mardi 19 janvier 2010

Quelques remarques sur un billet sur le SNES, syndicat enseignant.

Un aimable commentateur m'a signalé un billet publié sur Causeur par Luc Rosenzweig, qui traitait du SNES-FSU en le qualifiant de syndicat voyou. Bien évidemment, connaissant Didier, il y avait un peu de provocation chez lui, dans le but de m'énerver contre un homme de droite exprimant une opinion anti-syndicale finalement très classique. On n'est pas loin de la citation de Nicolas Sarkozy, publié dans le Canard Enchaîné en 2007, qualifiant la FSU de pire syndicat possible.

D'autre part, la rhétorique utilisée par l'article part d'un exemple totalement anecdotique d'une section syndicale qui dysfonctionnerait (j'emploie cette tournure pour signifier que l'auteur n'amène aucune preuve de son récit, mais on va admettre qu'il est juste) pour jeter toute l'organisation aux orties. C'est un procédé classique. Enfin, l'article aboutit au fait que le SNES a pris position contre l'occupation de la Palestine par Israël. On peut certes s'étonner qu'un syndicat traite ce genre de questions, mais il le fait en général en se référant aux problèmes éducatifs et en soulignant le fait que les Palestiniens reçoivent aujourd'hui une éducation catastrophique. Cependant, j'admets que certaines motions syndicales auraient parfois plus de place dans des partis politiques.

Il y a cependant deux aspects sur lesquels je voudrais revenir, un peu plus sérieusement. Tout d'abord, l'auteur dit des choses justes lorsqu'il évoque la prise en main du syndicat par le courant "Unité et Action", qui le dirige encore aujourd'hui, et sur sa filiation avec le PCF, et sur les difficultés idéologiques que rencontre maintenant le SNES. D'ailleurs, il est intéressant de constater en ce moment que ce sont les courants minoritaires du SNES, plutôt affiliés à des partis d'extrême-gauche, qui sont les plus dynamiques idéologiquement. D'autre part, le SNES souffre de l'absence de reprise de ses thématiques par les partis de gauche. Contrairement à ce qu'affirme l'auteur, il existe une vraie théorie au SNES et des propositions, issues des congrès, mais qui ne ressortent jamais dans la presse. En fait, le SNES devrait plutôt se payer un bon service de communication et tenter de trouver des moyens de briser le plafond de verre médiatique. Par ailleurs, l'auteur évoque les propositions du SNES en les qualifiant de démagogique, alors que dans mon département, les militants du SNES sont souvent considérés comme trop mous...

Une autre question m'intéresse, qui concerne la gestion du mouvement des enseignants. L'auteur se plaint du contrôle que les syndicats auraient sur le mouvement des personnels. Il est pourtant, à l'origine, une volonté de l'État, qui a trouvé un moyen pas cher de se débarrasser d'une mission très lourde. Plutôt que de payer des fonctionnaires toute l'année pour travailler deux mois, on utilise les élus du personnel pour faire le boulot, et comme ils sont militants, ils le font sérieusement. Par contre, je suis entièrement d'accord avec Rosenzweig sur le fait que l'on mette les jeunes dans les quartiers les plus chauds, mais le syndicat ne fait que suivre les demandes des collègues, qui veulent quitter ces bahuts dès que possible. Ce serait à l'État d'offrir des compensations attractives pour pousser les plus anciens dans ces zones, ce qu'il ne fait pas, préférant que les profs les plus expérimentés aillent dans les quartiers bourgeois. Là où l'auteur montre d'ailleurs sa partialité, c'est en oubliant de dire que cette structure se retrouve dans toute la fonction publique, par exemple dans la police ou aux impôts. Dans la ville difficile où je travaille, tous les policiers ont moins de 30 ans...

Enfin, reste une déformation que je voudrais souligner : la France n'est pas en fin mais en milieu de tableau des évaluations PISA. Pour vous le prouver, je vous invite à aller consulter ces résultats. Je ne dis pas que je me satisfais de ce classement, d'autant plus qu'il démontre que la France fait du mal aux familles pauvres, plus que d'autres pays, et que son système maintient voire creuse les inégalités sociales.

Bon, maintenant, Didier, je vous laisse troller allègrement...

2 commentaires:

  1. Ah mais non, vous me prêtez des intentions que je n'avais pas ! Je voulais réellement avoir votre opinion, n'en ayant moi-même aucune sur ce sujet dont j'ignore tout (à titre personnel, n'ayant pas d'enfant, je me fous de ce qui peut se passer dans l'Éduc' Nat'...). Merci d'avoir joué le jeu.

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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