lundi 29 septembre 2008

Les Français se font avoir : la consommation théorique des automobiles.

Après le billet un peu dépressif d'hier soir, cher lecteur abattu, j'ai envie de te parler d'un sujet un peu plus léger, enfin, je crois. Ce matin, puisqu'en tant que privilégié, je commence tard, j'écoute distraitement, en bouclant un cours puis en lisant mes blogs favoris, une émission de France Inter qui se consacre à la consommation des véhicules automobiles. Le sujet de départ en est simple : 60 millions de consommateurs sort en octobre un dossier consacré à la manière dont les constructeurs automobiles communiquent dans leurs publicités sur les automobiles neuves. La conclusion en est simple. Les consommations réelles seraient de 20 à 80% supérieures aux chiffres annoncés.

Rien qu'en écoutant l'émission, je trouve le questionnement problématique. Je découvre d'abord avec surprise que nos concitoyens croient aux chiffres avancés dans les publicités automobiles. Là, je rigole, cher lecteur, et à gorge déployée. Qui a déjà vu une publicité qui n'ait pas une part de mensonge ? Franchement, les gens se font avoir avec n'importe quoi.

Personnellement, je n'avais jamais réellement fait attention à la manière dont je conduisais jusque très récemment. En 2006, j'ai acheté ma première voiture, un diesel moyen qui devait consommer du 5l./100 km, ce qui correspond aux standards actuels de ce que font les constructeurs théoriquement. J'ai commencé à conduire sans faire attention à ma consommation : j'avais une conduite assez brusque, assez inadaptée à un moteur diesel d'ailleurs, je fais beaucoup de ville, et je roule souvent aux heures de pointe. Résultat : je me suis surpris à faire assez souvent le plein (presque deux fois par mois au début). Et puis, j'ai évolué. D'abord à cause de ma sensibilité à l'environnement qui m'a amené à conduire en ayant un oeil rivé sur l'ordinateur de bord me donnant la consommation de mon moteur en temps réel. Ensuite à cause de la hausse des prix de l'essence ces derniers mois, que j'ai bien été obligée de prendre en compte du fait de mon pouvoir d'achat durant nos dernières vacances.

Malgré ma méconnaissance des règles des moteurs, j'ai constaté plusieurs choses. D'abord, la consommation change du tout au tout lorsqu'on se trouve sur différents types de route : autoroute, voie rapide, ville, montagne, avec pluies ou pas... Ensuite, comme je l'avais déjà montré, la vitesse a une importance fondamentale. Enfin, la manière dont on appuie sur le champignon est tout autant primordiale : si tu conduis comme une brute, cher lecteur, ta voiture consommera et polluera plus que si tu es souple. Tout cela semble très simple et très basique, mais quand on écoute France Inter ce matin, on a vraiment l'impression que la majorité de la population n'est pas consciente de tout cela.

J'ai aussi la crainte (mais j'ai quitté le programme en route) que toute cette mode autour de la consommation pétrolière soit bien plus liée à la hausse ponctuelle des prix du baril de pétrole qu'à une réelle volonté de protéger notre environnement. Un libéral me dirait que la population s'adapte au prix et évolue grâce à cela. En ce moment, les prix rebaissent, et je pense que la vague d'écologisme retombera d'elle-même si la tendance se maintient.

Eh bien, cher lecteur, je crois qu'il faut faire intervenir la puissance publique dans cette affaire. On a beau s'enfiler des kilos de blogs libéraux tous les jours, on ne se refait pas. Voilà ce que je proposerai :
  • d'abord, j'aiderai les consommateurs à renouveler le parc automobile par des aides ou des crédits d'impôts, voire par une prime de mise à la casse des vieilles bagnoles. Cela existe déjà en partie avec le bonus-malus, mais on pourrait resserrer l'aide à des voitures réellement non-polluantes, et la rendre plus conséquente dans ce cas.
  • J'imposerai aux constructeurs une autre communication, avec un label "voiture non-polluante" (et non pas voiture verte, trop positif) et j'obligerai les constructeurs à marquer le label "voiture polluante" sur les autres. Ainsi, ils vont encore accélérer leurs recherches pour faire baisser la consommation voire pour passer à des énergies non-polluantes. A la collectivité de fixer pour le moment ce qui est la limite de la voiture non-polluante.
  • Je mettrai l'apprentissage à la conduite non-polluante dans le permis de conduire, et j'en ferai un aspect validant du permis. Ensuite, libre au conducteur de l'appliquer ou pas, mais il en paiera le prix par des pleins fréquents.
  • Enfin, je rendrai le permis non-permanent et je le limiterai à dix ans, ce qui nous permettrai de revoir les automobilistes régulièrement et d'actualiser leurs pratiques. Une sorte de formation continue en quelque sorte.

Reste la question du prix de l'essence. Franchement, je suis pour un prix de l'essence élevé, même si je le paie aussi. Il faut juste adapter les choses aux revenus moyens des Français, mais l'objectif est là aussi de pousser les entreprises et les conducteurs à s'adapter.

Ah, que tout ceci est interventionniste ! Hum, c'est bon...

19 commentaires:

  1. Sur tes proposisions:

    1) Pourquoi vouloir aider les conducteurs à changer de bagnole? Ils ne sont pas assez grands pour faire leur propre calcul d'investissement et d'amortissement; l'argent public des contribuables n'a pas vocation à se substituer au meilleur usage qu'ils font de leurs dépenses immédiates ou différées? Plan pas bon!
    Sauf s'il s'agit d'un intérêt supérieur de consommer moins d'essence, ce qui n'est qu'une goutte d'eau dans le solde énergétique mondial, et source de distorsion du marché, hors justification économique (totalement anti-libéral).

    2) Vaste question: qui est polluant, qui ne l'est pas? (ou l'est moins).
    Le CO2 n'est d'abord pas un polluant; ou alors, je pollue rien qu'en respirant.
    Son effet sur le réchauffement climatique n'est en aucun cas vérifié.
    D'accord pour se déplacer librement en voiture avec moins de consommation, mais pas au nom d'une pseudo-sauvegarde de la planète.
    Les constructeurs auto n'ont pas attendu le bonus, pour réduire de moitié la consommation moyenne en vingt ans.
    Par contre, d'accord pour admettre que les consommations théoriques (au catalogue) ont peu de rapport avec la réalité; c'est le comportement du conducteur qui est promordial.

    3) Bravo pour ton point trois, de responsabilisation; ça, c'est d'inspiration libérale.
    Mais peu de rapport avec l'obtention du permis de conduire, fondé sur des questions de sécurité collective.


    4) Formation continue? Accord de principe, mais malheureusement inapplicable; entre ceux qui font 40 000km/an, et ceux qui n'ont pas conduit depuis 20 ans?

    Ta conclusion sur l'adaptation des uns et des autres: je pense que chacun s'adapte déjà très bien aux
    circonstances; il est inutile d'en rajouter des dispositions coercitives et infantilisantes(normalement, c'est la loi élémentaire du choix personnel qui fonctionne). Je sais, c'est très encore libéral.

    Et je ne comprends pas pourquoi tu te vantes de l'idée d'interventionnisme de principe; c'est idéologique ou tu penses juste que c'est bon?

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  2. Vos remarques sont justes, mais vos propositions de renouvellement accéléré du parc automobile, irréalistes. Un seul exemple avec la simple obligation de repasser le permis tous les 10 ans : rien n'est gratuit dans notre maudite société. Moi, je n'ai pas les moyens de rejouer à ça, même pour une somme modique, tous les 10 ans. De même, changer de bagnole est une opération risquée, quand on ne veut ni ne peut acheter à crédit. La prime à la casse n'y change pas grand-chose, prime qui n'est pas de saison dans l'état actuel des finances publiques.

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  3. @ Penthièvre : voilà un argumentaire complexe qui va m'obliger à une réponse longue, mais allons-y.

    1) Pour moi, baisser la consommation d'essence est une nécessité mondiale. Le pétrole n'est pas inépuisable, et il sert actuellement à la fabrication des plastiques. Or, pour cet usage, il n'existe pas de mode de remplacement, alors qu'on peut l'envisager pour les transports et l'énergie. Je pense donc que l'Etat doit pousser la manoeuvre. Quant à la capacité des individus à prendre des décisions rationnelles, je n'y crois pas : le monde nous montre chaque minute que ce n'est pas le cas.

    2) Si les entreprises ont réduit les consommations, c'est d'abord parce que les prix du pétrole ont monté, et que les clients attendent cela. Je propose un label, et cela aide parfois à faire bouger les entreprises. Il n'y a rien de coûteux là-dedans. Pour les effets du CO2, les scientifiques pensent majoritairement que cela a un effet. N'étant pas un spécialiste, je me range à cette opinion et propose donc des solutions pour affronter ce problème. Si la majorité des scientifiques basculent, je changerai d'avis.

    3) On peut mettre ce que l'on veut dans le permis. Libre au législateur d'y intervenir.

    4) On peut conduire très souvent et très mal conduire. Je le vois chaque matin et chaque soir sur la route. L'inverse est tout aussi vrai.

    Pour moi, l'Etat est très souvent meilleur que le marché. C'est cependant une position idéologique : le bon en politique est bon pour les religieux et les extrêmistes de tout poil.

    A bientôt,

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  4. @ LCC : Oh, un deuxième point de désaccord dans la même journée. Cela va mal.

    Nous sommes l'un des seuls pays développés à avoir un permis à vie. En soit, ce permis est une aberration. On est vu par un examinateur à 18 ans et cela nous valide jusqu'à la fin. Je trouve cette logique totalement absurde : on change en soixante ans, non ?

    Par contre, la révision du permis peut se faire de plusieurs manières. La discussion est ouverte ici. J'ai proposé simplement une idée, mais il y en a d'autres, bien sûr.

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  5. L'idée de revoir le permis avec l'âge est bien entendu raisonnable, mais les conditions de cette révision, connaissant notre société, seraient iniques presque à coup sûr : renvoi vers les auto-écoles (j'avais écrit racket, c'est un peu fort)… Je ne suis pas certain que statistiquement les conducteurs âgés, voire très âgés soient un problème. Quant au renouvellement du parc, n'oubliez pas que les français ne cessent de s'appauvrir. Et enfin, vivant en pleine campagne, je peux affirmer qu'il est devenu très difficile de se passer de voiture. Vivement les véhicules électriques performants, mais ils tardent!

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  6. Je reviens, pour un point que j'ai oublié : je suis moi aussi favorable (paradoxalement) à un prix des carburants élevés. Utile pour limiter la circulation au nécessaire, stimuler les progrès,etc

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  7. @ LCC : cela dépend de ce que l'on demande. Tout cela est à discuter. Le renouvellement est cependant indispensable, et c'est bien pour cela que je propose des aides publiques et une intervention de l'Etat.

    Par contre, je suis entièrement conscient du problème des campagnes. Grosses difficultés en perspective pour l'aménagement du territoire et pour la lutte contre la pollution.

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  8. Je me range derrière Mathieu pour le côté écologique de la chose.
    Quand au permis à repasser, faudrait faire très très attention, car repasser devant un instructeur après 10 ans de permis (ou plus) sans accident en conduisant bien mais peut être pas aux normes actuelles du permis, ça peut être dangereux là où il n'y avait pas danger. Et si je me prend en exemple, retirez mon permis ou suspendez le quelques semaines et je suis au chômage.

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  9. @ Manuel : c'est bien pour cela qu'il faudrait une formation reprise par les chauffeurs. Il faudrait aussi, à partir d'un certain âge, un contrôle médical. De toute façon, je vois mal un chauffeur louper son permis à 50 ans sans problèmes médicaux handicapants, s'il l'a eu à 18 ans.

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  10. Je verrai bien un rafraichissement des bases, un contrôle médical, mais pas un passage de l'épreuve.
    On a déjà le permis à points qui est très sévère et radical, je pense que ça suffit.
    Pour en revenir à la consommation de carburant, qu'on éduque les jeunes à la conduite économique, qu'on sensibilise les moins jeunes, oui.
    Et surtout que les putains de constructeurs proposent enfin une alternative!

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  11. @Manuel,

    Les putains de constructeurs ont fait un boulot extraordinaire, sans rien demander à l'Etat de bonus; juste une recherche de compétitivité de leurs produits.

    Il y a 20 ans, quand je partais faire un tour en Bretagne (500 kilomètres) avec ma 505 Peugeot, je suçais 11 litres/100 (d'essence plombée).
    Aujourd'hui, avec ma Citroen C4 diesel, ma moyenne de consommation est 5,9 litres/100.
    Avec, j'ai ABS, direction assistée, airgags, hifi stéréo, vitres élec, climatisation, silence intérieur...

    Alors ces putains de constructeurs?

    Quant à l'éducation des conducteurs, je suis bien d'accord qu'il y a de sérieux progrès à faire. Exemple, quand je perçois un feu orange ou rouge à 100 mètres, je me mets immédiatement en roue libre, et termine au feu rouge sans pratiquement avoir à freiner sur la pédale.
    Mais il faut voir ces connards qui te bourrent au cul, à grands coups d'appels de phare!

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  12. Quand je parle d'alternative, je ne parle pas du progrès logique matérialisé par une baisse de consommation!
    Mais heureusement qu'il ont fait évoluer les bagnoles depuis 20!!
    Mais a-t-on une vraie alternative au pétrole? La Toyota Prius? Le PGL?
    Les constructeurs ne vont bouger que quand on sera au bord du gouffre, ou face au mur. On suce la ressource et quand y'en a plus on réagit. J'aurais souhaité une réaction avant le dernier moment.

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  13. @manuel,

    Le dernier moment n'est encore pas pour l'année prochaine.
    Par ailleurs, vous nous direz comment on fait voler les avions et circuler les camions et tracteurs sans la ressource pétrolière.

    Quant aux voitures domestiques encore aujourd'hui jamais amortissables malgré le prix croissant de l'essence,
    vous savez d'où elles iront tirer leur énergie primaire électrique non pétrolière? Des usines de production nucléaire d'électricité tout simplement, qui ont un bel avenir.
    Inutile d'aller chercher la ressource éolienne; elle n'est définitivement pas à la hauteur des besoins.

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  14. Moi je ne vous dirai rien, car je ne suis ni chercheur, ni scientifique, chacun son boulot. Je me demande simplement comment il se fait que les avancées technologiques ne se font pas au détriment du pétrole. Y aurait il du lobbying pétrolier derrière ça?
    Quand au nucléaire, je vous le répète, je ne suis pas qualifié pour deviner d'où on tirera notre énergie quand on n'en aura fini avec le pétrole. Si vous le savez, tant mieux.

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  15. @ Manuel et Penthièvre : il ne s'agit pas de nier les progrès des constructeurs automobiles, mais juste de dire qu'on peut, à mon humble avis, espérer se passer un jour du pétrole pour ce mode de locomotion. Je pense que ce ne sera que mieux. Le fait de savoir par quoi on va le remplacer est une vraie question, et les moteurs hybrides sont une première réponse. Pour une fois, je ferai assez confiance aux scientifiques qui travaillent sur ces questions et qui, j'en suis sûr, prennent en compte les préoccupations environnementales.

    Concernant le permis, je reste accroché à l'idée de formation continue, au moins pour réactualiser le code de la route et les pratiques de conduite. On peut faire cela progressivement.
    Mais le permis à vie, c'est une aberration intellectuelle qui doit disparaître !

    A bientôt,

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  16. Mon cher Mathieu, avant de me mettre dans le même sac que Penthièvre, tu liras sérieusement mes commentaires afin de les comprendre.

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  17. @ Manuel : je prenais position à partir de vos deux raisonnements. Je ne vous mets pas dans le même sac, je réponds au deux d'un coup.

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  18. La plus grosse arnaque, en fait, c'est de prétendre que renouveler le parc automobile va lutter contre la pollution.

    En effet, une vieille voiture consomme et pollue plus qu'une nouvelle, si on ne tient compte que de la pollution due à l'usage.
    Mais si on tient compte de la pollution engendrée sur toute la vie de la voiture, en prenant en compte la pollution industrielle liée à sa fabrication, on arrive à des estimations (très difficile de trouver des chiffres fiables) qui contredisent, au moins en partie, la théorie de la voiture propre.

    L'électronique embarquée dans les voitures modernes,par exemple, est un énorme facteur polluant.
    C'est moins cher d'entretenir une vieille voiture que d'en acheter une neuve ... et c'est potentiellement moins polluant !
    Mais ça, la pub ne vous le dira jamais !

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  19. @ Anonyme : merci pour cet intéressant commentaire. J'aimerai juste que tu nous donnes des explications et des chiffres sur ton dernier paragraphe. Personnellement, cela m'intéresse beaucoup.

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