vendredi 30 octobre 2009

Non, je ne participerai pas à la guerre scolaire.

Il y a quelques jours, l'Hérétique avait tenté de me provoquer en essayant de ranimer la guerre scolaire... Pendant trois jours, j'ai résisté, vaillamment, à cette envie toujours furieuse que j'ai de taper sur l'enseignement privé. Et puis, bon, il faut se poser et réfléchir.

Contrairement à ce que certains pensent, je trouve tout à fait normal qu'il existe d'autres écoles que l'école publique. Il est normal que des parents souhaitant élever leurs enfants dans la religion puisse le faire. Ce qui me gêne toujours, c'est quand les parents s'imaginent que le privé peut être une solution aux difficultés scolaires de leurs enfants. En général, deux ans après, le gamin revient vers le public, soit parce que l'école privée l'a viré, soit parce que les parents ont constaté que rien n'était résolu.

La grande majorité de l'enseignement privé est subventionné, l'État ne souhaitant pas prendre tout en charge. Le fait que ce financement existe est déjà une vraie question pour moi : pourquoi financer des écoles dont les usagers ont choisi de s'exclure de l'Éducation nationale ?

Alors, la nouvelle loi aggrave les choses, mais elle ne change pas fondamentalement la situation. Pour moi, il faudrait que la collectivité paie pour l'école publique, et laisse les personnes choisissant le privé se débrouiller.

Bon, cela ne marcherait pas, parce que les usagers du privé n'auraient pas les moyens, et on soutient malgré tout cette possibilité de choix. Problème insoluble... D'une certaine manière, oui, sans doute...

20 commentaires:

  1. J'ai lu il y a longtemps (10 ans au moins)un Monde de l'Education dans lequel il y avait une enquête chiffrée portant sur beaucoup d'écoles primaires privées et publiques. Le résultat était que les enfants scolarisés dans le privé s'en sortaient mieux,(un peu, mais statistiquement nettement mieux) travaillaient davantage, produisaient plus d'écrit grâce à (c'était l'analyse du Monde) des enseignants d'origine populaire plus proches d'eux, moins absents et plus travailleurs.

    Dans l'Ouest de la France, la moitié des enfants va dans le privé, grosso modo,avec une plus forte proportion surtout à la campagne. On ne peut pas parler d'écoles élitistes, la contribution scolaire mensuelle est modeste. On ne peut pas parler de choix religieux non plus. Les écoles catholiques font une heure de catéchisme par semaine, facultatif en général et se résumant à la préparation des grandes fêtes religieuses (Pâques, Noël)ou à du coloriage-bricolage. Beaucoup d'enseignants ne vont même pas à la messe, ou, carrément pas croyants du tout, transforment l'heure religieuse en cours de morale vaguement évangélique. Si les parents préfèrent l'école privée, c'est par habitude et tradition d'une part, mais surtout parce que les enfants y sont "mieux tenus". La discipline est plus stricte, il y a des devoirs le soir (les enseignants n'appliquent pas forcément à la lettre les directives nationales), il y a moins de congés d'enseignants (c'est frappant quand on a dans un bourg deux écoles, une privée, une publique)absences pour formation, réunions pédagogiques, maladie ou grève.

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  2. Dire que les résultats du privé sont meilleurs que ceux du public et en déduire que l'enseignement privé est de meilleure qualité, c'est faire abstraction d'un fait sociologique tout con : les classes supérieures, dont les enfants réussissent mieux à l'école, vont davantage dans le privé. Comparer les deux types d'enseignement n'a pas de sens, vu que les élèves ne sont pas les mêmes.
    D'ailleurs, petite remarque en ce sens, il me semble que l'apparition d'écoles privées musulmanes est le signe de l'émergence d'une classe moyenne issue de l'immigration maghrébine qui cherche à ressembler aux classes supérieures "gauloises". C'est un signe d'intégration, pas de communautarisme. Qu'en penses-tu ?

    D'accord avec toi pour ne pas subventionner les écoles privées, hors le cas du salaire des professeurs des établissements privés sous contrats. Toutefois, il me semble impossible politiquement de toucher à l'enseignement catholique. Et il y a cette injustice : les parents qui mettent leurs enfants dans le privé subissent une double peine puisqu'ils continuent à financer les établissements publics. D'où l'idée du chèque éducation.

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  3. http://www.dailymotion.com/video/xav76y_islam-hijab-salat-dans-un-college-e_lifestyle

    Dans cette video, des élèves disent qu'ils préfèrent la discipline au laisser-aller "racaille" du public.

    Pourquoi ne pas les croire ?

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  4. @Suzanne petit QCM pour répondre à votre question...
    euh parce que :
    1) tout le monde ment (dixit un grand chirurgien-diagnosticien !)
    2) c'est un discours appris par coeur pour faire plaisir à papa-maman qui "se sacrifient" pour eux, alors faut bien travailler, être sage et "arrête les jeux vidéos et ne sors pas et arrête de voir cette fille!" oups je m'égare...
    3) faut bien avoir l'air d'adhérer pour ne pas perdre trop la face devant les autres potes qui sont restés dans le public et les traitent de "bouffons".
    4) avoir l'impression de faire partie d'une élite c'est toujours plus classe !

    Sinon, personnellement je n'ai rien contre les écoles privées (à part effectivement ce problème de subventions) : ça nous fait moins d'élèves !! Quand un parent me dit "Si c'est comme ça je le mettrai dans le privé !" d'un air de menaces, je suis la première à le féliciter de cette bonne décision qui va faire baisser mon effectif ! Bon, ensuite, quand ils apprennent le mode de recrutement des profs (qui sont loin de tous passer par le concours-mais bon une licence ça suffit hein!) et le nombre d'élèves qu'ils seront dans les classes, ils changent souvent d'avis...Pas de chance...

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  5. Caramba ! Raté ! Enfin, pas tout à fait tout de même : t'as craqué, finalement :-)
    Bien sûr, ce que tu dis est tout à fait irrecevable à mes yeux. Une proportion grandissante des Français passe par l'enseignement privé, à un moment donné de leur scolarité, et je ne crois pas qu'ils s'en portent plus mal. Accessoirement, cela assure de ne pas subir un discours univoque et une certaine diversité des pratiques.
    En dehors de quelques écoles très dispendieuses, la majorité des écoles privées pratiquent des tarifs abordables et dégressifs en fonction des revenus.

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  6. Nathalie : je vis dans une région où la moitié des élèves est scolarisée dans le privé. Je précise, bien que ce soit sans rapport, que mes enfants vont dans le public.
    Dans le primaire, l'argument de "je me sacrifie pour toi" n'a aucun sens. Il y a beaucoup de villages où l'école, la seule école, est privée. On a le choix, en tant que parent, entre mettre son enfant à l'école du village avec les autres enfants, ou à l'école publique du bourg d'à côté, avec ramassage scolaire et tout ce que ça implique. Le choix est le plus souvent déterminé par la proximité, et le fait que les enseignants ont l'air "bien" ou pas.
    Dans le secondaire, oui, l'argent entre en compte (la demi-pension, non subventionnée dans la plupart des collèges privés, est coûteuse)mais il y a encore beaucoup de collèges ruraux qui sont le seul collège à moins de 15 km à la ronde.
    Ensuite, il y a ce que le privé offre et que n'offre pas le public: l'enseignement agricole, par exemple. Regardez, comparez. Sans parler des Maisons Familiales Rurales (dépendant du ministère de l'agriculture) qui scolarisent en majorité des élèves en grande difficulté scolaire.
    Sinon, je crois que les parents s'en fichent que l'enseignant ait une licence ou quinze ans de fac derrière lui, du moment qu'il enseigne bien.

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  7. @Suzanne : Je ne parlais pas de la fac mais du recrutement par concours. Souvent, on entend les parents dire "ils sont meilleurs dans le privé". Ben non puisque souvent ils sont recrutés sur dossier. Le principe du concours est, quant à lui, normalement, de sélectionner non pas les bons mais les meilleurs.
    Pour ce qui est du coût, il n'y a pas que le problème de l'inscription. Une collègue du privé m'a dit (et après vérification c'est vrai pour une majorité)que tout le matériel était à la charge des parents : stylos, crayons, cahier, protège-cahier, etc. Sans oublier les manuels. Sans oublier les sorties. Et si dans le public, on se prend la tête pour ne pas demander plus de 3 euros (et pas plus d'une sortie payante par trimestre), visiblement dans le privé on peut aller jusqu'à 10 euros sans souci ! Je trouve ça assez énorme comme différence et je ne me vois pas dépenser autant d'argent dès l'élémentaire (l'achat des livres étant déjà un crève budget arrivé au lycée, même dans le public).

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  8. Quand j'étais au lycée, on disait que si le lycée privé avait de meilleurs résultats c'est parce que l'établissement s'arrangeait pour exclure en cours d'année, sous divers motifs, les élèves qui auraient fait baisser la moyenne des résultats.

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  9. Ouh là, beaucoup de commentaires denses et auxquels il faut faire des réponses construites.

    @ Suzanne : vous devez vivre dans l'Ouest, vous. Dans votre coin, votre discours tient. A Paris, les écoles privées sont plutôt destinées à certains milieux. Par contre, les tarifs dégressifs que vous citez sont liés aux financements publics.

    @ Paul : concernant les Maghrébins, je ne sais pas. Il faudrait que je me renseigne.

    Pour le chèque-éducation, je suis contre. Cela coûtera beaucoup plus cher que le système actuel, ne favorisera pas la baisse des inégalités et...

    Tiens, j'ai fait un billet là-dessus :
    http://lespriviliegiesparlent.blogspot.com/2009/06/la-campagne-sur-le-cheque-education.html

    Sur la double-peine, nous avons un système public de qualité. Si des personnes choisissent de faire autrement, cela ne les exclut pas de la solidarité nationale pour autant.

    @ Nathalie : d'accord sur l'analyse. Par contre, le recrutement des profs dans le privé sous contrat est quand même majoritairement sur concours.

    @ L'Hérétique : ce n'était pas mon propos. Que l'on fasse des pratiques différentes, très bien, mais je suis persuadé que cela ne solde en rien la grande difficulté scolaire.

    Pour les coûts, ces tarifs viennent du soutien de l'État.

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  10. @ Anonyme : les lycées privées et les lycées publics de centre-ville adoptent toujours cette pratique.

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  11. Mathieu : oui, en Bretagne, c'est comme ça. Et l'Ouest scolarise plus d'enfants que Paris et sa banlieue! Je n'ai pas spécialement envie de défendre le privé, j'ai choisi le public, sauf que... Devant certains choix d'orientation, on slalomme comme on peut entre public et privé sous contrat d'association.
    Nathalie: la gratuité des fournitures dans le primaire est un argument que je trouve un peu maigre, s'il entre en ligne de compte dans le choix d'une école. Le prix des cahiers et stylos à l'école primaire est un tout petit poste budgétaire si on le compare au prix des bonbons, Mac Do, billets de Loto, cigarettes, et j'en passe.

    Dans un village où il y a le choix entre deux écoles, ce sont d'autres critères qui prévalent, et le plus important de tous, c'est la personnalité des enseignants, et la qualité de la maternelle, voire de l'instituteur(trice) de petite section (eh oui, c'est par là qu'on commence.)

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  12. Et de plus en plus, les écoles sont en concurrence. Les parents font du zapping sans complexe pour éviter tel ou tel enseignant.

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  13. @ Suzanne : cette vision individualiste et consumériste de l'école ne cesse pas de m'étonner. Pour moi, le choix entre privé et public était vraiment marqué par la question religieuse. Les prêtres ont donc perdu leur lutte finalement.

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  14. Consumérisme ?
    Il suffit de prendre exemple sur les enseignants, que leur connaissance du système incline à éviter "certaines classes" ou "certains établissement" en se découvrant des intérêts pour des méthodes pédagogiques, des options extraordinaires; qu'on n'offre que... dans d'autres établissements.

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  15. En clair, il n'y a pas d'enfants de prof dans les classes très difficiles avec une majorité d'enfants immigrés. Vous le savez très bien.

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  16. Cette dernière remarque hors sujet était en relation avec la discussion que nous avions eue à propos des établissements qui étaient d'accord pour rétribuer le temps de présence des élèves. J'avais dit que je ne laisserais pas une journée de plus mon enfant scolarisé avec des enseignants aussi misérables et vous étiez d'accord sur le fond, mais pas sur la réaction. C'est bien beau d'avoir des principes, mais les enseignants sont les premiers à les contourner quand il s'agit de leurs enfants à eux.

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  17. @ Suzanne : le fait que mes collègues fassent des conneries ne m'oblige pas à les défendre en permanence. Je crois que les enseignants font une erreur grave. S'ils pensent que le fait de côtoyer les immigrés soit un problème pour leurs enfants, c'est qu'ils sont aussi un problème pour leurs enfants et leur ouverture d'esprit.

    Pour moi, un seul motif justifierait qu'un prof mette son enfant ailleurs : c'est qu'il y enseigne lui-même.

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  18. Bonjour, un peu tard mais...
    Et si les parents souhaient maîtriser un peu plus l'éducation de leurs enfants et ne laisser à l'école que l'instruction? Est on obligé de faire subir à nos enfants toutes les strates sédimentaires déposées par les ministres successifs qui font ressembler le programme à une liste à la Prévert (sans compter les goûts et opinions des enseignants..) ?

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  19. @ Anonyme : cette séparation entre éducation et instruction m'a toujours semblé artificielle. J'avais fait un billet là-dessus ici.

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