La semaine dernière, le journal le Monde a publié une tribune cosignée par Marie-Christine Blandin, Cécile Duflot et Philippe Meirieu. Il s’agit donc d’une déclaration des Verts concernant leurs intentions, au niveau des régions, concernant les lycées dont ils auraient la gestion si jamais ils l’emportaient aux élections à venir.
A chaque fois que Philippe Meirieu fait une déclaration (même s’il n’est pas tout seul, mais il faut bien penser qu’il en est le principal auteur), l’ensemble de la droite sort son revolver. Traditionnellement, c’est le blog SOS Education, suivi de près par l’Hérétique, qui mène la charge. Hier, c’était H16 qui s’attaquait au monstre pédagogiste. A chaque fois, on ressort les mêmes considérants qui sont tous faux. Par exemple, on ne cesse de nous dire que le niveau du lycée n’a cessé de baisser depuis la massification, alors que le niveau moyen des élèves n’a cessé de monter. Par contre, constat réel, l’école ne parvient toujours pas à s’occuper de la grande difficulté, et cela plus qu’ailleurs. Certains sociologues, comme Stéphane Bonnéry, ont même démontré que l’école avait tendance à plomber encore plus les jeunes issus des milieux défavorisés par rapport aux moyennes de l’OCDE. Là est sans doute le vrai défi de l’école d’aujourd’hui, mais cela n’intéresse pas nos dirigeants actuels, qui sont attachés à cette idée d’« excellence », valeur permettant de légitimer la persistance des inégalités et la réduction de la dépense publique.
Pourtant, l’article de Meirieu est bel et bien pénible à lire, y compris pour un privilégié pourtant marqué à gauche. Certes, de nombreux constats sont parfaitement acceptables, mais progressivement, on perçoit le projet de l’auteur, et on s’inquiète. Ainsi, l’objectif semble bien de proposer d’intégrer la formation professionnelle des adultes dans les lycées. Mais comment est-ce possible ? Dans des établissements déjà bien remplis et en manque permanent de personnels, comment ouvrir plus et accueillir en plus les adultes ? Voilà l’annonce de belles dépenses dans le bâtiment...
De même, le pédagogue considère encore que c’est la compétence qui doit être au centre des apprentissages, décalant le savoir on ne sait où. Pourtant, je ne vois pas comment on peut traiter l’un sans l’autre. La compétence sert à articuler les savoirs, les savoirs peuvent être utilisés avec des compétences. Autant d’un côté de l’échiquier politique que de l’autre, on fait une erreur fondamentale : les deux sont nécessaires, et ne peuvent être découplés sans rendre incohérent l’ensemble de l’enseignement.
De la même manière, on reste encore et toujours dans l’idée de performance, Meirieu affirmant que les élèves doivent aboutir à des résultats. Cependant, l’emploi du terme d’ « effort » nie l’inégalité des élèves entre eux, et le fait que le système ne peut simplement dire aux élèves : travailler, vous progresserez. La preuve nous est donnée par la réalité quotidienne : la grande majorité des profs disent déjà cela tous les jours aux élèves, et pourtant, cher lecteur, les plus faibles ne réussissent pas mieux.
En clair, autant à droite qu’à gauche, on se trompe fondamentalement, et on ne se prépare toujours pas à affronter le vrai défi : traiter l’échec scolaire et notre système égalitaire par les actes, et pas seulement par les mots. Il serait temps qu’on s’y mette, parce que cet objectif serait vraiment un axe intéressant pour un programme de gauche et permettrait largement de ressouder une communauté nationale mise à mal par les stupidités diffusées en ce moment par nos dirigeants.
A chaque fois que Philippe Meirieu fait une déclaration (même s’il n’est pas tout seul, mais il faut bien penser qu’il en est le principal auteur), l’ensemble de la droite sort son revolver. Traditionnellement, c’est le blog SOS Education, suivi de près par l’Hérétique, qui mène la charge. Hier, c’était H16 qui s’attaquait au monstre pédagogiste. A chaque fois, on ressort les mêmes considérants qui sont tous faux. Par exemple, on ne cesse de nous dire que le niveau du lycée n’a cessé de baisser depuis la massification, alors que le niveau moyen des élèves n’a cessé de monter. Par contre, constat réel, l’école ne parvient toujours pas à s’occuper de la grande difficulté, et cela plus qu’ailleurs. Certains sociologues, comme Stéphane Bonnéry, ont même démontré que l’école avait tendance à plomber encore plus les jeunes issus des milieux défavorisés par rapport aux moyennes de l’OCDE. Là est sans doute le vrai défi de l’école d’aujourd’hui, mais cela n’intéresse pas nos dirigeants actuels, qui sont attachés à cette idée d’« excellence », valeur permettant de légitimer la persistance des inégalités et la réduction de la dépense publique.
Pourtant, l’article de Meirieu est bel et bien pénible à lire, y compris pour un privilégié pourtant marqué à gauche. Certes, de nombreux constats sont parfaitement acceptables, mais progressivement, on perçoit le projet de l’auteur, et on s’inquiète. Ainsi, l’objectif semble bien de proposer d’intégrer la formation professionnelle des adultes dans les lycées. Mais comment est-ce possible ? Dans des établissements déjà bien remplis et en manque permanent de personnels, comment ouvrir plus et accueillir en plus les adultes ? Voilà l’annonce de belles dépenses dans le bâtiment...
De même, le pédagogue considère encore que c’est la compétence qui doit être au centre des apprentissages, décalant le savoir on ne sait où. Pourtant, je ne vois pas comment on peut traiter l’un sans l’autre. La compétence sert à articuler les savoirs, les savoirs peuvent être utilisés avec des compétences. Autant d’un côté de l’échiquier politique que de l’autre, on fait une erreur fondamentale : les deux sont nécessaires, et ne peuvent être découplés sans rendre incohérent l’ensemble de l’enseignement.
De la même manière, on reste encore et toujours dans l’idée de performance, Meirieu affirmant que les élèves doivent aboutir à des résultats. Cependant, l’emploi du terme d’ « effort » nie l’inégalité des élèves entre eux, et le fait que le système ne peut simplement dire aux élèves : travailler, vous progresserez. La preuve nous est donnée par la réalité quotidienne : la grande majorité des profs disent déjà cela tous les jours aux élèves, et pourtant, cher lecteur, les plus faibles ne réussissent pas mieux.
En clair, autant à droite qu’à gauche, on se trompe fondamentalement, et on ne se prépare toujours pas à affronter le vrai défi : traiter l’échec scolaire et notre système égalitaire par les actes, et pas seulement par les mots. Il serait temps qu’on s’y mette, parce que cet objectif serait vraiment un axe intéressant pour un programme de gauche et permettrait largement de ressouder une communauté nationale mise à mal par les stupidités diffusées en ce moment par nos dirigeants.
Traiter l'échec scolaire, oui. Mais la seule conclusion objective possible d'un constat "certains élèves sont plombés par le système actuel", c'est "il ne faut pas le même système pour tout le monde". Car il ne saurait être question de desahbiller Pierre pour habiller Paul, non ? Ceux pour qui le système actuel convient doivent continuer à en profiter.
RépondreSupprimerJe vais quand même répondre à l'appeau à troll "le niveau moyen des élèves n’a cessé de monter". Le PISA semble démontrer le contraire mais il n'a qu'un historique limité. Et faute d'évaluation autre que les taux de réussite à des diplomes, j'en viens à douter de ce niveau moyen qui monterait. Le niveau médian, oui, peut-être, mais le niveau moyen...
Vidéo de Meirieu à voir absolument :
RépondreSupprimerhttp://www.dailymotion.com/video/xbhi2a_philippe-meirieu-ou-le-mauvais-elev_news
"on ne cesse de nous dire que le niveau du lycée n’a cessé de baisser depuis la massification, alors que le niveau moyen des élèves n’a cessé de monter."
RépondreSupprimerMais sur quoi se base-t-on pour dire ça (et son contraire ?)
"traiter l’échec scolaire et notre système égalitaire par les actes, et pas seulement par les mots"
RépondreSupprimerC'est ce qu'a fait Meirieu en mettant ses enfants à l'école privée.
Ce n'est pas le niveau moyen qui monte, ce sont les élèves : de 30% d'une génération ayant le bac en 1985 on est passé à 64% aujourd'hui... grâce notamment à la création du bac pro mais pas seulement, le bac général qui correspondait à 20% d'une génération est environ à 34 ù auj. :-)
RépondreSupprimerEn fait il a des différences selon les disciplines : le français mal enseigné est assez mal en point, voir là un résumé d'une étude de la DEPP :
http://tempsreel.nouvelobs.com/depeches/societe/20090130.FAP1687/le_niveau_des_eleves_de_cm2_a_baisse_significativement_.html
[on ne peut pas faire copier/coller les liens ici, c'est particulièrement pénible...]
@ Oaz : voilà bien un désaccord entre gauche et droite sur ce point. Pour moi, non, je ne suis pas d'accord. Les classes mixtes sont celles qui fonctionnent le mieux, les classes de niveau posant de réels problèmes. De plus, ne pas mettre les gens ensemble posent d'autres problèmes, en particulier sur la conception de la citoyenneté.
RépondreSupprimer@ buzz rhonealpes : merci pour le lien.
@ Suzanne : sur les études menées par l'OCDE et par le ministère de l'Educ'nat.
@ Polluxe : pour les liens, il faut utiliser de l'html.
Sur tes stats, je suis d'accord. Il s'agit bien d'une hausse de niveau, car autrefois, les ouvriers quittaient l'école à douze ans. Maintenant, ils restent souvent jusqu'à 18-19 ans avec un niveau plus solide. L'échec de la France est plutôt situé dans le nombre d'élèves qui sortent de l'école sans rien.
Et oui, il faut rappeler que seulement 34% d'une classe d'âge obtient un bac général, ce qui relativise la massification et la baisse générale du niveau.
Permettez à la vieille prof de français que je suis (mais pas ringarde ,du moins je le crois...) de vous dire que oui le niveau baisse,et que l'on relève bien des notes dans les jurys de bac pour atteindre les pourcentages requis!
RépondreSupprimer@ Carpentier : ce n'est pas le niveau des élèves qui baisse dans ce cas, ce sont les exigences du ministère de l'éducation qui diminuent.
RépondreSupprimerRéfléchissons: "le niveau du lycée n’a cessé de baisser depuis la massification, alors que le niveau moyen des élèves n’a cessé de monter". Mais où est le problème? je ne vois pas de contradiction logique dans cette phrase.
RépondreSupprimerTransposons: " la température de ma tasse à café n'a cessé de baisser depuis qu'elle a été plongée dans le bac à glace , alors que la température de ce dernier n'a cessé d'augmenter"...
@ G. : je confronte le raisonnement de la droite avec celui des stats. Je ne vois pas bien où est le problème.
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