Dans ce maelström financier, on pourrait penser que les Grecs seraient tentés par des idées révolutionnaires. Plusieurs choses pouvaient laisser le penser. On ne s'en rappelle que peu, mais en 2008, ce pays a été secoué par des violentes émeutes sur la question salariale. Aujourd'hui, les salaires et les pensions de retraite sont en train de baisser ! D'autre part, la population grecque pourrait largement se sentir en colère devant les manipulations de leurs hommes politiques. Faut-il rappeler que les fameux plans de sauvetage, s'ils exigent des réductions drastiques des budgets sociaux et des privatisations massives, ne demandent pas du tout au gouvernement grec de taxer les plus riches (tiens, leurs impôts viennent de baisser) alors que les inégalités sont parmi les plus fortes d'Europe, de baisser les exorbitantes dépenses militaires (dont la France et l'Allemagne profitent largement) ou de taxer l'Eglise, l'un des principaux propriétaires du pays et qui bénéficie de l'exemption fiscale ?
Il s'avère qu'avec la Privilégiée, nous avons passé quelques jours en Grèce et nous venons de rentrer, ce mercredi. J'étais impatient de découvrir cette ambiance pré-révolutionnaire joyeuse et positive qu'en tant que bon gauchiste, j'aimerais trouver partout. En effet, les médias français avaient un peu joué sur ce risque ces derniers temps. On avait abondamment vu des images des quelques affrontements qui s'étaient déroulés en juin dans le centre d'Athènes. De plus, la ville était touchée par une extension du mouvement des Indignados, apparu en Espagne, et qui avait fait des petits en Grèce, sur la place Syndagma, place centrale d'Athènes où se situe en particulier le Parlement. Si tu es venu à Athènes, cher lecteur, c'est là où les touristes viennent voir les gardes en robes et à pompon faire leur relève.
Nous nous sommes donc lancés dans Athènes, dans notre arrivée sur place. En plus, le hasard faisait bien les choses : nous avions trouvé un hôtel dans le quartier d'Exarchia, quartier étudiant et très à gauche, où nous espérions bien pouvoir observer la révolution en marche.
D'ailleurs, mes compatriotes étaient assez compatissants envers nous : "mais vous êtes sûrs que c'est une bonne idée ? Et si jamais le pays faisait défaut, dans quel désordre vous allez vous retrouver ! Vous devriez peut-être prendre des Travelers et éviter d'utiliser vos cartes de crédit. Et surtout, pas de liquide ! Faites bien attention à vous à Athènes, hein ?"
Ce désespoir se manifestait aussi dans l'abord de la saison touristique. Les Grecs en espéraient apparemment beaucoup, histoire de soutenir l'économie et de mettre un peu d'huile d'olive sur la fêta. Certains médias ont malheureusement fait leur office. D'après une hôtelière, si les Français, les Anglais et les Scandinaves restaient massivement présents, en ce début du mois de juillet, les Allemands, très importants d'habitude et gros consommateurs, étaient totalement absents, de même que les Américains. La saison touristique s'annonce donc moins bonne que d'habitude.
En clair, les Grecs que nous avons rencontré se partageaient entre résignation et désespoir. Pas d'espérance en un monde meilleur pour le moment, semble-t-il.
Certes, je n'y ai pas trouvé le vent révolutionnaire que j'attendais, mais plutôt une sourde inquiétude. Il faudrait quand même que nos dirigeants comprennent qu'en assommant les populations et en brisant les possibilités d'espérance, on ne rend pas service à la démocratie. Les conséquences pourraient être graves sur le plan politique, dans un futur assez proche. Quand un peuple n'a pas d'issue, que fait-il, cher lecteur ?
Intéressant.
RépondreSupprimerQuelle est leur position quant aux dépenses militaires et au statut privilégié de l'église orthodoxe grecque qui n'est pas imposée?
RépondreSupprimerAprès le tourisme équitable, le tourisme révolutionnaire : décidément, Modernœud ne recule devant aucun ridicule.
RépondreSupprimerJe me demande ce qu'attendent les “tour operators” pour organiser des circuits de groupe, du genre : vivez la révolution pour moins de 150 € les quatre jours – buffet compris, boissons en sus.
C'est pitoyable.
@ DPP : le billet visait surtout à l'humour, avec un petit fond de vrai quand même.
RépondreSupprimer@ Valdo : je n'ai parlé de l'Eglise avec personne. Concernant l'armée, la question turque reste une réalité forte et les Grecs considèrent qu'ils sont les seuls à pouvoir assurer leur défense. Il y a régulièrement des incidents de frontière. Sur cette question, je crois qu'ils considèrent que la dette en vaut la peine.
@ Didier : et sinon, vous allez bien ?
Pour ce qui est des circuits, pour Cuba, il y en a plein. Par contre, la Corée du Nord n'a pas encore eu cette idée...
Excellent. Aller voir par soi-même ce qui se passe plus loin a toujours eu le don d'énerver les réacs, qui préfèrent endormir la plèbe avec des histoires de méchants révolutionnaires là où il n'y a toujours eu que des gens qui demandent le droit de vivre correctement. Que les aigris retournent glousser avec Pujadas en prime time ! Moi je te décerne volontiers un prix Albert Londres pour ce billet (le francocentrisme en moins bien sûr !). Bises internationalistes.
RépondreSupprimeron a du mal comprendre ... je ne vois que ça !
RépondreSupprimer@ MGP : d'un autre côté, un révolutionnaire est quelqu'un qui est persuadé que la révolution l'aiderait à bien vivre, non ?
RépondreSupprimer@ Mirabelle : je suppose, même si je ne vois pas de quoi vous parlez...
"les trucages que les différents gouvernements grecs" Oui , certes et tt a fait d'accord mais il ne faudrait pas oublier de citer le laxisme endémique de la population grecque elle-même qui a toujours existé.
RépondreSupprimerAs-tu remarqué une montée de l'angoisse et des comportements dépressifs chez les ânes?
RépondreSupprimer@ Corto74 : tu peux dire cela des habitants de tous les pays développés, sans exception quasiment.
RépondreSupprimer@ Hélène : les ânes sont moins nombreux qu'avant. Encore un coup du FMI ? Voir de DSK ?
Marie-Georges, vous filez un mauvais coton, on dirait. C'est bien dommage…
RépondreSupprimerVous êtes calmé Didier?
RépondreSupprimerSur la forme, oui ; sur le fond, non. Mais restons-en là.
RépondreSupprimerJe suis grecque et je trouve votre article très intéressant car il montre le vrai « feeling » de la situation aujourd’hui à Athènes.
RépondreSupprimer@ Sourgelaki : merci !
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