lundi 29 décembre 2008

Benoît Hamon et ses déclarations : je m'en fous !

Cher lecteur, je sais que cela a été assez peu visible dans les grands médias nationaux cette semaine, mais la blogosphère politique de gauche a été bouleversée par une affaire politicienne apparemment extrêmement grave : une déclaration de Benoît Hamon transcrite par un journal breton totalement inconnu mais reprise par le Figaro en fin de semaine dernière. Voici la citation incriminée :


"Je vois par exemple tous les jours sur Dailymotion ou sur des blogs, des partisans de Ségolène Royal mettre en ligne des films, des podcasts ou de simples commentaires juste pour nous taper dessus ! Leur rage se focalise contre nous, et pas du tout contre la droite. Ils ont dans le sang ce poison de la division, dans des proportions que l’on n’a jamais connues auparavant." (Merci à Luc Mandret pour l'article complet)


Les blogueurs de gauche, qui ont soutenu Ségolène Royal durant la phase électorale du congrès de Reims, se sont tout de suite enflammés. Il est vrai que la phrase peut sembler choquante prise comme cela, mais en fait, si on relit l'ensemble de l'article, on voit qu'Hamon ne vise pas tous les ségolènistes, mais uniquement ceux qui refusent d'accepter le choix fait par le parti et qui continuent à entretenir le gouffre entre les deux camps en utilisant Internet. J'aurai bien voulu faire un article là-dessus, mais Nicolas m'a pris de vitesse (c'est la deuxième fois depuis ce week-end qu'un autre blogueur va plus vite que moi, faut que je reprenne du poil de la bête).

Comment un citoyen de gauche mais qui n'est pas au PS vit la chose ? Je me trouve d'abord confirmé dans mon analyse sur le fait que Ségolène Royal ne quittera pas le PS et que ce parti risque bien de ne pas éclater. La leader de Désirs d'avenir va sans doute créer ses propres réseaux parallèles et se préparer pour la présidentielle, mais elle a trop besoin de l'appareil du PS pour compenser ses propres faiblesses. Durant le congrès, j'avais cru qu'elle représentait une rupture avec le fonctionnement classique du PS, appuyé sur des fédérations et de grands élus locaux. Cette analyse a été effacée par sa recherche de tous les soutiens fédéraux possibles, et, en particulier, le ralliement surprise de Georges Frêche, une belle erreur politique décrédibilisant toute sa campagne de changement.

La déclaration de Benoît Hamon est elle aussi assez critiquable. Vu les conditions de la victoire de Martine Aubry, il est normal que certains ségolènistes aient du mal à gérer leur défaite. A-t-on besoin d'en rajouter et de les critiquer publiquement ? Cette déclaration révèle aussi beaucoup de choses sur la manière dont cette direction nouvelle se voit elle-même, et démontre qu'ils sont conscients de leurs problèmes de légitimité. Malheureusement, comme Ségolène, ils sont très attachés à l'appareil du parti qui les a fait. On est pas prêt de s'en sortir, nous, gens de gauche qui aimerions bien que le PS résiste à Sarkozy.

Il est enfin intéressant de voir comment un journal de droite, dirigé par le sémillant Dassault, peut mettre un bordel monstre au PS en cinq lignes. Cela démontre la faiblesse du parti aujourd'hui.

Franchement, chers militants du PS, on en a marre de tout ce bordel. Ce qu'on veut, c'est que votre parti résiste aux politiques sarkozyennes, et pas seulement par des amendements au Parlement, que vos leaders s'engagent dans les combats en cours dans la société, que vous proposiez des programmes qui ne soient pas des reprises matinées de social des idées libérales, que vous soyez capables de vous débarrasser d'une élite qui n'a que trop pensé à elle-même et pas assez aux électeurs qu'elle est censée représenter. J'inclus Ségolène Royal dans ce groupe, car elle représente les mêmes logiques.

Finalement, les déclarations d'Hamon, on s'en fout, nous les électeurs. Ce qu'on veut, c'est de l'action politique contre la droite. Allez, les gars, au boulot !

19 commentaires:

  1. Bravo ! Et désolé d'avoir tiré le premier.

    Deux autres éléments : l'interview est fait par un magasine Breton quasiment inconnu et est lié aux origines bretonnes de Hamon. Ensuite, l'interview a été réalisé avant que Hamon ne soit nommé porte parole du parti, à une période où les coups partaient dans tous les sens...

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  2. Permets-moi de commenter un peu à côté de la plaque, mais ça me démange, en citant Groucho Marx :

    "Souvenez-vous, vous vous battez pour l'honneur de cette femme, ce qui est plus qu'elle n'en ait jamais fait elle-même."

    ;-)

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  3. @ Nicolas : merci pour les éléments supplémentaires. Cela montre d'autant plus que cette polémique est sans intérêt. Vive la vraie politique !

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  4. @ Rubin : drôle, mais un peu HS. Tu vas m'attirer plein de trolls ségolistes...

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  5. Je ne suis pas de gauche, mais je vous souhaite quand même bon courage... Une période assez désagréable et nauséabonde.

    Ajoutant que j'espère que votre combat ne sera pas uniquement "contre" quelque chose, la "droite" en l'occurence. Et que vous serez force de proposition et d'action non pas 'contre', mais pour quelque chose. Notre pays et ces citoyens.
    Parce que le "contre" quelque chose, ça ne mene malheureusement jamais bien loin, sinon à ce que vous êtes en train de vivre en ce moment...

    Je vous souhaite bon courage, car j'attends, et j'espère, une vraie opposition.

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  6. @ Faucon droitier : je n'adhère pas à cette logique du "le pour, c'est mieux que le contre". Pour moi, on construit un programme avec des valeurs et des propositions. Si on a jamais la possibilité de se dire contre une politique, c'est qu'on adhère. Je suis d'accord qu'il faut faire des propositions, mais de là à s'abstenir d'être contre, je ne peux suivre...

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  7. Cette polémique me semble bien loin après une semaine loin de la politique. Les béats peuvent s'agiter, leur agitation ne sera que la démonstration de la justesse de la déclaration de Benoit Hamon.

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  8. @ Abadinte : justesse ? Bof, pour moi, c'est sans intérêt pour un non-membre du PS. Je vous laisse à vos combats.

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  9. Abadinte,

    Tu as de la chance ! Moi je conserve Internet pendant les vacances...

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  10. Vous parlez de la faiblesse du parti ? Quelle faiblesse? A quoi est elle due cette faiblesse?
    On voit le style 'Game is over" ," Je m'en fou" "Il n'ya rien à dire" ,"Il l'a dit avant", "Bof" "C'est dans leur sang" "La rage" "leur gène" " c'est une secte" "Ils ont collaboré" Quoi encore cher "PROF D'HISTOIRE" J'ai honte , et pour tout vous dire en toute vérité je viens de vomir . Prenez votre dictionnaire et cherchez le sens et l'éthymologie du mot "socialisme" sur vous plait.Quand on n'a pas les qualités on ne s'improvise pas maçon,ni menuisier, ni plombier, et surtout SOCIALISTE.

    VIVE LE PARTI SOCIALISTE ,LA MAISON COMMUNE

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  11. Cher PROF D'histoire je reviens pour te rappeller que l'histoire est un procéssus constant allant du règne de la nécessité vers le règne de la liberté . Avec de tels articles nous avons du chemin à faire , beaucoup de chemin à faire encore et là Sarkozy n'est pas le problême . Vive le parti Socialiste

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  12. @ Anonyme : vomir en tant qu'anonyme n'a aucun intérêt.

    La maison commune de qui ? De Ségolène Royal et de Martine Aubry ? Des secrétaires fédéraux ? Des militants ? Des électeurs de gauche ? Moi, électeur de gauche et espérant le changement, je n'ai rien à y faire en ce moment.

    On est faible quand on règle ses comptes en place publique de cette manière, ce que font largement les socialistes depuis 2007. Où est la force du PS pour s'opposer à Sarkozy ?

    Bon, sinon, vous avez un argument cohérent à m'opposer et qui correspond à l'article ?

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  13. @ Anonyme 2 : l'histoire a un sens ? N'importe quoi !

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  14. Le PS serait donc de gauche.....c'était donc çà cette odeur de moisi...

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  15. @ Hadès : c'est plutôt ce genre de commentaires qui sont moisis...

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  16. Matthieu, j'arrive un peu tard (il faut que je m'abonne aux commentaires moi)

    Ne pas adhérer au pour plutot que le contre, pourquoi pas, c'est un choix. Sauf que le contre systématique, factuellement, ne vous a pas porté chance depuis un moment.

    Et personnellement, tu sais si tu me lis un peu, il y a plus "droitier" que moi. Je veux que les gens actuellement au chomage retrouvent vite un boulot décent. Je veux que les gens soient plus heureux dans mon pays. Et si c'est un mec de gauche qui arrive à faire ça, je l'applaudirais autant que si c'est un maire de droite.
    Et je pense, modestement, que faire du "contre", du "toujours contre", ce n'est pas positif, et ça ne marche pas. Et je crains de faire le pari que si la gauche actuelle ne fait que du "contre Sarkozy", ce n'est pas la peine qu'elle envoie un candidat en 2012...

    D'ailleurs, t'ais je demandé de d'abstenir d'être contre ? J'espère pas ^__^

    Enfin, je ne suis pas politologue. Simple citoyen, triste de voir qu'il n'y a pas d'opposition crédible en ce moment, et non guidé par une presque haine systématique. Et c'est dommage, parce qu'il y a des choses à faire.

    (je conclurai en te disant que les étiquettes, je n'ai jamais aimé ça... Donc droitier, oui, parfois. Et d'autre fois, des copains de droite que disent gauchiste... J'aime aussi peu :) ).

    Bonne fin d'année

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  17. @ Faucon gauchiste : le terme de "droitier" était plus une pointe d'humour qu'autre chose.

    Je suis d'accord avec toi, mais, en réalité, la gauche n'arrête pas de proposer des choses, les médias ne reprenant que les attaques basses contre Sarkozy et ses soutiens.

    Personnellement, je ne suis pas toujours contre la politique politicienne (cet article en est la preuve) mais il faut aussi que les médias parlent un peu du fond, une fois de temps en temps. La gauche a de nombreuses idées.

    Je suis cependant d'accord avec toi sur les leaders socialistes, malheureusement...

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  18. J'ai pas répondu en colère hein :) (mais si tu me traites de gauchiste, là, non ^___^)

    Je parle en effet de l'image que proposent les leaders socialistes. Mais force est de constater que l'inaudibilité actuelle de celle ci n'est pas uniquement de la faute des médias. Quand on passe son énergie à être caricatural et à taper sur les copains, fatalement, les médias reprennent peut être moins le reste.
    J'ai, par exemple, trouvé les épisodes parlementaires ridicules, et scandaleux. De la part du gouvernement et de la majorité qui souhaite confisquer le débat et minimiser le parlement, oui. Mais de la part de l'opposition, risible et clownesque avec ses petites pancartes et autres badges...

    On est en droit d'attendre autre chose des leaders, non ?

    Bonne fin d'année, copain privilégié (je vais passer un jour de l'an avec des amis prof, bouh ^___^)

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  19. @ Faucon bonne année : oui, on est en droit d'attendre autre chose des leaders. Malheureusement, la structure du PS fait qu'il est difficile d'en changer. C'est dommage et pénible pour nous...

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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