lundi 26 octobre 2009

En Seine-Saint-Denis, les partis de gauche s’affrontent pour le contrôle des syndicats et des associations.

Cher lecteur, il se passe des choses intéressantes dans le syndicalisme en ce moment. Certes, peut-être pas au niveau national, mais à notre petit niveau local, dans le joli département de la Seine-Saint-Denis. Comme tu le sais, j'ai dernièrement été très critique sur les stratégies menées par les centrales syndicales depuis le début de l'année. Il y a quelques semaines, j'avais signalé que le leader du NPA, Olivier Besancenot, s'était lui aussi mis à critiquer la CGT. A l'époque, je m'étais dit que la vieille lutte entre le PCF et les trotskystes était toujours active.

Pourtant, sur mon département, de grandes manœuvres se déroulent en ce moment, qui n'arrêtent pas de me surprendre. Lorsqu'on tend l'oreille aux bruits de couloir, on apprend que les différents partis de gauche se livrent à une guerre sans merci pour tenter de prendre la main sur les organisations syndicales locales.

Pour comprendre cette évolution, il faut se référer à l'histoire du département. Il n'y a que quelques mois que le conseil général, longtemps bastion communiste, est tombé aux mains du PS. Ce changement entraîne des modifications dans toutes les organisations ayant des rapports avec le conseil. De nombreux syndicats étaient tenus par des dirigeants PCF bien identifiés de la part des militants. Pour les anciens, cela ne posait pas de problème, vu que le PC était tout de même le parti de la transformation sociale. Or, en ce moment, ce parti est en pleine crise, et s'il cherche à se relancer par son flirt avec le Front de Gauche, les militants au plan local souffrent.

Il se développe donc des stratégies des différents partis de gauche pour tenter de se disputer les bastions du PCF sur le département, et les sections syndicales sont devenues un véritable enjeu. Dans les syndicats enseignants marqués à gauche, la chasse au militant socialiste est ouverte, et il paraît que des débats très houleux se sont déroulés en juin dernier dans certaines organisations. De même, les partis d'extrême-gauche se sont relancés dans la conquête. Voulant se débarrasser du PCF, leurs stratégies ont varié. A partir de janvier 2009, ils ont affirmé vouloir profiter des importants mouvements sociaux de l'année 2009 pour refaire des syndicats des lieux de lutte, que ce soit dans les entreprises privés ou dans les différents secteurs de la fonction publique. Les militants du NPA étaient les plus en pointe sur ce mouvement. Puis, au mois de septembre, suivant leurs leaders, les NPAistes ont changé de braquet et ont commencé à critiquer violemment les directions syndicales locales, tentant de faire passer un message clair : « la transformation sociale ne viendra pas de directions syndicales complètement sociale-démocrates et en collusion avec le pouvoir, mais du NPA qui est maintenant l'incarnation de la lutte contre le capitalisme ». Bien évidemment, les intérêts politiques sont nombreux, car les syndicats, malgré leur soi-disant faiblesse, ont bien plus de militants que les partis, et ces militants sont souvent désabusés, et parfois prêts à sauter le pas de l'engagement partisan.

Ces grandes manœuvres ne touchent pas que les syndicats. En juin, le PS a tout fait pour faire virer l'actuel président de la FCPE, lui aussi militant communiste, sans doute pour tenter de réduire la critique de la fédération de parents à l'égard de la nouvelle politique du conseil général à destination des collèges. Ce fut un échec, mais la question est reportée au congrès suivant.

Il est impossible de couper complètement le lien entre syndicats et partis, tout simplement parce que les militants sont souvent actifs dans les deux types d'organisation, sans avoir besoin de développer des intenses stratégies d'entrisme. Cependant, il est évident que les partis de gauche se trompent en espérant prospérer par un contrôle des syndicats ou des associations au plan local. En effet, ces organisations sont affaiblies déjà par elles-mêmes, et animer des conflits en leur sein ne fera que les faire décliner encore davantage.

A moins que les partis de gauche croient avoir les reins pour animer et coordonner le mouvement social ? Ils se trompent complètement. De nombreux militants syndicaux, pourtant très actifs par ailleurs, n'iront jamais dans un parti. Le NPA, puisque c'est lui qui tient ce discours, ne pourra pas animer les luttes car il n'en aura jamais les moyens humains.

On peut critiquer les syndicats, mais les achever par ces luttes improductives ne sert finalement qu'un groupe d'acteurs : les patrons, les riches et les gouvernants. Il serait temps que les directions partisanes de gauche arrêtent leurs entreprises d'autodestruction et se remettent au boulot pour lutter contre nos véritables adversaires politiques.

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