vendredi 13 novembre 2009

Mon syndicaliste idéal.

Cher lecteur, j'ai envie, en cette veille de week-end, de te parler du travail, et plus particulièrement d'un personnage du monde du travail, le représentant syndical. Je commence ainsi ma série de billets sur le syndicalisme.

Attention, il ne s'agit pas de parler ici des syndicalistes qui occupent les directions des grands syndicats. J'en parlerai sans doute, dans un futur billet.

Ce soir, je veux te parler du syndicaliste de terrain, celui que l'on voit tous les jours. Dans l'éducation, ces personnages ne sont pas si fréquents. Je ne te parle pas des syndiqués : près de 20% des profs ont encore une carte syndicale, mais comme dans toutes les organisations de ce type, la plupart ne militent pas. En général, dans un gros collège ou dans un lycée, on trouve deux ou trois véritables actifs, en fait plus souvent un seul.

Pour moi, un syndicaliste, pour pouvoir être utile aux collègues, doit avoir quelques caractéristiques qui peuvent rendre son action plus aisée :

  • Première caractéristique : le syndicaliste ne peut qu'être quelqu'un de reconnu par ses pairs pour la qualité de son travail dans sa spécialité. C'est un point primordial : le syndicaliste qui ne serait pas vu comme un bon collègue ne pourrait pas s'attirer le soutien des autres. De plus, il est évident qu'une personne en difficulté dans son travail pourrait faire penser qu'il se lance dans le militantisme pour sauver son poste.
  • Le représentant syndical est forcément une personne sociable. Il passe son temps à écouter ce qui se passe dans les différents secteurs de son établissement, est attentif à toutes les catégories de personnel (sans aucun mépris pour personne), tente de détecter les éventuels problèmes présents chez ses collègues qu'il n'aurait même pas imaginé.
  • Le représentant syndical est un vecteur d'information : il se tient au courant de ce qui se passe, plus généralement, dans sa profession, dans son entreprise, dans son pays. Il est attentif aux informations que lui transmet son syndicat, mais suit aussi ce que publient les autres centrales. Il devrait suivre les grands débats nationaux sur les questions sociales.
  • Le représentant syndical est un démocrate obstiné. Contrairement aux élus politiques qui se désintéressent de leurs électeurs dès l'élection passée, le représentant syndical de base passe son temps à consulter ses collègues. Il doit parfois admettre de défendre des demandes auxquelles il ne souscrit pas. En clair, c'est un passionné de démocratie directe.
  • Le représentant syndical ne peut avoir peur de sa hiérarchie. C'est terriblement dur, parce que la hiérarchie met sur lui une pression importante. C'est d'autant plus dur que les collègues, peu au fait de cette situation, ne montreront que peu de gratitude au syndicaliste mais le gratifieront de beaucoup d'agressivité en cas de difficulté.
  • Enfin, on reconnaît le bon syndicaliste à son usage du rapport de force. Il sait déclencher un conflit quand il sent que ses collègues le souhaitent et que le contexte le permet. Par contre, il est responsable et n'appelle pas à l'action pour n'importe quoi. Il se doit aussi de faire comprendre à ses collègues que la défaite peut aussi arriver, et qu'il faut pouvoir sortir d'un conflit. Un vrai rôle d'équilibriste…

Évidemment, il s'agit d'un portrait idéal, et la plupart des militants que j'ai pu connaître ne réunissaient pas toutes ces caractéristiques. Il s'agit d'un assemblage d'une dizaine de personnes différentes.

Et toi, cher lecteur, comment est ton représentant syndical idéal ?

13 commentaires:

  1. Votre syndicaliste est idéal au sens propre de l'adjectif. C'est-à-dire qu'il n'existe pas. (En tout cas, pas dans mon entourage professionnel, je puis vous l'affirmer...)

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  2. Pour moi, le représentant syndical idéal, tu sais bien qui c'est ;)

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  3. @ Didier : tiens, c'est marrant, je pensais que vous écririez quelque chose comme : "un bon syndicaliste est un syndicaliste mort".

    @ Sophie : merci !

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  4. Bonjour,
    Le portail www.labelgosphere.be consacré aux blogs politiques belges est ouvert. Vous y figurez à titre d’auteur ou de blog référencé. Le but de cette initiative? Faire “percoler” dans la société civile les infos des blogs, leurs analyses, réflexions, réactions. Donner à ces expressions citoyennes, qui peuvent être engagées (et de tous bords) une visibilité accrue. Favoriser les interactions, les échanges. Donner au lecteur l’occasion d’une prise de conscience et d’une prise de parole. Bref, encourager la politisation, c’est à dire l’intérêt, mieux, le souci du vivre-ensemble. Merci de faire circuler l’information et d’instaurer la réciprocité par un lien. Papagena.

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  5. @ Pamina : je vous remercie de m'avoir référencé, mais je n'ai rien demandé. J'irai voir votre site et le linkerai si j'estime qu'il est intéressant.

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  6. Non, non, là encore vous vous trompez sur mon compte ! Je trouve les syndicalistes indispensables, au contraire. C'est bien pourquoi je me désole de les voir, le plus souvent, si préoccupés d'eux-mêmes, de leur petite soupe, et pas tellement de celui des salariés ordinaires.

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  7. Comme enseignant, j'ai croisé 7 à 8 représentants syndicaux sur mes lieux d'affectations successifs dans l'académie où je me trouve actuellement. Cinq d'entre eux correspondaient assez bien à ce portrait idéal. Convenons que cette proportion n'est pas si mauvaise! Je précise que notre privilégié en fait parti. Parmi ces cinq personnes remarquables, deux appartiennent à l'obédience majoritaire dans l'éducation nationale. Parmi ce dernier contingent, une est désormais passée à la retraite. Ce dernier point ne mérite t'il pas réflexion?
    G.

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  8. Ayant été moi-même délégué syndical pendant près de trente ans, y compris au niveau international, je ne me vois pas trop commenter le billet ci-dessus, c'est à dire expliquer si j'ai bien correspondu au tableau idéal présenté, tableau que j'approuve entièrement.....
    Je me permettrais d'ajouter un point, primordial à mes yeux.

    Le délégué syndical ne doit pas être permanent syndical, il doit continuer d'exercer tant qu'il peut son métier en même temps que l'exercice de son mandat. Ce n'est pas du tout facile, pas toujours rigolo. Mais c'est, je crois, le seul moyen d'avoir la confiance absolue de ceux qu'on représente et ça boucle le claque merde (passez moi l'expression ......syndicale) des employeurs !

    jf.

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  9. @ Didier : c'est en effet un vrai problème, et ce sera le thème d'un futur billet de ma thématique.

    @ G. : je pense qu'il y a une vraie différence entre situation dans le public et dans le privé, mais j'y reviendrai dans un futur billet.

    @ Jacques : tout à fait ! Là aussi, ce sera le thème d'un futur billet.

    Décidément, je reporte le boulot, moi...

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  10. Heu y'a un truc que je pige pas dans la réponse du privilégié. Il doit me confondre avec quelqu'un d'autre, ou alors je suis trop fatigué. Je n'ai jamais enseigner ailleurs que dans le public moi... mes statistiques sont fondées sur mon passage dans 5 établissements publics du 9-3 et un du 94.
    G.

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  11. heu: enseigné pas enseigner, hem...
    G.

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  12. @ G. : non, non, je ne me suis pas trompé. Pour moi, les représentants n'ont pas le même fonctionnement dans le public que dans le privé, à cause du contexte. Il est donc normal que tu aies trouvé des représentants actifs dans l'éducation, et que Didier massacre ceux de ses entreprises. J'y reviendrai.

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  13. ok, je reste un peu sur ma faim... mais je te comprends... lol
    G.

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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