jeudi 21 janvier 2010

Que proposeriez-vous si la démocratie directe existait en France ?

Voici donc la seconde chaîne du jour, postée par LOmiG aujourd'hui, qui s'est adressé à Nicolas, mais aussi à plusieurs blogueurs libéraux et de droite.

La question consiste à citer une question que nous souhaiterions poser aux électeurs français si la démocratie existait vraiment dans ce pays.

Soit ! Ne voulant pourtant pas ressusciter la guerre scolaire, je poserai la question suivante :

"Acceptez-vous que l'État et les collectivités territoriales cessent de subventionner les écoles privées et se consacrent uniquement au service public d'éducation ?"

Bien évidemment, il ne s'agit pas pour moi d'interdire la création d'écoles privées, mais de permettre à l'État de s'occuper de sa réelle mission (fournir un service public) avec utilisation de l'impôt pour cela, et de signifier aux familles souhaitant aller dans le privé qu'elles devront l'assumer de leur poche tout en continuant à payer le service public d'éducation.

Ah, je sais qu'avec ça, je vais me faire des amis.

En attendant, je transmets la chaîne à Manuel, Fabrice, Eric, Peuples, ÇaRéagit et Reversus.

PS : à noter cette intéressante réponse du Coucou.

12 commentaires:

  1. La question est extrêmement pertinente, et la réponse que tu suggères tombe pour moi sous le sens.

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  2. @ Rubin : ah bon ? Tiens, c'est bizarre, j'avais pourtant l'impression que les libéraux allaient me tomber dessus. Comme quoi...

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  3. Salut Mathieu,
    merci d'avoir repris la chaine !

    Sut ta question et ta réponse, on peut envisager les choses sous un angle un peu différent : celui du contribubable. Si tu supprimes les financements de l'école privée, de fait tu effectues une incitation financière supplémentaire pour que les gens aillent vers le public.

    A mon sens, une vraie société de liberté serait une société où les gens seraient libres de placer leurs enfants où ils veulent, sans qu'une incitation / désincitation financière vienne biaiser leur choix. Ce que tu affirmes donc, et tu en as parfaitement le droit, c'est que tu penses que l'Etat doit peser sur le choix des gens et les inciter à aller vers le public. ça ne me choque pas, car je n'ai rien contre l'enseignement public, auquel je suis même attaché. Mais si l'école est "libre", cela signifie qu'elles ont toutes la liberté d'exister. Ce qui ne se fait pas en leur coupant les vivres.

    la vraie solution consiste à progressivement cesser de tout centraliser, et parvenir à une situation où le financement, le recrutement et la gestion sont locaux, et de la responsabilité des directeurs d'école. Le mieux étant que les gens payent directement l'école où ils inscrivent leurs enfants : pourquoi ce besoin d'un intermédiaire étatique ?

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  4. @ LOmiG : deux réponses à tes questions.

    Concernant le point de vue du contribuable, le changement sera totalement minime, car les frais de personnel sont déjà assumés par l'État et une grande partie des frais de locaux par les CT. La part qui serait reprise par le public serait donc minime. De plus, dans l'éducation, du fait des structures, les gens n'auront jamais la possibilité de placer leurs enfants où ils veulent. Ce sont les établissements qui choisiront les élèves, et une structure hiérarchique se mettra rapidement en place, encore plus dure que celle existante aujourd'hui. Il ne s'agit pas d'un problème idéologique, mais du nombre de places dans les établissements.

    Concernant ta dernière proposition, dans ce cas précis, l'impôt a l'avantage de diluer la charge du coût de l'éducation, qui ne peut être que lourd, quel que soit le système choisi. Il permet aussi de marquer le fait que l'éducation est une priorité pour la nation, pour toute la nation. Si les familles paient leur école, ce sera impossible pour la majorité d'entre elles si on reporte tout le budget de l'éducation sur les gens qui ont des enfants scolarisés.

    La question de l'intermédiaire reste à voir. Je te signale qu'aujourd'hui, les CT ont un rôle de plus en plus grand. L'État n'assume plus que les salaires des cadres A réellement.

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  5. @ Mathieu : je te rejoins sur une chose essentielle "le fait que l'éducation est une priorité pour la nation, pour toute la nation."

    Je note simplement qu'il faut distinguer (toujours) éducation et instruction, c'est important. C'est juste une remarque.

    Le fait d'affirmer que l'éducation est une priorité pour la nation, ce que je partage évidemment, n'implique pas un choix pré-établi de mode d'opération pour cela. Il y a une notion de faux égalitarisme dans l'école actuelle : on prétend qu'elle est égalitaire (ce qui n'est pas vrai du tout, on le sait bien), et on reproche à tout autre système alternatif de potentiellement créer un système à double vitesse. Mais le système actuel est DEJA a double vitesse. Quel rapport entre un lycée de Seine-st-Denis, et le lycée Henri IV ?

    L'éducation nationale a placé les enseignants au centre du système depuis bien longtemps (sans pour autant les traiter correctement, d'ailleurs), et a oublié les enfants.

    Je fais toujours allusion au système finlandais, parce qu'il me semble résoudre beaucoup de problèmes et donner de bons résultats, tant en termes scolaires que - plus important - en termes d'épanouissement des individus (profs, élèves, parents).

    Ce système implique de véritables révolutions culturelles pour être transposées en France, à commencer par la suppression du statut de fonctionnaire à vie, par le recul de l'âge auquel les enfants sont notés, jugés, catalogués, par une autonomie locale réelle de décision.

    Je suis bien pessimiste pour ce qui est de trouver un homme/une femme politique d'avoir le courage de mettre un tel coup de pied dans la fourmilière mammouth.

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  6. oups ... j'ai oublié "susceptible" dans la dernière phrase...

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  7. À ton excellente question, je réponds sans hésiter: oui.
    Et merci pour le lien!

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  8. @ LOmiG : j'avais fait un billet sur cette question de la séparation entre instruction et éducation, que je trouve, pardonne-moi, incohérente. Tu le trouveras ici.

    Concernant l'inégalité du système actuel, je n'ai pas dit le contraire, mais ce que tu proposes ne réglera pas le problème. Il remplacera une inégalité territoriale par une inégalité de réseau.

    Pour la Finlande, il y a des choses intéressantes, mais je doute que les Français, du fait de notre culture, soient prêts à ce type d'école.

    Concernant le statut de fonctionnaire, je ne vois pas de rapport, à part une occasion de recaser tes croyances sur la concurrence, facteur de soi-disant progrès. Il n'y a qu'à voir l'état des systèmes éducatifs des pays où la concurrence existe (Royaume-Uni, États-Unis, derrière nous aux évaluations PISA) pour se faire une idée.

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  9. @ Mathieu : c'est assez marrant que tu utilises dans ton propos les classements PISA pour me prouver que les modèles USA et GB sont mauvais, tout en m'expliquant que celui Finlandais est inapplicable en France. Soit on prend les classement PISA et on s'en sert, soit on ne s'en sert pas.

    Je cite le modèle finlandais, et je m'y suis intéressé, parce que les élèves finlandais finissent souvent en tête de ce classement. C'est pour cela qu'il convient de se rendre compte de la manière dont sont organisés les finlandais. J'avais dans un billet relevé les points suivants (entendus, puis lus dans un rapport sur l'école finlandaise) :

    - Pas de statut de fonctionnaire pour les professeurs (le chef de l’établissement peut les virer)
    - Décentralisation réelle, et autonomie très forte des établissements y compris dans le recrutement des professeurs
    - Education orientée vers l’enfant et sa réussite (moins de notes, plus grande liberté de choix dans les orientations, fort taux d’encadrement)
    - Evaluation permanente des établissements
    - Mise en concurrence des établissements

    ce n'est donc pas une sorte de dogmatisme pro-concurrence qui me fait avancer cet argument, mais le constat que là où cela semble fonctionner un peu mieux, il y a de la concurrence dans le système, et qu'elle n'est pas mise sur les élèves...

    à bientôt

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  10. @ LOmiG : mon usage du classement PISA n'a rien de surprenant. Ils montrent des choses passionnantes sur le système français, comme sur les autres, même si les fondements idéologiques des évaluations sont parfois discutables.

    Sur la Finlande, je pense que cette grande autonomie laissée aux élèves n'est pas culturellement facile à envisager pour les Français, habitués à une éducation autoritaire et rigide, qu'ils soient dans le public ou dans le privé. C'est une révolution culturelle considérable qu'il faudrait faire.

    Dans ta liste de points sur la Finlande, tu oublies que la sélection se fait plus tardivement que chez nous (à 18 ans) et que la mixité sociale est très encouragée par le système. De plus, tu oublies de dire que la Finlande est faible dans ses scores universitaires, ce qui pose aussi des questions.

    Sur le statut de fonctionnaire et la concurrence, mon exemple visait à te montrer que ce n'est pas la concurrence qui joue, mais le système et la société dans laquelle il se place. En Finlande ou en Corée du Sud, cela marche. Dans le monde anglo-saxon, c'est une catastrophe. Si tu estimes que le débat se réduit à cela, je trouve que tu appliques ton idéologie.

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  11. Je ne répondrai pas à cette chaîne... Pas la tournure d'esprit assez politique ces temps ci...

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  12. @ Manuel : vu le billet que tu as publié sur les Gueules, j'ai pourtant l'impression que tu es en forme.

    Au boulot !

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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