mercredi 22 juillet 2009

Histoire d'eau à l'école maternelle.

Tu ne le sais peut-être pas, cher lecteur, mais un débat fondamental occupe les écoles maternelles. Au départ, on pourrait se dire qu'il n'est pas très important, qu'il n'a même pas grand-sens, mais il est là, toujours récurrent, toujours présent.

Doit-on emmener les enfants aux toilettes tous ensemble au même moment ? Bon, je sais, cela a l'air un peu périphérique voire totalement sans intérêt, mais je vais essayer de t'expliquer.

Lorsque les enfants arrivent en maternelle, ils viennent à peine de devenir propre. Certains ne maîtrisent pas encore leur sphincter à la perfection, et les accidents sont fréquents. Brusquement, la maîtresse se retrouve inondée par un enfant qui se sent terriblement coupable. Certains n'osent pas demander à aller aux toilettes par peur ou par honte. Pour le maître, c'est un problème constant mais aussi une question éducative : apprendre à l'enfant à dominer son corps et à devenir maître de lui-même.

Il y a donc plusieurs stratégies à mettre en place. L'idéal est de permettre à l'enfant, lorsqu'il en exprime le besoin, de se rendre aux toilettes et de faire ses besoins seul. Le maître a en plus avec lui, en petite section, une ATSEM qui peut accompagner. Cependant, cela impose que le cabinet soit à proximité de la salle de classe, parce que le prof ou son aide ne peuvent abandonner une classe de 27 enfants de 3 ans pendant plus de quelques secondes sans risquer de véritables catastrophes. Or, dans la plupart des cas, les architectes ne pensent pas à ces basses contingences, et le maître doit traverser la moitié de l'école pour accéder aux saintes cuvettes.

Comment réagir alors ? Généralement, à certaines heures fixes, les enseignants font passer tous les élèves aux toilettes, en leur demandant de se vider au même moment, et gèrent les cas particuliers le reste du temps. Or, cette pratique suscite, chez les inspecteurs, des débats sans fin.

En effet, voilà une vision de l'école bien soviétique. L'enfant, nié dans sa personne et dans ses désirs, se doit d'obtempérer à l'ordre du représentant de l'État, incarnant déjà ce pouvoir impersonnel qui lui volera ses revenus plus tard pour payer des fonctionnaires incompétents et protégés de la saine loi de la concurrence. Voici donc que le pouvoir décide du moment où l'enfant urine. Cette vision socialiste est d'ailleurs assez partagée chez les réactionnaires et les conservateurs, mais eux estiment que l'enfant doit soumettre son urètre, non pas à l'État collectiviste, mais à la saine autorité qui permettra l'accès aux savoirs et aux héritages.

Heureusement, la vision libérale de l'éducation est . Dans ce cas précis, l'enfant doit pouvoir satisfaire son droit fondamental à uriner quand il le souhaite. Jamais la société ou l'État ne peuvent imposer cette horrible négation de la toute-puissance de l'individu. Ainsi, à tout moment, le maître doit obtempérer et se soumettre aux désirs de l'enfant, oubliant cette organisation collectiviste de (la) classe et permettant aux vraies valeurs d'atteindre les esprits de nos chères têtes blondes.

Si cette vision triomphait, on relancerait les travaux dans les écoles pour construire une multitude de chiottes. Car, si les enfants doivent exercer leurs droits, les enseignants n'engageront pas leurs responsabilités...

11 commentaires:

  1. Oh tu te lances dans un débat très complexe aujourd'hui Mathieu ! D'abord, je rectifie : les ATSEM ne sont pas une obligation ! Dans certaines écoles, tu en verras en petite et moyenne section, dans d'autres tu n'en croiseras aucune. C'est la mairie qui décide ! Et, comme souvent en ce qui concerne l'école, vive les municipalités communistes !
    Par rapport au droit des enfants à aller aux toilettes quand ils le veulent ; tu parles des enfants encore petits (donc en maternelle) ou même des élèves en élémentaire, en collège etc ? Parce que là, je ne serai pas ok ; t'imagine si chaque élève pouvait se lever, déranger notre cours, pour aller aux WC dès qu'il le souhaite ?? Bon,je pense que tu restais dans l'axe de ton titre donc en mater. Le gros problème est en effet la responsabilité des instit : personnellemnt, dans les petits classes, ça ne me dérange pas qu'un élève s'absente quelques minutes. Ce n'est pas de la pédagogie frontale, ils sont en ateliers, en petits groupes, donc il ne dérange personne. Pourtant, je refuse catégoriquement parce que j'ai bien trop peur qu'il leur arrive un problème soit pendant le trajet soit avec les autres élèves ou même avec les adultes, sait-on jamais ! Donc, oui, il faudrait réaménager les écoles. je crois qu'une cuvette de toilette et un lavabo par classe ca ne serait pas si dramatique financièrement et c'est fou ce que ça nous arrangerait !! Car en plus, tu as oublié un paramètre dans ton billet : l'élève qui demande à aller aux WC simplement pour pouvoir sortir de la classe !(et ce type d'enfants est pénible car tu te prends la tête : s'il n'a pas vraiment envie, je me fais avoir et je prends des risques pour rien, s'il a vraiment envie il va se faire dessus...)Si les WC étaient juste à côté, plus de fausses envies ! La paix royale !!.. Finalement, on n'en demande pas tellement je trouve, nous les PE..

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  2. @ Nathalie : mon texte traite des maternelles, mais je pourrais aussi traiter du lycée de la même manière, en enlevant quand même les problèmes de sphincter... Quoique... Sur le reste, je n'ai pas dit autre chose...

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  3. Il me semble que le problème est à tous les niveaux.En effet,souvent, les toilettes sont des lieux peu agréables et les enfants se retiennent pour ne pas y aller ce qui fait que beaucoup ont des problèmes de santé suite à ces inconvénients.De plus certains profs refusent qu'un enfant y aille pendant les cours or l'enfant préfère ce moment là pour être plus tranquille,ou par peur du regard des autres lorsque les toilettes ne ferment pas
    Les toilettes sont un réel problème de santé publique.

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  4. @ Cath37 : pour un billet qui se voulait assez humoristique, tu le prends très sérieusement. Je suis entièrement d'accord sur l'état déplorable des toilettes dans les écoles. J'ajouterais l'absence sempiternelle de papier hygiénique. En effet, c'est un problème de santé publique, et cela a pleinement sa place dans le processus éducatif...

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  5. Absence de papier, toilettes qui ne ferment pas : effectivement un problème de santé publique, mais aussi le sempiternel problème, posé en CA (dans les collèges et les lycées), de vandalisme desdits lieux par leurs utilisateurs (certains en tout cas)...

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  6. @ Cloran : j'aurais tendance à dire qu'un lieu sale et incommode invite à la dégradation, mais je ne voudrais pas faire de la provocation...

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  7. @Cloran: oui et puis du vandalisme en maternelle, on va peut-être pas pousser... A quand un flic derrière chaque WC ? Sarko, je te vois !!

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  8. Tu le dis en te moquant, mais objectivement, on devrait en effet laisser des enfants pouvoir filer aux toilettes quand ils le demandent expressément. Et cela n'a rien à voir avec la soumission aux desiderata du moutard ;-)

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  9. Toi, je sens que je vais te faire bientôt un billet du genre, école libérale contre école soviétique (ou collectiviste) : on va rire :-)

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  10. Ah, et je voulais dire que j'adhère tout à fait au commentaire de Catherine (cath37)

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  11. @ L'Hérétique : j'espère que tu as bien vu que c'était de l'humour. Pitié, c'est l'été, pas de billet assassin en ce moment.

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