jeudi 16 octobre 2008

Quelques réflexions sur les évolutions de l'histoire coloniale.

Lors de mon séjour à Blois, j'ai assisté à plusieurs conférences réellement intéressantes. Certaines étaient bien trop spécialisées pour que j'en tire un quelconque article pour ce blog. Par contre, vu le sujet que j'ai abordé hier soir et qui a beaucoup rebondi ces dernières heures, il y en a une qui va sans doute t'intéresser.
La conférence portait le titre suivant : "la part coloniale de l'histoire européenne." Le lien avec l'Europe a été fait car c'était le thème des Rendez-Vous de l'Histoire 2008. Personnellement, j'ai été attiré parce que j'ai fait ma maîtrise en histoire coloniale, ce qui peut expliquer, cher lecteur, que je m'emballe un peu facilement sur ce sujet-là. En plus, l'affiche était belle. Cinq étoiles de l'histoire coloniale se pressait sur la tribune : C. Coquery, M. Cattias, A. Forest, J. Vogel et surtout B. Stora, spécialiste de la guerre d'Algérie.
Je ne vais pas te faire un résumé complet mais je voudrai, cher lecteur intéressé par l'histoire, te soumettre trois idées que les historiens semblent considérer comme fondamentales pour poursuivre la réflexion sur la colonisation :
  1. "A un moment où l'Europe n'existait pas encore pour les Européens, au XVIe siècle, l'esclavage a été la première occasion de consensus entre les États européens. Ceux-ci se sont cependant affrontés pour se partager les bénéfices de la traite, dans plusieurs conflits comme la guerre de succession d'Espagne (1701-1713)", par M. Cattias.
  2. "Il est aujourd'hui totalement inconcevable de comprendre les raisons de la croissance européenne depuis le XVIe siècle sans prendre en compte l'existence des empires coloniaux. Le rôle des empires durant les conflits mondiaux en est une preuve flagrante" par Benjamin Stora.
  3. "Aujourd'hui, l'histoire coloniale est revenue sur le devant de la scène à cause de l'arrivée massive d'immigrants en France et en Europe. Elle est marquée par la nécessité de donner des réponses, par ses problématiques, aux questions du présent" par A. Forest.

Le point 3 me touche particulièrement, moi qui bosse dans un lycée dit difficile où les descendants des anciens colonisés sont nombreux.

Par contre, le point 2 m'intéresse, car il me semble correspondre exactement à la situation des programmes actuels d'histoire. L'historien, cher lecteur, est un homme libre, quoique bien sûr influencé par son temps. Le professeur d'histoire-géographie du secondaire, lui, doit répondre au programme que le politique a mis en place. Ce programme, grâce aux progrès de la démocratie, est maintenant un savant équilibre entre les résultats de la recherche historique, les besoins supposés des futurs citoyens et quelques considérations politiques non-négligeables.

La colonisation est abordée en première ES et L durant le premier tiers de l'année. Bizarrement, et en contradiction avec l'affirmation 2, elle est détachée du tout premier cours de l'année sur la croissance de l'Europe entre 1850 et 1939. Cette croissance, ainsi présentée, semble causée par les résultats des évolutions de la recherche, et la colonisation en est une conséquence et un débouché éventuel pour les produits européens. La décolonisation est vue en terminale, dans le chapitre sur la guerre froide.

En terminale S, le phénomène est encore plus marqué. Alors qu'on travaille sur la puissance de l'Europe au XIXe siècle en première, la colonisation dans son ensemble est étudiée en terminale, complètement séparée de la période où elle est pourtant primordiale.

Dans ces choix, il y a sûrement des arrières-pensées. Lesquelles ? Je te laisse, cher lecteur, te poser ces questions...

36 commentaires:

  1. Ce type de choix d'enseignement est idéologique puisqu'il ne correspond à aucune logique, et ne permet pas la mise en perspective nécessaire à l'histoire.

    Pour moi, le temps des colonies reste une période qui a bloqué le développement naturel des populations autochtones. Elle n'est que négative pour ces pays.

    Par contre, je ne me sens pas responsable ni coupable. On ne peut porter le poids de toutes les erreurs passées, ça n'a aucun sens. Les romains sont-ils responsables de la mort de Jésus ? Les égyptiens de l'esclavage ? Qui a tué Lucie ?

    Il faudrait que la colonisation soit enfin considéré comme un fait historique, non comme un fouet historique. Ca permettrait peut-être d'avancer plutôt que de rester bloquer sur la culpabilisation.

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  2. Je suis tout à fait d'accord sur tout ce que tu viens d'écrire CC.
    Et j'en ai marre des mecs qui disent que sans nous les pays colonisés seraient en pire état qu'ils ne le sont maintenant.
    Il ne devrait pas y avoir d'échelle de valeurs dans l'évolution d'une société.
    Arrêtons de croire que nous détenons la vérité absolue. Je ne parle ni pour Math ni pour CC.

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  3. Si je suis d'accord avec ce que dit Manuel, j'ai des doutes aussi sur le fait que sans nous les pays colonisés seraient en meilleur état qu'ils ne le sont maintenant. Je vois mal comment on peut trancher dans un sens ou dans l'autre.
    Tout ce qu'on peut faire, c'est condamner les points négatifs, sans oblitérer les points positifs (qui n'équilibrent pas forcément la balance d'ailleurs).

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  4. @ CC : ce n'est pas mon but de faire de la culpabilisation en permanence. La colonisation est un fait historique. C'est son usage en politique que je condamne.

    @ Manuel : Entièrement d'accord avec toi, une fois n'est pas coutume.

    @ Elyas : je veux bien tenter de chercher les points positifs, mais franchement, quand tu lis les bouquins sur la question, ils sont bien minces...

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  5. Je ne spécule ni ne devine pas ce qui serait advenu si cela ou si ceci...!
    D'ailleurs qui sommes nous pour juger de quel état est le meilleur, de juger comment les gens doivent se sentir bien chez eux.
    Ce qui est bon pour nous n'est forcément bon pour l'autre.
    Je me répète!

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  6. @ Mathieu : j'ai une objection d'ordre logique au point 2, qui fait de la colonisation européenne la cause de la croissance européenne et non sa conséquence. Car, même si je ne doute pas que la conférence de Benjamin Stora était plus développée que le résumé synthétique que tu en donnes, il manque à sa thèse un facteur capital : le caractère endogène de la croissance européenne.

    C'est parce que, à partir du XIe siècle, l'Europe, avec la Réforme grégorienne ou « Révolution papale » (dont la Renaissance et paradoxalement la Réforme sont les lointaines conséquences), a commencé à vouloir connaître le monde pour agir sur lui, que la croissance européenne a été possible. Et c'est cette croissance qui a permis, à partir du XVe siècle, que l'Europe ait les moyens de sillonner les mers à la recherche de routes commerciales, de richesses, de terres, et, effectivement,... d'esclaves.

    Comment l'Europe aurait-elle pu se projeter hors du Continent si elle n'avait pas d'abord connu une croissance qui lui permettait de dégager suffisamment de richesses pour construire des bateaux, leur allouer des ressources économiques, technologiques, humaines, là où c'était impossible auparavant ?

    C'est l'avènement de l'Europe en tant que pôle majeur de puissance qui lui a permis de s'étendre à d'autres continents. Que cette emprise ait entretenu la croissance européenne est indéniable, eu égard au rôle déterminant de la traite négrière dans la mise en valeur des colonies en Amérique. Mais sans une croissance endogène préalable, l'Europe n'aurait jamais pu mettre en place le commerce triangulaire, qui présupposait un développement qui n'était pas le sien avant.

    Cette objection étant posée, la croissance endogène que j'ai mise en avant doit nous conduire à regarder d'un œil plus bienveillant l'avènement de l'Europe. Si elle a dominé le monde, c'est qu'elle était la plus forte, pas parce qu'elle a pillé les ressources du monde pour y parvenir. Cela n'est intervenu que dans un second temps.

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  7. @ Criticus : je pense que tu oublies une partie de ma citation. J'ai bien marqué que Stora avait dit : "à partir du XVIe siècle". L'Europe était en pleine croissance à partir du XIe siècle, c'est vrai. Elle commence immédiatement d'ailleurs le processus colonial avec les croisades. Après l'échec de cette tentative coloniale, elle se tourne vers l'océan. Cependant, avant la découverte de l'Amérique, l'Europe ne domine pas encore le monde et elle a d'ailleurs été rejeté à la mer au Moyen-Âge. Ce sont les richesses de l'Amérique qui vont lui permettre de développer sa croissance et de parvenir à surclasser des civilisations qui étaient plus avancées comme la Chine, l'Inde ou le Monde Arabe.

    Maintenant, je ne suis pas Stora, et ce serait à lui de défendre son idée. Je ne peux que l'approcher de loin...

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  8. Cela n'enlève rien à mon argument. Si l'on se contente de cette citation, on a l'image d'une Europe qui pille le reste du monde pour devenir la plus forte. Dans ce cas, il faut avoir l'honnêteté de rappeler comme je l'ai fait la cause de cette capacité de prédation, qui est cette croissance endogène, qui ne doit rien à personne. Peut-être Stora l'a fait, mais tu ne le dis pas, et ce n'est pas ce qui ressort de son œuvre...

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  9. @ Criticus : je n'ai pas dans mes notes de trace de déclaration de Stora de cette nature. Je n'en rajouterai pas car je ne suis pas Stora.

    Cependant, j'adhère à sa vision comme je te l'ai expliqué dans mon commentaire précédent.

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  10. Tu fais donc tienne l'idée selon laquelle une Europe structurellement inférieure à ses concurrents - Islam, Inde, Chine - les aurait non seulement brisés dans leur évolution, mais encore aurait tiré tout profit de leurs richesses. Ma question est : comment une civilisation inférieure peut-elle être en mesure de coloniser le monde entier ? Si c'était le cas, c'est elle qui aurait dû être colonisée. N'y a-t-il pas là... incohérence ?

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  11. @ Criticus : on est quand même parti de plus bas. L'Europe du IXe siècle, c'est quand même pas la Chine, l'Inde ou l'Egypte de l'époque, non ?

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  12. Oui, c'est toute la grandeur de l'Occident que d'avoir réussi, sur les décombres de Rome, à avoir bâti, en mille ans, la première civilisation authentiquement universelle, dont le modèle continue à s'imposer de par le monde (d'abord le Japon à partir de la fin du XIXe, puis la Turquie au début du XXe, puis l'Inde, la Chine, les Émirats)...

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  13. Je dirai plutôt : que l'Europe est parvenue à imposer au monde grâce au processus colonial, et qui continue aujourd'hui à se répandre.

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  14. Ah bon ? La Turquie a été colonisée, quand Kemal a décidé d'imiter l'Occident (en particulier la France) ? Non, il avait justement assuré militairement l'intégrité de la Turquie avant cela. Et a poursuivi son œuvre d'« occidentalisation ».

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  15. C'est vrai, mais après une énorme défaite de l'Empire Ottoman, qui avait pourtant plusieurs fois menacé les grandes puissances européennes. Kemal a pris en compte ce paramètre dans son plan politique quand même.

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  16. Et a conclu que le seul moyen pour la nation turque naissante de na pas connaître le même sort que l'Empire ottoman était d'imiter les recettes de l'Occident. Comme le Japon de Meiji, comme la Chine de Deng Xiao Ping... et ce n'est pas terminé...

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  17. Pour éviter de se faire manger par l'Europe, il va falloir devenir aussi prédatrice qu'elle...

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  18. C'est amusant, la « prédation » ne gène que lorsque c'est l'Occident qui en est l'acteur. Quand il la subit, comme lors de l'expansion musulmane en Méditerranée (VIIe-VIIIe siècles), cela gène beaucoup moins... J'en arrive donc à une interrogation : la haine de son propre passé que nourrit l'Occident depuis plusieurs décennies est-il un symptôme de sa décadence ?

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  19. @ Criticus : je crois que c'est l'inverse. La progression des idées démocratiques en Occident nous a permis de réduire notre prédation de la planète.

    D'autre part, je suis assez autocentré. Je n'ai pas à gérer le passé des Arabes, car je ne le suis pas.

    Pour moi, l'Europe a aussi inventé un mode d'exploitation économique du reste de la planète qui a eu des conséquences redoutables sur le monde. Je critique cet aspect de notre civilisation, et cela me semble plutôt sain. Si, dans le futur, on pouvait gérer nos pays sans imposer nos vues à toute la planète, ce serait quand même mieux, et c'est pour cela que je milite.

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  20. Je suis moi aussi critique de la civilisation occidentale et de ses vices contemporains (dénatalité, consumérisme, déclin culturel), et ne suis pas un partisan acharné de l'occidentalisation du monde ( http://criticusleblog.blogspot.com/2008/05/avenement-de-lempire-chinois-et-mefaits.html ). Mais je pense aussi que la civilisation matérielle incarnée par l'Occident a été porteuse de progrès qui ont profité à l'ensemble de l'humanité, de la même manière que la Révolution néolithique, qui a conféré aux peuples qui l'avaient adoptée la puissance pour supplanter les autres, a bénéficié à l'ensemble du genre humain. Il est certain que cela passera par des heurts, mais je reprends à mon compte la thèse de Philippe Nemo qui estime que les civilisations non-occidentales seront obligées de s'occidentaliser partiellement pour entrer de plain-pied dans la modernité.

    Je le répète, le Japon, la Chine, l'Inde l'ont fait. Le monde musulman est en train de le faire, et il faut appréhender l'islamisme comme une réaction d'arrière-garde.

    C'est un peu hégélien comme conception, mais je pense que le progrès finit toujours par s'imposer : et si l'Occident en est à l'origine, pourquoi serait-ce plus condamnable que lorsque les Romains ont civilisé la Gaule, pour en faire la province la plus prospère de leur Empire ?

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  21. @ Criticus : là, on sort du débat d'origine. Qu'une culture se diffuse librement, aucun problème là-dessus, et c'est d'ailleurs pour cela que je défends l'apport que peuvent faire les immigrés en France.

    Qu'elle soit imposée par la force est un autre problème...

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  22. Sur l'apport des immigrés en France : je m'en réjouis, à condition que l'acculturation soit réciproque.

    Des gens qui vivent en France sans même prendre la peine d'apprendre le français ne peuvent rien apporter (ni retirer de) de positif à la France.

    Ce sont des cas certes minoritaires, mais il ne faudrait pas les oublier.

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  23. @Mathieu l. : l'échec des croisades à bien montré que les empires/civilisations avaient des limites, la taille des territoires empêchant une domination stricte, ce qui explique pourquoi ils ont tous connus eu une expansion puis une régression. Pour moi, la main-mise de l'occident sur le monde à partir du XVIème siècle vient des progrès de la marine. L'Europe de l'ouest a été la première civilisation possédant une flotte au long cours, ce qui lui permettait de s'affranchir en partie des contraintes physiques de territoire, et d'exploiter de nouvelles ressources (amériques, afrique lointaine, asie). Aucune autre civilisation n'a avant ni depuis procédé à autant de conquêtes. Ca n'a rien de comparable, par exemple, à l'empire musulman qui a conquis des pays proches, autant par la force que par la culture. Mais la conquête de l'Amérique du sud à coups d'armes à feu et de maladies s'est faite sur des populations techniquement et culturellement tellement éloignées qu'elles en était vulnérables.

    Et la croissance endogène est difficile à estimer. A quel niveau se serait-elle située si l'Europe était resté dans ses limites géographiques ? Ce qui est certain, c'est que la colonisation est une conséquence du progrès technique occidental, le résultat étant ce qu'il a été globalement.

    De la même manière, on ne peut estimer ce qui serait advenu des pays mis sous tutelle de la colonisation. Ils auraient probablement évolué vers une version moderne des systèmes existant.

    Mais en tout état de cause, la colonisation est un fait et la réécriture de l'histoire n'a jamais apporté quoique ce soit (sauf sur un comptoir).

    @Criticus : sur le fond, tu as sans doute raison, le progrès est un bon moteur des civilisations. Il n'en reste pas moins que ce sont les nations qui ont le plus longtemps et le plus intensément subies la colonisation qui ont du mal à entrer dans la modernité (au sens progressiste du terme) ou à en tirer les bénéfices.

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  24. @ CC : tes arguments sont intéressants. Je voudrai juste les infirmer sur un point. L'Europe n'a pas été le seul ensemble géographique à posséder des technologies maritimes permettant le voyage au long cours. Dans les années 1430, la Chine s'est lancée dans de grandes expéditions d'exploration de la planète, parvenant à toucher l'Afrique, mais elle s'est refermée au milieu du XVe siècle. Il y a donc eu des choix stratégiques, politiques et culturels qui ont joué aussi.

    Je souscris assez au reste de ton intervention.

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  25. @ CC : ce sont les nations qui ont le plus longtemps et le plus intensément subies la colonisation qui ont du mal à entrer dans la modernité (au sens progressiste du terme) ou à en tirer les bénéfices.

    Un contre-exemple : l'Inde, qui, jusqu'en 1947, a été soumise à de longues dominations étrangères (moghole puis britannique), lesquelles, bien qu'elles fussent établies par des colonisateurs différant de la population par la religion, la langue, la culture, n'ont jamais empêché à la civilisation indienne de subsister : l'hindi au Nord, le tamoul au Sud, l'hindouisme partout en Inde, sont restés les traits dominants de cette grande civilisation. Certes, le Taj Mahal, emblème national, est un monument musulman. Et la langue d'échanges entre Indo-Aryens et Dravidiens est souvent l'anglais.

    Mais, pour ce dernier point, c'est notamment grâce à son anglophonie, conséquence directe de la domination britannique, que l'Inde a de fortes chances de tirer parti de la mondialisation (et, à cet égard, bien plus que la Chine)...

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  26. @Mathieu l. : tu as raison. Et c'est d'autant plus vrai que les chinois ont également donné à l'occident nombre de technologies qui lui ont permis de mettre en place ses flottes. L'Empire était sans doute dans une phase de consolidation. De plus, sa centralisation devait lutter avec une complexité énorme, alors que les pays d'Europe occidentale n'avait à gérer "que" leurs territoires propres.

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  27. @Criticus : oui, L'Inde s'en sort mieux que d'autre, mais c'est aussi parce que la colonisation anglaise n'a jamais cherché à remplacer les cultures locales, ni à remplacer totalement les structures existantes. Dans ce sens, l'Inde a subit la colonisation moins "intensément" (pour être parfaitement honnête, l'immensité de l'Inde ne pouvait qu'inciter les anglais à un tel comportement).

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  28. Oui, les Moghols ont d'ailleurs eu la même sagesse en n'imposant pas l'islam à tous les Indiens (même s'il y a eu de nombreuses conversions, notamment chez les « intouchables », et dans les actuels Pakistan et Bangladesh), et, pour le reste, en s'assimilant à la culture indienne, comme les Francs en Gaule romaine.

    Cela tend à prouver qu'il faut distinguer les colonisations...

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  29. Le lien entre les individus et l’histoire est un lien chargé affectivement et émotionnellement. Une histoire controversée renvoie une image négative sur ceux qui se sentent les héritiers de cette histoire. Vos classes sont composées d'héritiers des deux bords en ce qui concerne la période coloniale, c'est donc non seulement de l'histoire qu'il faut enseigner, mais aussi la psychologie et la sociologie associées aux face à face de l'humiliant et de l'humilié, comme dit Ziegler... Pas si simple!

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  30. @ Titophe : actuellement, pour contourner la difficulté que tu évoques, je tente de rester accroché aux faits et aux opinions des historiens, quels que soient leurs pays d'origine. Je reconnais cependant que ces chapitres sont d'une extrême difficulté.

    Par contre, dans nos classes dit difficiles, la population présente n'est pas 50-50, mais 10-90, la sélection sociale de plus en plus à l'oeuvre dans l'Education continuant à faire des siennes...

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  31. J'imagine bien la difficulté qui est la tienne d'enseigner l'histoire sans la juger. J'avais eu quelques réflexions à ce sujet et j'en suis arrivé à la conclusion qu'avant d'enseigner les faits, il convient de préparer les esprits par des réflexions à la limite de la philosophie. Savoir regarder les faits sans subjectivité, c'est un art...

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  32. @ Titophe : en tant qu'historien de formation, nous y sommes préparés. C'est plutôt les élèves qui doivent mener ce travail. Normalement, c'est à leur programme de philosophie de terminale. Cependant, il faut aussi une vraie maturité pour entrer réellement là-dedans.

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  33. Je viens de lire (trop rapidement sans doute) votre texte et tous les commentaires qui s'ensuivent. Dans l'ensemble, je me situerais plutôt (et même assez nettement, en fait), du côté de Criticus.

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  34. @ Didier : damned !!! Sur quels aspects ?

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  35. Question piège ! Il faudrait tout relire (et lentement cette fois), prendre des notes, construire un long commentaire...

    On peut remettre tout ça à un plus tard ? Ça ne vous ennuie pas ? J'ai rattrapage-dodo, là...

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  36. @ Didier : J'attends votre commentaire avec impatience.

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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