La semaine dernière, Frédéric Minvielle, un homosexuel français, a été déchue de sa nationalité française pour avoir épousé son conjoint néerlandais. La justice a fait ressurgir ce vieux débat qui continue de parcourir la société française. Franchement, je commence à en avoir marre.
Depuis le travail de Bonaparte, premier consul et surtout dictateur, et de son ami Portalis, l'un des principaux rédacteurs, le mariage est, pour le code civil, l'un des points fondamentaux du code civil français. Il était, à l'époque, un fondement de la société et de la moralité. Progressivement, il s'est séparé de ses aspects moraux, car les mœurs ont évolué. Certes, si tu te maries, cher lecteur, tu devras prêter serment de ne pas tromper ton conjoint, de l'assister et d'élever vos enfants. On sait quand même que les choses ont bien changé, et que tout cet aspect ressemble plus à du folklore qu'à autre chose. Si on regarde bien, le mariage est plus maintenant un système de contrat, qui permet à un couple de se sécuriser au plan financier, de changer de régime fiscal et de préparer une retraite plus avantageuse pour le membre du couple qui survivra à l'autre.
Pourtant, ce qui montre que le mariage n'a pas perdu de son sens moral, malgré tout, est cet attachement fort de tout une partie de la population à l'aspect hétérosexuel du contrat. J'admets, cher lecteur, que j'ai du mal à comprendre que les homosexuels mènent une telle lutte pour accéder à un contrat qui a toujours été un symbole de la morale la plus rétrograde et de l'inégalité entre les sexes, mais, si la majorité des homos veut y accéder, on ne peut que répondre oui, à partir du moment où on refuse à tous les couples non-mariés les privilèges du mariage. Les avantages sont importants, et le PACS, même s'il a été amélioré, ne les regroupe pas tous.
Alors, tu vas me dire: "Eh, mais attention, si on autorise le mariage aux gays, ils vont pouvoir adopter des gosses!!!". Là, je te réponds, cher lecteur, ne sois pas hypocrite. Tu sais très bien que de nombreux homos adoptent déjà en se présentant à l'administration comme célibataire. Tu sais très bien aussi que l'argument qu'un enfant élevé par des homos sera homo, si c'est ce qui t'inquiète, ne tient pas non plus, car tous les homos d'aujourd'hui sont enfants d'hétéros... Surtout, on ne peut pas priver les enfants d'une famille qui les aimera. Cela suffit à résoudre le problème et à autoriser les homos à adopter, en les soumettant aux mêmes contraintes que tous les couples hétérosexuels.
Pourtant, si j'étais au pouvoir, je ferai autrement. Je retirerai le mariage des mairies et je le transformerai en un simple contrat entre deux individus, dont on se fout du sexe, permettant de gérer les aspects financiers du couple. Je le ferai signer chez un notaire avec déclaration aux administrations. Libre ensuite aux croyants de faire toutes les cérémonies qu'ils veulent. Pour moi, la relation amoureuse n'a pas besoin d'un contrat et ne concerne que les membres du couple, et j'estime que le citoyen n'a pas à aller jurer de sa moralité devant un élu tout aussi amoral que lui. Laissons la morale hors de l'État le plus possible, s'il vous plaît.
J'espère que la France sera condamnée pour cette décision en tout cas. La raison est au-dessus de M. Minvielle en lui-même. La France vient de considérer que la loi d'un autre État, pourtant démocratique, n'était pas à prendre en considération. C'est quand même nous qui imposons à nos homosexuels d'aller se marier ailleurs et qui leur infligeons l'insécurité, puis qui allons ensuite les condamner quand ils vont dans les pays qui les traitent mieux. Cela veut donc dire qu'on vient de dire aux Pays-Bas qu'ils donnent le mauvais exemple en étant plus démocrate que nous: nous sommes pourtant les premiers à hurler sur nos voisins lorsqu'ils sont moins avancés que nous. On est finalement dans la même situation qu'au début des années 1970, lorsque les Françaises allaient se faire avorter en Belgique, et c'est ridicule. J'en ai marre que sur les questions morales, la France ait parfois des attitudes qui nous font ressembler à certains États du centre des États-Unis.
Si on voulait faire progresser un peu l'Europe, on pourrait créer une clause du "mieux-disant démocratique", qui obligerait les États à se soumettre progressivement au droit le plus avantageux. Cela pourrait fonctionner de la manière suivante: "Un État ne peut condamner un de ses ressortissants pour un acte interdit sur son sol mais commis dans un autre État où il est autorisé, à partir du moment où le droit dans ces autres États est plus avancé au plan démocratique que dans l'État du ressortissant." Évidemment, c'est très subjectif, mais cela permettrait à certains problèmes bloqués en France, ou ailleurs, d'avancer plus vite. En 1999, nous étions innovants avec le PACS, nous sommes maintenant à la traîne...
Personnellement, j'inclurai les aspects sociaux dans cette clause, mais bon, exigez que les Polonais aient la même protection sociale que nous, en plus d'autoriser un mariage homosexuel, c'est limite marxiste.
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