Décidément, les jeux olympiques sont un vrai problème. Certes, cher lecteur, le refondateur de ces rencontres sportives était un Français, Pierre de Coubertin, et les jeux se sont déjà déroulés à plusieurs reprises en France. Cependant, le Comité International Olympique (CIO), qui organise cette manifestation, nous a déjà infligé des jeux dans des pays géniaux et respectables: rappelez-vous de l'Allemagne nazie (1936) ou des jeux de Moscou en 1980, et on pourrait y ajouter les jeux de Mexico en 1968. Pierre de Coubertin était d'ailleurs un admirateur de l'Allemagne nazie. Devant cette déferlante de mauvais exemples, on peut se dire que les JO, décidément, on ferait bien de s'en tenir éloigné.
Et pourtant, camarade, il y a un gros problème: les JO, cela fait rêver! A chaque fois, de plus en plus de téléspectateurs se postent devant leur petit écran, et attendent de voir les athlètes courir le 100 m ou sauter à la perche. Lors des derniers JO, près de 3 milliards de personnes ont suivi la cérémonie d'ouverture. Pour une grande partie des sportifs, c'est l'aboutissement de toute une carrière. De plus, cet engouement entraîne de grandes rentrées financières pour les transnationales mais aussi pour les États qui organisent l'ensemble. Il y a donc des intérêts considérables derrière tout cela. D'ailleurs, la manne est telle que le CIO nous a vendu les JO en Chine comme une chance inouïe pour ce pays d'accéder au développement. Le pire, c'est que c'est sans doute vrai! La Chine avait déjà une croissance énorme avant l'annonce des JO, mais cela n'a fait qu'accroître le phénomène. Les Chinois vont donc bénéficier à l'évidence de cette manifestation. Le CIO est tellement convaincu de cette évidence qu'il vient d'attribuer les JO d'hiver de 2012 à la Russie, pour remettre la même opération dans ce pays en croissance.
Or, voilà que la Chine n'a pas suivi ses engagements. Loin de démocratiser, elle a poursuivi sa politique de répression: 6000 personnes ont été exécutées en 2007, et, depuis le début de l'année, la Chine a infligé aux Tibétains une répression brutale, gommée dans les médias par le tremblement de terre récent mais qui se poursuit malgré tout. Certes, elle avait promis devant le CIO de calmer un peu les violences, mais, franchement, cher lecteur, de qui se moque-t-on? A-t-on déjà vu par le passé une compétition sportive, même bénéfique économiquement, ramener la démocratie dans un État? Le gouvernement chinois est une dictature qui ne peut accepter aucune démocratisation, car les élites dirigeantes actuelles perdraient forcément le pouvoir. Il faut donc se rendre à l'évidence: la Chine n'a jamais voulu démocratiser quoi que ce soit, mais il fallait bien donner bonne conscience aux démocraties; le CIO a fermé les yeux parce qu'il se moque de la démocratie et qu'il y a vu une occasion de profit; les grands États démocratiques ont pensé exactement la même chose.
Le fait de voir nos chefs d'Etat jouer l'outrage me semble donc d'autant plus scandaleux. Alors, que faut-il faire. Quelques propositions et contre-propositions:
Certains ont proposé que les sportifs boycottent. Franchement, cher lecteur, va-t-on demander à des gens qui ne sont pas responsables du choix de la Chine et qui joue toute leur carrière ici de nous déculpabiliser de cette façon? C'est ridicule...
D'autres ont suggéré que notre président bien-aimé boude la cérémonie d'ouverture. Pourquoi pas, mais cela ne sauvera pas les Tibétains et c'est quand même d'un cynisme absolu de donner les jeux à un pays puis de bouder ensuite sans rien assumer. Il est vrai que les représentants français ont sans doute voté pour Paris à ce moment-là, candidate elle aussi, mais on a pas protesté non plus après le vote.
Et si on mettait en place des sanctions économiques? La Chine s'en fiche, et ce ne sera que du symbolique de toute façon.
En clair, et contrairement à ce que je disais des Birmans, je pense qu'on ne peut rien faire pour les Tibétains. On peut toujours recevoir le Dalaï-Lama à Paris, mais que faire de plus? Et pourtant, cher lecteur, j'ai mon idée. Il est évident qu'on ne peut charger les sportifs de faire de la politique. Il est évident aussi qu'on a pas à juger et à condamner à posteriori les choix du CIO auxquels on a joyeusement participé. D'un autre côté, on ne peut pas interdire les jeux aux dictatures non plus: ce serait faire de la belle morale internationale, que nous ne respectons pas par ailleurs, et nous rendre d'autant plus ridicule. Pour moi, dans cette affaire, c'est le fonctionnement même de la structure olympique qu'il faudrait revoir.
Alors, cher lecteur, je fais une proposition très simple et très claire: je propose à Nicolas Sarkozy de quitter le CIO. Cette instance, longtemps dirigée par un ancien franquiste reconverti, n'a rien à voir avec l'idéal démocratique du sport. Ne condamnons pas les pays qui sont choisis (on sait très bien ce qu'ils sont) et n'empêchons pas les sportifs français d'y aller (là, ils auront leur conscience pour eux) mais n'y participons pas, tout simplement. En plus, M. le Président, cela vous fera des économies budgétaires...
Le CIO a choisi la Chine pour des raisons économique évidentes, c'est la même chose pour la Russie en 2012.
RépondreSupprimerLes critères de choix du CIO sont dictés par du Lobbying venant de très haut, car les enjeux économiques d'une attribution des jeux sont immenses.
Mais ça, tu l'as déjà dit.
L'esprit olympique est mort, au moins pour ce qui est des dirigeants, on ne peut pas punir le sportif pour qui c'est le couronnement d'une carrière, mais on ne peut pas cautionner cette mascarade.
Que les politiques prennent leurs responsabilités, qu'ils montrent leur désaccord au nom des peuples qui les ont élu, qu'ils boycottent la cérémonie d'ouverture, qu'ils expriment des reproches fondés et justifiés à l'égard de la Chine en l'occurrence.
Car en ce moment, on n'ose pas contredire les dirigeants Chinois, et leur propagande anti française a si bien marché, qu'ils ont eu droit à des visites de courtoisie (léchage de bottes), des lettres d'excuse, et qui sait quoi d'autre... Peut être un petit tour sous le bureau qui sait..
On ne va pas sauver les tibétains, mais on peut au moins dire qu'on n'est pas d'accord.
Et sinon je suis d'accord avec Mathieu, le CIO est à l'olympisme ce que l'UCI est au cyclisme, un cancer, un virus qui suce le pognon, alors il faut commencer à bouger ces vieux dirigeants qui auraient fait de superbes collabos en d'autres temps, n'est ce pas Monsieur Henri Sérandour président du CNOSF qui interdit le badge (très gentil badge, pas de quoi fouetter un chat) sous la menace de Rogge et les Chinois.
Enfin, de toute façon rien ne va changer, sinon en pire, c'est vers ça qu'on se dirige, mais bon faut gueuler quand même!
Vive le sport!