mercredi 7 octobre 2009

La nouvelle stratégie de l’Education nationale : affichage pour compenser les trous béants.

Depuis le début de cette année scolaire, l'Éducation nationale joue à une nouvelle stratégie médiatique, qui vise à montrer que l'on fait des choses pour couvrir des manques absolument énormes dans les établissements.

Ce fut déjà le cas avec l'internat de Sourdun. Pour compenser la baisse régulière et considérable des moyens dans les établissements scolaires, on met en place une structure qui s'occupera de 120 élèves, bons mais pauvres, et on laisse tomber tous les autres.

La même stratégie se retrouve aussi sur l'accompagnement éducatif. On dégrade la qualité des cours mais on donne du soutien scolaire à côté.

L'actualité récente nous en donne deux autres exemples, qui fonctionnent de la même manière.

Il y a d'abord la prime à la présence, expérimentée dans trois lycées professionnels de l'Académie de Créteil. Certes, l'absentéisme est un phénomène qui est resté un problème dans les zones défavorisées de la région parisienne. Avant 16 ans, il est relativement aisé de traiter les problèmes, par la répression car l'école reste obligatoire. Cependant, cela ne permet pas de résoudre la cause de ces absences. A partir de 16 ans, l'obligation ne joue plus. On pourrait laisser tomber et considérer que ces gamins n'étant plus obligés de venir, tant pis pour eux. Or, le but de notre système est tout de même d'amener un maximum d'enfants le plus loin possible. Le problème, c'est que la lutte contre l'absentéisme est un combat complexe demandant de l'investissement et des personnels compétents. La sanction doit être utilisée, mais elle ne règle pas tout, certains élèves y restant insensibles. Le suivi social peut avoir un réel impact, de même qu'un lourd travail d'orientation. Tout cela demande des compétences. Il faut surtout tout faire pour raccrocher les enfants et leur éviter de sortir du système sans aucun diplôme, ce que nous avons encore du mal à faire.

Or, l'Académie expérimente le paiement des élèves. Alors que l'école reste un devoir et une obligation, voilà qu'on propose une carotte à des gamins, qui ne s'intéresseront pas plus à leur formation, mais qui seront présents pour ne rien faire. Un bel effet d'affichage et aucun effet à terme sur l'obtention du diplôme.

L'autre exemple est constitué par les équipes mobiles de sécurité. La première est mise en place à Aulnay-sous-Bois et une nouvelle devrait s'installer à Aubervilliers. L'idée est de déplacer une équipe dans un établissement où il y a de gros problèmes.

Or, depuis 2002, le ministère s'évertue à diminuer la présence d'adultes dans les établissements. Les surveillants sont particulièrement visés par ces diminutions, de même que des CPE toujours difficiles à obtenir (un pour 500 élèves aujourd'hui). Or, la sécurité se joue sur l'occupation humaine, par un effet naturel de dissuasion, et sur des compétences. Maintenant, les bahuts appelleront la sécurité mobile quand cela deviendra difficile à gérer, alors que c'est la réduction du personnel qui accroît des risques déjà réels normalement.

Le problème est qu'il est difficile de voir si ces annonces, qui ne leurrent personne dans le milieu éducatif, parviennent à convaincre nos concitoyens. Vu que nos médias ne se préoccupent que peu du problème, impossible de se faire une idée, et c'est dommage.

5 commentaires:

  1. Bonjour à vous,

    Info sérieuse du journal Le Parisien. Le “système” en question n’est autre que la mise en place d’une cagnotte pour inciter les jeunes gens de ces Lep à plus d’assiduité. En clair, puisque les jeunots sont souvent en panne d’oreiller, sans doute après des soirées bien arrosées et parfumées aux petits joints, le rectorat n’a rien trouvé de mieux que de les appâter avec du fric. On imagine le dialogue téléphonique complètement “ouf”, chaque matin, entre les responsables de ces établissements et les ados paresseux : “Putain, viens à l’école, je te filerai de la thune, tu pourras te payer des clopes et des bières. Allez, déconne pas, je compte sur toi…” Réponse du gars, encore endormi : “Ouais, ça déchire grave mec, je marche, mais combien tu m’donnes ?”… On croirait rêver. Certes, c’est un peu caricatural, mais les responsables des lycées de Créteil vont bientôt devoir marchander la présence des élèves pour remplir les classes vides. Parce que ces jeunes-là en ont ras-les-baskets de l’instruction et parce que leurs parents ne maîtrisent plus leur éducation. Auparavant, ça se réglait à coup de pied au cul ou “une rouste”. Mais maintenant il faut faire gaffe car pour moins que ça, on risque de se retrouver devant les tribunaux pour maltraitance. D’où l’idée d’expérimenter les motivations pécuniaires à Créteil en alimentant une cagnotte afin d’organiser, en fin d’année scolaire, un voyage scolaire, entre autres, et emmener les ados paresseux “aux chantiers de jeunes”. Tout cela, parce qu’ils ont daigné assister aux cours. Pendant ce temps, en France, plus de 580 000 pères et mères de familles ont perdu cette année leur emploi dans le privé. Et l’Etat va supprimer 34 000 postes dans la fonction publique dont 16 000 dans l’éducation nationale. Le Haut commissariat à la jeunesse, à l’origine de cette expérimentation, pousse même l’audace jusqu’à préciser que si ce “système” fonctionne dans l’académie de Créteil, il compte l’étendre à 70 classes.

    http://lavenircestmaintenant.skyrock.com/

    RépondreSupprimer
  2. http://www.jeune-garde87.org/2009/10/08/question-du-jour-pour-ou-contre-la-cagnotte-scolaire/

    RépondreSupprimer
  3. @ Rachid : totalement d'accord avec vous pour cette analyse.

    @ Pazmany : et sinon, tu as quelque chose à dire ?

    RépondreSupprimer
  4. On ne va plus en cours pour apprendre mais pour du fric, mais comment peut-on pondre des idées aussi stupides. On abdique et on paie, fini les grandes idées, on pare au plus presse, on essaie de sauver les apparences.

    RépondreSupprimer
  5. @ Manuel : tout cela va dans leur logique. Ils marchent sur la tête, c'est sûr.

    RépondreSupprimer

Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

La modération des commentaires est activée 14 jours après la publication du billet, pour éviter les SPAM de plus en plus fréquents sur Blogger.