussi nombreux, et souvent plus graves, que ceux du public, mais chut, faut pas le dire, un charter qui s'écrase pour défaut d'entretien c'est sûrement moins grave qu'un train qui a 10 minutes de retard....
Concernant la journée d'hier, ce qui me choque profondément dans l'argumentaire des "bons citoyens pris en otage" comme du gouvernement, c'est qu'on ne parle pas de remplacement des profs pour le SMA mais d'encadrement des enfants, si je comprends bien le rôle de l'école n'est donc pas d'instruire mais juste de faire garderie pendant que les parents travaillent ? Une belle vision du rôle des enseignants qui explique beaucoup de choses, n'éduquons pas, ça fait des rebelles qui râlent, parquons plutôt les gamins avec des animateurs sympas, qui leur apprendront à jouer au foot et à regarder la Star Ac', Panem et Circenses comme disait l'autre y'a plus de 2000 ans...
Finalement je suis plutôt content d'avoir eu assez d'éducation pour pouvoir me rendre compte qu'on se fout de moi, rien que cette conscience doit me classer dans "l'élite intellectuelle" de ce pays non ?
Bravo Fabrice!!!!
RépondreSupprimerDepuis hier, je me sens pousser des ailes. Enfin, les choses sont claires. Allons-y, les amis! Le vieux monde est devant nous, mais il vacille. Poussons-le un peu, il va tomber!
Concernant les français gueulants, je ne visais pas forcément le gréviste, mais plutôt Monsieur tout le monde qui gueule pour tout et n'importe quoi dans la vie de tous les jours, alors si tout n'est pas rose dans notre beau pays, je ne peux m'empêcher de constater (en comparaison avec d'autres pays où ça ne va pas mieux) qu'on n'est souvent à se plaindre, et d'ailleurs, même moi je m'y mets!
RépondreSupprimerSinon, la comparaison entre le public et le privé, sortie de tout contexte, c'est un peu simple.
Je ne connais pas les bénéfices ou le déficit des uns et des autres, mais disons que dans la fonction publique on privilégie l'accessibilité au service (tarifs) et la qualité du service, je suppose au détriment de la rentabilité, donc il est tout à fait normal le service soit correct.
Si je devais émettre une critique, elle serait plutôt sur la lourdeur des services administratifs, mais ça n'est pas dû au fait d'être public, mais plutôt d'être énorme (voir ONU).
J'espère qu'on ne va pas verser dans un sentimentalisme utopique de la gauche de la gauche, car j'ai pas envie de me faire l'avocat du diable.
Pour bosser dedans, je vais me permettre de lever un petit voile sur les "lourdeurs administratives", il y en a, c'est vrai, mais contrairement à ce qu'on croit elles ne sont pas majoritairement dûes aux bureaucrates mais bel et biens aux politiques, qui inventent tous les ans de nouvelles lois pour "faciliter le copinage" et passent le plus clair de leur temps à se quereller sur des questions de pré carré au lieu d'être consciencieux et efficaces dans la mission que leur ont confié les électeurs, pour exemple nous sommes le 19 mai et mon employeur, élu mi-mars, n'a toujours pas daigné venir bosser plus de 3 jours, pas de directives politiques, des parapheurs qui s'entassent et des administratifs qui aimeraient bien voir leur boulot avancer un peu, mais si jamais ça gueule dans la ville, on mettra ça sur le dos de "la lourdeur administrative"....
RépondreSupprimerJe confirme cela dans l'Education nationale. En fait, on a l'impression que le politique ne pense jamais au fonctionnement pratique d'une idée quelle qu'elle soit. On doit mettre l'idée en place, et à nous de nous débrouiller pour que cela marche. C'est particulièrement usant, surtout quand les idées à mettre en place ne durent jamais plus d'un an, qu'on doit sans arrêt repartir de zéro et qu'on ne sait jamais si ce qu'on a fait a servi à quelque chose, ou pas...
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