dimanche 4 octobre 2009

Quelques remarques sur "Ouyapascours", nouveau mode de lutte de la FCPE.

Il y a quelques jours, l'Hérétique nous a alerté sur une nouvelle action développée par la FCPE. Depuis le début du mois de septembre, la première fédération de parents d'élèves a ouvert un site, dénommé « ouyapascours », visant à permettre à ses militants de recenser l'absentéisme des profs. L'Hérétique s'inquiétait de la menace de dénonciation d'enseignants absentéistes. J'ai aussi entendu ce discours de la part de syndicalistes enseignants, assez inquiets devant le risque de stigmatiser des collègues absentéistes pour cause de maladie, de formation ou d'autres raisons diverses pouvant se poser pour le système.

Inquiété par ces discours, je me suis donc connecté sur le site de la FCPE. Tout d'abord, la démarche énoncée par la fédération de parents me semble claire : démontrer que la suppression de nombreux postes de remplaçants fait perdre de nombreuses heures de cours aux élèves. Là, je ne peux que soutenir, car le ministère et les rectorats ne cessent de dire que tout va bien. Même les syndicats enseignants ne peuvent obtenir une information claire, car ils n'ont pas de militants partout : sur le 93, un camarade syndicaliste m'avait dit une fois que la récolte d'informations prenait un temps fou aux militants du SNES, et qu'on arrivait souvent qu'à une vision parcellaire de l'ensemble. Or, dans le secondaire, on ne cherche même plus à remplacer pour une absence de moins de deux semaines. Au-delà, c'est de plus en plus compliqué, et des mouvements de grève commencent à apparaître, par-ci par-là, dans mon beau département.

De plus, lorsqu'on entre sur l'application, on peut constater que la FCPE ne demande pas le nom du collègue mais sa matière et son établissement. Certes, les usagers de l'établissement peuvent identifier la personne, mais on se rend vite compte que l'information n'est pas rendue public, mais sert seulement à informer la FCPE en interne pour lui permettre d'intervenir auprès des rectorats ou des inspections d'académie.

Finalement, une seule case du formulaire me pose problème : la raison de l'absence. Pour lutter, la FCPE n'a pas besoin de savoir pourquoi un collègue manque. Certaines absences sont prévues par le code de l'Éducation et le statut du fonctionnaire, et la FCPE n'a rien à dire là-dessus, sauf si cela perturbe le système. Or, dans ce cas, c'est lui qui est responsable, parce qu'il ne parvient pas à gérer le droit qu'il a lui même écrit. De plus, le système éducatif réagit, malgré les rumeurs là-dessus, quand un collègue est absent sans raison valable et légale. Enfin, on peut se demander si la FCPE ne cherche pas à pousser certains dispositifs dénoncés par les profs, comme le système Fillon de remplacement courte durée, qui reste pour le moment soumis au volontariat des professeurs.

Ces questions restent posées. Je soutiens donc la démarche dans son ensemble, mais j'en critiquerais quelques aspects. J'accorde un peu de crédit à la FCPE et je ne lancerai pas l'accusation de complot anti-prof pour le moment. Je me demande juste si la FCPE aura les moyens de réunir plus de données que le SNES ou même les rectorats eux-mêmes. Je reste assez sceptique...

2 commentaires:

  1. Et mettre en commun les données de la FCPE et de la SNES serait-il envisageable? Ou est-ce une idée "naive" dû à mon manque de connaissance de ce monde.

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  2. @ Julien : bonne question. J'admets que je n'en sais rien. Je vais me renseigner auprès des syndicalistes que je connais et je te dirai.

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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