Là, je voudrais rebondir sur les articles publiés dans la presse sur la grève d'hier. Si on suit les chiffres des syndicats, dans un contexte difficile et alors que seulement trois syndicats appelaient, la grève est un succès relatif. Le primaire a bougé à 40% et le secondaire dans les mêmes proportions. Dans le 93, on était autour de 47% dans le secondaire et de 55% dans le primaire. C'est donc une belle grève. Certes, je ne m'attendais pas à un réel succès, mais les annonces récentes sur la masterisation et sur la réforme des lycées ont retourné une partie des collègues.
Pourtant, la presse a eu une analyse très partielle. Elle n'a parlé de ce mouvement que très tardivement, alors que la FSU a lancé l'appel il y a plus d'un mois. Elle a occulté la Poste et les banques, et n'a parlé au départ que du primaire, pour indiquer aux parents qu'ils risquaient d'avoir des problèmes avec leurs gosses. Mardi matin, France Inter évoque un échec pendant que Le Monde annonce simplement le déroulement d'une grève, s'appuyant sur les chiffres ministériels alors que tout le monde, dans le milieu, sait qu'ils sont faux. Et puis, mardi soir, les journaux changent d'avis et parlent de bilan mitigé, ce qui colle plus à la réalité.
Il est vrai que le cortège parisien manquait d'éclat. A l'évidence, les enseignants ne se sont pas précipités à la manif. Cependant, ces traitements de la presse me semblent mous, soit par choix délibéré, soit sans doute par manque d'information.
Il faut dire aussi que nous ne sommes pas aidés par nos leaders syndicaux. Malgré le respect que j'ai pour Gérard Aschieri, je l'ai encore trouvé mauvais hier matin. Le voilà qui nous dit que la grève n'est pas suffisante et que le rapport de force instauré ne suffit pas. Merci pour les 40% de collègues qui viennent de jeter par la fenêtre un trentième de leur salaire par la fenêtre. Ne pourrait-on pas avoir, pour une fois, une phrase positive ? Féliciter les collègues qui se sont bougés, et dire qu'il faudra encore le faire pour que cela pèse réellement ?
En clair, si on veut que l'éducation ne continue pas sa dégringolade, il y a encore du boulot de tous les côtés.
PS : si tu veux en parler, cher lecteur, je pars de suite pour la République des Blogs. A de suite…
Sur le traitement par les media de cette journée de grève: trés bonne analyse du Privilégié à mon avis. A propos d'Aschieri: sa réaction me semble symptomatique. Le ressort en est psychologique: quand on est en situation d'échec, qu'on a quelque chose à se reprocher et qu'on est contesté par sa base, quoi de plus simple de jouer au moralisateur sententieux? Il ne devait pas être joyeux d'avoir été obligé de mettre la remise en cause de la masterisation à l'ordre du jour... Il a beau présenter bien, c'est encore un névrosé du pouvoir celui-là. Trop subtil pour les journalistes de toute façon, qui auront touvé dans cette réaction la justification de leur verdict a priori de la veille. Rendormez vous bonnes gens.
RépondreSupprimerJe ne sais pas pourquoi il y a eu grève et en te lisant, j'ai l'impression me retrouver dans un univers décalé où tout est affrontement, mensonges, manipulations,rapport de force... La résistance pour sauver le monde...
RépondreSupprimerEt comme, hormis sur ce blog, je n'ai pas été mis au courant d'une grève et encore moins des raisons de celle-ci (je ne lis pas tes liens), je me sens un peu surpris par cette constante bagarre... Faudrait que je me remette dans le bain...
Mais non.
@ Anonyme : je ne connais pas les ressorts psychologiques d'Aschieri. Malheureusement, je crains qu'il s'agisse aussi d'une mentalité problématique des leaders syndicaux en ce moment. Espérons que les générations se renouvelent.
RépondreSupprimer@ Manuel : je ne peux pas te forcer à t'intéresser. Mais il est vrai que les rapports de force sont réels.