lundi 8 décembre 2008

Pour améliorer la qualité du travail des enseignants, mettons en place une médecine du travail dans notre administration.

Ce soir, en rentrant à mon domicile, je me suis connecté, comme à mon habitude, sur mon Netvibes pour lire mes blogs favoris. J'ai d'abord eu la joie de lire ce bon billet de Manuel, qui, lorsqu'il parle de sport, donne son meilleur.

Par contre, je voudrais te renvoyer, cher lecteur, vers le site de CSP, qui, aujourd'hui, publie une interview d'une médecin du travail. Une chose m'a alors brusquement frappé : dans l'Éducation nationale, nous n'avons pas de médecine du travail. Je travaille maintenant depuis 2001. En tout et pour tout, je n'ai vu le docteur qu'une seule fois, juste avant mon entrée en fonction. L'examen a été fait par un médecin libéral conventionné avec l'administration. On a regardé vaguement un flacon d'urine, on m'a pesé et mesuré, on m'a demandé si j'étais atteint par une quelconque maladie, si j'avais eu, à un moment dans ma courte vie, une attirance pour l'alcool ou pour une drogue.

Depuis, rien, pas une visite, pas une convocation, pas une demande. A l'exception de mon chef d'établissement et de mes collègues, voire, au pire, des parents d'élèves, personne ne pourrait se rendre compte que je vais mal. Il y a bien une infirmière, mais elle est censée s'occuper uniquement des élèves, pas des adultes. Régulièrement, la Sécurité Sociale affirme que les enseignants sont l'une des professions les plus frappées par la dépression. Si nous étions vus par des médecins, nous pourrions sans doute être détectés avant et être pris en charge avant le déclenchement de la pathologie.

Avoir une telle surveillance pourrait avoir trois avantages considérables :
  • D'abord, il permettrait à mes collègues, et peut-être à moi un jour, d'être pris en charge de manière plus efficace. Cela diminuerait le nombre d'arrêts-maladies puisque nous serions suivis, et représenterait donc une économie pour la collectivité, et ce malgré les dépenses supplémentaires pour l'administration.
  • Cela éviterait aux élèves de se retrouver avec des adultes qui, du fait de souffrances qu'ils ressentent, perdent de leurs capacités à s'occuper convenablement d'eux. Il y a là des dangers que nous pourrions parer.
  • Enfin, nous aurions la possibilité de découvrir si des maladies se développent dans notre profession particulièrement. La dépression, par exemple, vue sa fréquence dans notre profession, en est-elle une ? Cela ouvrirait des droits aux salariés qui subissent ces affections.
Dans les multiples difficultés que connaissent les enseignants, la mise en place de ce service médical serait une réalisation vraiment utile qui nous permettrait à l'évidence de progresser et de travailler mieux.

16 commentaires:

  1. Euh... Mathieu, la médecine du travail que tu nous décris ici n'existe pas, en tout cas pas dans mon monde professionnel. A chaque fois que j'ai été voir un médecin du travail, c'était une courte et désagréable formalité qui m'avait l'air totalement inutile.
    On pèse, on est mal aimable, on pose quelques questions banales.
    Celle que tu décris pourrait aider les profs dans leur mal être, prévenir les dépressions et diminuer les arrêts maladies? Le reste de la France appellerait ça un privilège de plus, car chez nous, les non-privilégiés, ça n'apporte rien de tout ça. En tout cas d'après mon expérience.

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  2. D'après les profs que je connais ou qu'il m'arrive de rencontrer, la dépression n'est pas rare dans ce métier. Etonnant que vous soyez sans médecine du travail! Il n'y a pas un texte qui la rend obligatoire pour tous les salariés?

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  3. @ Manuel : peut-être ai-je été trop excessif dans mon billet. Je trouverais déjà bien que nous ayons une visite tous les cinq ans, ce qui serait le minimum. Aujourd'hui, cela te semble sans intérêt parce que tu es jeune et bien portant. Que se passera-t-il dans 20 ans ? Le médecin du travail ne voit pas tout, mais parfois, il peut aider.

    @ LCC : il existe bien des médecins dans les rectorats, mais ils n'interviennent que sur demande du fonctionnaire ou sur demande de l'administration, ce qui est extrêmement rare. Il existe un texte pour le privé, mais pour le public ?

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  4. Quand je disais inutile je parlais d'inefficacité de la visite elle même. Une visite bien faire serait utile.

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  5. @ Manuel : là, tu es au-dessus de ma demande. Moi, je veux une médecine du travail. Toi, tu veux une bonne médecine du travail. Chaque chose en son temps.

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  6. Complètement d'accord avec Manuel. Il faut une bonne médecine du travail, sinon ça creuse les budget et c'est tout...
    Moi aussi secrètement je rêve d'une médecine du travail efficace.
    Mais il y en a, ça existe ! Dans les grosses boites très riches, ils organisent plein de choses pour les salariés : campagne de vaccination, bucco-dentaire, aide au sevrage tabagique, sensibilisation sur des thèmes de santé divers et variés.
    Mais ça coûte ! Et si on proposait une campagne de dons pour l'éducation nationale ?! Avec des profs qui font la quête ? Sur la base du volontariat bien sûr! ;-)

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  7. @ Soso : faire la quête ? Et pourquoi pas une Téléthon pour l'Éducation nationale ?

    Je suis persuadé qu'une médecine du travail efficace peut coûter moins cher aux entreprises et à l'État que des arrêts-maladies. Mais je suis pragmatique : on peut déjà en créer une chez nous, et ensuite, on se battra pour en faire quelque chose de bien...

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  8. Donc Mathieu, la majorité des arrêts maladies peuvent être évitées par une médecine du travail efficace?
    Je pense que nous avons en France, une passion pour l'arrêt maladie qui dépasse le cadre biologique.

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  9. @ Manuel : là, camarade, tu es dans la vision partiale. Trouve-moi donc des chiffres et des comparaisons internationales sur l'arrêt-maladie. Il faut prendre en compte, pour cela, les pays où la maladie n'est pas déduite des congés payés.

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  10. Je plaisantais pour la quête bien sûr!
    Pour l'efficacité de la médecine du travail, je ne comprends pas pourquoi on ne pourrai pas mettre en place quelque chose de bien dès le départ, non? Gain de temps, d'argent et meilleure santé des profs (et donc des élèves?)

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  11. La vision partiale n'a pas de chiffres ni comparaison internationale à disposition, c'est pour ça qu'elle est partiale!

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  12. @ Soso : parce que cela va coûter cher, et que même le privé n'en a pas vraiment une bonne. Il faudrait élever le niveau globalement.

    @ Manuel : idéologue, va !

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  13. C'est pas une insulte ça, idéologue?!

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  14. et puis il manque aussi des cellules de soutien psychologique : ca existe dans les hopitaux, pourquoi pas dans les colleges et lycées ? Il y a une telle détresse, parfois, chez les professeurs, que ce genre de chose me parait indispensable...
    j'ai par ailleurs souvent été scandalisé par le fait que les professeurs en difficulté étaient completement lachés par la hiérarchie... Non seulement on ne les soutient pas, mais on les accuse d'etre mauvais et on fait la sourde oreille... Ce que j'ai pu voir, ici ou là, m'a souvent écoeuré...

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  15. @ Pat : tout à fait d'accord sur le comportement de la hiérarchie. Pour les cellules psy, vu que cela n'existe pas dans le privé, ne réclamons pas trop non plus. Ayons déjà une médecine du travail. On verra pour le reste ensuite.

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