mercredi 21 juillet 2010

Journal régional contre journal national.

Comme tu as pu t'en rendre compte, cher lecteur, je viens de passer quatre jours de vacances en province, dans l'Allier, pour rencontrer mes camarades des Gueules et d'autres amis qui se sont joints à nous pour partager le boire et le manger.

Durant cette période, j'ai eu l'occasion, pour des raisons diverses, de me retrouver, assez tôt le matin, à la terrasse d'un bistro de Cosne-d'Allier, bourgade située à proximité du village où nous avions établi nos quartiers. J'ai ainsi pu observer les pratiques de la population locale.

Devant attendre environ une heure, j'ai pris l'initiative d'acheter deux canards pour passer le temps : le quotidien local, La Montagne, et Libération, pour suivre les péripéties de l'affaire Woerth. Contrairement à moi, la très grande majorité des clients de la maison de la presse située en face du bistro se sont munis de la Montagne, délaissant les journaux nationaux.

Or, l'écart est grand entre les deux types de journaux. Certes, le canard local consacre quelques pages aux actualités nationales, voire quelques encarts aux actualités internationales, mais la très grande majorité des articles est centrée sur l'actualité locale voire très locale. Lundi matin, le journal mettait en une un grave accident de voiture ayant emporté trois jeunes durant le week-end précédent, à proximité de Vichy, alors que Libération titrait sur les méandres de l'affaire Woerth et les dernières révélations de M. de Maistre.

Une question saute alors à l'esprit. Il est évident que, en fonction du choix de son journal (non pas entre éditions nationales mais entre éditions nationales et locales), on a une vision de l'information totalement différente. D'un côté, on se concentre sur la vie de sa région, et on oublie sans doute souvent les péripéties du pays et encore plus de la planète. De l'autre, on se consacre à une actualité nationale détachée de la vie locale. A Paris, le phénomène me semble moins lourd parce que le Parisien, notre canard régional, consacre nettement plus de pages aux actualités générales.

Peut-on alors estimer que nos concitoyens de province ne se renseignent pas sur l'actualité générale ? Bien sûr que non. Les autres médias sont là pour faire le relais. Ce choix illustre cependant les difficultés d'une presse nationale qui ne parvient pas à séduire de nouveau, alors que les Français restent très attachés à une information locale qu'ils n'obtiennent pas par ailleurs.

Les journaux nationaux sont-ils fichus ? Il est vrai que leur prix n'a cessé de croître, alors que la quantité d'information disponible n'a cessé de diminuer et que la qualité est parfois très discutable. De plus, ces journaux apportent une plus-value de moins en moins nette, alors qu'internet permet de s'informer tout aussi facilement. Les journaux locaux ne souffrent pas, semble-t-il, de cette évolution, car ils restent abordables et amènent une information différente.

Comment faire évoluer une presse nationale en difficulté ? On pourrait imaginer, par exemple, qu'elle évolue bien plus vers une presse donnant des analyses et des idées, et moins des informations brutes. Ce n'est bien sûr qu'une proposition, cher lecteur...

5 commentaires:

  1. T'aurais pu titrer presse parisienne contre presse "provinciale".

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  2. @ Manuel : en théorie, les journaux nationaux ne devraient pas être parisiens, mais nationaux justement.

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  3. Oui ben tu l'écris toi même...en théorie <

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  4. Des journaux comme Ouest France ou surtout (c'est celui que je connais le mieux, ma mère étant abonnée) Le Télégramme de Brest sont un peu comme Le Parisien, c'est-à-dire ayant assez de page pour traiter convenablement de l'actualité. Les pages économies sont assez orientées "région" et les pages régionales ne sont pas réservées aux bretons (les pages départementale et locale, par contre...).

    Dans tout le centre et le sud de la France, par contre, la presse locale est comme tu le soulignes est composée de torchons sans intérêt pour un type qui n'est pas du coin (je ne connais pas trop les journaux du nord et de l'est).

    Tout ça pour dire que le sud vote à droite et la Bretagne et l'Ile de France à gauche... Est-ce lié au niveau d'information ? (smiley, hein)

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  5. @ Manuel : cela ne doit pas être impossible. En Angleterre, cela marche bien alors que les journaux sont construits à Londres.

    @ Nicolas : je n'ai pas employé le terme de torchon, mais il est sûr que les thèmes de ces journaux restent vraiment très locaux. Ouest-France est indéniablement plus dense que la Montagne en tout cas.

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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